Chapitre 7:
Elitz tournait en rond dans la salle du conseil, les mains derrière son dos et la moue songeuse. Ses pairs l'observaient en silence, attendant qu'il prenne la parole.
Finalement, il se tourna brusquement vers eux et abattit rageusement son poing sur la table.
« Comment les Draconiques ont-ils pu avoir vent de l'affaire ? hurla-t-il avec une fausse colère.
- Nous l'ignorons... Mais une enquête est en cours pour trouver d'où vient la fuite..., fit calmement un des conseillers.
- Pas la peine de vous donner tout ce mal, pour moi, elle est toute trouvée !" rétorqua Elitz en les regardant méchamment.
L'ironie de la situation ne lui échappa pas, et il dut se mordre la langue pour s'empêcher de ricaner.
"Cela ne vient pas de nous... », se défendit un autre homme.
Quel était son nom déjà ? A peine le Démon se le fût-il demandé que la réponse apparut dans son esprit. Décidemment, il avait bien choisi son hôte...
Elitz -le Démon- lui sourit gentiment.
« Je le sais, Neymar. La personne à qui je pensais a quitté ce conseil récemment.
- Vous ne pensez tout de même pas à_»
Le Démon sourit intérieurement, mais il ne laissa transparaître aucun sentiment sur le visage de la Fée de la Nuit.
Il lui coupa la parole :
- Oh que si... Réfléchissez ! Elle nous a bien fait comprendre qu'elle n'était pas d'accord avec nous et elle avait l'air plutôt contrariée lorsqu'elle nous a quitté...
- Fillias ne nous trahirait jamais et elle ne risquerait pas la vie de son peuple ! Même si la décision que nous avons prise ne lui plaît pas..." s'entêta Neymar.
Celui-là, il allait lui demander du fil à retordre...
« Vous êtes trop naïf, mon ami... Vous vous laissez aveugler par vos sentiments. Les Draconiques savent que le trône leur revient. Croyez-moi, cela me chagrine, mais je ne vois qu'une seule personne qui aurait pu les mettre au courant ! Vous avez une autre hypothèse ? »
Neymar se tut. Le Démon avait l'air de l'avoir fait revenir sur ses positions... Bien. Un obstacle de moins. Désolé pour cette Fillias, mais elle était le bouc émissaire parfait. De plus, elle ne viendrait plus le gêner et donc se défendre contre de telles accusations. Oui, parfait. Neymar allait encore une fois répliquer lorsqu'il fut interrompu par une voix chevrotante :
- De toute manière, nous ne nous sommes pas réunis pour parler de ceci.
Les deux conseillers se retournèrent vers celui qui avait parlé. C'était Welkim, un vieil homme, et les souvenirs de son hôte apprirent au Démon qu'il était respecté de tous ici. Il avait été le bras droit de l'Empereur avant sa mort, et cela lui avait apporté une grande renommée. Quelque chose lui soufflait qu'il valait mieux faire attention à l'influence qu'avait un tel homme...
« Vous avez raison, vénérable Welkim. Je vous prie de pardonner cet écart.», s'inclina l'être démoniaque.
Welkim rigola doucement.
« Ah... La jeunesse est si fougueuse de nos jours... Ne t'inquiète pas Elitz, je mettrais ce comportement sur la perte de ta femme. »
La « jeunesse », hein ? Il eut presque envie de rire face à l'emploi d'un tel terme pour le désigner. Il n'était peut-être pas le plus vieux des Démons, mais il était loin d'être "jeune" ! Il avait fait mine d'afficher un air sombre lorsque le vieux débris avait mentionné sa « femme ». Une autre façon d'aborder les choses aurait paru suspecte.
« Les Draconiques lèvent une armée pour récupérer le trône ! Il faut décider de la marche à suivre ! s'exclama alors un conseiller avec effroi.
- Allons, allons... Ne nous échauffons pas. Ces Draconiques ne sont que des créatures sans cervelle ! », rigola un autre.
Presque toute la table hocha la tête, un sourire sur leur visage.
Le Démon retint un reniflement de dédain face à tant de stupidité. Comment l'Empire avait-il pu tenir si longtemps avec une telle bande d'incapables à sa tête?
« Imbéciles ! », fit Welkim avec un regard courroucé.
Leurs expressions ravies se décomposèrent toutes face à l'insulte.
« Les Draconiques ne sont pas si idiots que nous le pensons s'ils ont l'intelligence de se regrouper pour nous affronter ! Ce sont peut-être des abominations, mais nous les avons sous-estimés ! »
Le conseil arborait désormais un air sérieux suite à cette remarque. Elitz comprenait mieux la situation maintenant. La seule personne qui dirigeait cet endroit, c'était ce vieil homme. Il devrait se méfier de lui à l'avenir. Un pas de travers et Welkim comprendrait tout. Or, le Démon avait encore des choses à accomplir ici.
« Bien, maintenant que vous avez tous retrouvé votre sang froid, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses." Il s'adressa à l'homme qui avait parlé précédemment."Et pour ce qui est des Draconiques, ne t'inquiète pas, Esyo. Je convoquerai dès demain un conseil de guerre. »
Cet Esyo sembla alors se détendre complètement. Le Démon sentit un amusement mauvais brûler dans son cœur. Ces hommes étaient si pathétiques...
« Elitz ! », l'interpela un homme en lui faisant signe de s'approcher.
De nouveau, les souvenirs de son hôte lui furent utiles pour apprendre l'identité de son interlocuteur : un certain Signiayn.
Une fois près de lui, Signiayn l'invita à s'assoir à ses côtés.
« Dis-moi... Comment vas-tu depuis la mort d'Elayne ?
- Signiayn ! », pesta Neymar, assit juste à côté, en fronçant les sourcils.
Le dénommé Signiayn se rétracta comme une huître.
« Pardonne-moi, Elitz... Je ne voulais pas te_
- C'est bon, c'est bon. », les rassura-t-il en levant une main.
Il amena un sourire teinté de tristesse sur le visage de son hôte et d'un hochement de la tête, leur apprit qu'il ne désirait pas continuer à parler davantage. Il eut du mal à se retenir de froncer les sourcils. Depuis que ce Signiayn avait mentionné cette femme, son hôte avait commencé à se débattre et à reprendre le contrôle !
La voix de Welkim résonna alors dans la pièce :
- Puisque tout le monde est installé, nous pouvons dès à présent commencer notre réunion !
- Qu'il en soit ainsi, répondirent à l'unisson tous les membres.
- Comme vous le savez tous, nous devons dévoiler au reste du monde le peuple qui régnera. Nous avons choisi de ne pas suivre le choix de la Pierre, c'est donc à nous qu'il revient. Que chacun de vous fasse des propositions. Nous débattrons ensuite pour savoir laquelle est la plus pertinente.
Tous approuvèrent.
Des noms de peuple commencèrent alors à fuser. Mais cela, le Démon n'y prêtait pas attention. Car dans sa tête, c'était la tempête : il avait perdu le contrôle de son hôte.
« Tiens-toi tranquille... grogna mentalement le Démon
-Hors de question que je t'obéisse, saloperie ! », vociféra Elitz.
Le Démon se retint de lever les yeux au ciel face à cette réplique. Les Fées de la Nuit étaient apparentées aux Démons. Cela faisaient donc d'elles des cibles plus simples pour les possessions. Mais du coup, elles pouvaient également leur résister plus facilement...
« Je vois... On se rebelle, hein ? », murmura le Démon d'une voix de velours.
Un Démon plus jeune que lui aurait déjà perdu le contrôle, mais il était expérimenté et savait gérer ce genre de situation. Et il devait bien avouer que ce type d'accident rendait bien souvent les choses plus...excitantes et amusantes. Depuis le temps qu'il vivait, le Démon avait croisé de nombreux hôtes récalcitrants. Et il avait toujours su les remettre à leur place. Toujours. Ils ne semblaient pas comprendre que leur résistance était inutile. Pitoyables imbéciles...
La créature démoniaque neutralisa méchamment son adversaire et s'apprêtait à le punir pour sa rébellion en lui infligeant une vilaine douleur...
...lorsqu'une voix s'éleva à l'extérieur, le coupant dans son entreprise :
- Ça va, Elitz ?
