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03. Mercredi


AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.


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Dès 7h00, j'attendais devant le laboratoire où auraient lieu les autopsies des corps de mon ancien collègue et sa famille. Il n'ouvrait qu'à 8h30, mais je n'avais pas très bien dormi. J'avais cette pensée qui m'obsédait : si on vise bien, se tirer une balle dans le crâne, c'est immédiat. Mais se tailler les veines est certainement la pire façon de se donner la mort. C'est très graphique, mais ça s'arrête là.

Quand le métal pénètre votre chair, la douleur est si intense que vous voulez lâcher le couteau. C'est la sécrétion d'endorphines qui vous fait continuer. Vous avez alors l'impression que la lame glisse toute seule et qu'elle plonge en vous comme dans du beurre.

Au bout de cinq heures, les autopsies n'avaient rien donné. Du moins, elles n'avaient rien révélé de suspect. Les enfants n'avaient même pas été drogués. Ils s'étaient laissés faire, docilement. Le plus glaçant était que la mère leur ait ouvert les veines, avant de s'infliger les mêmes sévices.

En partant, j'ai vu que Clara avait encore essayé de me joindre. J'avais plusieurs messages. Elle venait de terminer le dessin pour mon tatouage. Moi, ça m'était complètement sorti de la tête.

Je l'ai appelée pour lui dire que je n'étais plus très sûre de vouloir le faire. Elle m'a proposé de passer la voir et de tester le positionnement sur mon bras. Que souvent ça aidait à prendre une décision. J'ai accepté.

Au salon, Clara m'a fait asseoir dans son box. A son retour, elle tenait dans la main un stencil : une décalcomanie avec le dessin du tatouage dessus. Elle m'a demandé de remonter ma manche et, là, je me suis figée. Mon rythme cardiaque s'est emballé. Ça m'a fait le même effet que lorsque, gamine, la maîtresse m'appelait au tableau.

J'ai éclaté en sanglots et Clara est restée silencieuse. Puis j'ai senti ses doigts glisser lentement sur mon poignet. Elle a remonté ma manche et a nettoyé ma peau avant d'appliquer dessus le stencil. Quand elle l'a retiré, le dessin temporaire couvrait parfaitement ma cicatrice. Il était magnifique.

- Tu sais que j'en ai trois autres à faire ? lui ai-je dit entre deux sanglots.
- Tu sais que tu vas devenir ma meilleure cliente, a-t-elle répondu.

Je me suis mise à rire et, après un instant, elle a fait de même. Avant que je ne puisse m'expliquer sur mon comportement de la veille, Clara m'a dit quelque chose que je n'oublierai jamais : « Ecoute, je sais qu'on ne se connaît pas vraiment toi et moi, et je n'ai aucune idée de ce que tu traverses. Mais si tu veux te confier à quelqu'un, tu peux compter sur moi. Peu importe de quoi il s'agit. D'accord ? ».

J'ai acquiescé et je l'ai regardée droit dans les yeux. Le temps s'était comme arrêté. Je me souviens que j'ai pensé que c'était la plus belle chose qu'on m'ait jamais dite. Que c'était mes premiers vrais mots d'amour.

Je l'ai prise dans mes bras et je l'ai serrée très fort. Au moment de se quitter, je l'ai embrassée. C'était un simple baiser sur la bouche, mais j'allais mieux. J'allais mieux que bien. Avec Clara, nous nous connaissions depuis quarante-huit heures à peine et, pourtant, je savais déjà que je voulais passer le reste de ma vie à ses côtés.

Depuis mon arrivée au salon de tatouage, mon téléphone n'avait pas arrêté de sonner. Quand je suis rentrée chez moi, Pierre m'y attendait. En le voyant, j'ai senti un frison parcourir tout mon corps. J'ai tout de suite compris que cette semaine allait, non seulement, être la plus éprouvante de toute ma carrière, mais aussi la pire de toute ma courte vie.

Je l'ai suivi en voiture et nous sommes arrivés à la même putain d'adresse... Au même putain d'étage que l'appartement de mon ancien collègue et sa famille, les voisins venaient de se donner la mort. C'était un couple d'étudiants qui s'étaient pendus. Les cordes étaient attachées à la rambarde de leur balcon et, depuis la rue, on pouvait voir leurs corps se balancer dans le vide.

Très franchement, quelle était la probabilité que dans le même immeuble, au même étage et à quelques heures d'intervalles, un policier, sa femme, leurs deux enfants, puis des voisins de palier se donnent la mort ? À l'époque, tout ça me paraissait irréel. Aujourd'hui, alors que j'écris ces mots, c'est toujours le cas.

Pierre a immédiatement émis l'hypothèse d'une sorte de suicide collectif. Sur le moment, j'ai trouvé l'idée stupide. Mais, quand quelques minutes après notre arrivée, le détecteur de fumée d'un autre appartement au même étage s'est mis à sonner, j'ai changé d'avis.

