En premier lieu, elles se demandèrent où elles étaient. Puis, tout leur revint en mémoire; le divorce, Grand- mère Akiyo, la chambre sous les toits, le nouveau lycée...

A cette dernière pensée, Amane se releva brusquement de son lit avec des sueurs froides. Elle détestait être le centre d'intérêt contrairement à sa sœur qui, elle, s'en fichait comme de son premier biberon. Hors, arriver en milieu d'année attire forcément l'attention et Amane était malade rien qu'a cette idée. C'est ainsi que la trouva Amaya en se réveillant à son tour, stressée à mort, ses beaux yeux verts assombris par une réelle crise de panique. Durant leurs lourd sommeil, quelqu'un avait déposé leurs uniformes aux pieds de leurs lits, surement leurs grand-mère. Amaya se leva doucement, commença à enlever ses habits de la veille pour mettre son nouvel uniforme tout en houspillant sa sœur qui ne bougeait pas d'un millimètre malgré le fait qu'elle se soit réveillée la première. Au bout d'une dizaine de minutes, Amane commença enfin à mettre ses vêtements règlementaires tandis que sa sœur démêlait sa longue chevelure blonde devant un petit miroir fissuré. A sept heures et demi, elles étaient sur le chemin du lycée, la boule au ventre mais la tête haute. Le silence les enveloppait de sa douceur et de sa tranquillité. De toute façon, elles n'avaient pas besoin de se parler pour savoir ce à quoi l'autre pensait. Amaya savait que sa sœur stressait à mort et ne voulait pas entrer dans ce nouveau lycée, et Amane savait que l'aînée des jumelles n'avait strictement rien à cirer de ce nouveau lycée car son esprit était encore tourmenté par le divorce de leur parent. Elles arrivèrent rapidement devant l'établissement qui constituait le nouveau centre de torture d'Amane: le lycée Karasuno. Elles se dirigèrent d'un même pas vers le bureau du directeur en déambulant dans les couloirs gris et sans couleurs. La première épreuve de la journée fut d'apprendre qu'elles ne seraient pas dans la même classe. Amane retint ses larmes tandis qu'Amaya serrait les poings pour tenter de calmer ses nerfs. La deuxième épreuve fut la présentation devant la classe. Amane faillit fondre en larmes sans réussir à aligner deux mots sans bégayer. Presque toute sa classe se moqua d'elle. Une troisième année qui pleure comme une enfant de primaire. De plus, son petit mètre cinquante-six n'arrangeait rien! Du côté d'Amaya, ce ne fut as plus glorieux. Lorsque le professeur l'appela, elle alla directement s'assoir à sa place sans rien dire, même lorsque le professeur lui posa des questions. La pause déjeuner se fit attendre pour les deux jeunes filles qui n'attendaient qu'une seule chose: être ensemble pour enfin reformer ce tout uni qu'elles avaient toujours étées. 

Lorsque la cloche retentit, elles furent les premières à sortir et se retrouvèrent sur le toit, comme si il était tout naturel que chacune y aille. Amane tomba dans les bras de sa sœur et pleura pour de bon cette fois en racontant l'épreuve qu'avait été la présentation. Amaya, elle, faisait des blagues sur certains élèves de sa classe pour redonner le sourire à sa pauvre petite sœur. Cette dernière se calma sans pour autant être plus heureuse. Elle prit tout son temps pour manger son bento pour retarder le plus possible son retour en classe. Lorsque la cloche retentit de nouveau, elle alla d'un pas lourd vers sa salle où elle entendait déjà les moqueries de ses camarades à cause de ses cheveux trop longs et ses manières de petite fille. Une voix, plus grave et plus forte que les autres s'éleva pour faire taire tout le monde. Amane ne savait pas qui c'était mais elle le remercia mentalement pour sa gentillesse tandis que son professeur la pressait d'entrer en cours. Amaya, elle, passa son après-midi allongée sous le toit sans se soucier de la pluie et du vent. Elle rumina pour la énième fois toutes ses pensées sombres qui l'habitait depuis son départ de Tokyo, puis elle alla rejoindre sa sœur à la fin des cours, trempée et aussi énervée quand début de matinée. Elles firent le chemin de retour toujours dans le silence, sachant autant l'une comme l'autre qu'elles avaient eu une journée épouvantable. En arrivant chez leur grand-mère, elles allèrent d'un même pas se réfugier sous un saule pleureur vieux de cent ans. Elles restèrent assises en silence sous la pluie jusqu'à qu'Amane brise son mutisme:

"_ Je ne veux plus jamais y retourner, murmura-t-elle d'une petite voix pleine de sanglots.

_ Moi non plus", ajouta sa sœur, comme une évidence de la nature. 

Elles soupirèrent à l'unisson. C'était impossible et elles le savaient. Désormais, ce serait leur quotidien, qu'elles le veuillent ou non.

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Amaya=nuit de pluie

Amane=son divin, son de la pluie

Akiyo=génération brillante

Petite précision sur la signification des prénoms des héroïnes;)