C'était ce Signiayn. Décidemment, ce type-là était vraiment une plaie ! A croire que lui apporter des emmerdes était tout ce qu'il savait faire ! Il avait posé sa question durant un silence et tout le monde avait pu l'entendre. Et à présent, le conseil les regardait d'un air interrogateur.
Le Démon savait très bien quelle tête il devait tirer à cet instant. Les sourcils froncés, les yeux plissés et les lèvres serrées en une ligne sévère. Il était dans un état de totale concentration pour ne pas lâcher son emprise sur l'esprit de son hôte.
« Tu as mal à la tête, Elitz ? », demanda Welkim d'une voix remplie de soupçons.
Le Démon jura intérieurement. Au vu du regard dur que le vieux lui lançait, il semblait déjà suspecter quelque chose à son égard. Impossible pour l'être démoniaque de faire croire qu'il avait une simple migraine –Ce qui n'était pas totalement faux...−, cela ne ferait que confirmer Welkim dans son idée. Le Démon dut rassembler toutes ses forces pour amener un sourire sur son visage et répondre:
- Non, ne vous inquiétez pas pour moi... J'étais juste en train de réfléchir à un peuple qui me semble mériter le trône.
La lueur froide qu'il avait aperçue dans les yeux de Welkim disparut.
« C'est ça, sale schnock... Baisse ta vigilance... », ricana le Démon en resserrant un peu plus son emprise sur son hôte.
« Et bien, parle, nous t'écoutons. »
Ce fut en gardant toute sa concentration que le Démon fit sa proposition, qui, il le savait, serait rejetée. Il avait reçu des instructions très claires : il ne pouvait pas donner le nom du peuple que son roi voulait sur le trône immédiatement. Et c'était la meilleure chose à faire. Car si, comme il le pensait, le vieux le soupçonnait, il trouverait forcément étrange que l'idée parfaite vienne tout de suite.
Et tout en parlant, il garda une main de fer sur l'esprit de la Fée de la Nuit, qui était loin de se tenir tranquille. A l'occasion, le Démon devrait se rappeler qu'il ne fallait pas mentionner la femme de son hôte. Cela le faisait réagir trop brutalement à son goût. Et même si cela apportait un peu de piquant à sa mission, il ne pouvait pas se permettre de se retrouver de nouveau dans une telle situation.
« Les Ixdrens, dit-il finalement. Ils ont une vie prospère et des voies commerciale avec l'Enfer et le Paradis. Leur peuple est fort et leur souverain d'une sagesse rarement vue ces temps-ci. Leur armée est réputée et saurait garder le calme dans le Cercle.
-Ton idée est excellente. Mais, hélas, les Ixdrens ont déjà dirigé l'Empire. », répondit Welkim en souriant doucement.
Le Démon hocha la tête et afficha un petit air déçu, non sans récolter au passage une vilaine douleur au crâne. Par le cul du Diable ! Il avait de plus en plus de mal à tenir Elitz en place.
«Mais pour ta défense, les Ixdrens ont été le sixième peuple désigné par la Pierre. Cela remonte à des temps quasiment immémoriaux et même moi, je ne saurais te citer avec exactitude en quelles années ils ont régné.
« Moi, je le peux... », pensa le Démon en assenant un violent coup psychique à l'esprit d'Elitz. Maintenant qu'il était « seul », il comptait bien mettre un point final à la rébellion de son hôte. Celui-ci se remettait d'ailleurs très mal du coup qu'il venait de recevoir.
« Elayne... murmura-t-il pitoyablement.
-Oh la ferme, pitoyable insecte ! Tu la retrouveras bien assez tôt ! », siffla le Démon.
Devait-il dévorer son esprit ? Non... Il avait encore besoin de lui... Comme il l'avait démontré tout à l'heure, ses souvenirs lui étaient utiles. Le Démon lui infligea une douleur deux fois plus forte que précédemment, réussissant enfin à le calmer. Mais pour combien de temps ? Elitz avait seulement réagi en entendant le nom de sa chère petite femme disparue... Le problème venait donc de là. Pas de femme, pas de problème. Il croisa ses mains devant son visage et ne put s'empêcher de sourire cruellement derrière elles. La solution était toute trouvée : faire disparaitre cette chère Elayne de la mémoire de son hôte. Oh ! Il entendait et se délectait déjà des cris désespérés de cet imbécile d'Elitz...
