Chapitre 37 (partie 1):
"Accepte d'avoir Idras à tes côtés lors de ton règne, Idris. Accepte et mes forces sont à toi, Fen Chun à tes pieds, ton derrière assis sur le trône et ta tête coiffée d'une belle couronne. Plutôt pas mal, non ?"
Idris aurait fait n'importe quoi plutôt que d'avoir cette discussion. En face d'un miroir dans la pièce qui lui servait de bureau, il examinait avec haine l'image du Diable qui lui parlait. Assis dans son siège d'une façon langoureuse, ce dernier se tenait dans une salle richement ornée d'une maison de Quantamoniam. Le savoir là bas avait été une sale surprise.
"Oui, je trouve que je suis très généreux dans ma proposition.", continua le Roi des Démons d'une voix suave. Elle se fit plus agressive par la suite." Alors pourquoi, oui, pourquoi, ne nous rends-tu pas service, à toi comme à moi, en l'acceptant ?"
Le patriarche serra les mâchoires avant de répondre. Oui, vraiment n'importe quoi.
"Tu sais très bien pourquoi.", siffla-t-il, ne cherchant pas cacher son animosité.
Après tout, le Diable savait parfaitement qu'Idris le haïssait de tout son cœur et de toute son âme. Il y avait déjà bien assez de faux semblants: à quoi bon en rajouter ?
Le Roi des Démons, à travers l'image que renvoyait le miroir d'Idris, haussa un sourcil et eut un rictus moqueur.
"Ah, mais c'est que je me demande... souffla Abaddon. Est-ce à cause de ta fierté ? Non...Trop simple... Oh !" Son sourire se fit plus cruel. "A cause d'Idras ? Décidez-vous bon sang: vous vous détestez ou vous vous adorez ?"
De son poing, Idris frappa la table sur laquelle reposait le miroir, faisant trembler la glace.
"Cesse tes jeux ! Qu'on en finisse: que veux-tu, Abaddon ? "
Alors que la chose lui parut impossible, le rictus du Diable se fit plus sinistre encore.
"Je me sens d'humeur clémente aujourd'hui, Idris. Voilà pourquoi j'ignorerai ton attitude, ricana le Démon. Mais oui: cessons de jouer. Je serai clair et bref: sans moi, tu es foutu. Ta petite révolte sera écrasée, réduite en miettes, et les derniers membres de ton peuple massacrés. Un joli tableau, mais figure-toi que je trouve plus d'avantages à te voir à la tête de l'Empire plutôt qu'à ses pieds sous la forme d'un cadavre ensanglanté.
-Oui, c'est ce que j'avais compris, grogna Idris, ignorant sa conscience qui lui soufflait qu'il agissait de façon suicidaire. Mais figure-toi que je pense que je peux me passer de tes services."
Abaddon explosa de rire à ces paroles.
"Ah, je ne crois pas, non, fit-il en gloussant. Vu ce que j'ai entendu, je pense que ton mouvement révolutionnaire sera détruit plus tôt que tu n'aurais pu l'imaginé."
Le Draconique plissa les yeux. Il n'aimait pas cette lueur mauvaise et calculatrice qu'il voyait dans le regard vermeil du Diable. Il savait quelque chose. Quelque chose de capital.
L'alarme monta en lui.
"Je t'écoute.", cracha-t-il malgré lui.
Les épaules du Diable tressautèrent sous son rire.
"Coopératif à présent, hum ? Soit ! Au moment où je te parle, les troupes de Fen Chun se dirigent vers Quantamoniam."
Un petit silence flotta dans l'air.
"...et ? insista Idris, sachant pertinemment qu'il y avait plus. Rien de surprenant là dedans.
-Non, rien de surprenant, concéda le Diable en riant. Par contre, les portails et les Magiciens qui les accompagnent le sont davantage."
Idris se crispa et son air haineux se décomposa.
"Je serai flatté à ta place: Fen Chun prend les choses sérieusement et ne vous sous-estime pas, minauda Abaddon. Non seulement elle ne prend pas le risque de vous laisser du répit le temps que ses troupes se réunissent et viennent à Quantamoniam, mais elle a également décidé qu'un siège serait trop dangereux et qu'il valait mieux sacrifier le Dôme plutôt que de vous laisser la cité, continua-t-il, ignorant la détresse qui apparaissait sur le visage d'Idris. Dommage, j'aurais essayé de préserver le Dôme à sa place. Juste pour savoir...combien d'hommes as-tu là bas ? Pas assez, j'en suis sûr...", finit-il, un amusement sombre dansant dans ses yeux pourpres.
Mais Idris ne lui prêtait plus attention. Déjà, son esprit analysait sous toutes les coutures les solutions possibles pour se tirer de ce désastre. Et les résultats n'étaient pas fameux. Faire appel aux Enfants de Gaïa ? Ils n'arriveraient jamais à temps. Envoyer des renforts ? De même. A travers la panique qui commençait à monter, une pensée surgit, claire et porteuse de nouvelles rassurantes.
"C'est impossible. Ils ne pourront pas détruire le dôme, assura Idris dans un filet de voix.
-Ah, je n'en serai pas si sûr à ta place...", intervint le Diable, lui rappelant sa présence par la même occasion. Durant les réflexions d'Idris, il s'était contenté de l'observer, appuyant sa tête sur son poing avec une expression dédaigneuse. "L'œuvre du Bâtisseur est certes complexe et sans faille, mais il s'agit là d'une première impression." Son ton se fit songeur. "Depuis combien de temps...oui, depuis combien de temps Quantamoniam fait-elle partie de l'Empire...? Ah, c'est trop confus... En tout cas, longtemps, très longtemps même." Son regard, terni par ses pensées, s'éveilla. "Tu crois sincèrement que l'Empire, première puissance de l'Eden, n'a pas cherché une façon de défaire le Dôme au cas où ce genre d'incident arriverait ? Même de ta part, l'idée est naïve. Et il serait encore plus naïf de croire qu'ils n'ont rien trouvé depuis le temps."
La panique se fit plus violente. Mais avec une longue expiration, Idris la refoula. Il n'y avait qu'une solution. Une seule. Il ne la prenait pas de gaité de cœur, mais il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire d'autre.
"Je vois, déclara-t-il d'une voix blanche. C'est regrettable, mais je vais devoir sonner la retraite."
A ces mots, Abaddon se redressa, l'air perdu et quelque peu surpris. Ce fut au tour d'Idris d'avoir un sourire féroce.
"Retraite ?" répéta le Diable avec un grimace, comme si le terme avait un goût affreux. Puis, il eut un geste désintéressé de la main. "Pas besoin d'en arriver à de telles extrémités. Je suis prêt à t'accorder mon aide, Idris."
Le Draconique prit le temps de regarder attentivement l'expression du Diable, de graver dans sa mémoire ce moment, qui serait sûrement celui à l'origine de sa mort.
"Mais je ne veux pas de ton aide, Abaddon.", annonça-t-il avec un sourire calme et satisfait.
Le résultat fut immédiat: une foule d'émotions passa sur le visage du Diable; incompréhension, puis surprise, et enfin, rage.
"Ne soit pas stupide.", cracha le Roi des Démons.
Idris sentit une douce chaleur s'emparer de son cœur; ce fut à ce moment précis qu'il sut qu'il prenait la bonne décision.
"Je ne le suis pas, répondit le Draconique, maître de lui même. Je crois d'ailleurs que je n'est jamais été aussi intelligent qu'à cet instant."
Le Diable rit d'un éclat sombre et creux.
"Peut-être que ta fierté était bien la raison après tout...
- Ma fierté n'a rien à voir là dedans, rétorqua Idris, agacé de remarquer qu'Idras lui avait dit la même chose.
- Ah non ? lança Abaddon, dont la colère rendait les traits terrifiants. Ne pas accepter la main qu'on lui tend pour ne pas avoir à réaliser que l'on n'est pas à la hauteur; c'est ce que j'appelle de la fierté."
Idris dévoila ses crocs et siffla.
"Je sais très bien ce que tu veux Abaddon: je sais ce que tu me demanderas en échange de ton aide. Et je préfère affronter mes batailles sans toi au vu du prix à payer.
-Tu es prêt à voir ton peuple crever sous tes yeux plutôt que de faire affaire avec moi.", nota le Diable, le visage cette fois animé par un amusement cruel, plus horrible que son expression précédente.
La remarque eut l'effet d'une gifle.
"Bien sûr que n_
-Oh mais si, ronronna Abaddon. Car crois-moi, il crèvera si tu continue comme ça. Tu verras tes soldats mourir sous tes yeux, tes enfants égorgés et massacrés, tes civils découpés en petits morceaux par la populace ou les Chasseurs. Tu verras dans leur regard cette lueur admiratrice se transformer en déception, et cette question quitter leurs lèvres: pourquoi ?" Il prit une voix remplie de désespoir. ""Pourquoi Idris ? Pourquoi ne pas nous avoir protéger ? Pourquoi ne pas nous avoir apporté la victoire ? Pourquoi ne pas avoir été à la hauteur ?""
Idris se sentit trembler de fureur. Il aurait tout donné pour avoir le Diable en face de lui, pour pouvoir se jeter sur lui et le faire taire, même un instant.
"La ferme.", grogna-t-il.
Mais le Démon continuait:
-Non...Le pire restera Idras...
-La ferme ! ordonna plus fort Idris en frappant une nouvelle fois la table de son poing.
-...Idras, qui te dirait: "Maman ne t'as pas suffi. Il fallait aussi que tu me tues."
-La ferme ! hurla le Draconique, d'une voix méconnaissable.
Et il obtint silence. Pendant quelques secondes, le silence régna dans la pièce dans laquelle séjournait le patriarche. Cela ne dura pas.
Le rire du Diable reprit, dur et impitoyable.
"Il serait très simple de me faire taire, Idris: accepter ma proposition."
Le Draconique laissa échapper un long sifflement de rage puis lâcha avec hargne:
-Jamais.
- Détestes-tu tant ta sœur pour ne pas vouloir l'avoir à tes côtés lors de ton règne ?"
Idris serra les bords de la tables avec force, faisant craquer le meuble.
"Ce n'est pas elle qui régnerait avec moi: ce serait toi, et je le sais parfaitement.", gronda le patriarche.
Il vit le Diable étaler ses jambes sur son fauteuils d'un mouvement vif et décontracté, la rage complétement évaporée dans sa posture. Seul la perfidie et la manipulation transparaissaient à présent.
"Ah, quel dommage... Moi qui voyait là une façon de la rendre utile de nouveau."
Idris en perdit son souffle.
"Quoi...?", souffla-t-il en pâlissant.
Le Diable lui offrit un sourire plein d'une tendresse hideuse et un regard rempli d'une joie sadique.
"Elle ne me sert plus à rien maintenant, insista-t-il doucement. Oui, un vrai gâchi, mais si tu refuses de l'avoir à tes côtés... Ah, je ne vois plus quoi faire avec elle...si ce n'est une chose.", fit-il en lâchant un lourd soupir, faux et écœurant.
Un long frisson traversa le Draconique et il eut soudain envie de vomir.
"Que fait-on d'un pion qui ne nous sert plus, Idris ? Dis-moi, tu dois le savoir, toi qui est si stratège...", susurra Abaddon en riant froidement.
Oh, il le savait oui: on s'en débarrasse.
De nouveau, la fureur s'empara d'Idris. S'il pensait pouvoir menacer Idras et s'en tirer sans qu'Idris ne réagisse, il se trompait !
"Ordure_!
-Je préfère "monstre", le coupa d'une voix glaciale le Diable. Ordure est un brin trop rabaissant."
Idris voyait rouge. Et pire que tout, il se sentait piégé. Les paroles de sa sœur lui revinrent tout à coup à l'esprit: "Dès le moment où j'ai été en son pouvoir, ta fin était garantie." Oh, à présent, il comprenait mieux ce qu'elle avait voulu dire... Idris était prisonnier de son amour pour elle et jamais il ne permettrait qu'il lui soit fait du mal. Pour elle, il serait prêt à tout. Et le Diable le savait parfaitement.
"Drakayn te détesterait. Sa relation avec Idras est peut-être difficile, mais elle reste sa mère.", siffla finalement Idris.
Abaddon fit semblant de réfléchir à ces paroles. Il finit par hausser les épaules.
"Bah... Au point où nous en sommes lui et moi, ça ne changerait pas grand chose.", ricana le Diable.
Idris sentit tout espoir le quitter. Drakayn avait été sa dernière carte.
"Alors Idris, ta réponse ?"
Le Draconique ferma les yeux. L'envie d'hurler de rage lui asséchait la gorge, mais le sentiment d'impuissance lui rendait le corps lourds et la gorge nouée. Il se sentait enfermé, esprit dans une coquille qui ne pouvait rien faire. Idras ou son peuple ? Idras ou ses convictions ? Idras ou sa révolte ? Mais tout revenait à une seule question au final: Idras ou lui ?
Il ouvrit les yeux. Il avait toujours su la réponse à cette question. Depuis qu'ils avaient partagé le même utérus et qu'ils avaient tout partagé par la suite. Depuis qu'il s'était tourné vers ces Anges qui lui avaient arraché sa mère comme son foyer, tout en trouvant aussi le moyen de lui prendre sa sœur alors que c'était là ce qu'il cherchait à garder plus que tout. Depuis qu'il avait appris qu'elle avait fui en Enfer et qu'il l'avait rejointe en pensant naïvement qu'un "pardon" pourrait tout effacer. Depuis qu'elle l'avait laissé, une lame dans ses tripes, le laissant mort sur une plaine de lave. Depuis qu'il avait vu sa fille, Céleste, et qu'il n'avait pas pu s'empêcher de lui donner comme deuxième nom celui de sa tante en voyant la ressemblance entre les deux. Depuis qu'il l'avait retrouvée il y a quelques mois de cela, et qu'il s'était pris à espéré l'inespérable.
Il y a des choses qui ne changent pas.
La réponse avait été la même, était toujours la même, serait toujours la même.
Toujours.
Avec un sourire amer, il lui donna sa réponse.
Note: Hey :D ! Me revoilà ! Avec encore pas mal de temps entre les deux updates D: ! Bon, normalement, la suite ne devrait pas tarder à sortir, car je sais parfaitement comment se déroule ce chapitre (depuis le temps que j'y réfléchi, y a intérêt è_é !).
Une partie assez importante je trouve. Un petit aperçu sur ce qui attend nos Draconi(a)ques ! Ah, mais oui, ça aurait trop facile de les laisser s'en tirer si facilement (un peu irréaliste aussi)!
Donc, on retrouve Idris... Il m'avait manqué. Y a un petit côté dramatique qui lui colle et qui me plait énormément. Vers la fin, je me suis laissée prendre par une musique triste, ça a dû m'emporter x) ! Je suis toujours touchée par sa relation avec Idras. J'espère que j'aurais réussi à vous toucher aussi '_'.
Le Diable est un salaud. Mais je l'adore <3 ! Un bon salaud comme je les aime <3 ! Ce petit côté manipulateur est ce que je déteste le plus XD ! Mais il a toujours un coup d'avance, et surtout, il connaît ses adversaires, chacune de ses faiblesses, et il n'a aucune pitié, il tape là où ça fait mal. Et surtout, il se fiche complétement d'être un monstre. Bref x") ! Je m'emporte encore. Abaddon est un personnage sur lequel je pourrai écrire beaucoup et j'aimerais faire une note courte '_' (je crois que c'est mort lol).
Sinon, on est bientôt au 7K de vues ;_; ! Olalalalala ! Je suis toute émue en y réfléchissant ! Mais bon, vaut mieux pas que je commence mon discours maintenant, on va pas y arriver sinon !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à commenter pour me faire part de votre avis ! Merci pour tous ceux qui votent, chaque petite étoile me rends heureuse comme une folle <3 !
Gros bisous à tous, je vous aime fort <3 !
Ps: Yup. Mort pour faire une note courte '_'.
Ps2: J'ai encore sorti les cœurs ! *gasp*
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