Chapitre 10
Conrad s'interrogeait tandis qu'il enfilait la combinaison que lui avait donné Megan.
« Les autorités ne surveillent pas les mines ?
— Pas directement, non. Ils utilisent un système de surveillance contrôlé à distance par une intelligence artificielle » répondit Anna. Celle-ci s'était mise de dos et venait d'enlever son débardeur. Elle se retourna en sentant le regard appuyé de Conrad, qui détourna immédiatement les yeux. Sur son visage se dessina une profonde exaspération. «Vous devriez faire pareil. Il fera horriblement chaud lorsqu'on sera en sous-sol.
— On ne risque pas d'attirer l'attention avec nos combinaisons jaunes ? continua le jeune homme en éludant la remarque.
— Non, répondit-elle sèchement. Une intelligence artificielle n'est qu'une machine après tout. Si on sait comment elle fonctionne, on peut aisément la tromper. En l'occurrence, ces combinaisons sont identiques à celles que portent les techniciens de maintenance qui descendent occasionnellement. Il suffira de se comporter normalement et l'IA n'y verra que du feu. Bien, vous êtes tous prêts ? »
Conrad était loin d'être rassuré. Il savait qu'il existait des IA bien plus sophistiquées que ce que pouvait imaginer la jeune femme. Des IA capables de reconnaitre un individu à la manière dont il se déplace ou aux odeurs qu'il dégage, par exemple... Le plan était clairement bancal, mais Anna semblait sûre d'elle. Elle avait décidé que deux de ses acolytes les escorteraient dans les tunnels. Le petit groupe se dirigea vers les escaliers, les rebelles ouvrant la marche. Conrad jeta un dernier coup d'œil à Abraham, toujours allongé sur l'unique table de la pièce, et se demanda s'il le reverrait un jour. Je pourrais bien mourir avant lui, réalisa-t-il désespéré.
Ils se mirent en route, remontant deux à deux les marches qui menaient à la surface. Soudain, le chef de file s'arrêta et disparut dans le mur à sa gauche, immédiatement suivi par le deuxième rebelle, et enfin par Anna. Lorsque Conrad atteignit à son tour le mur, il remarqua une fissure dans la roche, à peine assez large pour laisser passer un homme. Dans la pénombre du couloir, on pouvait aisément la manquer, cela expliquait pourquoi il ne l'avait pas remarqué en descendant.
Il se faufila tant bien que mal dans l'interstice, et longea la paroi pendant des secondes qui lui parurent des heures. Il n'était pas spécialement claustrophobe, mais aucune personne saine d'esprit ne pouvait se sentir à l'aise coincée entre deux blocs de granit. Il fut soulagé de retrouver la lumière de l'autre côté, où les trois autres l'attendaient avec une impatience affichée.
« Il faudra aller plus vite que ça quand on sera en bas », grommela l'un des deux hommes.
Conrad observa autour de lui. Ils se trouvaient à présent dans une petite alcôve au sein de laquelle trônait un vieil ascenseur. Il remarqua un tas de rochers entassés à un bout de la pièce, probablement l'ancienne entrée qui avait dû être bouchée. Le groupe monta dans la cabine de l'ascenseur, qui grinçait et tanguait dangereusement chaque fois que quelqu'un esquissait un mouvement. Anna enclencha le mécanisme, et la nacelle se mit en branle, entamant sa plongée vers les mines à une allure soutenue. Conrad commençait à suer à l'intérieur de sa combinaison, d'une part à cause de l'effort qu'il avait effectué pour ramper dans la fissure, mais aussi car l'air extérieur se réchauffait à mesure qu'ils descendaient. Il maudit sa fierté de l'avoir empêché de suivre les conseils de la jeune femme, et d'avoir gardé ses vêtements.
La cabine s'arrêta brusquement, faisant perdre l'équilibre à Conrad qui se rattrapa de justesse à la nacelle. Ils avaient enfin atteint les mines. Même si le contrebandier n'y avait jamais mis les pieds, il sut immédiatement qu'ils étaient arrivés à destination : devant lui se dressaient des rangées de couloirs à perte de vue, s'entremêlant dans un chaos sans nom. Combien de mineurs s'étaient perdus dans ces dédales ? Personne n'en savait rien, mais tous les jours, des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants ne revenaient pas de cet enfer. Et il allait s'y engouffrer.
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