« Qu'en penses-tu, Elitz ? », lui demanda Neymar, le tirant alors de ses pensées sadiques.
De nouveau, tous les yeux se tournèrent vers lui. Eh bien ! Il attirait bien l'attention ce jour-là... Quel homme populaire il était !
Il n'avait évidement rien écouté, mais les années qu'il avait derrière lui l'aidèrent. Il fit mine de soupirer longuement en se passant une main dans ses cheveux. Cette fois, il ne récolta pas de douleur avec ce geste. Elitz était bien sous contrôle.
« Je pense qu'aucun de vous n'a tort, marmonna-t-il enfin. Mais je continue de penser qu'un peuple plus compétent existe, répliqua-t-il.
Le conseil sembla satisfait de sa réponse car ils se remirent à débattre.
Le Démon les regarda encore un instant et retint un bâillement. Bon... Il était temps qu'il s'y mette sérieusement désormais...
Il se leva brusquement, brisant la conversation qui s'était installée. Il afficha un faux air de surprise. Les yeux écarquillés, il se pencha sur la table et murmura un fébrile « J'ai trouvé. ».
De nouveau, tous l'observaient. On pourrait presque croire qu'il aimait être au centre de l'attention...
« J'ai trouvé ! », cria-t-il plus fort, affichant cette fois un air d'euphorie.
Quel acteur il faisait ! Il se serait presque cru lui-même !
Il se mit à faire les cents pas, faisant semblant d'être excité par sa découverte. Cela marcha, car bientôt, la pièce fut remplie de murmures interrogateurs. Il eut du mal à réprimer le sourire hilare qui avait failli apparaitre sur ses lèvres. Si naïfs... Il était si simple de les berner !
« Mais oui ! Tout concorde ! C'est parfait ! », insista-t-il avec joie.
Les murmures se firent plus forts.
Il fallait les faire attendre un peu. Faire monter l'impatience en eux... Il laissa passer un moment, savourant la frustration qu'il lisait sur leur visage.
Puis, il lâcha finalement :
- Les Yuuzans !
Il y eut un bref silence.
Le Démon comprit alors exactement le sens de « calme avant la tempête ».
Car ce silence éphémère fut vite remplacé par un chaos bouleversent.
Tous parlaient en même temps. Chacun s'était levé et s'exprimait avec de grands gestes. Ils voulaient tous absolument donner leur opinion et exprimer leur émoi. Et le Démon devait bien avouer qu'il ressentait une certaine fierté à être le responsable d'un tel bazar.
Seul un, gardait son calme.
Tous n'étaient pas tombés dans son piège. Embêtant...et intéressant.
Il était assis, les yeux fermés et les bras croisés sur sa poitrine. Paisible et imperturbable. Ce furent les premiers mots qui vinrent à l'esprit du Démon.
Welkim.
Ce vieux renard était plus dangereux qu'il ne le pensait... Faire de lui sa marionnette serait plus dur qu'avec les autres.
Un ennemi à sa hauteur...
Vraiment intéressant.
Welkim ouvrit doucement ses yeux
« Silence ! », hurla-t-il avec fureur.
Longtemps après son éclat, son écho resta suspendu dans la salle.
Tous les bruits se stoppèrent. On eut cru que le temps s'était arrêté.
Eh bien... Qu'une voix aussi forte puisse sortir d'un corps aussi frêle... Il ne fallait vraiment pas se fier aux apparences.
« On ne peut continuer dans un tel état d'esprit. Le conseil est ajourné. Vous pouvez disposer. », lâcha Welkim plus calmement.
Le Démon était-il le seul à avoir perçu cette froideur dans son ton ? Non, au vu des conseillers qui décampèrent sans faire d'objections.
Alors qu'Elitz s'apprêtait à faire de même, Welkim l'attrapa par le bras et le força à le regarder dans les yeux.
