Les garçons prennent le même élan en brandissant leurs armes, poussant un cri de rage. Ensemble, il réussissent à faire tomber dans le vide le premier griffeur qui nous barrait la route. Nous continuons de courir sur la même lancée, quand un des garçons lance :

— Il y en a d'autres !

Effectivement, tournant légèrement la tête, je remarque deux autres monstres derrière-nous. Ils avancent vers nous, nous acculant. Tout à coup, j'entends à nouveau le bruit caractéristique de leur mandibule d'acier. Je me tourne de nouveau et aperçois un griffeur monter la paroi et nous barrer la route.

Nous sommes pris au piège et nous nous arrêtons d'avancer. Je tremble de peur. Là, tétanisée par l'effroi, Minho prend les devants et me pousse en arrière. Si fort, que je tombe dans les bras de Teresa qui me rattrape tant bien que mal.

— Allez ! hurle-t-il. Repoussons-les !

Et Minho s'élance, seul puis finalement suivis par Newt et trois autres blocards, vers les deux griffeurs se situant à l'arrière. Je me sens si inutile à cet instant. J'aurais tellement voulu leur venir en aide. Mais... je ne sais pas quoi faire... soudain, une idée commence à germer dans mon esprit.

Cependant, sans que je ne comprenne pourquoi, elle m'effraie. Je la mets de côté, pour l'instant.

Thomas s'élance vers le griffeur mais celui-ci se propulse en avant maintenant. Avec effroi, j'aperçois l'aiguillon du monstre se diriger tout droit sur Chuck, s'abattant sur lui à toute vitesse. Tentant de l'éviter, il laisse s'échapper le dispositif.

— Chuck, attention ! crions Teresa et moi en même temps.

Thomas et d'autres garçons arrivent à repousser dans le vide le griffeur solitaire. Pendant ce temps, Teresa me lâche et part à la poursuite de Chuck, qui tente de récupérer le dispositif. Ce dernier roule jusqu'au bord du gouffre avant de tomber...

— Je l'ai ! crie Chuck.

La clé est rattrapée de justesse par celui-ci. Je soupire de soulagement et m'avance vers eux, quand je vois Chuck glisser. Heureusement, Teresa se jette sur lui et le tire vers la passerelle.

Ils sont suivis par un énième griffeur, prêt à en découdre.

— Sophia, vient ! me crie Teresa.

Minho me pousse une nouvelle fois, alors qu'il recule. Je ne sais même pas s'il le fait exprès. L'élan que je prends me permet de rejoindre Teresa rapidement. Elle me prend la main et, avec Chuck, nous rejoignons enfin la porte. Sauf que rien ne se passe, elle ne s'ouvre pas.

— Merde ! Pourquoi il y a rien ? s'énerve Chuck.

— Il faut attendre, lui dis-je. Allez, Chuck, ça va aller.

En même temps, je me tourne vers les garçons. Le deuxième groupe, composé de Minho et Newt, a réussi à repousser un griffeur sur deux. Malheureusement, je remarque avec peine qu'ils ont perdu des gars dans leur combine.

Le griffeur monté un peu plus tard a rejoint le dernier restant. Le groupe composé de Thomas et des autres s'unit au deuxième. Ils s'alignent tous pour empêcher les griffeurs de nous rejoindre, Chuck, Teresa et moi, qui possédons la clé.

Un bruit de raclement me fait regarder la porte.

— C'est en train de s'ouvrir ! s'exclame Teresa.

Effectivement, le dispositif est devenu vert et l'ouverture s'enclenche. Lentement... trop lentement. Une première salle est à notre disposition. Il y a une autre ouverture, fermée bien-sûr mais à l'allure beaucoup plus moderne. Une lumière rouge apparaît à sa surface.

— On fait quoi, maintenant ? lance Chuck, perdu.

— Attends voir...

Je touche le mur et une série de chiffres apparaît. Il semble y avoir un code à taper. Un code à huit chiffres.

— Thomas ! Il y a un code à entrer, lance Teresa en hurlant. Un code à huit chiffres.

— Huit ? réponds Thomas, se défendant avec acharnement contre nos agresseurs. Minho. Hé, Minho ! C'est quoi la séquence ? L'ordre d'ouverture des portes du labyrinthe !

