Chapitre 25 - Partir ou mourir
Point de vue de Gally
La nuit se termine à peine lorsque le silence retombe sur le bloc. Je suis tendu comme un élastique prêt à craquer. Sophia n'est plus inconsciente... elle a les yeux mi-clos et m'a un peu parlé. Elle est inquiète pour nos amis qui, comme nous, n'ont pas réussi à se cacher. La boîte est pleine à craquer de blocards. J'en ai du mal à respirer.
— Sophia, hé...
Son visage se tourne légèrement vers le mien. Elle n'a même pas la force de me répondre.
— Je vais t'emmener à l'infirmerie. Ou ce qu'il en reste. Tu dois t'allonger.
Elle acquiesce faiblement et je demande à un autre blocard de m'aider à la transporter. C'est qu'elle est lourde !
Dehors, c'est encore le chaos. Les Griffeurs sont retournés dans le labyrinthe, mais ils n'ont laissé derrière eux que malheur et désolation. Je croise des gens qui pleurent, d'autres qui sont blessés, d'autres encore qui sont morts, désarticulés.
Je détourne les yeux, nauséeux. Je dois me concentrer sur Sophia. Elle a besoin de moi et son état est plus qu'inquiétant.
Je regarde la structure branlante de l'infirmerie. J'ai peur que quelqu'un arrive et souffle, faisant s'écrouler le tas de bois. Certes, nos constructions ne sont pas ce qu'il y a de plus solide et n'auraient sûrement pas survécu à une tempête. Mais cela suffisait, pour vivre en paix... à ce moment-là, ce n'est pas de la tristesse que je ressens, ni même de l'inquiétude, non. C'est... autre chose.
Nous entrons et nous allongeons finalement Sophia sur un des lits de fortune qui a résisté au chaos. L'autre blocard nous laisse et je me penche vers son visage. Je lui caresse les cheveux et elle me regarde.
— Sophia... ça va aller, d'accord ? Repose-toi, ma belle.
Je lui parle dans un murmure que je veux réconfortant. Elle me sourit faiblement, quand sa tête roule sur le côté et qu'elle ferme les yeux. Je me redresse en soupirant. Mes poings se serrent involontairement. Sophia... le bloc... s'ils sont dans cet état, ce n'est de la faute que d'une personne.
Une rage incontrôlable me fait tourner vivement les talons.
En dehors de l'infirmerie, alors que l'aube se pointe tout juste, des garçons qui m'ont suivis m'attendent. Ils sont perdus, ne savent pas quoi faire. Au moins, ils sont debouts.
Je cherche Alby et Newt du regard, quand je croise un attroupement. Face à la salle du conseil, se trouvent Thomas, Teresa et toute la clique. C'est bien mieux que je ne l'espérais. Je me dirige vers eux, marchant d'un pas décidé à travers les décombres enflammés. Je suis bien décidé, ne cherchant même pas à cacher mon état d'esprit. Les garçons faces à l'infirmerie me suivent.
Je suis pris d'effroi lorsque j'aperçois le corps d'Alby, inerte, sur le sol. Cela a pour effet de décupler la rage qui me consume.
Lorsque Thomas me voit arriver, leur groupe se tourne vers moi. Moi, je ne vois que lui. Et je n'ai qu'une seule envie. Arrivé à sa hauteur, personne ne me retient. En fait, je crois que personne ne l'a vu venir. Je lance mon poing dans la figure de Thomas. Avec une telle force qu'il tombe par terre, tandis que je secoue ma main maintenant douloureuse. Cependant, je ne cesse jamais de le fixer. Avec hargne.
— T'es content de toi, Thomas, hein ? Regarde ce que t'as fait !
— Arrête Gally, c'est pas de sa faute ! me réponds Minho qui se jette vers moi.
Mais il m'en faut plus, bien plus. Je me propulse vers lui, prêt à le frapper, encore et encore.
— Mais, t'as pas entendu Alby ? Il fait partie de l'équipe. Il fait partie des enfoirés qui nous ont envoyé ici. Ils l'ont envoyé pour tout détruire ! Bravo, Thomas. T'as réussi, regarde ce massacre. C'est grâce à toi, tout ça.
— Arrête Gally, répète Minho. C'est n'importe quoi.
On me retient. Qui ? Je ne sais pas. Aveuglé par la colère, je me débats de toutes mes forces.
— Mais c'est de sa faute, vous ne voyez rien ou quoi ? je continue, furieux.
— Calme-toi, Gally, me dit quelqu'un d'autre.
— Lâchez-moi ! je m'exclame, libérant toute ma frustration et me débattant comme un diable. Lâchez-moi ! Je vais le tuer !
Rien, à ce moment-là, ne peut calmer ma colère. J'en veux tellement à Thomas. Et je continue de me débattre, car je ne veux que l'attraper et le frapper, encore et encore.
— Thomas, ne fait pas ça ! Non ! crie Teresa.
Je m'arrête net dans mes mouvements. Nous regardons tous dans la direction de Thomas, lorsque je le vois tomber à genoux, Teresa se précipitant vers lui. Il tient dans la main un aiguillon de Griffeur, ce qu'ils utilisent pour nous piquer. C'est ce que j'ai aperçu la nuit dernière. Dans ma colère, je fixais son visage mais n'était pas attentif à ses mouvements.
Il l'a planté dans sa cuisse.
Hurlant de douleur, il s'écroule ensuite sur le sol. Les autres me lâchent pour courir à son secours. Mais quel idiot ! Il vient de se condamner...
— Chuck, dit Teresa avec un calme olympien. Va chercher la deuxième seringue, tu veux ?
Le petit s'élance à toute berzingue vers l'infirmerie.
Pendant ce temps, je me tourne vers les garçons qui ne sont pas allés secourir Thomas. Je les regarde un par un, très concentré. Il est temps de remettre de l'ordre dans ce foutoir.
Oui, il est temps que je prenne le pouvoir de notre chère communauté.
Point de vue de Sophia
Le soleil est déjà levé quand j'ouvre les yeux. Je me sens un peu mieux, mais ce n'est pas encore ça. Je masse mes jambes endolories et me redresse, lorsque j'entends des pas arriver dans ma direction. Gally, peut-être ?
Mais Chuck apparaît dans l'embrasure de la porte. Il porte deux gros sacs d'affaires et tient des lances dans ses petites mains potelées.
Je suis tout de suite plus en alerte. Il se passe quelque chose. Il a dû arriver des choses pendant que j'étais dans les vapes.
— Chuck. Qu'est-ce qui se passe ?
En même temps, je tente de me mettre debout mais je me rassois. J'ai du mal à tenir sur mes deux jambes et Chuck le remarque.
— Attends, tiens, dit-il en déposant les lances.
Il saisit une paire de béquilles en bois et me les passe. C'est bien plus simple comme ça. Mettant les béquilles sous mes aisselles, je me mets à marcher. Je suis Chuck, et lui et moi nous dirigeons vers l'extérieur.
— Gally a prit le pouvoir et a mis Thomas et Teresa au trou le temps de décider de leur sort. Au final, il veut les donner en offrande. Il veut les donner au labyrinthe.
— C'est pas vrai, dis-je en soupirant, bien trop fatiguée pour me mettre en colère.
— Mais t'inquiète pas, on a décidé de partir et c'est bien ce qu'on va faire. Thomas m'a dit de préparer nos affaires pendant qu'ils se libéreraient. Il a fait semblant d'être inconscient pour pouvoir les surprendre.
Et, effectivement, lorsque j'arrive en vue d'une des portes du labyrinthe, j'aperçois Gally de dos ainsi que deux poteaux de bois fixés dans le sol.
Face à lui, Minho le tient en joue avec un sabre et Thomas semble dire quelque chose aux garçons. Teresa et Newt se trouvent derrière lui. Nous arrivons à leur hauteur, quand une partie des garçons quittent l'assemblée où se trouve Gally. Ils lui disent pardon et s'en vont vers Thomas et l'entrée du Labyrinthe.
Chuck les rejoint également et je reste aux côtés de Gally, mon cœur se serrant de plus en plus.
Le choix que je redoutais tant vient enfin de tomber.
Partir ou mourir.
Quand le regard de Gally se pose sur moi, je sais que, quoi qu'il arrive, ce sera bien plus compliqué qu'escompté.
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