Chapitre 14 - Piqué
Après que les nouveaux se soient rappelés de leurs prénoms, la soirée suit son cours. Je veux oublier, pourtant, je cherche à m'isoler. Je souhaite bonne nuit à tout le monde quand, en passant à la hauteur de Newt, il me dit :
— Minho m'a tout dit. Je lui ai dit de ne rien faire, de te laisser vivre ton truc avec Gally. Mais il a rien voulu entendre, je suis désolée.
— Merci, dis-je simplement, ne sachant quoi dire d'autre.
En me levant, le lendemain, je ressens un vide énorme car c'est simplement le soleil qui m'a tiré de mon sommeil, et non Gally. Je me redresse avant de m'asseoir sur mon hamac, tout en regardant dans sa direction. Il est déjà levé. Il doit sûrement être allé au bâtiment des bâtisseurs. Je me lève, me prépare rapidement. Il est déjà trop tard pour rejoindre l'entraînement des coureurs, qui doivent déjà parcourir le Labyrinthe. Une fois prête, je m'empresse de réveiller les nouveaux, Thomas et Teresa.
— Chuck, debout, dis-je en secouant légèrement son hamac comme d'une balançoire. On va initier les nouveaux.
Le petit ouvre difficilement les yeux et ça se comprend. Je ne l'ai jamais vu autant s'amuser que hier soir. Et, franchement, ça fait vraiment plaisir à voir. Je donne rendez-vous aux nouveaux dans dix minutes au potager et me rend directement au lieu de travail dans l'espoir de pouvoir apercevoir Gally de loin. Cependant, arrivée sur place je ne croise que Newt. Je m'approche donc de lui et m'accroupit à sa hauteur, alors qu'il est déjà en train de resserrer les liens de la serre.
— Tu n'aurais pas vu... je commence mais je me fais rapidement couper la parole.
— Non, je n'ai pas vu ton petit copain, me répond-t-il car il connaît déjà ma question. Il est comme d'habitude, affairé à son poste de maître bâtisseur et c'est bien comme ça. Plus il est loin et mieux je me porte, dit-il d'un ton sarcastique.
Je soupire tristement, me laissant tomber sur le sol.
— Fait pas cette tête, ajoute-t-il, arrêtant tout ce qu'il fait pour se tourner vers moi. Sophia... ça va finir par se tasser. Et Gally ne pourra pas t'en vouloir toute sa vie.
— J'en doute... sa réaction m'a vraiment inquiété, hier. Et toi... tu étais au courant ?
Un peu sur les nerfs, il me dit :
— Ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Je n'aurais jamais pu imaginer que Minho fasse ça. Je ne le reconnais plus.
Je soupire longuement, lorsque les Thomas et Teresa arrivent. Newt pose une main sur mon épaule, comme pour m'encourager. Puis il se lève, se dirigeant vers les nouveaux.
Il se penche pour récupérer un seau et le donne à Thomas avant de lui indiquer une direction à travers la forêt.
— T'as qu'à aller chercher du fumier pour commencer, lui ordonne-t-il tout en tapant son épaule amicalement.
Thomas soupire car il ne semble pas apprécier qu'on lui donne des ordres mais s'exécute sans poser plus de questions. Je le regarde s'éloigner sans le quitter des yeux. Il n'a pas l'air d'apprécier ce travail potager. Pourtant, tout le monde doit mettre la main à la patte... je me rappelle brièvement de son intérêt grandissant pour le labyrinthe et les coureurs. Et puis, toutes ses questions... mais Newt, pourtant calme d'habitude, en était agacé.
— Sophia ? demande Teresa tout en posant une main sur mon épaule ce qui a pour effet de me ramener sur terre.
— Oui ? Excuse-moi... viens, je vais t'expliquer comment ça se passe ici le temps que Thomas revienne, je lui dis tout en l'amenant à un point non occupé du potager.
Point de vue de Gally
De là où je suis, j'ai bien vu comment Sophia a regardé le nouveau se diriger jusqu'à la forêt. Pendant ce temps, c'est moi qui ne l'a quitte pas des yeux une seule seconde. Je repense à hier soir, à ce sentiment de trahison intense que j'ai ressenti et que, d'ailleurs, je ressens toujours. Comme une entaille profonde dans ma peau, toujours à vif et brûlante, le goût amer dans ma bouche n'est toujours pas disparu. J'ai mis plus d'un mois à me rapprocher d'elle et, comme ça, du jour au lendemain, Minho me coupe l'herbe sous le pied.
Ce qui me fait le plus mal, c'est qu'elle n'ait à aucun moment, cherché à s'éloigner. Je voudrais hurler ma rage et ma frustration. J'ai l'impression qu'il me l'a volé, qu'il me l'a arraché. Et je me sens mal. Cette boule qui s'est logée dans mon ventre semble ne jamais se résorber.
Il semble que j'ai déjà été remplacé. Tout ce temps, je n'ai été qu'un bouche trou. Notre relation, aussi brève soit-elle, me rebute désormais. Pourtant, tout en elle m'appelle à elle. Je veux à nouveau lui parler, me noyer dans ses yeux et être ivre de ses sourires. Toute cette mascarade me met hors de moi. Je ne comprends pas... dans un petit coin de ma tête, j'imagine Minho, attrapé par un Griffeur. Non, Gally, tu n'es pas comme ça, et elle n'en vaut pas la peine.
Je chasse tant bien que mal ces pensées négatives de mon esprit. Bien-sûr qu'elle en vaut la peine ! Et encore une fois, je ne peux prévenir un excès de colère. Je m'énerve sur la charpente en y tapant un peu plus fort avec mon maillet, quand je prends le revers de mon propre outil au front. Je vacille alors que, intrigué, les autres lève-tôt déjà présents me regardent étrangement.
— Vous n'avez pas du travail ? Je m'énerve contre eux. Et oubliez la promesse du jour de repos, bande de fainéants.
Je lâche brutalement mon maillet avant de quitter l'atelier. Je regarde dans la direction du potager, Sophia est accroupie et est concentrée à expliquer je ne sais quoi à la nouvelle. Ils n'auraient jamais dû venir. Ils sont en trop. Je les déteste. Je serre les poings et regarde autour de moi voir si personne ne m'aperçoit. J'hésite à aller parler à Sophia.
Mais alors que je m'approche, j'entends des cris, venant de la forêt. Je crois que Thomas a un problème.
— Aidez-moi ! A l'aide ! hurle-t-il à travers les bois.
Puis j'entends des sons de pas, il court dans ma direction. Je fais demi-tour, récupère les lances tout en criant pour prévenir les autres. Sophia débarque rapidement, ne comprenant pas ce qui se passe.
— Ton copain, il à un problème, je lui dis sur un ton mauvais tout en lui donnant une lance.
Elle la prend entre mes doigts tout en me jetant un regard triste, blessé. Je détourne les yeux, me sentant à nouveau mal de la blesser et m'élance vers Thomas qui est sorti des bois, haletant, effrayé. Ou plutôt, il ne comprend pas ce qui se passe.
— Quelqu'un... essaie-t-il de prononcer. Quelqu'un m'a attaqué ! déclare-t-il.
Il s'arrête à côté de moi. Avec les autres, nous formons une ligne, tout en nous demandant qui a pu attaquer Thomas. Sophia se poste à mes côtés, elle regarde fixement l'endroit où personne n'est encore aperçu. Là d'où vient Thomas. Nous attendons, une, deux secondes. Je commence à douter des dires du nouveau quand une silhouette, lentement, fait son apparition. Elle marche, doucement, puis j'aperçois des boucles, une peau ravagée, un regard vide, des dents rouges sang et des mains veinées.
Il s'approche, à la lumière du jour, il nous fait face. Mon cœur rate un battement et je manque de m'évanouir. C'est Ben. Et il a visiblement été piqué, dans le Labyrinthe, alors qu'il le parcourait avec Minho et les autres. Et, d'après l'état sa folie, ça fait sans doute quelques jours.
— Ben. Ben, je dis plus fort, pour qu'il me regarde. Calme-toi, ok ?
Il tente d'attraper Thomas, mais je m'interpose entre eux. Alby prends les devants et fait signes à deux garçons. Tandis que je tiens Ben en joue, ils le plaquent par terre.
— Soulevez son t-shirt, clame Alby.
Se faisant, nous apercevons l'abdomen de notre ami. Il y apparaît un point noir, une sorte de trou nécrosé, entouré d'une couronne de veines noires saillantes. Une piqûre de Griffeur. Le silence pèse et n'est ponctué que par les pleurs de Ben, qui semble avoir repris ses esprits.
— Pitié, dit-il.
— Mettez-le dans la fosse, ordonne Alby. Maintenant ! Gally, Newt, avec moi, maintenant ! hurle-t-il presque.
Je vais pour le rejoindre, quand Sophia me rattrape par le poignet.
— Gally, s'il te plaît !
Mais je me dégage brusquement et lui tourne le dos. Ma douleur est bien trop intense. Je préfère ne pas lui parler. Pas maintenant.
Je rejoins Newt rapidement et, ensemble, nous suivons Alby jusqu'à sa tente de chef.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro