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Chapitre 34:

Drakaïs était perdue.

Assise sur une chaise, au chevet de Drakayn, elle se sentait démunie et impuissante ; inutile.

Le Démon respirait doucement sous son regard, avec lenteur mais aussi avec régularité. Un bandage barrait sa poitrine. Et en dessous des bandes blanches, poisseuses de sang séché, la Draconique savait qu'elle trouverait une blessure à un stade avancé de cicatrisation. Pas tout à fait guérie, mais qui n'était plus dangereuse.

Non, l'inquiétude de Drakaïs reposait autre part.

Le Démon avait perdu beaucoup de sang. Il s'était évanoui suite à sa blessure et se reposait désormais depuis trois heures dans une pièce du rez de chaussez de la Tour. Et il n'avait toujours pas montré le moindre signe de réveil. Pour un membre de son peuple, la chose était plutôt alarmante : l'organisme des Draconiaques, comme ceux des Draconiques, était plus résistant que d'autres.

Mais Drakayn s'obstinait à rester inconscient.

Elle serra les dents et força son attention à se poser autre part, choisissant alors d'observer le visage du Démon.

Elle avait nettoyé sa figure mais quelques tâches écarlates restaient dans ses cheveux bruns. Pâles, ses joues montraient que la perte de sang avait été sévère, et qu'il était loin d'être tiré d'affaire. Mais en dehors de ces détails, Drakayn, avec ses paupières fermées, semblait apaisé.

Trop apaisé, selon Drakaïs.

Le Draconiaque était très expressif. Et le voir si apathique la préoccupait.

Pas le moindre petit rictus, tour à tour provocateur, féroce ou charmeur. Pas de froncement ou de haussement de sourcils explicites. Pas de plissement des yeux, joueur ou dédaigneux.

Non, juste cette expression vide, quasiment sans vie.

Le même masque que les morts revêtaient une fois qu'ils s'en allaient pour les Limbes. Et la ressemblance était bien trop terrifiante pour Drakaïs.

Mais tout ce qu'elle pouvait faire, c'était attendre.

D'où son sentiment d'inutilité.

Les sorts de guérison de Fergon avaient leurs limites.Tout comme ceux d'Enzo, qui s'était focalisé sur Firma, plus gravement atteint que Drakayn.

Elle examina l'assassin, qui récupérait dans un lit juste à côté de celui du Draconiaque.

Elle s'arrêta sur ses traits, retrouvant là les mêmes symptômes que chez Drakayn.

Pendant un instant, ils avaient cru le perdre. Sa blessure au ventre avait été profonde, perforant l'artère abdominale. Il avait fallu toutes les ressources d'Enzo pour le sauver. Même Fergon avait dû y mettre du sien.

La visite surprise de Trei Kinger avait fait beaucoup de dégâts.

Elle serra les poings sur ses genoux.

Et ils n'avaient pas été que physiques.

« Laisse-leur encore quelques heures de repos, et tu les retrouveras à nos côtés, plus énervants qu'auparavant. »

Elle jeta un coup d'œil à Enzo, qui l'observait calmement, adossé au mur derrière elle. Le Yuuzan, comme elle, n'avait pas quitté la pièce depuis que les deux blessés y avaient été amenés.

Elle détourna le regard.

« Je ne sais pas comment tu fais. », souffla Drakaïs au bout d'un moment, en soupirant avec force.

Elle entendit l'assassin bouger dans son dos.

« Faire quoi ? », lui demanda-t-il, de la confusion dans sa voix, normalement si atone.

Elle sourit tristement.

«Pour ne pas être inquiet. », expliqua-t-elle en se tournant complétement vers lui.

Il fronça les sourcils, songeur.

« Ca prend trop d'énergie, lâcha-t-il finalement. Trop de temps, aussi.

-Mais nous n'avons que ça, justement : du temps. », maugréa la Draconique.

Le Yuuzan l'examina attentivement, la tête penchée sur le côté. Drakaïs croisa ses bras sur sa poitrine, mal à l'aise sous le poids de son regard.

« Mais ça ne change rien, déclara-t-il en plissant les yeux. Sauf dans ton cas ; c'est une diversion, n'est-ce pas ? »

Elle se trémoussa légèrement sur sa chaise, embarrassée cette fois. Le Yuuzan, fidèle à lui même, savait dénicher la moindre faiblesse.

« Qu'est-ce qui te préoccupe réellement, Drakaïs ? », lui jeta-t-il à brûle-pourpoint.

Elle serra les dents, agacée, prenant une posture plus contrôlée ; plus droite.

« En quoi est-ce que ça t'intéresse, Enzo ? », lui lança-t-elle en retour, avec suspicion.

La nouvelle des actions de Yls avait jeté un petit froid sur le groupe. Drakaïs ne connaissait pas bien Enzo et Firma, mais elle s'était sentie plus proche d'eux durant les jours précédant l'assaut. Ils avaient su se montrer généreux et riches en conseils lorsqu'elle s'entraînait, n'hésitant pas à  la corriger lorsqu'elle faisait des mouvements qui risquaient d'abîmer ses muscles. Elle avait appris à leur parler, à écouter leurs histoires, à  voir derrière la façade froide d'Enzo et celle plus absurde de Firma.

Elle avait commencé à leur faire confiance.

Mais le coup de leur maître lui avait rappelé à qui elle avait affaire. Des assassins qui ne jouaient que pour une seule personne : Yls.

Leur accorder leur confiance avait été naïf et continuer de le faire serait stupide.

Alors, elle planta ses yeux dans ceux du Yuuzan, le défiant de garder cette attitude avec elle. Calme, il se contentait de soutenir son regard, les respirations des deux blessés comme seul fond sonore.

Mais il brisa le contact visuel, baissant la tête pour prendre une grande inspiration.

« Mon nom ne fait pas très Yuuzan, n'est-ce pas ? », lui demanda-t-il, l'attention toujours rivée au sol.

Drakaïs fronça les sourcils, abasourdie. Quel était le rapport ?

« Certes, mais_

« Je n'ai pas été élevé par mon peuple. », la coupa-t-il.

Son masque retiré, son expression fatiguée, ses sourcils froncés en une étrange mélancolie, ses yeux d'acier remplis d'émotions ; le Yuuzan, à cet instant, semblait anormalement vulnérable.

Drakaïs choisit de garder le silence et d'écouter ce qu'il avait à dire.

« Je suis orphelin, continua-t-il en serrant ses poings gantés. Je n'ai jamais connu mes parents. On m'a sans doute arraché aux bras de ma mère à ma naissance. »

De la colère passa sur son visage.

« Je n'en sais rien, à vrai dire. Je n'avais pas à le savoir. Les gens comme moi ne méritaient pas de savoir. C'est de cette façon que les choses marchent, lorsqu'on est esclave. »

Il y eut un silence, que Drakaïs respecta. La conversation était beaucoup plus intime que ce qu'elle avait imaginé, et elle se surprenait à avoir de la compassion pour Enzo. Même en sachant qu'il devait lui raconter son histoire par intérêt, elle n'arrivait pas à rester insensible face à son passé douloureux. Elle avait toujours considéré l'esclavage comme l'une des pires abominations de ce monde.

« Une noble de Quantamoniam m'a acheté à mes six ans, reprit-il au bout de quelques secondes, plus détendu. J'étais son serviteur. C'est elle qui m'a nommé ainsi. En t'épargnant les détails, sache que c'était une femme affreuse, qui méritait de mourir dans mille souffrances. Mais à mes douze ans, lors d'un repas chez elle, le Maître m'a repéré. J'ai fait ma petite impression ; il trouvait que j'avais du potentiel. Il m'a alors proposé un marché : je tuais ma maîtresse, il couvrait l'affaire et il me prenait sous son aile, comme Aspirant chez les Mercenaires Sanglants. Je suppose que tu sais ce que j'ai répondu. »

Oui, la Draconique le savait.

« Comment t'es-tu débrouillé ? »

Elle tentait de l'imaginer, plus jeune, une lame dans les mains peut-être, en train de tuer cette femme qui n'avait dû être que source de malheur pour lui.

L'expression du Yuuzan se fit féroce et froide.

« Je l'ai étranglée dans son sommeil. C'était plus satisfaisant de cette manière ; la voir se débattre sous mes mains, la sentir suffoquer contre ma peau, observer cette lueur quitter ses yeux pour être remplacée par la mort. Oui, beaucoup plus jouissif. », répondit-il sèchement, ses doigts se resserrant dans le vide, comme s'il revivait la scène.

Drakaïs frissonna. Pas de lame, donc.

« Tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça, Drakaïs, déclara-t-il, un imperceptible sourire sur ses lèvres. Parce que je sais ce que ça fait. »

Il s'avança soudainement, faisant sursauter la Draconique en arrière. Il se plaça juste devant elle, grand et quelque peu menaçant. Elle mit la main à l'épée, plus par prévention que par réelle menace. Mais il enleva juste ses gants, lui présentant ses mains calmement.

Intriguée, elle les observa en détail. Des bandages, recouverts de runes, entouraient ses doigts. Ils remontaient jusqu'aux poignets et disparaissaient sous ses manches. Les sorts placés sur lui brillaient légèrement d'une lueur argentée, et elle dû se faire violence pour ne pas s'y intéresser avec plus d'attention.

« Qu'est-ce que c'est ? », chuchota-t-elle, fascinée.

Elle voulut prendre ses mains, mais il les éloigna, pour les croiser sur son torse.

« Peut-être l'ignores-tu, Drakaïs, mais mon peuple possède un talent particulier : celui de lire le temps. A chaque contact, je suis capable d'avoir un aperçu du passé ou du futur de ce que je touche. Les objets comme les individus.»

Drakaïs écarquilla les yeux et s'écarta un peu, mal à l'aise. Combien de fois Enzo l'avait-il touché en la corrigeant dans ses mouvements ? Qu'avait-il vu grâce à son pouvoir ?

« C'est pourquoi j'ai ces bandages. Je ne les enlève que lorsque que je souhaite me servir de mes dons. Et je ne l'ai jamais fait en ta présence. », lui expliqua-t-il en allant reprendre sa place contre le mur.

Drakaïs avait entendu des rumeurs sur les pouvoirs des Yuuzans, qui étaient la base de leur influence dans les six mondes. Ils monnayaient leurs prophéties et leurs oracles, et les grands de tout royaume se disputaient leurs faveurs. Elle fronça les sourcils. Pourtant, quelque chose n'allait pas avec l'histoire d'Enzo.

« Je pensais que seules les femmes partageaient ce don... nota-t-elle, perdue.

-C'est le cas normalement. C'est par ce privilège que la société yuuzane est matriarcale. Très rarement, des hommes ont pu lire le temps. Et à chaque fois, ils se faisaient exécuter, lui annonça-t-il, l'air sombre. Ils représentent une menace pour les dynasties impériales. Mais je représente une inhabituelle exception ; voilà pourquoi j'ai coûté si cher lors de ma vente. Dis-toi que je suis une perle rare dans le milieu. »

Drakaïs contemplait désormais Enzo sous un nouveau jour. Elle comprenait mieux pourquoi le Yuuzan était si particulier.

Mais elle ne voyait toujours pas où il venait en venir.

« Et donc ? », le relança-t-elle, forçant son cœur à être froid.

Hors de question de retomber si facilement dans le panneau. S'il pensait pouvoir endormir sa vigilance si facilement, il se trompait.

« Et donc, lorsque j'ai commencé à développer mes pouvoirs à l'âge de trois ans, je n'avais personne pour m'apprendre à les contrôler, reprit-il en remettant ses gants délicatement. J'étais submergé par le passé et l'avenir des autres. La moindre personne que je rencontrais, le moindre objet que je touchais, et j'étais englouti. Et quand on grandit dans un milieu comme le mien, tu te doutes que ce que je percevais n'était pas le plus idéal pour un enfant. »

Drakaïs déglutit, ses résolutions volant en éclat face à cet aveu.

Elle voyait désormais où il voulait en venir.

« C'est quelque chose d'affreux, Drakaïs. Te perdre dans des scènes du passé ; des scènes de meurtre, de viol, de torture. Et rester bloqué, comme si tu les vivais toi même. Dans une boucle, qui se répète, encore, encore et encore, jusqu'à ce que tu sois vidé et que l'inconscience te prenne, t'offrant un doux répit, continua-t-il, d'une voix blanche, plantant son regard dans le sien. Et je ne pouvais pas le contrôler. Non, c'étaient mes pouvoirs, que je vivais comme une malédiction à l'époque, qui me contrôlaient. Ce n'est que des années plus tard que j'ai pu réellement apprendre à vivre avec. Pas les contrôler, non. Vivre avec, insista-t-il, l'expression sérieuse. Ces bandages, ce sont mon accalmie. Sans eux, je me mets à nu de bien des manières. Aujourd'hui, je manipules mes dons avec plus d'efficacité. Mais je n'oublie pas... Non, je n'oublie pas que l'emprise que je crois avoir sur eux n'est qu'une illusion et qu'au moindre faux pas, je serai coincé dans une boucle temporelle. »

De nouveau, Enzo avait quitté le mur pour se poser devant elle. Les yeux piquants à cause des larmes qu'elle retenait, la Draconique le laissa faire.

« Je sais ce que ça fait, Drakaïs. », lui souffla-t-il, un air doux sur le visage, qu'elle ne lui aurait jamais imaginé.

Oui.

Oui, il savait.

La Draconique mit son visage entre ses mains, sentant le Yuuzan lui serrer l'épaule pour la rassurer.

« Je sais ce que ça fait, de n'avoir aucune maîtrise sur ses pouvoirs. »

Si seulement il ne s'agissait que de ses pouvoirs.

Elle prit une inspiration tremblante, sentant les larmes couler sur ses joues.

Ce moment dans la Tour la hantait.

Le Chasseur, la Rêveuse, ses compagnons à terre, sa vision de l'Innommable, et enfin, la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase : le contrôle de son corps par Rubis.

Elle avait essayé, oh, pas les Six, elle avait essayé avec toutes ses forces ! Ne pas y penser, laisser ses questions de côté, cesser de réfléchir, arrêter d'être effrayée par l'inconnu, continuer de rester dans le noir.

Elle s'était forcée de se focaliser sur Drakayn, préférant se torturer de cette manière plutôt que de revenir sur ce moment fatidique. Mais la diversion était instable et Enzo avait réussi à briser cette bulle qu'elle s'était créée.

Impuissante.

Inutile.

Faible.

Elle s'était crue actrice de sa vie, s'était persuadée qu'elle pouvait influencer les événements d'une quelconque façon, s'était convaincue que seule elle pouvait être maîtresse de sa destinée.

Mais en quelques instants, Rubis lui avait enlevé cette douce barrière de sécurité.

Une Dragonne ancestrale dans son esprit, des visions qui n'avaient ni queue ni tête, des pouvoirs qu'elle ne comprenait pas, son corps qui ne lui appartenait plus : c'était trop.

Elle ne contrôlait rien : elle subissait tout.

« C'est tellement frustrant, cracha-t-elle entre ses dents serrées, levant son visage pour planter son regard dans celui d'Enzo, rempli de compréhension. Je n'ai rien pu faire. Elle avait pris le contrôle total. Et si un tel sentiment d'impuissance se reproduisait... » Elle resta silencieuse un moment. « Si ça se reproduisait... reprit-elle plus doucement. Je pense que ça me détruirait. »

Elle ne voulait plus jamais redevenir une marionnette, simple pantin désarticulé dont Rubis tirait les fils pour manipuler les mouvements.

Enzo mit plus de force dans sa poigne, réconfortante et bienveillante.

« Si tu as besoin d'une oreille attentive pour en parler, Drakaïs, sache que je suis là. », lui proposa-t-il calmement.

Le Yuuzan était un assassin à la solde d'Yls et la compassion qu'il montrait était sans doute fausse. Mais elle savait qu'il n'avait pas menti en lui racontant son passé.

Il comprenait.

Et c'était tout ce qui comptait en cet instant.

Un raclement de gorge retentit dans la pièce, brisant l'atmosphère qui s'était installée. Sur le seuil de la porte, Sin les observait, la main dans la nuque et les sourcils froncés.

« Désolé de vous interrompre, mais la transmission a débuté et Yls a commencé à faire son discours. »

Ah, oui. Yls et son discours.

Drakaïs se tourna vers Drakayn, qui était resté sans réaction durant tout ce temps. Les lèvres pincées, elle débattait avec l'idée de rejoindre les autres pour écouter ce que le Nocturne allait dire.

Une tape dans le dos, qui la poussa vers Sin, la coupa dans ses pensées.

« Vas-y. », lui lança Enzo, les mains croisées sur sa poitrine, son expression de nouveau domptée.

Alors, avec un dernier regard en arrière, elle suivit Sin dans le couloir.

« Ca va ? », lui demanda-t-il après un court silence, en lui jetant des coup d'oeil inquiets.

Drakaïs se rendit compte que ses joues étaient encore humides et d'un geste vif, les essuya, plaçant un sourire de façade sur ses lèvres.

« Drakayn. », mentit-elle.

Elle vit l'inquiètude, la même sur laquelle elle s'appuyait, traverser ses traits.

« Il ira bien. », marmonna-t-il.

Mais Drakaïs entendait l'incertitude dans sa voix.

Elle sentit une pointe de culpabilité lui serrer le cœur. L'état de Drakayn l'alarmait, certes, mais dans ces circonstances, elle s'en servait surtout pour ne pas pleurer sur son propre sort.

Quelle lâcheté.

« Je sais. », lui fit-elle en lui ébouriffant les cheveux, lui arrachant alors un grognement agacé.

Les autres avaient besoin d'elle. Assez de s'apitoyer sur son sort. Elle devait prendre action, se focaliser sur l'instant présent, enterrer ses peurs pour affronter les événements avec force et fureur.

« Et ton bras ? », lui fit-elle, curieuse.

Le Draconique lorgna sa blessure, que Fergon avait soigné. Un bandage entourait son épaule. Il la fit tourner légèrement et s'arrêta aussitôt, avec une grimace de douleur.

« Ca peut aller. Juste quelques jours à attendre avant de pouvoir m'en servir comme avant.»

Qu'avait dit Enzo, déjà  ?

«Tu vas devoir y aller mollo, hein ? », se moqua-t-elle avec un sourire.

"Ca prend trop d'énergie. Trop de temps aussi. »

« Ah, ah, ricana-t-il, faussement vexé. On verra bien quand vous aurez besoin de moi et que je ne pourrais pas vous aider. »

Mettre un sourire sur ses lèvres et faire comme si tout allait bien. Même si c'était faux.

« Quelque jours, Sin. Quelque jours ! s'exclama Drakaïs, amusée. Je ne me permettrais pas d'en rire sinon, voyons ! », le taquina-t-elle en le dépassant, l'entendant grommeler dans son dos.

Et le masque en place, elle savait qu'elle pouvait monter sur scène pour jouer le rôle que les autres attendaient d'elle.

Ils rejoignirent la porte d'entrée de la Tour. Les échos d'une voix leur parvinrent, confuse mais proche. Dehors, ils furent éclairés par des rayons de soleil, qui perçaient les quelques nuages qui couvraient le ciel. Drakaïs mit sa main en visière, plissant les yeux pour mieux y voir. Un vent frais balayait les rues, secouant ses cheveux roux devant son visage.

Une foule s'était formée plus loin dans les rues entourant la Tour. Des exclamations choquées et énervées s'élevaient dans les airs.

Le discours d'Yls semblait faire son petit effet. Rien de surprenant.

Elle leva le regard. Sur le flanc du bâtiment du conseil, qui leur était visible au loin, une toile avait été installée. Grâce à un sort, proche d'une Liaison, l'image d'Yls y apparaissait en direct tandis qu'il s'exprimait. Le Nocturne se tenait sur une estrade, la posture droite, les mains croisées dans le dos. Même à travers cet artifice, il dégageait de lui une aura de puissance. Devant lui, sous ses pieds, un public l'écoutait en masse, agité.

Drakaïs plissa les yeux, songeuse. Il devait se trouver sur la place principale de la ville.

« Regarde-le, à faire son petit numéro... », siffla Sin à côté d'elle, l'expression hargneuse.

Drakaïs serra les dents et aperçut Fergon, qui se tenait à la périphérie de la foule en colère, la main à l'épée, tendu. Des soldats surveillaient les habitants, une expression menaçante sur leur visage, défiant les Quantamoniens de se rebeller. Les deux Draconiques s'avancèrent vers le Démon, qui leur accorda un bref coup d'oeil.

« Pas vraiment une super ambiance, hein ? », ricana Sin, avec une grimace.

Fergon haussa les épaules.

« Tu t'attendais à autre chose ? rétorqua le Draconiaque, un sourcil haussé. Yls vient de leur apprendre que nous contrôlons la ville, en omettant légèrement le rôle qu'il a joué dans cette affaire. » Ses yeux se firent durs. « Il se donne le beau rôle et nous présente presque comme des monstres... Le fourbe. On aurait dû s'y attendre. »

Drakaïs grogna, le regard rivé sur le Nocturne, qu'elle détestait avec une vive passion en cet instant.

« Mais d'un autre côté la situation ne pouvait pas tourner autrement, reprit Fergon, la voix plus calme. Avec la réputation qui suit votre peuple, nous n'allions pas être accueillis comme des héros. Nous sommes l'envahisseur ; l'ennemi. Il aurait été naïf de penser différemment. »

Sin fit la moue, peu satisfait par ces mots.

« Il nous faut trouver un moyen de rallier les foules à notre cause, nota Fergon au bout d'un moment, tandis qu'il observait les Quantamoniens avec un air calculateur. C'est une guerre de force, mais aussi d'opinion. On ne peut pas espérer régner durablement avec un peuple qui nous hait. Ils vous craindrons toujours, certes, mais vous pouvez gagner leur respect. Un monarque n'a pas besoin d'être aimé pour gouverner. Tant que la haine ne brouille pas l'esprit et le cœur de ses sujets, l'harmonie peut exister. »

Un silence acquiesçant répondit à sa tirade.

Drakaïs lâcha un reniflement de dédain à l'écoute des paroles d'Yls. Il parlait d'une voix claire et il y avait un charme et une force indiscutable dans son discours. Mais la Draconique ne se laissait pas berner : le Nocturne était un maître dans le domaine de la manipulation, et elle ne tomberait plus dans le panneau.

« _c'est pour cela que nous devons coopérer avec les Draconiques. Rester forts et soudés dans cette situation de crise. J'ai confiance en notre volonté et notre détermination à  surmonter les obstacles qui se profilent à l'horizon. », assura Yls, visiblement sûr de lui.

Un vrai baratineur. La foule semblait lui manger dans la main. Elle secoua la tête avec un rire ahuri.

Ce monde était décidément fou.

« Regarde-les... murmura Sin, complétement sous le choc. Ils ne marchent pas, ils courent ! »

En effet, le plan d'Yls fonctionnait à merveille. Les Quantamoniens hochaient la tête à chaque parole, marmonnant entre eux en échangeant des regards confiants.

Pauvres imbéciles. Ils se faisaient complétement avoir.

Ou peut-être pas tant que cela.

Drakaïs plissa les yeux. Sur la toile, dans le public devant l'estrade d'Yls, une turbulence semblait avoir lieu. Un petit groupe s'avançait vers le Nocturne, poussant les autres sur leur passage. Des gardes tentèrent de les arrêter, mais une femme, une Fée de la Nuit, parvint tout de même à se faufiler sur la scène, aux côtés d'Yls. Elle pointa un doigt accusateur sur lui.

«Menteur ! Vous êtes un traître, Nocturne ! vociféra-t-elle, sa voix éteignant celles de la foule autourd'elle. Où étiez-vous lorsque l'attaque a eu lieu ? Avec les autres conseillers ? Pourquoi donc êtes-vous le seul à avoir survécu dans ce cas ? »

Le Nocturne lui fit face avec calme. Le silence qui régnait était étouffant, lourd d'accusations et d'attentes.

« Vous vous égarez, madame, déclara-t-il, la voix posée et apaisante. Cette tragédie met notre cité à genoux bien assez sans que vous y ajoutiez vos insinuations. La division, en cet instant, nous serait nocive. Je suis en vie grâce à mes talents ; rien d'autre. »

Quel beau parleur. Une jolie pirouette pour éviter ces « insinuations »...

Mais visiblement, Yls avait mal calculé son coup.

« Mensonge, mensonge, mensonge ! hurla la femme. Vous avez coopéré ! Comment les Lézards auraient-ils pu nous envahir sinon ? Vous les avez aidé ! »

Une vague d'exclamations outragées l'appuya. A travers la confusion des Quantamoniens, la Fée de la Nuit avait su éclairer la situation. Leur opinion était telle le vent : changeant au grès des courants. Ils s'agitaient désormais, et des expressions enragées habitaient leurs visages.

Toute l'argumentation d'Yls, aussi brillante soit-elle, n'avait pas résisté face aux doutes que la femme avait instigué dans les esprits de ses concitoyens.

« Merde, lâcha Fergon, arrachant des airs surpris aux deux autres, peu habitués à l'entendre jurer. Je préférais encore leur passivité. » marmonna-t-il en mettant la main à l'épée, prêt à la dégainer si besoin.

Drakaïs et Sin l'imitèrent, leurs têtes tournées vers la foule qui commençait à se rebeller devant la toile et l'estrade. Les gardes tentaient d'endiguer le flot, mais ils semblaient réticents à se battre contre les civils.

Sur la toile, le Nocturne tenta de s'expliquer, l'expression plus agacée qu'apeurée face à sa perte de contrôle.

Mais son temps de parole était terminé.

« Si les autorités sont inutiles, nous réglerons le problème par nous même ! », s'exclama la Fée de la Nuit responsable de cette belle pagaille, le coupant avant même qu'il n'ajoute un mot. Elle brandit son poing vers le ciel. « Révolte ! Révolte ! Révolte ! »

Et les Quantamoniens se mirent à scander ses mots, la rage et l'envie de se battre résonnant dans leurs cris. Les altercations entre les civils et les soldats se firent plus agressives, forçant les gardes à prendre action plus sérieusement. Les Quantamoniens poussaient et frappaient, cherchant à mettre à terre les autorités pour pouvoir les rouer de coups. Avec des plaintes de souffrance, le sang se mit à couler ; à teindre le sol, les épées et les armures des soldats. Mais au lieu d'éteindre le feu de la révolte, il l'alimenta, pour le faire exploser avec des filets d'étincelles : les Quantamoniens se jetèrent sur les soldats avec la rage de vaincre, renouvelée face à cette violence

Avec un juron, la Draconique s'élança dans la mêlée, ignorant sa conscience qui lui soufflait que s'en prendre à des civils, des innocents, allait contre ses convictions les plus chères.

Mais les beaux principes n'avaient pas leur place en temps de guerre.

Agir était tout ce qui comptait.

Un Quantamonien chercha à l'atteindre au visage. Elle esquiva le coup, maladroit, et serra les dents.

Agir, agir, agir. Le poids de son épée entre ses mains lui parut énorme tout à coup.

L'homme revint à l'assaut.

Agir, oui.

Gardant son arme dans son fourreau, elle enfonça sa garde dans le ventre du civil, qui se plia en deux de douleur. Sans plus attendre, elle le frappa d'un coup vif sur la tête, pour l'assommer.

Entre soldat et civil, la différence était énorme. Un jour, peut-être aurait elle à faire couler leur sang.

Mais pas ce jour-là .

Autour d'elle, la lute continuait. Beaucoup semblaient avoir fait le même choix qu'elle : leurs lames n'étaient pas à nu, et ils s'affairaient à immobiliser les Quantamoniens.

Sin suivait de près Fergon. Avec son épaule blessée, il ne pouvait pas faire grand chose ; c'était le Démon qui faisait le plus gros du travail. Le Draconiaque mettait au sol ses adversaires, dans une prise efficace, et le Draconique s'occupait de les mettre hors d'état de nuire avec un coup de fourreau bien placé.

Alors qu'elle s'apprêtait à les rejoindre, Drakaïs jeta un coup d'œil à la toile pour s'enquérir de la situation sur la place.

Elle était pire qu'ici.

Là bas, les soldats ne semblaient pas se gêner pour utiliser leurs armes. Le Nocturne lui même se mêlait au désordre : la main tendue vers la Fée de la Nuit qui l'avait interrompu, il la maintenait en l'air. Elle se débattait, ses mains à la gorge pour tenter, en vain, de respirer.

Le chaos régnait.

Par les Six, c'était un véritable bain de sang. Même ici, les civils comme les gardes tombaient, et cela, malgré les réticences de certains à faire des victimes.

La situation leur échappait, et si elle continuait ainsi, l'issu serait tragique.

Soudain, coupant la Draconique dans ses funèbres pensées, un hurlement bestial, celui d'un loup, s'éleva dans les airs et brisa la frénésie de l'émeute.

Cerbère.

Drakaïs se stoppa, fermant le yeux, les sourcils froncés.

Un appel.

Son cri, long et puissant, lui parvenait de la toile, mais également du reste de la cité, des étages inférieurs. Il flottait dans l'air, ininterrompu, proche et lointain à la fois.

L'expérience était étrange.

Elle ouvrit les yeux, pour se focaliser sur la toile. Et elle fut saisie par ce qu'elle y vit.

Yls était à genoux, l'échine courbée en avant, la fureur et la douleur transformant son expression en un masque perturbant. Un homme le maintenait dans cette position, son pied sur son bassin, une prise ferme sur un de ses bras, qu'il tirait vers lui. L'inconnu portait un manteau noir qui flottait autour de lui, et une capuche cachait son visage. Mais c'était la faux stylisée et élégante qui reposait tranquillement dans sa main libre, qui choquait Drakaïs.

Pour quelles raisons un Faucheur, représentant de la Mort en personne, pouvait être en ces lieux ?

La Draconique ne savait pas. Mais elle doutait que l'explication soit réjouissante.

Cerbère s'était tu. De tout les silences que Drakaïs avait connu, celui ci devait être le plus lourd et insupportable de tous : rempli de tensions, glacial et étouffant. Personne n'osait parler. Personne n'osait faire le moindre geste. Personne n'osait respirer.

La Mort semblait être venue dans la cité.

« Vous, Mortels, savez vraiment comment rendre une situation amusante. Et horriblement pénible. », lâcha le nouveau venu, accompagné d'un rire tremblant.

Drakaïs sentit un long frisson lui traverser le corps.

Cette voix...Même altérée, elle la reconnaissait...

« Inviat... », souffla Sin à côté d'elle.

Nécromancien, Vampire, et maintenant, Faucheur ? Par les Six, n'avait-il donc aucune limite ?

«Quoi ? Plus rien à présent ?  se moqua-t-il, un sourire se dessinant sur la partie de son visage qui leur était visible. Rah, quel dommage ! J'aurais dû rester dans l'ombre ! »  Il secoua méchamment Yls, qui était toujours aussi furieux. « Sans mauvais jeux de mot, coco, hein ? Ce n'est pas tous les jours que je me montre dans les plaines de la Vie sous cette apparence."

Le Faucheur relâcha Yls, qui s'empressa de s'écarter en se massant l'épaule. Inviat s'avança vers la Fée de la Nuit, allongée sur l'estrade et qui tentait de reprendre son souffle. Il la releva sans ménagement, plaçant sa main sur sa nuque pour la montrer à la foule, figée dans un mouvement de lutte avec les gardes.

« Vous ne vous rebellerez pas. Oh, non, vous ne vous rebellerez pas.", leur assura-t-il, le ton soudain sombre.

La femme ouvrit la bouche plusieurs fois, telle un poisson hors de l'eau. Inviat ricana, son rire sinistre et grave provoquant la chair de poule à son auditoire. Il mit sa faux sous son coude, une vue qui aurait dû être particulièrement pittoresque, mais qui était glaçante en cet instant. Il agrippa la mâchoire de la femme de son autre main, l'ouvrant et la fermant tout en prenant une voix criarde :

- « Traître ! Mensonge ! Révolte ! » Elle est bien bonne !

Et il explosa de rire, son éclat résonnant dans le silence avec une acuité extrême, quasiment palpable.

Il redevint sérieux soudainement, laissant tomber la Fée de la Nuit pour se pencher en avant, et pointer du doigt les Quantamoniens.

« Vous ne vous rebellerez pas car ça signifierait votre mort. », susurra-t-il avec malice.

Il se redressa et fit tourner sa faux entre ses doigts, la caressant comme l'être aimé ; avec délicatesse et dévotion.

« Vous voulez garder la vie sauve ? leur demanda-t-il d'une voix remplie de moqueries. Restez en dehors de ce conflit qui s'annonce ! Ne jouez pas aux héros ; ce serait ridicule. Vous n'avez rien à prouver. En vivant sur la mort des autres depuis des siècles, votre qualité de personnes sans cœur et abjectes vous est acquise. A quoi bon tenter de se faire agneau quand il est certain d'être grand méchant loup ? » Il laissa planer un court silence, que personne n'osa briser. « Les Six vont envoyer des Désastres contre l'Empire !»  Il écarta les mains devant lui, mimant un monstre absurde. « Bouh ! Ils n'auront qu'une seule mission : punir ceux qui agissent contre la volonté de leurs maîtres. » Il se stoppa. « Mensonge. Traître. Révolte.», répéta-t-il gravement, crachant les mots avec dégoût et mépris.

Il ne dit rien un moment, se contentant de laisser son discours faire échos en son public.

« Oserez-vous vous élevez contre les Six ? », demanda-t-il froidement, son souffle apparaissant devant lui.

Silence, plus complet que jamais.

« Répondez-moi ! », hurla-t-il, faisant sursauter Drakaïs. Du coin de l'œil elle vit Sin se rapprocher de Fergon, cherchant là par réflexe une protection.

Des gémissements et des cris de paniques fusèrent de la toile et autours de Drakaïs.

« C'est bien ce que je pensais ! », lâcha Inviat joyeusement, se redressant tout en plaçant sa faux sur son épaule, d'un geste vif et habile.

Drakaïs ne pouvait pas détacher son regard du Faucheur, comme hypnotisée.

« Alors vous allez fermer vos gueules et continuer à vaquer à vos occupations habituelles, c'est bien compris ? », les prévint-il en les pointant de son arme.

Encore une fois, un silence lui répondit.

« Après tout, vous ne voudriez pas qu'un Désastre vous rende visite, n'est-ce pas ? ", insinua-t-il, de la malice et du sadisme perceptible dans sa voix d'outre-tombe.

Et avec un petit rire moqueur et cruel, il s'évapora.

Son apparition avait été courte, mais intense.

Inviat, un Faucheur. Elle le revit la première fois qu'elle l'avait vu, à la Traversé du Hurleur, se présentant comme un Nécromancien. Ou encore, lorsqu'elle avait découvert sa condition vampirique.

Un Faucheur.

Fergon se tourna vers Drakaïs, contrarié.

« Il nous avait bien caché son jeu... », siffla-t-il.

Drakaïs ne put que hocher la tête, les sourcils froncés. A ses côtés, Sin ne disait rien, les lèvres serrées et une main sur le menton, visiblement en pleine réflexion. Le rôle d'Inviat auprès de la Mort changeait la donne de bien des manières. La présence d'un Faucheur comme lui signifiait-elle que la Mort elle-même s'intéressait à cette affaire ?

Elle serra davantage son épée contre elle.

Non, pas seulement la Grande Faucheuse... Inviat avait cité les Six. C'était donc l'Hexagone Suprême au complet qui allaient agir. Oh, il y avait quelque chose de terriblement terrifiant dans cette possibilité...

« Des Désastres... murmura-t-elle, livide. Ce ne sont donc pas des légendes...

-Non, hélas, rétorqua Fergon, tendu et visiblement perturbé.

-Qu'est-ce que ça signifie pour nous ? », demanda-t-elle dans un souffle.

Le Démon prit un air grave.

« Je l'ignore. Et crois-moi, je n'aime pas ça. Cette nouvelle peut être la meilleure comme la pire. Il est rassurant de savoir les Six contre l'Empire. Mais en ce qui vous concerne, leurs plans sont plus brumeux. Vont-ils vous hisser vers le trône ou causer votre perte ? Je ne sais pas. », termina-t-il doucement, le regard voilé par des pensées sombres.

Devant eux, les Quantamoniens se dispersaient; ramenant les blessés avec eux tandis que les soldats les observaient avec une expression méfiante.

L'intervention d'Inviat avait suffi à éteindre le feu des Quantamoniens : la terreur qu'inspiraient les Six et les Désastres était efficace.

Les Désastres.

Drakaïs prit une inspiration tremblante.

Avec eux, c'étaient le sang et la destruction qui s'inviteraient en Eden. Les temps s'annonçaient durs et funestes. Rubis rit froidement dans son esprit.

« Et ce n'est que le début, Dragonneau. Si les Six s'en mêlent, tu peut- être sûre que le Chaos sera également de la partie. »  Elle se tut un moment, pour reprendre la parole, glaciale. « Je suis même persuadée qu'il est à l'origine de toute cette histoire : créer la zizanie et le désordre est sa spécialité. Ca a pour mérite de créer une bonne diversion le temps qu'il s'affaire à quelques actions plus obscures... »

La Draconique ferma les yeux, s'enjoignant à garder son calme. Parler de l'Innommable lui rappelait sa vision horrifiante. Il y avait trop d'éléments qui lui échappaient pour saisir la situation avec clairvoyance. Et en voyant la nouvelle complexité de ce conflit, elle n'était pas certaine de vouloir la comprendre.

Les Six, l'Innommable, les Désastres... Ce qui n'était à l'origine qu'une simple lutte entre l'Empire et son peuple prenaient des allures de guerre entre forces inimaginables.

« Un jour, je te parlerai en détail du Chaos, lui promit Rubis. C'est nécessaire à ta survie. Mais pas aujourd'hui, donc cesse de t'en préoccuper. D'autres choses requièrent ton attention .»

Et sur ces conseils, la Dragonne la laissa.

Drakaïs passa une main fébrile sur son visage. Si la journée continuait sur cette lancée, elle n'était pas sûre de pouvoir tenir...

« Je sais ! », s'exclama brusquement Sin, en claquant des doigts.

Fergon et Drakaïs échangèrent un regard confus. Quoi encore ?

« Je sais qui sont Seth et Inviat ! expliqua le jeune Draconique avec un large sourire, l'expression allumée par une joie irradiante. Ils font parties des IDissidents ! »

Drakaïs écarquilla les yeux, la bouche entrouverte, sans voix. Fergon ne réagissait pas mieux : il restait figé, l'air neutre et le souffle coupé.

Les Dissidents ?

Ce groupe de héros mythiques dont les exploits étaient connus de tous et qui étaient entrés dans la légende ?

« Mais oui, c'est logique ! s'écria Sin, confondant leurs réactions avec du scepticisme. Seth serait à la fois connu et inconnu de tous. Il aurait trois frères et une sœur morte. Il serait une force quasiment héroïque, qui aurait sauvé les six mondes. Vous en connaissez beaucoup, vous, des figures qui collent à cette description ? C'est parce qu'il n'y en a qu'une : l'Inconnu ! »

Par les Six. Drakaïs sentit son cœur accélérer. Il avait raison.

L'Inconnu était à la tête des Dissidents et tenait son nom du fait qu'à chacune de ses apparitions, il était oublié. Comme un coup de crayon, il était effacé des mémoires collectives. Et c'était par son absence qu'il existait. Les maigres informations sur lui leur venaient de sa fratrie.

« Et Inviat ! continua Sin avec excitation. Un Nécromancien qui a subi une malédiction et qui est un Faucheur, frère de Seth : Inviat est un alias ! C'est Ikitav Warlock, le Mort-Vivant ! Tout correspond ! Les Dissidents ! » Il s'arrêta soudainement, les yeux brillant d'espoir. " Vous croyez que la Bête et le Blizzard vont aussi se montrer ? »

Drakaïs rit doucement tandis que Fergon secouait la tête, les sourcils haussés.

L'engouement de Sin était compréhensible. Les Dissidents, composés de l'Inconnu, du Mort-Vivant, de la Bête, du Blizzard et du Songe, étaient légendaires. Lutte contre les Plaies, défendeurs des Six mondes, détenteurs de la Grâce des Six, pourfendeurs de Gaor le Profanateur ; la liste de leurs exploits était grande et extraordinaire.

Mais depuis la mort du Songe, il y a des siècles de cela, le groupe n'avait plus fait parler de lui.

« Vous vous rendez compte ? Ce sont des légendes vivantes ! », fit Sin, émerveillé.

Fergon lui tapota l'épaule, amusé.

« Je me demande surtout ce que font des légendes pareilles ici et avec nous...», nota le Démon, songeur.

Drakaïs également.

Seth, l'Inconnu. Que pouvait-il bien lui vouloir ?

Inviat, ou plutôt, Ikitav Warlock, le Mort-Vivant. Quelles raisons l'amenaient à Quantamoniam?

Les événements prenaient un rythme effréné : d'abord Onyx, puis Rubis et l'Innommable, suivis par les Six et les Désastres, et maintenant, ceci.

Cette journée aurait-elle donc une fin ?

Drakaïs fronça les sourcils.

Les Dissidents réémergeaient après des siècles de silence.

Restait à savoir pourquoi.

Elle croisa le regard de Fergon. Et dans ses yeux, elle y vit les mêmes questions qu'elle se posait et la même confusion qu'elle ressentait.

Il se tramait quelque chose de sombre. Quelque chose qui enclenchait des rouages anciens et mystiques. Quelque chose qui les dépassait complétement.

Fergon détourna le regard.

Mais il était trop tard.

Ce fut bref, mais elle avait aperçu l'éclair de peur traverser les yeux du Draconiaque.

Et aux tréfonds d'elle même, elle savait sa peur parfaitement fondée.

Note:

Hey :D !

Désolé pour le temps qui s'est écoulé entre ce chapitre et le précédent, mais je bosse le bac en ce moment, donc j'ai moins de temps pour écrire ! De plus, ce chapitre a eu un peu de mal à sortir :/... En même temps, il y a plein d'infos :D ! Vous êtes gâtés :p ! Enzo, les Insoumis...Et j'en passe !

J'ai vraiment failli péter un plomb en postant ce chapitre, car il faut savoir que lorsque j'ai fait le copier-coller, eh ben, mon texte était massacré !

Pour vous donner un aperçu:

« En quoi est-ce que ça t'intéresse, Enzo ? »,lui lança-t-elle en retour,avec suspicion. 

La nouvelle des actions de Yls avait jeté un petitfroid sur le groupe. Drakaïs ne connaissait pas bien Enzo et Firma,mais elle s'était sentie plus proche d'eux durant les joursprécédant l'assaut. Ils avaient su se montrer généreux et richesen conseils lorsqu'elle s'entraînait, n'hésitant pas à la corrigerlorsqu'elle faisait des mouvements qui risquaient d'abîmer sesmuscles. Elle avait appris à leur parler, à écouter leurshistoires, à voir derrière la façade froide d'Enzo et celle plusabsurde de Firma.

Voilà :D ! Et ça m'a prit trois heures à corriger :D ! *se retient de tout péter* 

Bref.

J'espère que ce chapitre vous aura plu (*sort un couteau* Si y en a un qui dit "non" alors que j'ai passé trois heures à le corriger................................)!

N'hésitez pas à me faire part de vos avis sur Enzo, les Dissidents et tout le reste :D !

Pour les Dissidents, j'ai peur que ça vienne un peu comme un cheveu sur la soupe, mais bon, j'ai pas réussi à les caser avant sans qu'on se dise "Oh ! C'est eux !" :/ !

Sur ce, je vous dis à la prochaine ! J'espère que le chapitre sortira plus tôt !

Gros bisous à tous, je vous adore <3 !

Ps: Si vous voyez encore des corrections qui m'ont échappée, merci de me les signaler :D !

Ps2: On est bientôt à 6K de vues :00000 ! Wow ! Il faudra fêter ça !



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