Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 30 - Le prix de la vie

Une odeur de bouillon chatouilla le nez de Karis. La fumée s'échappait d'un bol, posé sur le sol à côté de son lit. Avec difficulté, ses paupières s'ouvrirent. Jil, assis en tailleur, la fixait avec un visage dévoré par l'inquiétude. Lumi se tenait à ses côtés, la tête sur son épaule. Karis eut une désagréable impression de déjà-vu. Ils se détendirent quelque peu en la voyant réveillée, mais leur sourire sonnait terriblement faux.

— Est-ce bien toi ? demanda-t-il d'une voix anxieuse.

Elle hocha faiblement la tête. Jil marmonna tout bas un remerciement à la Déesse de la nuit, avant de lui tendre le bol. Son pied tressautait, trahissant sa nervosité. Elle n'avait jamais vu ses yeux aussi ternes depuis les semaines qui avait suivi la disparition d'Unili.

— Tiens, je pensais que tu aurais peut-être faim en te réveillant. Enfin, vous plutôt.

La jeune fille le remercia, n'osant pas le regarder dans les yeux. Ses mains restèrent sur le récipient chaud, dont le fumet lui retournait l'estomac même si celui-ci criait famine. Les muscles tendus, la jeune fille eut seulement la force de se redresser légèrement. On avait callé un oreiller en plus sous sa nuque, et rajouté une couverture.

— Tu nous as fait une peur bleue, soupira Lumi.

— Des nouvelles de l'infirmerie ? rétorqua-t-elle. Ça commence à être difficile d'être deux ici.

En effet, approuva la conscience de Limbe, ce serait dommage que nos Cœurs et Esprits fusionnent. Non parce vraiment, Liris ou Kimbe ce serait très laid comme prénom.

La ferme, je t'en supplie.

Karis ne tenait pas particulièrement à ne faire qu'un avec Limbe de cette manière. La seule idée que leurs vies puissent se joindre en un seul être l'effrayait au plus haut point, car cela signerait leur fin à tous les deux en tant qu'individus distincts.

— Je suis passée tout à l'heure à l'infirmerie, lui apprit Lumi. Horrys préfère expliquer à Limbe directement ce qu'il s'est passé. Elle a fini de retirer le poison.

Le poison ? s'étrangla l'intéressé. Oublie ce que j'ai dit tout à l'heure sur les bienfaits de l'ignorance, je veux savoir en fait.

Karis hésita, cherchant ses mots. Ses pensées étaient embrouillées par son soulagement. Son ami était enfin tiré d'affaire, ou presque. Mais avant qu'elle ne puisse formuler la moindre phrase, Jil reprit la parole :

— Buvez ça, déclara-t-il. Hors de question qu'on aille à l'infirmerie avant que tu ne prennes un peu de force.

— On peut y aller ? s'écria Karis. Mais il fallait le dire plus tôt !

Elle rejeta un pan de sa couverture et s'apprêta à se lever, avant d'être arrêtée par un geste des deux Maîtres.

— Ton repas d'abord, ordonna Lumi.

Pour lui faire plaisir, Karis porta le bol à ses lèvres et avala un peu de bouillon. Le liquide lui réchauffa la gorge. Mais son estomac se noua, si bien qu'elle finit par reposer le récipient à moitié plein.

— On y va ?

Lumi soupira mais se plaça sur le côté pour la soutenir. Avec son aide, la jeune fille se leva. Elle remarqua alors l'air éteint de sa belle-mère. Elle avait sûrement passé la nuit et la journée debout, peut-être à réconforter sa sœur ou à s'occuper de Léka.

Avec difficulté, la jeune fille plaça un pas après l'autre. Elle s'appuya aussi sur son oncle le long du trajet vers l'infirmerie. Dans les couloirs, quelques Apprentis tentèrent de s'approcher – dont Calizo qui la fixait avec un regard brûlant d'inquiétude – mais Lumi, avec toute sa prestance de membre du Conseil, leur aboya d'aller voir ailleurs. L'Ashkani fut infiniment soulagée de les voir s'éloigner sans un mot. Elle devait déjà faire peine à voir dans sa tunique de nuit trop grande pour qu'en plus tout le monde la voit incapable de réaliser une action aussi simple que de marcher.

Le spectacle qu'elle découvrit dans l'infirmerie la laissa pantoise. Nulle trace d'Horrys, la pièce était vide. Et incroyablement propre, comme si on avait décidé de faire le ménage de printemps en avance. Des effluves d'huiles florales embaumaient l'air, mais leur intensité soulevait le cœur de la jeune fille. Prise de faiblesse, elle s'assit sur le bloc de pierre au centre de la pièce, d'où émanait une odeur forte de savon.

— Je vous attendais, les accueillit la Guérisseuse.

