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02. Mardi

AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.


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Il était environ 3h00 quand j'ai reçu un autre appel de Pierre. Encore pour un suicide. Encore dans le même immeuble. Encore dans le même appartement...

Je me suis excusée auprès de Clara et je l'ai laissée chez moi. En arrivant sur place, les gars de la patrouille étaient plus abattus qu'au moment où je les avais quittés la veille. Quand je suis entrée, j'ai compris que ça s'était passé dans la salle de bain.

Je me suis avancée pour m'y rendre, mais Pierre m'a retenue en me saisissant par le coude. On s'est regardés droit dans les yeux sans trop savoir ce qu'il se passait.

Avec Pierre, on se connaissait bien. Très bien même. On avait eu une aventure. C'était un mec bien. Il voulait fonder une famille, avoir au moins trois enfants, un labrador, une maison en banlieue, un jardin, une barrière blanche. Le genre de chose qui n'existe que dans les contes de fées. De toute façon, ce n'était pas pour moi. Pas du tout.

- Ça va aller, lui ai-je dit de la voix la plus douce que je puisse trouver.

Après une hésitation, il m'a lâchée et j'ai avancé vers la salle de bain. En passant le seuil de la porte, je me suis figée.

Dans mon métier, j'avais déjà vu des choses déroutantes. Des scènes d'horreur. Des agissements qui pourraient être qualifiés d'inhumains, mais là, c'était d'un tout autre registre.

La mère et ses deux enfants étaient en sous-vêtements allongés dans la baignoire. Elle les tenait tout contre elle comme s'ils avaient participé à une photo de famille. Ils avaient tous leurs avant-bras et leurs intérieurs de cuisses ouverts sur dix bons centimètres.

En s'écoulant, le sang avait formé dans le fond de la baignoire une mare écarlate. Elle reflétait l'image des corps sans vie. Elle recouvrait presque complètement les jambes du plus jeune des enfants qui n'avait que 4 ans. Le couteau qui avait été utilisé tenait lui comme par miracle dans la main de la mère.

Ce qui rendait la scène plus dérangeante encore, c'était le fait qu'il n'y avait aucune trace de lutte. Aucune contrainte apparente. D'après le médecin légiste, il s'agissait bien d'un suicide. Mais le pire restait à venir.

En sortant de la salle de bain, je me souviens avoir vu Pierre dans un coin du salon. Il se tenait droit et il regardait par la fenêtre comme s'il avait anticipé sa fuite. Quand il a retrouvé ses esprits, il m'a invitée à le suivre dans la cuisine.

Sur le plan de travail, il y avait deux lettres de suicide, celles de la mère et de l'aînée, une fillette de 9 ans. Elles étaient posées côte à côte. Une troisième " lettre " n'était qu'un dessin fait aux crayons de couleur. C'était celle du plus jeune des enfants.

Les lettres avaient des points communs avec celle du père. Elles avaient été écrites à la main sur des feuilles de papier blanc. L'alignement des phrases y était très droit. Les mots y étaient formés avec application et il n'y avait aucune faute d'orthographe.

Ces deux nouvelles lettres et leur similitude avec celle du père étaient suspectes. Il était tard dans la nuit, mais j'ai appelé le procureur. Je voulais lancer une enquête. Surtout, il fallait qu'il me la confie.

En rejoignant ma voiture, je me sentais bien. Je ne pensais qu'à retrouver Clara. À me blottir tout contre elle et à dormir. C'est en m'installant au volant et après avoir fermé la porte que le monde s'est écroulé autour de moi.

J'ai éclaté en sanglots. Les questions fusaient dans ma tête. Plus rien ne semblait avoir de sens. J'ai pleuré cinq bonnes minutes. Puis, j'ai démarré en trombe.

À l'époque des faits, je pensais être devenue imperméable à tout, mais c'était faux. Rien ni personne n'est épargné par la mort. Rien ni personne. Jamais. Personne.

J'ai roulé un long moment. À cette heure de la nuit, les rues étaient complètement désertes. Comme un zombie, j'ai respecté chaque feu et chaque panneau de signalisation.

C'est à l'aube que je suis arrivée chez moi. Clara était toujours là. Elle venait de se lever et de faire du café. Quand elle m'en a proposé, les seuls mots que j'ai pu lui dire ont été : « Va-t'en ». Elle n'a pas répondu. Elle n'a pas essayé de comprendre. Elle est simplement partie sans même se retourner.

Je me suis déshabillée pour prendre une douche et, là, je me suis souvenue pourquoi j'avais rencontré Clara. Depuis mes seize ans, les miroirs des salles de bains ou encore ceux des cabines d'essayage me renvoyaient l'image d'une survivante.

J'avais deux larges cicatrices à l'intérieur des avant-bras et deux autres tout aussi longues sur les cuisses.

Après ma douche, j'ai nourri le chat. Ensuite, j'ai ouvert ma boîte à souvenirs. Celle que je gardais depuis des années. Celle qui renfermait mes secrets les plus intimes. J'en ai sorti une enveloppe et j'ai déplié la lettre qui s'y trouvait.

C'était celle de ma tentative de suicide. Je ne l'avais pas relue depuis au moins dix ans.

En me couchant pour récupérer de ma nuit, mon sommeil était particulièrement agité. J'étais hantée par ces deux nouvelles lettres d'adieu. Surtout par celle de la mère. J'avais presque son âge et dans une autre vie, j'aurais pu être comme elle.

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La lettre de suicide de la femme de mon ancien collègue.

Âge : 39.

Maman,

Cet après-midi, après avoir récupéré les enfants à l'école, je suis allée faire des courses. Leur père venait de se donner la mort et je ne savais pas quoi faire d'autre. Je n'avais pas la force de le leur dire, alors j'ai fait comme si de rien n'était.

Au moment de payer, la caissière m'a dit : " Vos enfants sont toujours très sages. Vous devez avoir une vie parfaite ! ". Sur le coup, je l'ai remerciée et je me suis forcée à rire, parce que ce qu'elle venait de me dire était très loin de la vérité. C'était même à des années-lumière.

Sur le chemin du retour, je me suis refait le film dans ma tête. Celui où j'avais le cran de lui répondre. De lui dire pourquoi ma vie était loin d'être " parfaite ".

Déjà, je lui disais que mon mari venait de se suicider dans le salon de notre appartement. Que je venais de passer l'après-midi à tout nettoyer. Que j'étais incapable de le dire à mes enfants. Que je me battais depuis longtemps contre la dépression et que j'avais tenté de me suicider deux fois.

Je lui disais qu'il y avait des moments où je n'arrivais pas à me lever du lit pour préparer le petit- déjeuner et amener mes enfants à l'école. Que, souvent, je me sentais plus bas que terre et que je m'enfermais dans la salle de bain pour pleurer.

Que je ne m'étais pas lavée les cheveux depuis plusieurs semaines. Que je ne m'étais pas épilée depuis un mois. Que mon mari ne m'avait pas fait l'amour depuis plus d'un an.

Je lui disais que dès que nous sommes arrivés sur le parking, mes enfants " toujours très sages " avaient décidé de se mettre debout dans le Caddie et que je ne m'en étais rendue compte qu'au moment où l'un d'eux était tombé par terre.

Maman, je sais que lorsque j'étais plus jeune, nous avons eu des relations compliquées et je ne me suis jamais inquiétée de savoir comment, toi, tu allais. De comment était ta vie. Des épreuves par lesquelles tu pouvais passer. À cette époque, moi aussi je pensais que tu avais une vie " parfaite ". J'imagine que tous les enfants se disent ça sur leurs parents.

Aujourd'hui, je me rends compte que je n'ai tout simplement jamais connu de mères qui aient tout une vie facile.

Je t'aime. Je suis désolée.

Être une maman est le métier le plus dur du monde et j'ai fait mon maximum, mais je n'en peux plus. Personne d'autre que moi n'est à blâmer.

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Il était 13h00 quand le chat m'a réveillée. Je me souviens qu'avant que tout ne commence, je m'étais imaginée passer une semaine " tranquille ". On était à peine mardi et j'avais déjà l'impression que ça ne pouvait qu'empirer.

Clara avait essayé de me joindre. Elle m'avait laissé plusieurs messages. Elle voulait qu'on se voie pour parler.

J'ai mis dix bonnes minutes avant de me décider à sortir du lit. J'ai rempli le bol de croquettes du chat à ras bord et je me suis fait un plat au micro-ondes. J'ai regardé un truc à la télé : c'était une comédie romantique avec des stars. Je n'ai pas ri une seule fois. Pas. Une. Seule. Fois.

L'autopsie de mon ancien collègue et de sa famille était programmée pour le lendemain à 8h30. Il n'y avait rien de plus que je puisse faire pour avancer mon enquête ou mes dossiers en cours, alors, je suis sortie faire des courses, même si mes placards étaient pleins.

Après des années de pratiques, c'était en singeant la routine des gens " normaux " que j'avais trouvé une forme d'équilibre mental. Arpenter les rayons du supermarché. Longer les armoires frigorifiques. Observer les couples qui se disputaient, les enfants qui mettaient en cachette dans le Caddie leurs bonbons préférés. Tout ça... ça m'apaisait. Surtout, c'était bien moins cher qu'une psychanalyse.

A l'époque, ce rituel fonctionnait encore. Mais plus pour très longtemps. A l'une des caisses, une cliente avait été prise à partie par le vigile. Le nom sur son chèque (celui d'une femme) ne correspondait pas à celui de sa pièce d'identité (celui d'un homme). En me rapprochant pour mettre un terme à la dispute, j'ai immédiatement compris.

Quand l'un des clients a craché un " Dégage sale travelo " je me suis figée. Elle s'en est allée en criant que ce magasin était transphobe. Moi, je me suis avancée vers celui qui avait parlé et je lui ai mis mon poing dans la figure.


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Encore merci d'avoir lu ce second chapitre jusqu'au bout. Pardon, j'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont laissé des commentaires sur le chapitre 1 et m'ont envoyé des messages privés. Ça m'a vraiment fait plaisir et ça m'a aussi aidé à améliorer mon histoire. Continuez ^^

Je vais essayer de publier la suite de mon histoire au rythme d'un chapitre par semaine. Le prochain sera normalement en ligne le mercredi 22 août 2018.

Dans la suite, de nouveaux suicides vont encore davantage perturber mon officier de police judiciaire et faire ressurgir chez elle d'anciens démons qui la mettront en danger...

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