Le Démon se tendit intérieurement mais afficha un doux sourire sur ses lèvres. Il eut tout le mal du monde à se retenir d'envoyer valdinguer ce vieux bonhomme tout décrépi contre le mur.
« Je sais que tu traverses une période difficile en ce moment. N'hésite pas à venir me parler si tu en ressens le besoin. », lança-t-il délicatement après un bref instant.
Puis, il le lâcha et sortit.
∞
« Tout se déroule comme vous l'avez prévu, votre Majesté. Ce n'est qu'une question de temps avant que les Yuuzans n'accèdent au trône comme vous le souhaitez. »
Le Démon était agenouillé face à un miroir où apparaissait un homme de haute stature. Il avait le dos tourné, et une longe cape noire faite dans un tissu élégant tombait sur ses épaules. Il était assis sur un siège nobles, s'accoudant dessus en laissant tomber ses longs cheveux ébènes autour de son visage.
« Tu fais du bon travail, Barrock. Je te récompenserai comme il le faudra, une fois ta mission arrivée à terme, l'informa-t-il d'une voix mielleuse.
- Vous servir est un honneur, Majestée, répondit simplement Barrock.
-Les Draconiques se sont alliés avec les Draconiaques et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne fassent de même avec les Enfants de Gaïa... Les Humains ont-ils pris contact avec vous ? »
Barrock réfléchit rapidement avant de donner sa réponse.
« Non, pas que je sache, votre Majesté...
- Débrouille-toi pour que cela change », fit-il durement.
Barrock sentit un frisson de terreur traverser son corps. Enerver le roi des Démons et s'en sortir vivant était quelque chose dont peu de personnes pouvait se vanter...
« Cela sera fait, Seigneur.
- Je compte sur toi, Barrock. Ici, le conflit avec les Anges entre dans sa phase finale. Cela ne saurait tarder avant ma véritable entrée en scène dans la partie." Barrock ne le voyait pas, mais il était sûr que le roi souriait en cet instant." Ne me déçois pas. Tu sais ce que cela signifie. »
L'image disparut et le miroir refléta alors l'image de Barrock. Il soupira de soulagement et se releva lentement. C'était fini. Il avait toujours trouvé que faire face à son roi, même par le biais d'un sort de liaison, était des plus fatiguant pour ses nerfs...
Il se passa une main tremblante dans ses cheveux. Ou plutôt dans les cheveux de son hôte. Cela lui rappela qu'il avait des choses à régler avec lui.
Il sourit à pleine dents : un sourire sadique.
Sa conversation avec le roi l'avait perturbé et il comptait bien se défouler sur quelqu'un pour se calmer.
∞
Le roi des Démons contempla longuement les tentes qui se trouvaient devant lui et leva brièvement les yeux vers l'îlot qui flottait au dessus de sa tête, loin dans le ciel. Comme il l'avait dit à son agent, ce n'était plus qu'une question de temps avant que cette cité ne tombe sous son contrôle, et donc, que le conflit avec les Anges ne se termine.
Il sourit d'un air maléfique à cette idée et ne put retenir un soupir de mépris.
Les Anges, encore une fois, avait décidé de s'amputer d'un de leurs membres plutôt que de combattre l'infection. Ce n'était pas la première fois que les plus hautes instances des volatiles abandonnaient les leurs et se retiraient, laissant alors aux Démons la possibilité d'atteindre leur objectif avec plus de facilité. Tout au plus, cela leur prendrait deux mois, peut-être trois, avant de prendre la cité, et avec elle, un nouveau point stratégique dans cette lutte aux origines très anciennes.
Depuis que les Anges s'étaient mis à dos les Dragons, leur force s'était considérablement amenuisée, rendant parfois les combats beaucoup trop faciles, presque trop... ennuyants. Il était sûr que si les choses continuaient ainsi, le Paradis serait leur un jour ou l'autre. Dans un futur lointain, certes, mais un futur certain.
Il s'assit sur son trône et prit une coupe qu'il porta à ses lèvres. De nouveau, ses yeux se posèrent sur la cité, perchée sur l'île céleste. Un sourire carnassier prit forme sur son visage. Les Anges ne combattraient plus pour le moment. Les Démons étaient passés en état de siège. Il leur fallait attendre. Attendre que les Anges se rendent, qu'ils leur livrent la cité, ou qu'ils meurent de faim. En tout cas, lui, Naï' Seck Abbadon, roi des Démon, n'allait pas plus fatiguer ses troupes. Il rit amèrement. Ménager ses troupes ? Non, c'était pour son propre plaisir qu'il laissait la situation s'éterniser ainsi. S'il le voulait, il pouvait attaquer inlassablement la ville et s'en emparer en l'ayant à l'usure. Cela ne prendrait pas plus d'un mois, avec le retrait de la majorité de l'armée céleste. Mais non. Ce n'était pas assez intéressant. Trop simple. Trop doux.
Ce qu'il voulait, c'était instiguer le désespoir et le tourment dans les esprits des habitants de la cité. Leur laisser comprendre qu'ils n'avaient plus aucune chance, que tout était perdu pour eux. Les laisser mourir comme les insectes qu'ils étaient. Ils n'auraient pas une mort tranquille ou brave, au contraire... Lui, un monstre ? Il ricana brièvement. On ne pouvait pas lui faire de meilleurs compliments.
Il se leva et se dirigea vers une table, sur laquelle trainaient de nombreux plans et autres vieux parchemins. Il posa son doigt sur une carte et le laissa glisser le long d'une ligne. C'étaient les limites de l'Empire, terres qu'il convoitait et qu'il finirait par avoir également.
Son plan était parfait : tuer l'Empereur des Fées de la Nuit, faire élire un peuple autre que les Draconiques, dont il avait su d'une source sûre qu'ils seraient les prochains à monter sur le trône, et utiliser les Draconiaques pour aider les Draconiques à reprendre le trône volé si injustement... Et pour agir d'une pierre deux coups, il se débarrasserait des Yuuzans, peuple qui s'était plus d'une fois mis sur son chemin par le passé. Oui, parfait. Il ne manquait plus que les Humains. Autres éléments nuisibles, leur développement menaçait les siens bien trop à son goût... Dans sa quête pour agrandir l'influence des Démons, Abbadon n'avait pas besoin de ces gêneurs, qui pourraient devenir de bien trop sérieux rivaux par la suite. Il attendait donc avec impatience qu'ils entrent en contact avec l'Empire. La guerre des Draconiques les affaiblirait suffisamment pour qu'ils restent inoffensifs pendant un bon bout de temps.
Il fut tiré de ses pensées par une lueur dans son dos. Il se retourna. Le miroir qu'il avait utilisé quelques instants plus tôt pour écouter le rapport de Barrock luisait d'une lueur rouge. Le reflet du roi disparut, et ce fut l'image d'Idras qui apparut sur la glace. Agenouillée, elle gardait la tête baissée vers le sol.
« Eh bien, ma chère, que me vaut ce plaisir ? », fit Abbadon.
Idras ne réagit pas et il rit doucement.
« Je vois que tu es toujours fidèle à toi-même. Dis-moi, comment va Drakayn ? », demanda-t-il en plissant les yeux d'amusement.
Cette fois, il eut une réaction. Elle leva la tête et regarda son roi.
« Il ressemble à son père sur bien des points.», lâcha-t-elle en gardant sa voix calme, malgré sa colère apparente.
Abbadon sourit davantage.
« Il est toujours aussi capricieux, je suppose ? Mais je sais qu'il tient aussi beaucoup des traits de sa mère... N'étais-tu pas aussi incontrôlable que lui à l'époque où je t'ai rencontrée ? Et regarde ce que tu es devenue... »
Idras marqua sa gêne et baissa de nouveau les yeux au sol.
« Je savais davantage me tenir... », maugréa-t-elle finalement.
Cette fois, Abbadon éclata de rire.
« Par le Mal absolu ! Je crois pourtant me souvenir de nombreux événements qui pourraient contredire ces paroles ! N'était-ce pas toi qui a osé me défier en combat singulier la première fois que tu m'as vue ? »
La Draconiaque ne répondit rien.
« Drakayn est jeune, ma chère. Et extrêmement talentueux. Tu ne peux pas lui enlever cela. Tu as de quoi être fière de lui.
-Il est surtout têtu, arrogant, irresponsable et complètement irréfléchi ! », s'exclama Idras en relevant la tête.
Elle se calma vite et reprit sa position.
« S'il continue de cette manière, il finira comme son père... », chuchota-t-elle.
Le sourire d'Abbadon se fana et sa moue amusée s'envola.
« Dis-moi ce qui t'amène à moi. », lui ordonna-t-il.
Au ton de sa voix, Idras comprit que les banalités avaient cessées.
« Je viens vous apporter d'excellentes nouvelles. Votre plan se déroule comme prévu. Drakayn vient de m'apprendre que les Enfants de Gaïa acceptent notre alliance. Nous allons pouvoir passer à la phase suivante. Nous partons dès demain pour Quantamoniam.»
Abbadon arbora un air victorieux. Encore une fois, tout se passait comme il l'avait prédi.
Note: Tout d'abord, je suis extrêmement déçue. Pourquoi ? Je n'ai pas eu un seul tout petit riquiqui commentaire de rien du tout depuis que j'ai posté le chapitre 6 '3' ! Méchants lecteurs ! Non sérieusement, je ne vais pas insister (ça n'a pas l'air de m'aider...) et je vous ai déjà expliqué pourquoi votre avis était important pour moi. Mais bon. Vous pouvez encore vous rattraper, et bon, puisque vous ne m'avez pas fait ce plaisir comme cadeau de Noël, peut-être le ferez vous pour mon anniversaire (qui est dans moins d'un mois mais passons !) ! Breeeef ! Ce que je pense de ce chapitre !
Alors... J'ai beaucoup de mal avec ce petit chapitre... qui ne faisait que sept pages sur Word à l'origine (il n'y avait pas la partie avec le roi des Démons). Donc... Sept pages pour le chapitre sept. Pile poil. Mais ce n'est pas resté comme ça. Alors, pourquoi j'ai du mal avec ce chapitre... Eh bien, je dirais que c'est parce qu'il faisait un peu trop sérieux et qu'il ne se passe pas vraiment grand chose dedans. J'ai bien essayé de rajouter quelques petits éléments "comiques" mais je ne suis pas vraiment sûre du résultat (à vous de me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires ! Ah oui... C'est vrai. Je n'insiste pas...). Donc, on retrouve le Démon, Barrock, qui a prit le contrôle d'Elitz, la Fée de la Nuit du prologue. J'espère que ce n'était pas trop complexe à comprendre comme situation. D'ailleurs, je ne vous dit pas(en fait si, je vous le dit !) à quel point c'était pénible de ne pas nommer Barrock pendant la quasi totalité du chapitre ! J'ai préféré garder cette "révélation" pour la fin... Après, pertinent ou pas, que sais-je (peut-être qu'un petit mot dans les commentaires...? Non ? D'accord, j'arrête XD !) ? J'espère que vous avez bien profité de notre cher Barrock, car sa prochaine apparition est pour le chapitre 21 (Si je me rappelle bien...)! Sinon, le roi des Démons fait son entrée en scène ! :D C'est surement la partie que je préfère le plus dans le chapitre. Donc autant vous dire, c'est un personnage que j'adoooore détester *evil smirk* ! C'est un peu le gros méchant de l'histoire x) ! Bien fourbe et manipulateur comme on les aime ! Avec un plan bien diabolique aussi (après c'est un Démon donc bon... Normal !) ! Avec ce chapitre, c'est l'arc d'introduction qui se termine et les affaires sérieuses commencent enfin !
Dans le prochain chapitre (que je vais poster très bientôt ! Promis !), on retrouvera Drakaïs et Drakayn après une ellipse. Et il y aura plus d'action :D ! Et ce sera le début d'un nouvel arc ! Celui de Quantamoniam, dont j'ai fait allusion dans les dernière lignes ;) ! Mais je ne vous en dit pas plus (mystère et boule de gum !) ! Ciao la compagnie *disparait dans un écran de fumée* !
Ps:*relis sa note*...Bon. C'est déjà plus court que la précédente, non ?
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