La vieille femme sortait de l'annexe. Elle ferma avec précaution la porte derrière elle. Des mèches bouclées s'échappaient de son chignon blanc à moitié défait. Elle ouvrit un tiroir pour en sortir une amulette qu'elle tendit à la jeune fille.

— Je suis désolée d'entendre que tu as mal supporté la fusion, soupira Horrys. Heureusement, j'ai ouïe dire que ça allait mieux.

— Heureusement, grommela Lumi en croisant les bras. Il ne manquerait plus qu'on vous perde tous les deux.

— En effet, approuva-t-elle. Il est temps à présent que tu transfères l'Esprit et le Cœur de Limbe dans ce pendentif. Son Corps est à l'abri de tout danger de mort.

Karis fronça les sourcils.

— Pourquoi ne pas les transférer directement dans son Corps ? Dites plutôt que vous nous cachez quelque chose, répliqua-t-elle, suspicieuse.

Son enveloppe corporelle devait vraisemblablement se trouver dans l'annexe. Elle s'y dirigea d'un pas vacillant, avant que Lumi ne la retiennent par le bras doucement mais avec fermeté.

— Fais ce qu'Horrys te dit, lui intima-t-elle d'un ton sans appel.

Après lui avoir lancé un regard lourd de reproches, Karis s'exécuta pourtant.

Ne t'inquiète pas, on se voit tout à l'heure, la rassura Limbe.

Elle soupira mais acquiesça, puis saisit l'amulette. Maintenant elle avait retrouvé un peu de force, et qu'elle avait la certitude que le Corps de Limbe ne risque plus rien, elle se sentait d'attaque pour utiliser sa maîtrise animique. D'un geste mal assuré, elle traça la Clef que lui avait montré Garlia. Elle dut s'y reprendre plusieurs fois pour atteindre une Clef stable, dont la lumière violette la fascina un instant.

Merci encore, j'ai eu de la chance que tu sois là.

Karis n'eut pas le temps de répondre. Un craquement se produisit en elle. Deux sphères se délogèrent de sa poitrine pour plonger aussitôt dans l'amulette, qui lui échappa brusquement des mains. L'objet semblait s'être mu avec la volonté des vivants. Horrys la ramassa, lui sourit brièvement, puis s'en retourna dans l'annexe sans un mot de plus.

Karis voulut la suivre, savoir enfin ce qui était arrivé à son ami, mais elle se retrouva les mains par terre sans rien comprendre à ce qui s'était passé. Ne plus sentir la présence de la conscience de Limbe lui semblait étrange, comme si sa volonté seule ne suffisait plus à contrôler son Corps.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Dites-moi ! supplia-t-elle en implorant son oncle et sa Maîtresse du regard.

Ils échangèrent un regard peiné.

— Horrys a interdit à quiconque d'entrer dans l'annexe, à part ma sœur, lui expliqua Lumi. Nous aussi nous voulons savoir, mais il va falloir prendre notre mal en patience. Pour l'instant, tu dois te reposer.

— Je vais parfaitement bien ! glapit l'Apprentie.

— Tu ne tiens pas debout, objecta Jil. Ne fais pas ta tête de mule, et écoute-nous.

Même si Karis avait voulu lutter, ses membres faibles ne lui auraient été d'aucun secours. Jil et Lumi la raccompagnèrent jusqu'au dortoir. Elle jura, tempêta, mais rien n'y fit : les deux Gardiens restèrent inflexibles.

— Repose-toi, répétèrent-t-ils.

Elle était prête à céder, à laisser son Corps prendre une pause. Elle chercha la chaîne de son médaillon pour se distraire. Mais ses doigts ne rencontrèrent que du vide. L'image de Léka en pleurs s'imposa à son Esprit.

— Où est mon médaillon ? s'enquit-elle, tremblante. On peut aller le récupérer ? Je l'avais prêté à Léka pour la fête.

Lumi fit une moue gênée.

— On est désolés, youmila, commença Jil, mais il semble qu'il ait été volé par l'Abandonné... Je te promets qu'on essayera de savoir ce qu'il en a fait quand on lui mettra la main dessus.

L'Apprentie ferma les yeux. Une lame invisible se logea dans sa poitrine. Elle savait que c'était une mauvaise idée de le prêter. Quelle idiote !

— Je sais à quel point tu y tenais, souffla Lumi avec un maigre sourire qui se voulait sans doute consolateur.

Ses yeux presque humides en disaient beaucoup plus que ses mots. Karis se hérissa. Sa belle-mère aurait dû se réjouir que le dernier objet lié à son trompeur de mari ait disparu. C'était égoïste de sa part de l'avoir porté pendant tant d'années, comme un éternel rappel du tort qu'il lui avait causé. Et pourtant, une voix dans son for intérieur hurlait de désespoir devant son absence.

— Je vais dormir, lâcha-t-elle pour couper court à toute discussion.

