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I

Dès l'instant où Kim Seokjin, vingt-huit ans, ouvrit un œil, il sut que cette journée serait merdique.

C'était une impression étrange, presque magique et pourtant qui s'avérait presque toujours exact.

Il y avait des matins comme ça où rien n'allait et où tout foirait. Des matins abominables qu'il fallait supporter en attendant qu'une meilleure journée se profile le lendemain. Comme un prisonnier condamné à traîner son boulet toute la journée sans pouvoir ni revenir en arrière, ni accélérer le temps.

Jin l'avait pressenti dès que son réveil avait sonné et qu'il avait ouvert un œil dans la pénombre, seulement éclairée par la vibration incessante de son smartphone qui avait chuté de la table de chevet sur la moquette molletonneuse. Il était resté là, les yeux grands ouverts comme spectateur d'un désastre pressenti et dont il ne pouvait rien faire.

Sur le ventre, emmitouflé dans sa couette épaisse et chaude, la tête dans l'oreiller, un pied sortant du matelas, il n'avait pas besoin de bouger ni de déplier son bras gauche, calé sous son corps, pour sentir que la place à côté de la sienne était froide.

Il referma les yeux quand le réveil, cette abominable création des enfers, lui laissa un moment de répit avant de recommencer furieusement, le son semblant cracher des minuscules enceintes de l'appareil.

Jin consentit à faire glisser son corps de sorte à attraper l'appareil et à l'éteindre. Ainsi perché à deux doigts de tomber du matelas, il mit un certain temps à se relever et quitter la chaleur rassurante de la couette.

Il bâilla en sortant de la chambre, marchant tel un automate jusqu'à la salle de bain où il entreprit une rapide toilette ainsi que son ultime mission matinale : remettre de l'ordre dans ses cheveux sombres, en pagaille.

Mais parce que c'était une journée sous le signe de la malchance, un affreux épi resta suspendu au-dessus de son crâne telle une antenne cherchant à capter les ondes. Malgré l'eau, le gel, rien n'y fit et Jin se contenta d'y coincer une barrette à chignon en se disant, naïvement, que l'affreux épi serait suffisamment plié durant son petit déjeuner et qu'ainsi il ne se rebellerait plus quand il quittera l'appartement.

Enfin ça, c'était ce qu'il croyait.

Une fois dans la cuisine, il activa la cafetière bruyante, par automatisme, les yeux dans le vague puis s'attabla à la grande table haute, d'un blanc immaculé. Il mangea sans grand enthousiasme ses céréales, tel un ruminant regardant passer les trains, mais à la différence près que lui, faisait défiler les notifications sur l'écran de son smartphone.

Enfin, l'horloge du four en lettres rouges, lui rappela avec horreur qu'il était en retard et il sembla, enfin, sortir de sa léthargie. Il courut se laver les dents, oubliant littéralement la pince coincée dans ses cheveux, enfila les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main puis son manteau, ses chaussures, attrapa son téléphone et dévala l'escalier de son immeuble.

Quatre étages plus bas il avisa du coin de l'œil, en bout de rue, le bus arriver et se lança dans un sprint, une véritable course contre la montre, pour arriver in extrémis à l'arrêt de bus avant de constater avec horreur, que ce n'était pas le bon véhicule.

Il souffla, jurant intérieurement et jeta son dévolu, en respirant fort, vers le panneau des horaires. Il avait loupé le sien, deux minutes plus tôt. Il fallait à présent attendre quatorze minutes. Dépité, il se laissa tomber sur le banc en métal froid et ressortit son téléphone.

Quarante-sept minutes plus tard, il passait les portes automatiques de sa compagnie, un petit immeuble coincé entre deux gros buildings rutilants, avant de tâtonner ses poches à la recherche de sa carte magnétique.

Mais la traîtresse était restée dans la poche de son autre manteau, celui qu'il avait mis hier, jour de weekend, et dont il avait totalement oublié de récupérer.

Il soupira bruyamment, maudissant déjà cette journée qui ne faisait que commencer, avant de regarder tout autour de lui avec inquiétude jusqu'à se remettre à courir pour attraper l'épaule de la jeune fille devant lui :

-Jisoo !

Elle se retourna, un sourcil inquisiteur sur son visage symétrique et parfaitement maquillé avant de lever les yeux au ciel :

-Un problème ?

-J'ai oublié ma carte, tu me fais passer ? Quémanda-t-il avec un sourire presque innocent.

-Je te jure, tu es irrécupérable...

Mais elle consentit à le laisser entrer par les portes automatiques réservées au personnel. Il la remercia et elle eut une moue un peu sophistiquée.

-Quoi ? Argua-t-il, tu agis comme si ça m'arrivait souvent !

-Ça t'arrive souvent !

Jin prit une moue exagérément outrée qui déclencha un infime sourire sur le visage plutôt froid de son interlocutrice et ils entrèrent dans l'ascenseur. Il profita de la montée des quatorze étages pour envoyer un message à Namjoon.

Au bout de quelques minutes, la sonnerie caractéristique d'ouverture des portes de la cage d'acier le reconnecta avec la réalité. Il refourgua son téléphone dans sa poche de manteau, quitta l'ascenseur et traversa le hall puis le salon d'accueil où il salua les jeunes femmes derrière leur bureau. Ces dernières interrompirent leur conversation téléphonique pour le saluer en souriant. Il rentra immédiatement dans l'open-space, saluant joyeusement tout le monde, quoique plus poliment ses aînés et s'assit, enfin, à son bureau.

Jin regarda de nouveau son écran de téléphone en défaisant son manteau, pas de notification de Namjoon, il n'avait pas encore lu son message. Il soupira avant de sentir une douleur désagréable en haut de son crâne. En criant à moitié, il se retourna vers son voisin de bureau, Ken, qui tenait dans ses mains une pince à cheveux.

Jin écarquilla les yeux, se rappelant momentanément qu'il l'avait mise une heure plus tôt. Ken fixa l'objet avec une mine farouche comme s'il s'agissait d'une arme particulièrement dangereuse puis il regarda le haut du crâne de son camarade avant d'ouvrir les yeux. Comme si la vérité lui était apparue, il s'exclama :

-Ah. J'ai compris !

Jin lui arracha des mains et fourra la pince dans ses poches mais Ken tendit le doigt vers son épi, qui, et Jin n'en doutait pas, avait refait des siennes.

-J'en ai deux des comme ça, de temps en temps ils communiquent, je me demande ce qu'ils se disent...

-Bonjour à toi aussi.

Jin pivota, tachant de l'ignorer, mais lorsqu'il alluma son ordinateur ce dernier n'eut aucune réaction. Aucun voyant ne clignota. Il réessaya, en vain.

Il prit une grande inspiration pour garder son calme puis glissa sous son bureau avant d'aviser, la prise débranchée. Il reconnecta le tout en soupirant mais avant d'avoir eu le temps de sortir de la position inconfortable où il était, il entendit distinctement :

-Quelle souplesse, Kim, vraiment. La vue est agréable mais je doute que tu sois là pour remuer le popotin.

Jin piqua un fard et sortit maladroitement de sous le bureau, se cognant la tête au passage et avisa Ken, mort de rire derrière le visage glacial et impavide du manageur Lee.

-Je suis désolé, mon ordinateur était déb...

Mais ce dernier ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu'il se dirigeait déjà vers son propre bureau.

Jin lâcha un juron inaudible avant de se rassoir honteusement et en passant une main dans ses cheveux il sentit le terrible épi qui ne voulait pas s'aplatir.

Il avait eu raison dès le réveil, cette journée allait être particulièrement merdique.

Sa voisine de gauche, Hyoyeon, qui n'avait rien loupé du spectacle lui fit un petit sourire rassurant tout en lui tapotant l'épaule avant de chuchoter :

-T'inquiète ça va aller. Dis-toi qu'il y a des journées comme ça mais qu'elles finissent toujours par se terminer...

Mais ce n'était pas spécialement rassurant.

Une fois l'ordinateur allumé, le jeune homme se pencha sur son travail et regarda furtivement son téléphone portable. Toujours aucune réponse de Namjoon.

Il soupira, se passant une main sur le visage puis jeta un coup d'œil à l'énorme horloge de l'open-space. Le manageur Lee, toujours debout devant son bureau, jetait des regards contrariés aux tas de feuilles entreposés sur des piles de dossiers. Enfin, l'horloge sonna huit heures du matin et tout d'un coup l'endroit s'anima.

-C'est parti mon kiki ! Clama Ken en arrachant presque son combiné du socle.

Jin prit une grande inspiration alors que dans la pièce, pas moins d'une soixantaine de personnes décrochaient leur téléphone simultanément et composaient les numéros indiqués sur leur écran d'ordinateur. Les négociations commençaient.

Il y avait quatre équipes d'une quinzaine de personnes, éparpillées dans des box gérés par quatre manageurs différents qui s'alignaient sur tout l'étage. Le manageur Lee était le plus jeune d'entre eux mais ça ne le rendait pas plus aimable, du moins aux yeux de Jin.

Mais alors qu'il avait presque terminé de composer le premier numéro, la bouille, adorable de son voisin du bureau d'en face arriva.

Il était en retard, comme tous les jours depuis les six mois où il avait été embauché. Il se faisait réprimander souvent par le manageur Lee et pourtant ça ne changeait pas.

C'était le maknae de l'équipe. Techniquement parlant il aurait dû se faire bizuter à coup de « va chercher un café » et « photocopie moi ces trucs », ce que Jin avait lui-même vécu cinq années plus tôt. Mais Park Jihoon avait échappé à ça.

Il était mignon, il était amusant, il était rafraîchissant, les filles des autres équipes zieutaient sur lui, son équipe le chouchoutait comme jamais elle n'avait chouchouté personne. Jin le premier. Il avait un faible pour les maknae, la preuve était son attachement beaucoup trop maternel au propre maknae de son groupe d'amis, et puis il ne pouvait résister à cette bouille adorable.

-Hyung ! Ça va ? Tu as bien dormi, tu as fais quoi de ton weekend ? Tu sais que tu as un épi sur la tête ?

Bon, le désavantage c'était que Jihoon parlait beaucoup et posait des milliers de questions.

-Chut ! le rouspéta Hyoyeon.

-Park, ramène-toi ! cingla Lee d'une voix glaciale.

Le jeune garçon pâlit avant de se débarrasser de son gros manteau flashy et de rejoindre son supérieur. Jin regarda avec inquiétude le plus jeune se faire réprimander, s'inclinant à plusieurs reprises pour s'excuser, avant de se concentrer sur son propre travail mais il fut interrompu par une notification sur son téléphone.

Tout heureux de voir que Namjoon avait enfin daigné répondre, il déverrouilla l'écran mais son sourire retomba quand il s'aperçut que c'était seulement Yoongi.

« Je mange chez vous ce soir. »

Jin allait le rabrouer méchamment, à coup de « Bonjour, déjà, non ? » ou « Demande la permission d'abord avant de t'incruster chez moi ! » car ce sale gosse ne daignait jamais être poli mais Lee aboya :

-Kim ! Mets-toi au boulot !

Jin écarquilla les yeux et rangea rapidement son téléphone avant de balbutier une excuse, se dépêchant ensuite de décrocher de nouveau son téléphone professionnel.

Cinq heures plus tard, toujours devant son bureau, il n'avait toujours pas reçu de message de Namjoon. Dépité, Jin en renvoya un autre.

Ce n'était quand même pas compliqué de répondre « Oui, je rentre manger ce soir. » ou « Non, ce soir je suis occupé ».

Malgré tout, il avait, entre-temps, reçu un message de Taehyung avec seulement écrit :

« Chez moi, 23h et ne mets pas de sous-vêtements...»

Auquel il avait répondu :

« Tae, tu t'es encore trompé de numéro.»

La réponse s'était affichée dans la foulée :

« Oups, désolé hyung, j'envoyais ça à mon plan cul ».

Jin leva les yeux au ciel avant de taper une réponse :

« N'oublie pas de te protéger ! »

Nouvelle réponse : « Oui, maman. »

Rassuré, le jeune homme sortit de son sac sa boîte de repas, mais à peine avait-il ouvert le couvercle que la petite tête de Jihoon passa par-dessus la cloison qui séparait leur espace de travail, en affichant un regard suppliant :

-Hyung... j'ai faim...

Jin soupira avant de fouiller à nouveau dans son sac et de sortir une autre boîte de repas :

-Je savais que tu n'aurais pas eu le temps de préparer quelque chose...

Le cri de joie du gamin résonna dans tout l'open-space, ce qui dérangea leurs voisins qui mangeaient silencieusement et fit glousser les filles qui soupiraient des : « trop mignon » ou des « adorable » sans même se cacher. Jihoon se mit à sautiller, sa tête dépassant à peine du box de l'autre côté, ce qui fit rire Jin.

-Et moi je n'ai rien ?

-Non Ken, toi tu ne manges pas.

-Yah ! C'est du favoritisme !

-Tu fais de la bouillie de ce que je prépare, c'est du gâchis. Tu t'amuses à découper mes œuvres d'art en deux ! Argua Jin d'un ton accusateur.

Ken fit mine d'être choqué avant de dire :

-Je mange en tout petit morceau, il faut que je découpe, et puis ce n'était même pas des vraies œuvres d'art...

-J'avais fait exprès de découper les mini-knackis en poulpe la dernière fois !

Ken fit les gros yeux :

-Jinie, le poulpe c'est le diable !

-Ah... c'est nouveau ça, répondit-il d'un air blasé.

-Oui, ils ont une intelligence surdéveloppée, bientôt ils contrôleront le monde !

-Tu es sûr que tu ne confonds pas avec les pieuvres ?

Ken ouvrit la bouche puis la referma avant de souffler :

-T'as raison, les pieuvres aussi...On est cerné.

-Moi j'aime bien le poulpe grillé, fit Jihoon de l'autre côté.

-Vous me dérangez avec vos conneries, argua Hyoyeon à gauche en reculant de son siège pour contempler d'un œil torve les deux jeunes hommes.

-Désolé noona, murmura Jin.

Mais Ken ne parut pas du tout désolé, au contraire, il comptait bien poursuivre le débat.

Le portable de Jin sonna à nouveau, mais c'était Hoseok cette fois :

« Salut hyung ? Tu vas bien ? On peut se voir ce soir ou tu as déjà un truc de prévu ? »

Ah ! Voilà un dongsaeng respectueux, Jin lui répondit rapidement en souriant puis envoya un message à Jungkook puis à Jimin.

Jungkook répondit platement : « Nan, je dois réviser ».

Jimin mit beaucoup de smileys accompagnés d'un selfie : « Je suis de répétition, une prochaine fois. Oh et si tu vois Hoseok dis-lui de me rendre mon pull Calvin Klein ! »

Jin fronça les sourcils avant de répondre :

« Jimin, c'est MON pull Calvin Klein ! »

Et ce gamin-ci ne lui répondit même pas.

En soupirant mais avec un sourire il reposa son téléphone, terminant rapidement son repas, puis il referma sa boîte de repas avant de reprendre le travail.

Quatre heures plus tard, ce fut au bord de la migraine, dans une cacophonie de bruits de touches de clavier, de sonneries de téléphone, de négociations plus ou moins houleuses, plus ou moins bruyantes et de bruits de photocopieuses crachant des tonnes de paperasses à vive allure, que la voix du manageur Lee cingla :

-Kim. Bureau, maintenant.

Jin raccrocha précipitamment son téléphone avant même d'avoir entendu une tonalité et se leva rapidement, attrapant les dossiers avant de remonter la file des bureaux et de se positionner, droit comme i, près de celui de Lee.

Ce dernier ne lui accorda pas un regard derrière ses lunettes aux épaisses montures noires et tendit la main.

Jin donna les dossiers que son supérieur consulta avant d'acquiescer :

-C'est bon. Mais je ne t'ai pas fait revenir là pour ça. Les appels à projet vont tomber sous peu, je dois faire un choix dans l'équipe, environ trois personnes et je veux que tu fasses partie de ceux-là.

Jin écarquilla légèrement les yeux et Lee reprit :

-Je pense que tu as l'expérience nécessaire et que ce projets pourrait booster ton classement de vente du mois. Je mise sur toi alors bosse bien ton argumentaire.

-Entendu. Merci Mr Lee.

Il lui tendit un dossier et Jin se sentit étrangement galvanisé, cette journée n'était peut-être pas si foutue, après tout.

Soumettre un projet prouvait que son supérieur reconnaissait ses qualités et c'était aussi un moyen de gravir les échelons et de faire reconnaitre son potentiel.

Depuis son arrivée, cinq ans plus tôt il avait soumis deux projets mais jamais aucun n'avait été validé par la direction. Il avait vu tous ses collègues, même Ken et Hyoyeon, réussir à faire reconnaitre leur travail mais lui était toujours resté sur la touche.

La compétition était rude entre les différentes équipes et même au sein de leur propre groupe, il fallait être efficace, rapide, et faire des chiffres. Les meilleurs étaient félicités, les mauvais laissés de côté.

Et Jin savait que sa place était fragile, car il n'arrivait pas à gravir les échelons.

Alors qu'il retournait à son bureau, un de ses collègues, Jeahyo, se leva, téléphone à la main, en chuchotant :

-Sunbae, c'est la mégère de la dernière fois, elle me saoule grave, putain !

-Langage, Ahn ! Le réprimanda froidement Lee.

Ce dernier n'accorda aucun regard à son supérieur avant de dire :

-Réponds lui ou je vais l'encastrer ...

En soupirant Jin fit le tour des bureaux et attrapa le combiné.

-Bonjour Mme Kwon. Oui c'est Kim Seokjin, de la dernière fois. Comment allez-vous depuis notre dernière entrevue ? Vos chiots ont grandi ?

Jeahyo grogna et lui fit signe d'accélérer mais Jin secoua la tête préférant accorder de l'importance à la bonne conduite plutôt qu'au marchandage que son collègue souhaitait faire.

Il était peut-être là son problème dans le travail.

Jin vendait des assurances. Au téléphone, via internet, il répondait à des appels d'offres, remplissait la paperasse, faisait des probabilités, appelait pour des enquêtes de satisfaction et surtout démarchait les clients. Une quantité de clients.

Il se faisait raccrocher au nez, rencontrait des répondeurs plus étranges les uns que les autres et se faisait engueuler au téléphone plusieurs fois en une journée, que durant ses vingt-huit dernières années.

Le but était de vendre, de rapporter de l'argent, le plus d'argent possible et de faire des projets pour s'adapter au marché et améliorer encore le rendement de l'entreprise.

Contrairement à ses collègues, il vendait moins, avait moins de projets, il était majoritairement plus faible que Jeahyo, champion dans toutes les catégories.

La photo de son collègue et son nom figuraient en tête de file sur le grand tableau accroché juste en dessous de l'énorme horloge dans l'open-space. Une frise chronologique, allant du meilleur au plus faible. La photo de Jin, elle, se situait plutôt vers la fin. Une compétition violente existait entre chaque salarié et tous grappillaient le plus de points possible pour monter les échelons dans le tableau. Leur salaire en dépendait.

Le nom de Anh Jaehyo était marqué de la couleur rouge, prouvant qu'il appartenait à l'équipe B, celle du manager Lee. Pas moins de trois autres membres de l'équipe figuraient dans le top dix.

Jin enviait son aîné. Néanmoins il se galvanisait, parfois, de lui être utile. Lui, Kim Seokjin, un des derniers du classement, venant en aide au premier. Car même si Jeahyo était bon, il était néanmoins peu emphatique et beaucoup trop directif. Mais c'était ce que l'entreprise voulait.

Certains clients préféraient marchander avec Jin, vérifier avec lui leurs assurances, revoir leurs contrats, résoudre les problèmes, expliquer les situations, car ce dernier se montrait cordial et chaleureux dans un combiné.

Lorsqu'il raccrocha après trente minutes, Jeahyo s'énerva :

-Putain le con ! Tu n'as même pas vendu l'offre premium !

-Langage Ahn, scanda Lee devant son écran sans même relever les yeux.

-Elle n'a pas besoin de l'offre premium et sa retraite ne pourra pas la payer sur l'année et tu le sais ! Elle a déjà souscrit à toutes les options n'en demande pas trop, rétorqua le jeune homme.

-Tu as passé trente putains de minutes...

-Langage Ahn.

-... à parler à cette mégère de merde, pour une offre qui ne rapporte rien !

-Vends-lui toi-même la prochaine fois, si tu n'es pas content, répondit sombrement Jin en quittant le box de son camarade.

-Va te faire foutre.

-Ahn ! S'énerva Lee.

Cette fois-ci ce dernier consentit à présenter ses excuses à son supérieur. Jin secoua la tête et retourna à son propre poste, dépité. De toute manière le courant ne passerait jamais entre Jeahyo et lui.

Il regarda rapidement son téléphone, Namjoon avait enfin répondu.

« Non ».

Non ?

Juste « non », comme ça ?

Il lâcha un soupir bruyant mais avant d'avoir le temps de se lamenter sur son sort, la voix du manageur Lee retentit une nouvelle fois :

-Kim, mets-toi au boulot, maintenant.

Il décrocha de nouveau le téléphone, la liste de numéros n'en finissait pas.

Il ne souhaitait plus qu'une chose, que cette journée se termine.

*******

Le sac de course tapait contre son genou alors qu'il sortait de l'ascenseur de son immeuble. En avançant il eut la surprise de voir quelqu'un devant sa porte. Yoongi se releva de sa position semi-avachie et cingla un :

-Tu as dit que tu finissais à vingt heures pas vingt-et-une heures trente !

-Bonsoir à toi aussi, tu as passé une bonne journée ? Retorqua Jin.

Le plus pâle fit une petite moue avant de ravaler ses paroles :

-Salut hyung.

-J'ai eu une dure journée, et j'ai fini le boulot en retard. J'ai fait des courses, ragout de kimchi ça te dit ?

-Vendu.

L'aîné ouvrit la porte et défit ses chaussures sur le perron en soupirant :

-Si tu veux voir Namjoon, il ne rentrera pas manger et je ne sais pas à quelle heure il arrivera.

-Pas grave, répondit Yoongi en quittant lui aussi ses chaussures.

Ils s'installèrent dans la pièce de vie et discutèrent tranquillement, en buvant une bière alors que Jin préparait le diner. 

Yoongi travaillait dans la musique, il était compositeur et parolier. Il parlait peu de son travail. Jin ne savait pas exactement en quoi consistaient ses journées, à part qu'il avait des horaires improbables mais depuis l'année dernière le plus jeune avait enfin décroché un travail dans une bonne agence. Les choses avaient alors changé. Des changements imperceptibles parce que Yoongi n'était pas du genre à se vanter, mais Jin l'avait remarqué. Car jusqu'alors Yoongi n'avait jamais roulé sur l'or. Ils s'étaient disputés sur ce sujet une fois. Yoongi avait reproché à son hyung de trop le materner et de se mêler de ce qui ne le regardait pas et Jin avait reproché à son dongsaeng d'avoir trop de fierté et de leur cacher la vérité.

Car l'aîné le savait, Yoongi avait été longtemps dans la galère. Galère d'appartement, galère des fins de mois, galère d'argent tout simplement mais jamais il n'avait demandé de l'aide, à personne. Ils avaient convenu de ne plus jamais reparler d'argent après s'être réconciliés et Jin avait réussi à faire venir Yoongi chez lui, une fois par semaine pour manger un bon repas. C'était leur accord ultime pour que l'aîné cesse de s'inquiéter pour le plus jeune.

À présent, le musicien semblait clairement avoir de quoi vivre décemment, autant au niveau du logement, que des vêtements et de la nourriture mais l'habitude ne s'était jamais arrêtée et Yoongi venait toujours dîner une, voire plusieurs fois par semaines, chez eux.

Le trio Namjoon, Yoongi et Jin avait duré un moment mais maintenant que Namjoon travaillait beaucoup, ils se retrouvaient souvent en duo.

Jin n'osait pas l'avouer mais ça lui faisait plaisir de ne pas manger seul.

Ils discutèrent de tout et de rien, notamment de rien, donnant des nouvelles de chacun. Telle une mère qui adorait donner des nouvelles de ses enfants, Jin racontait souvent à Yoongi ce que faisaient les autres membres de leur groupe d'amis. Déjà parce que Jin aimait s'occuper d'eux et aimait toujours savoir ce qu'ils faisaient et ensuite parce que Yoongi était avare en matière de messages envers les autres.

-Hoseok devait venir, non ?

-Il était trop tard quand je lui ai dit que je sortais du boulot, expliqua l'ainé, on se reverra dimanche. Tae et Jimin ont dit qu'ils venaient.

-Taehyung ? Il aura décuvé ?

-J'irai le cherche par la peau des fesses s'il le faut...

-Il y aura plus de chances que tu te lèves au milieu de la nuit pour aller le récupérer, tu sais, soupira Yoongi

-Il est jeune.

-Il n'est pas si jeune que ça, il a vingt-cinq ans.

-Et notre maknae a vingt-trois ans, s'affola Jin dans un ton qui exaspéra son interlocuteur, le temps passe si vite.

-Tu fais vraiment grand-mère là !

-C'est toi qui parles comme un papy !

Ils se chamaillèrent à moitié sans le moindre sérieux avant que Yoongi ne prenne congé après le dîner. Jin l'accompagna jusqu'à la porte puis retourna dans la cuisine, seul. Il fit la vaisselle, un étrange sentiment de vide dans la poitrine.

Il prépara sa boîte de repas pour le lendemain puis se doucha, lavant et peignant ses cheveux bruns correctement pour enfin réussir à écraser ce fichu épi. Puis il se coucha, se roulant dans la couette, se calant de son côté pour que Namjoon n'ait pas à le pousser en rentrant.

Il contempla la place vide, attrapa son téléphone et tapa un message. Il attendit de longues minutes sans réponse.

Dépité, il se recoucha et mit un temps fou à s'endormir.

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, la sensation qu'une journée merdique se profilait, n'avait pas disparu.

Non, malheureusement, elle avait empirée.



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Chapitre corrigé par @Cla_ra25

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