— Euh, réponds celui-ci, se défendant aussi avec acharnement, sept, un, cinq...deux, six, quatre...

— Faîtes gaffe ! s'exclame Newt en reculant.

Au même moment, j'aperçois un griffeur tomber du plafond. Je le vois, avec une vitesse déconcertante, tomber droit sur mes amis. Je veux y aller. Mais Chuck me retient. Teresa, désemparée, s'est arrêtée dans l'écriture de son code.

Heureusement, ils se reculent tous. Tous, sauf Minho.

Il se fait écraser sur le sol, je vois son corps percuter le sol et ses vaines tentatives de se défendre.

— Minho !

Et le plan auquel j'ai réfléchi se met lentement en place. Alors qu'il se débat, il ne peut pas nous donner le reste du code. Et Minho est mon ami.

Je me souviens de ce qu'il m'a dit dans la hutte des coureurs, le jour où nous avions trouvé le dispositif avec Thomas :

"En tout cas, moi je ferais tout pour que tu nous suives. Simplement parce que je tiens à toi et que tu ne mérites pas de moisir ici."

Je m'approche rapidement de Teresa et manque de tomber juste en parcourant ces quelques mètres.

— Teresa, appuie sur ma nuque. Allez, à l'arrière.

— Hein ?

— Ne pose pas de questions. Vas-y ! Allez, Teresa, vite ! Je peux aider Minho !

Je la secoue par les épaules. Les autres garçons ne peuvent pas faire grand-chose. Il y a d'autres griffeurs qui arrivent et qui les prennent d'assauts. Et Minho, lui, manque de se faire piquer d'une seconde à l'autre.

— Allez !

Elle passe sa main à l'arrière de ma nuque et appuie. Doucement, puis de plus en plus fort. Je prends un premier coup de jus et ça s'arrête. Teresa a cessé d'appuyer suite à mes hurlements.

— Encore ! T'arrêtes pas !

Elle appuie de nouveau, fermant les yeux de toutes ses forces. Je ne saurais décrire ce qui se passe en moi. à part que cela me fait mal. Mon corps est parcouru de frissons et d'électricité. C'est si douloureux que je perds connaissance une micro-seconde.

Mais lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, c'est un nouveau monde qui me paraît. Ma vision est beaucoup plus nette. Mes mouvements rapides et agiles.

Je me tourne, avec une vitesse telle que ça me donne le tournis. Maintenant face aux griffeurs, je fais un pas.

— Poussez-vous ! hurle Teresa.

Les garçons s'exécutent et je cours droit. Telle une fusée, je m'élance et un battement de cil plus tard, je ramène mon bras vers moi et le détends tel un ressort puissant. Une onde de choc s'échappe de l'impact et provoque un son assourdissant.

Le silence retombe. Je me rends compte que le griffeur, emporté par mon coup, git bien des mètres plus loin. Les autres ont été soufflés et sont tombés dans la fosse.

Mais Minho, lui, est en vie. Il me fixe d'ailleurs avec des yeux exorbités. Il a la bouche grande ouverte.

— La suite du code ? je demande, mais je ne reconnais pas ma voix.

— Euh, six... quatre, huit... trois, bredouille-t-il tout en se relevant, sans jamais me quitter du regard.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? je demande, en me retournant pour rejoindre les autres.

Je remarque que tous les autres ont des yeux ronds comme des billes.

— Sophia... tes yeux... souffle Thomas. Ils sont...

Ils sont ? Ils sont quoi ? Mais je n'entends pas la suite. Le noir qui m'emporte est si opaque qu'on me croirait morte sur le coup.

Sauf que ce n'est pas le cas.

Je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, mais j'entends tout. Je ne contrôle plus mon corps mais j'ai conscience de ce qui se passe autour de moi. Impossible de bouger, je sens qu'on me porte. J'entends Thomas dire :

— Teresa, tape la suite du code. Il faut qu'on sorte d'ici.

Qu'on sorte ? Moi qui avait espoir de voir le monde extérieur, il semblerait que mes chances soient complètement anéanties. Mais, au moins, nous sommes vivants.

Et, c'est tout ce qui compte, pas vrai ?

Malgré moi, je repense à Gally.

Je me demande s'il va bien.