En défonçant la porte, les gars de la patrouille sont tombés nez à nez avec une vieille dame. Elle était en feu. Tel un pantin désarticulé, c'est après quelques pas, qu'elle s'est effondrée. Une fois les flammes éteintes, elle était décédée.

Son corps carbonisé qui gisait sur le sol s'était figé au moment le plus intense de la mort. Sa bouche grande ouverte témoignait d'un dernier hurlement de sidération et ses mains étaient crispées au niveau de sa poitrine.

Je me rappelle qu'à ce moment très exact, c'était le vide dans ma tête. J'ai essayé de penser à quelque chose, mais rien ne venait. Pierre et moi avons échangé un regard. Un très long regard. Et j'ai vu dans ses yeux le désespoir. Le genre de désespoir qui est contagieux. Celui qu'on ne retrouve que chez les victimes de guerre.

Avec ces trois nouveaux cadavres, ces trois nouveaux suicides apparents, mon enquête venait de prendre une toute autre tournure. J'ai immédiatement fait mettre sous scellé judiciaire tous les appartements où il y avait eu des morts.

Quand nous avons rejoint nos voitures, j'ai proposé à Pierre d'aller au troquet du coin. Après plusieurs whiskeys avalés tout secs (six en tout), il m'a avoué ne plus dormir du tout. Qu'il faisait des cauchemars horribles. Que depuis le suicide de notre ami et ancien collègue, mais surtout depuis celui de sa femme et de ses deux enfants, il n'arrêtait pas de repenser à la lettre de l'aînée qui n'avait que 9 ans.


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La lettre de suicide de la fille de mon ancien collègue.

Âge : 9.

"T'inquiètes pas, on va trouver un moyen pour te faire partir de l'école".

"Tu vas mourir ou alors on va tout faire pour que tu te suicides".

"On va te faire la misère".

"À ce soir à la sortie".

"Connasse".

"Salope".

"Crève".

Tati, je veux plus aller à l'école. Il me tardait les grandes vacances. De te voir et de voir tonton aussi. De manger des glaces à la plage. De jouer au cerf volant. De sauter dans les vagues. Mais c'est dans trop longtemps les grandes vacances. Tu vas me manquer et j'espère qu'un jour, je pourrais te revoir au ciel.

Ah, une dernière chose : j'espère que tonton va vite retrouver un travail.


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Quand je suis rentrée chez moi, j'allais bien. D'écouter Pierre m'avait fait oublier ma vie l'espace d'un instant. Seulement l'espace d'un instant. C'est en franchissant le seuil de la porte que je me suis sentie dans un état d'épuisement terrible. Mon passé m'a rattrapé à toute vitesse. Je voulais mourir. Disparaître pour de bon.

Je me suis mise à suffoquer et j'ai enlevé mes vêtements en imaginant que ça irait mieux, mais c'était pire. C'était de pire en pire. J'étais prête à tout abandonner.

J'ai d'abord pensé statistiques. Que dans 80% des cas, la seconde tentative de suicide était la bonne. Puis, j'ai pris dans la cuisine le couteau qui avait la plus grande lame. Elle faisait quinze centimètres au moins. J'en ai placé la pointe sur mon avant-bras. Au même endroit du poignet où, à l'âge de seize ans, j'avais commencé à m'ouvrir les veines.

Soudain, ça a été comme si je m'observais de l'extérieur. J'allais assister à ma propre mort. Et, là, je me suis figée. Je venais de revoir le dessin de Clara. Le stencil qui recouvrait la cicatrice à l'intérieur de mon avant-bras. J'en ai suivi du regard les traits sinueux jusqu'à ce que les larmes m'empêchent de continuer à voir.

J'ai fini par éclater en sanglots et j'ai lâché le couteau. Je ne pouvais pas le faire. Je ne voulais plus le faire. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à comprendre pourquoi je ne l'ai pas fait, mais une chose est certaine, ce jour-là, le dessin de Clara m'a sauvé la vie.


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Encore un grand merci d'avoir lu ce troisième chapitre jusqu'au bout. 

Je n'ai plus les mots pour vous dire à quel point ceux qui ont lu les 2 premiers chapitres, ont laissé des commentaires et m'ont envoyé des messages privés m'ont aidé à corriger mon texte et écrire la suite de mon histoire... Merci du fond du coeur. Vraiment. C'est grâce à vous que "La Saison du Suicide" est maintenant #1 dans la catégorie Polar et #24 dans la catégorie Policier :)

Il reste encore 3 chapitres à mon histoire avant d'en connaître la fin. Je vais essayer de continuer à publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine. Le prochain sera normalement en ligne le jeudi 30 août 2018.

Dans la suite, l'enquête suit son cours, mais elle n'a pas encore trouvé sa résolution. Surtout, la vague de suicide qui touche l'immeuble a fini par attirer l'attention des médias...

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