Le petit Diable:
« Le petit Diable a encore frappé ce matin, maugréa la vieille Hilda alors qu'elle préparait un de ces gâteaux dont elle avait le secret.
-Encore ? Je me demande ce qu'attend le maître pour le punir..., grommela une autre servante, qui elle, remuait une soupe qui dégageait une délicieuse odeur.
- Le maître, punir son fils chéri ? Humf ! Tu rêve ma pauvre ! Crois-moi, s'il y en a un que ça amuse plus que le gamin, ça doit bien être son père ! Va lui ôter de la tête l'idée que son fils se comporte comme un Démon exemplaire !
-Démon exemplaire ou pas, j'en ai ras le bol de ce sale gosse qui passe son temps à nous emmerder !
-Bah, on ne peut rien y faire. Il n'y a que la mère ou le jeune Fergon qui ose faire la leçon à ce petit Diable, et tu as bien vu les résultats !
- Ah ! Ça fait perpette qu'on les attend, ces résultats ! »
Il y eut un silence dans les cuisines.
« Si tu veux mon avis, je pense que le gosse doit tenir ça de son père..., chuchota Hilda en regardant sur les côtés.
-Tu veux dire... », murmura l'autre.
Hilda hocha la tête.
« Ah ça, il n'y a pas à dire ! Ce n'est pas pour rien qu'on appelle le fils «Petit Diable » ! Il a tout du vrai !, dit-elle en plaçant son gâteau dans le four.
-En parlant du Diable, il paraît qu'il viendra voir le maître le mois prochain, fit l'autre servante pour changer de sujet.
-Oui, le maître nous a d'ailleurs déjà donné des directives à suivre...−Hilda s'arrêta soudainement et regarda frénétiquement autour d'elle.− Tiens, tu n'aurais pas vu les biscuits que j'ai fait tout à l'heure ?
-Ils n'étaient pas sur la table ?
-Si, mais ... »
Les pépiements des deux femmes continuèrent. « Mes biscuits par-ci, mes biscuits par-là...Cherchez, cherchez donc ! », se dit le jeune Démon en croquant dans un des gâteaux perdus, ou plutôt, volés. Il fallait les voir ! Il avait l'impression d'avoir donné un coup de pied dans une fourmilière ! Les deux mégères fouillaient dans toute la cuisine, dérangeant toutes leurs casseroles, poêles, marmites et autres instruments. Il devait se retenir pour ne pas exploser de rire. Et dire que l'objet de toute cette agitation se trouvait entre ses doigts ! Et quel objet ! Les biscuits d'Hilda étaient les meilleurs et il ne loupait jamais une occasion pour en chiper quelques uns. Mais c'était bien la première fois qu'il faisait une aussi bonne prise. Il croqua à pleine dent dans la pate moelleuse et retint un ronronnement de bonheur.
Il se trouvait juste en haut des deux femmes, sur les poutres qui soutenaient l'édifice et avait alors la possibilité d'observer toute la scène avec plaisir. Son butin sur les genoux, il se délectait du bazar qu'il avait provoqué. Quoi donc ? Ces biscuits étaient pour madame ? Il sourit méchamment. S'ils étaient destinés à sa mère, ses gâteries n'en seraient que meilleures ! N'était-ce pas elle qui, la veille, l'avait puni parce qu'il avait réussi l'exploit de monter deux des soldats de son père l'un contre l'autre ? Ces deux imbéciles avaient failli s'entretuer, a son grand plaisir. Il aurait bien aimé voir le sang couler, mais ces deux-là s'étaient arrêtés au meilleur moment... Son père en avait ri, mais sa mère, évidemment, l'avait rudement rabroué. Alors son vol était une maigre vengeance.
Et que faisait-il donc, perché là où il était ?
A l'origine, il était juste venu dans les cuisines pour éviter d'aller étudier avec Crâne d'œuf, son instructeur. Mais il n'avait pu résister à l'envie de commettre un nouveau méfait. Son acte de la matinée –surprendre les servantes alors qu'elles faisaient la vaisselle− ne lui avait pas suffi.
Car oui, du haut de ses cinq ans, Drakayn Menbriel O'Yax était la terreur du château de son père. On lui avait même donné un surnom : le petit Diable. Et il en était plutôt fier. Ses journées se rythmaient selon ses blagues mauvaises et ses coups tordus. Oh bien sûr, il y avait bien des fois où il était dans l'impossibilité de faire ses sales tours... C'étaient ces journées ennuyeuses où on arrivait à mettre la main sur lui et qu'on le trainait chez Crâne d'œuf. Mais la plupart du temps, il arrivait à s'échapper et restait caché jusqu'au diner. Impossible de le débusquer.
Ou presque...
Car il existait de rares exceptions, qui se faisaient plus nombreuses ces derniers temps.
Soit c'était son père qui le découvrait et il passait alors son temps avec lui, soit, et c'était le pire des cas, Fergon le trouvait.
...Et en parlant du loup, cet oiseau de mauvaise augure venait d'entrer dans les cuisines.
Fergon avait plus du double de l'âge de Drakayn et était au château depuis un an. Il était chargé de suivre le jeune Draconiaque, de veiller à ce qu'il assiste à ses cours et lui donnait lui-même des leçons d'escrime.
C'était une vraie plaie. Dans tous les sens du terme. Drakayn ne comptait plus les blessures qu'il avait reçues de lui à cause de leur combat à l'épée.
Et voilà qu'encore une fois, il l'avait trouvé. Drakayn soupira quand Fergon leva la tête et que leurs regards se rencontrèrent. Dans les yeux de son tuteur, le jeune Démon vit qu'il ne pourrait pas s'échapper. Comme à chaque fois qu'il se trouvait en face de ce mec barbant.
« Drakayn, descend. »
Le ton avait été impérieux mais ce qui énervait le plus Drakayn était l'affreux sourire qui ornait les lèvres de ce rabat joie. Quelque que soit la situation, Fergon ne s'en dépêtrait jamais. Et cela tapait vraiment sur les nerfs du jeune Démon.
Voyant qu'il ne descendait pas, Fergon soupira et réitéra sa demande, son sourire moqueur toujours plaqué sur son visage :
-Drakayn, descend, s'il-te-plait. Ne me force pas à venir te chercher. Ce serait humiliant pour tout les deux.
Le petit Diable soupira une ultime fois et se laissa tomber de son perchoir. Il arriva délicatement sur le sol, à côté de Fergon.
Les deux femmes, qui s'étaient arrêté dans leurs recherches à l'arrivée de Fergon, ne purent retenir des exclamations indignées à la vue du bol de biscuit qu'elles avaient si durement cherché et qui se trouvait dans les mains de Drakayn. Ce dernier ne leur adressa même pas un coup d'œil et se dirigea d'une démarche royale vers la sortie, son précieux butin sous le bras. Une fois à l'entrée, il fit volte face et observa d'un air hautain les deux femmes et Fergon, qui n'avaient pas bougé. Soudain, Drakayn leva un certain doigt, arrachant alors des cris énervés aux deux femmes, et s'enfuit dans les couloirs, en ponctuant sa fuite d'un grand rire hystérique et de cette phrase:
-On verra bien ce qui est le plus humiliant : moi qui me fait attraper ou toi qui me cours après !
Drakayn entendit un juron et la course poursuite commença. Comme on pouvait s'y attendre, Fergon rattrapait déjà Drakayn mais celui-ci avait plus d'un tour dans son sac. Le fracas qu'ils provoquaient avait attiré plusieurs personnes dans les couloirs et les paris allaient bon train : Fergon allait-il attrapé le jeune maître ou le petit Diable allait-il réussir à s'échapper encore une fois ? La chose devait être cocasse car toutes les personnes qui s'étaient réunies riaient aux éclats.
« Tu ne m'attraperas jamais ! Imbécile ! », jeta Drakayn en éclatant de rire et en accélérant.
Mais Fergon, avantagé par sa taille, n'était plus qu'à quelques pas de lui.
Alors, le jeune Démon bifurqua à un angle, rencontra une fenêtre ouverte et se jeta à travers celle-ci. Il atterrit dans un arbre et sauta au sol. Il ne se laissa pas le temps pour reprendre son souffle et profita du fait qu'il était couvert de la vue de son poursuivant pour s'engouffrer dans le bâtiment par la porte la plus proche. Un bruissement lui apprit que Fergon avait lui aussi sauté.
Une fois à l'intérieur, Drakayn tourna à gauche et tomba nez à nez avec...sa mère. Elle regarda son fils avec courroux et il ne lui laissa même pas l'occasion de parler : il fit demi-tour.
« Drakayn ! Je te somme de t'arrêter ! », hurla sa mère.
En vain. Il s'engouffra dans les escaliers et monta à l'étage.
Une fois en haut, il se trouva face à un dilemme : ouvrir une porte et se cacher ou continuer à courir dans le couloir ? Il devait faire vite, car déjà, il entendait Fergon et sa mère qui montaient. Il tapa du pied. Quelle était la meilleure solution ? Il n'en savait rien et pourtant il devait choisir car les deux autres arrivaient. Et alors qu'il se décidait à courir et que Fergon était sur le point d'arriver, il sentit une main se refermer sur sa bouche et on le tira en arrière. Quelqu'un l'avait trainé dans une pièce et referma la porte.
Les bruits de pas furieux et les jurons de ses poursuivants résonnèrent dans le couloir. On entendit le bruit étouffé d'une conversation entre Fergon et sa mère, puis le calme revint.
La main se retira et Drakayn se retourna pour voir qui était son sauveur.
Une chaleur envahit son cœur à la vue de cette personne.
« Père ! », s'exclama Drakayn en se blottissant dans ses bras. Il n'y avait qu'avec lui qu'il acceptait de se comporter comme un enfant. Il préférait laisser sa nature de Démon sanguinaire pour les autres, mais pour son père, c'était différent. Plus que du respect, il avait de l'affection pour lui.
L'homme rigola doucement et lui caressa les cheveux.
« Tu as encore dérangé tout l'Enfer aujourd'hui ! C'est ta mère et Fergon qui vont être contents !
-Qu'ils aillent au Diable ! », bougonna l'enfant.
Cette fois, son père explosa de rire.
« Et si je te dis que c'est le Diable qui va venir ici ?
-Alors mon oncle vient vraiment ? », fit avec excitation Drakayn.
Son père hocha la tête.
« Génial ! »
Drakayn adorait son « oncle ». Pas autant que son père, mais il avait quand même un semblant d'affection pour lui. Un semblant. C'était un vieil ami de la famille et même si c'était le roi des Enfers, il prenait toujours le temps de venir les voir.
« Mais ton oncle à part, j'ai entendu dire que cela faisait plus de deux jours que tu ne t'étais pas présenté en face de ton professeur. Est-ce vrai ? »
Drakayn baissa les yeux.
« Ce n'est pas totalement faux, non...
-Drakayn...−son père soupira− On en a déjà parlé. On avait dit pas plus de deux jours.
- Mais je m'emmerde avec lui ! Ce n'est pas intéressant..., grommela l'enfant en croisant les bras.
-Tu sais bien que là n'est pas le problème. Tu vas sur tes six ans et la Cérémonie du Feu est pour bientôt. Il est nécessaire que tu assistes à tes cours.
-Mais c'est nul et chiant !
-Et Fergon ? Tu ne t'entends pas avec lui ? »
Drakayn afficha une expression suggestive.
« C'est pourtant ton oncle qui nous l'a proposé..., insista son père.
-Je ne l'aime pas. Et c'est pareil pour lui. Derrière son sourire de façade, je vois bien qu'il me méprise.
-Et n'est-ce pas pareil de ton côté ?
-Si..., répondit prudemment le jeune Démon.
-Tu vois ! Apprends de lui, Drakayn. Je ne te demande rien de plus.
-Mais je_
-Non, je serai intransigeant cette fois-ci.», fit fermement son père.
Comprenant que la partie était perdue, Drakayn tenta de négocier :
-Je veux bien essayer, si j'ai mes matinées de libres.
Son père réfléchit un instant.
« Marché conclu, mais cette fois, pas d'entourloupe.
-Promis.
-Tu promets de ... ? »
L'enfant soupira.
« Je promets que je me tiendrais à notre accord et que je travaillerai l'après midi.
-Eh bien voilà, ce n'était pas si difficile, non ?
-Ça commence à partir de demain.», affirma Drakayn.
Son père lui sourit et l'ébouriffa.
« D'accord, bonhomme. Seulement à partir de demain. Mais tu vas rester avec moi. Tu as déjà fait assez de dégâts pour aujourd'hui, n'est-ce pas ? »
Drakayn laissa échapper une exclamation de joie et rejoignit son père, qui s'était assis derrière son bureau.
Dans un mois, son oncle, le Diable, leur rendrait visite. Dans un mois, il aurait six ans. Dans un mois, il passerait sa Cérémonie du Feu.
Il ne pouvait pas savoir que ce serait également dans un mois que se dérouleraient les prémices du drame qui bouleverserait son existence.
Note: Et donc, voilà la surprise que je vous réservez :D ! Un petit hors-série sur Drakayn ! Alors ? Content :) ?
En tout cas, merci à vous pour les 1 000 vues ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m'a fait plaisir ! Et les 100 votes aussi ! Et les commentaires ! Ah, vous êtes des fous x) ! Ça ne peut pas sembler beaucoup, mais c'est tellement pour moi :) ! Merci, merci, merci :D ! Allé, pour fêter ça: câlin général ! Mais pas de bisous, je me retiens ;) !
Des remerciements tout particuliers à whitevador, Denescor, Sayadinah et Luma_az pour leurs adorables commentaires, qui sont de véritables booster pour écrire ! Merci à vous :D !
Et enfin, je dédicace ce hors série à ma très chère @KayakoMyune, la toute première qui a été dernière moi pour cette histoire (je n'oublie pas comment je t'ai ennuyée avec ça au début !), à m'encourager avec ses compliments et ses commentaires ! J'ai écris ce hors série pour elle et en pensant à elle ! La miss, je t'adore :3 !
*toussote*
Le moment bien guimauve est terminé :D ! Vous êtes toujours là j'espère x) ? Bien :) !
A la prochaine la compagnie :D ! *fais un geste de la main*
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