Les deux Maîtres parurent hésiter mais finirent par hocher la tête. Karis se retourna et s'enfonça sous ses couvertures. Plus que jamais, elle voulait retrouver les Dymons lumineux de l'Iracyl.

Non, elle voulait surtout comprendre. Comprendre quel fléau s'était abattu sur Limbe et Léka. Comprendre les motivations de l'agresseur. Mais il n'y avait qu'une seule chose à faire.

Attendre.



La première chose que Limbe vit en ouvrant les yeux fut le visage attentif d'Horrys, et celui, totalement déformé par l'angoisse, de sa mère. Il cilla, puis tenta de se relever avant d'abandonner, comme cloué sur un matelas par une force invisible. Il lui semblait avoir mal partout tout en étant plongé dans un nuage de coton. Pourtant, dans sa jambe droite bourdonnait une douleur térébrante.

— N'essaye pas de bouger tout de suite, j'ai dû lancer une Clef d'anesthésie, lui apprit la Guérisseuse. Elle est en train de se dissiper.

En effet, plus les minutes passaient, plus les doigts d'Hyridéna semblaient passer dans ses cheveux avec plus d'intensité. Il ne faisait que retrouver des sensations perdues, et avait l'impression de retrouver un uniforme à sa taille après avoir passé une journée dans des habits trop courts.

Il jeta un coup d'œil dans la pièce. Il était allongé sur l'un des matelas, identique aux autres qui s'alignaient le long du mur, vides. Aucune fenêtre ne venait percer les murs de grès, seulement des soupiraux d'où s'échappaient une lumière plaintive et faible.

— Où est Léka ? s'enquit-il d'une voix pâteuse.

— Elle va bien, ne t'en fais pas, répondit Hyridéna.

— Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?

— Nous nous en préoccuperons plus tard, mais tu les récupéreras, lui promit Horrys. Tu dois d'abord récupérer physiquement.

Limbe avait la sensation qu'on lui avait pourtant expliqué les événements.

— On m'a parlé de poison.

Horrys hocha doucement la tête. Du coin de l'œil, Limbe eut du mal à discerner la réaction de sa mère, qui arrêta ses caresses réconfortantes.

— On est en train de poser des questions à ta sœur pour en savoir plus sur l'incident. Quoiqu'il en soit, tu as effectivement été empoisonné. Mais tu te doutes bien que s'il s'agissait d'un poison normal, on t'aurait traité à Numarie.

Pourquoi Hyridéna restait-elle silencieuse ? En se tordant le cou, Limbe distingua enfin sa mauvaise mine, ses yeux gris, humides, et ses lèvres tremblantes. L'angoisse fit comme un bond dans sa poitrine. Il ne l'avait jamais vu aussi mal.

— Tu te souviens de ce que Garlia vous a appris sur la fin des Ashkanis ? reprit la Guérisseuse.

Est-ce qu'on va vraiment faire un cours d'histoire maintenant ? s'agaça-t-il. Mais, trop faible pour protester, il hocha seulement la tête. Quel rapport avec lui ?

— Les Dalreniens ont utilisé pour précipiter leur fin une matière qui corrompt les Âmes de ceux qui descendent de Dymons. Il semble que quelqu'un ait utilisé une arme faite à partir de cette matière contre toi. Fort heureusement, vu que tu es un Synkani, l'héritage du Thalakan est moins présent en toi. Toutefois, ton affinité avec le Cœur a suffi à te mettre en danger.

— Mais tu es sauf maintenant, ajouta rapidement Hyridéna, avec une lueur de culpabilité dans son regard.

Limbe émit un son inaudible pour manifester sa dubitabilité.

— À ceci près que le poison a été plus retors que prévu, grimaça Horrys. Il était impossible de l'extraire complètement de ton Corps par la maîtrise animique. Il a fallu recourir à des moyens plus... conventionnels...

Horrys s'arrêta, hésitante. On y est, soupira Limbe in petto. Leurs expressions étaient trop lugubres pour des gens qui venaient annoncer à quelqu'un qu'il ne courrait plus aucun danger. Ignorant la douleur fulgurante qui traversa ses muscles, Limbe se redressa. Une couverture le couvrait, dont il se débarrassa aussitôt d'un geste sec malgré le cri de protestation de sa mère.

Il cilla.

— Qu'est-ce que vous avez fait ? hurla-t-il.

Sa voix se brisa sur la fin.

— Je suis désolée mon garçon, répondit Horrys, sincèrement peinée. C'était le prix à payer pour éliminer définitivement le poison.

Hyridéna laissa échapper un sanglot et couvrit aussitôt son visage de ses mains. Limbe voulut crier de toutes ses forces, mais le son resta bloqué dans sa gorge.

En-dessous de son genou droit, recouvert de bandages, là où se trouvait auparavant os, tendons et chair, il n'y avait plus rien.

Rien.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro