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01. Lundi

AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.


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" Ici, j'ai pu recommencer à vivre. Ici, je me sens assez forte pour raconter mon histoire ".


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Tout commença au printemps. L'hiver traînait en longueur et le soleil était voilé derrière une épaisse couche de nuages. Cela me donnait la fausse impression que le monde était doux et accueillant à l'extérieur de mon appartement.

Après plusieurs mois d'hésitation, je m'étais enfin décidée à me rendre dans un salon de tatouage. Je l'avais choisi parce qu'il était près de chez moi. J'y ai rencontré Clara. 

Clara était l'une de ces filles que je n'aurais jamais côtoyée autrement. Ses cheveux étaient vert-émeraude, elle avait des écarteurs à chaque oreille et son corps était recouvert de piercings et de tatouages en tout genre. Elle était belle, pleine d'assurance. Surtout, elle était plus jeune que moi d'une dizaine d'années.

Moi, justement, j'étais quelconque. Je suis même certaine qu'en me voyant, Clara avait dû penser que je n'étais qu'une cause perdue. Et pour être honnête, elle aurait eu raison de penser ça, parce que c'était la stricte vérité. Je n'avais eu aucune relation intime avec quelqu'un depuis près de 2 ans. 

À mon arrivée au salon de tatouage, Clara m'a demandé pourquoi j'étais là.
- Pour trouver l'amour, lui ai-je dit dans ma tête. " Pour recouvrir une cicatrice " a été la vraie réponse. En réalité, il y en avait plusieurs, des cicatrices.

J'ai remonté ma manche.
- Quel genre de dessin tu veux ?
- Une rose, lui ai-je dit en haussant les épaules.

Elle a esquissé un vague sourire et elle m'a tendu un catalogue de photos. Je l'ai feuilleté trente bonnes minutes avant de choisir un motif qui me plaisait. Elle m'a alors dit qu'elle allait me proposer un dessin dans le même style ; qu'elle me préviendrait quand il serait fini.

Je lui ai donné ma carte de visite et, en la regardant de plus près, elle s'est figée. À l'époque, j'étais encore officier de police judiciaire. Lorsque les gens découvraient quel était mon métier, leur réaction était toujours la même : ils marquaient la pause une à deux secondes. Comme un automate le fait entre deux mouvements.

En partant, Clara m'a rattrapée dans la rue. Elle m'a invitée à boire un verre le soir même. Je ne l'avais pas vue venir. Pas du tout. J'ai accepté.

Il s'est passé quelques minutes avant que je reçoive un appel. C'était pour un suicide. À moins que le médecin légiste dépêché sur place ne trouve une bonne raison de lancer une enquête, je n'étais jamais sollicitée quand les causes du décès étaient aussi " évidentes ". Sauf qu'ici, il s'agissait de la mort d'un ami. Un ancien collègue qui appartenait à la brigade où j'avais commencé ma carrière dans la police.

Je me suis rendue à l'adresse que je connaissais. C'était celle d'un grand immeuble d'habitation du centre-ville. À mon arrivée, Pierre m'attendait en bas du bâtiment. Pierre était lui aussi un ami et un ancien collègue. Avec sa patrouille, ils étaient sur place les premiers et il avait trouvé bon de me prévenir.

Sans que l'on parvienne à échanger un mot, il m'a escortée jusqu'à l'appartement. Dans le salon, la victime venait d'utiliser son arme de service. La balle lui avait fait éclater l'arrière du crâne et des morceaux s'étaient répandus un peu partout. Le sang qui s'était écoulé du trou béant dans sa tête avait formé sur le sol une flaque sombre. J'ai trouvé ça " cliché ".

Sur la table, face au corps, il y avait une lettre d'adieu. Elle était écrite au stylo, sur une feuille de papier blanc. Ce n'était pas dur à regarder. C'était juste triste. Peut-être parce que ça ne changerait rien. Peut-être parce que dans la police le nombre de suicides est largement supérieur à celui du reste de la population. Peut-être aussi parce que pour la première fois de ma carrière je n'étais plus une simple spectatrice.

Les enfants étaient à l'école. La mère était en chemin. Elle est arrivée quelques minutes après moi et je l'ai entendue hurler dans le couloir. Elle voulait qu'on la laisse passer, qu'on la laisse voir son mari. Pierre a tout essayé pour l'en dissuader, en vain.

Quand elle a franchi le pas de la porte, elle n'a pas tenu deux secondes. En voyant le cadavre, ses cris se sont arrêtés nets et elle s'est effondrée en pleurs avant de finir par s'allonger sur le sol. Pierre l'a aidée à se redresser et il l'a fait asseoir sur une chaise.

Je ne la connaissais pas. Pas vraiment. Elle était toujours restée la femme d'un collègue. La femme d'un policier. Une mère au foyer qui avait élevé, presque seule, ses deux enfants. Je me souviens l'avoir regardée un long moment en me disant que, moi aussi, un jour, je voulais trouver un tel amour. Du genre de celui qui vaille la peine que je me mette dans un état pareil.

Pour être franche, avant ça, je n'avais jamais envisagé qu'un proche puisse se donner la mort. Je l'avais appelé deux jours plus tôt pour prendre de ses nouvelles. Savoir comment il allait. Garder le contact était devenu une habitude dans nos métiers. J'aurai aimé qu'il puisse m'en parler. Qu'il trouve la force de le faire.

Le reste de la journée, je n'ai pas arrêté de repenser à cette lettre de suicide. C'était celle d'un bon père de famille, d'un policier émérite qui avait toujours le mot pour rire. Il n'avait pas hésité une seule seconde à l'écrire. Il n'avait fait aucun brouillon. L'alignement des phrases y était parfaitement droit. Les mots y étaient rédigés avec application et il n'y avait aucune faute d'orthographe. Sur ce dernier point, ne vous méprenez pas. Je veux tout simplement dire que cela ajoutait au sordide un détail de trop.

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La lettre de suicide de mon ancien collègue. 

Âge : 41.

Mon amour,

Je me doute qu'en lisant ces mots, tu seras surprise. Pourtant, moi, j'attends ce moment depuis trop longtemps. Je l'ai même exécuté mille fois dans ma tête. Mais c'est maintenant que je passe à l'action. Une fois cette lettre écrite, je m'en vais pour de bon. Je ne reviendrai pas. Je me suicide.

J'en ai ras le bol des douleurs et des souffrances. Je n'en peux plus de la pression intolérable de mes pairs qui me jugeraient si je demandais de l'aide. D'être catalogué si je lève la main en disant que j'ai besoin d'un break ! Dans mon métier, il n'y a pas de place pour la faiblesse. Il n'y a pas de place pour les larmes non plus.

J'ai vu l'horreur trop souvent dans ma vie. Voir le cadavre d'un trafiquant de drogue criblé de balles passe encore. Mais voir celui d'un bébé de trois mois qui a été abandonné dans une poubelle, ça, c'est intolérable.

L'autre jour, j'ai annoncé à une mère la mort de sa fille. Elle était décédée d'overdose. Elle avait quatorze ans. De voir cette femme m'ouvrir la porte à deux heures du matin, a été pire que tout. Mais de savoir que sa gosse était morte pendant mon service a été la goutte de trop. Peut-être que j'aurais pu lui sauver la vie.

Tu veux d'autres exemples ? D'autres «faits divers » ? Les collègues en auront à la pelle à te donner. J'en ai tout simplement assez. Je suis épuisé quand je rentre à la maison alors que la vie doit continuer.

J'en ai assez de garder ça pour moi parce que je ne veux pas que tu t'inquiètes. Je ne suis plus capable de faire semblant et je ne peux pas te dire à quel point ça fait mal. J'en ai assez de cette putain de carapace.

Malheureusement, je ne suis pas le premier à penser ça. Je sais que je ne serai pas le dernier. J'aurai aimé avoir le courage de t'en parler. Maintenant, il est trop tard.

S'il te plaît, ne passe pas le reste de ta vie à te dire que tu aurais pu m'en empêcher. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop.

Je t'aime tellement.

Adieu.

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Il était 21h00 quand j'ai retrouvé Clara. On est allée dans un bar près du salon de tatouage. Après deux pintes chacune, nous étions devenues les meilleures amies du monde. Je lui ai parlé de mon métier d'officier de la police judiciaire et elle paraissait fascinée. Elle posait beaucoup de questions.

Comme je voulais l'impressionner, je lui ai raconté une anecdote : un jour, j'avais constaté le décès par overdose d'un homme. Il avait la quarantaine. A priori, le genre de type qui ne traversait jamais en dehors des clous. Sauf que pour une fois, il avait décidé de s'amuser un peu. Il avait profité de l'absence de sa femme et de ses enfants pour s'acheter de la cocaïne... Il était mort d'overdose... Un godemichet enfoncé dans le rectum.

Clara en a rigolé tout le reste de la soirée. Elle m'a aussi parlé d'elle. De son métier de tatoueuse. De son envie d'avoir son propre salon. De son envie de partir vivre en Islande. De quels étaient ses plats préférés...

Après une dernière pinte (la quatrième en tout), on est allée chez moi et on a fait l'amour. C'est le seul moment de la journée où j'ai arrêté de réfléchir. Où j'ai arrêté de repenser à la mort de mon ami. Clara n'a rien dit en voyant mes cicatrices. Mes autres cicatrices. Celles de ma tentative de suicide.


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Merci beaucoup d'avoir lu ce premier chapitre jusqu'au bout. Je vais essayer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine. Le prochain sera donc normalement en ligne le mardi 14 août 2018. 

Dans la suite de mon histoire, de nouveaux suicides vont pousser mon officier de police judiciaire à lancer une enquête... elle sera aussi de plus en plus perturbée par ces morts.

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