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Chapitre 13:


«  Franchement, tu ne trouves pas qu'il met beaucoup trop de temps à revenir ? », bougonna Sin en donnant un coup de pied dans un caillou.

Cela devait faire une heure que Drakayn était parti à la poursuite du petit. Il n'était toujours pas revenu. Et Sin s'impatientait.

« Laisse-le retrouver l'enfant... Cela ne doit pas être facile dans ces ruelles, fit Drakaïs en lui souriant.

- Tu es trop gentille. Comment peux-tu rester aussi calme ? Tu n'es pas agacée ? Si ça se trouve, il nous a laissé tomber !, s'exclama le Draconique en se levant rageusement.

- Tu t'imagines des choses et tu es impatient, c'est tout, tenta de le rassurer Drakaïs.

- Tu ne vas pas t'y mettre aussi ! L'entendre de ce râleur c'est une chose, mais de toi, c'est complètement différent !, s'agaça Sin avec un air boudeur.

- C'est moi, le râleur ? », demanda une voix teintée d'humour derrière lui.

Drakayn toisait le jeune Draconique, le petit voleur à ses côtés, visiblement malheureux d'être là où il était.

«  Ah ! Ce n'est pas trop tôt ! Tu sais depuis combien de temps on attend, nous ?, râla Sin en croisant les bras sur son torse.

- Et c'est toi qui me traite de râleur..., ricana le Démon. Tiens, Ariane !, fit-il en se tournant vers Drakaïs et en lui tendant l'arme dérobée.

- Merci, souffla Drakaïs en remettant la dague à sa place avec un grand soulagement.

- Fait plus attention dorénavant. Des voleurs comme lui, –Il désigna l'enfant. – tu en rencontreras encore beaucoup ici.

- Oui, oui. D'accord... »

Inutile de préciser au Démon que c'était parce qu'elle avait été éblouie qu'elle n'avait pas senti le petit s'approcher d'elle... Elle examina ce dernier. Il était jeune. Plus que Lya. Il devait avoir dans les huit ans, peut-être moins. Il était châtain clair et des mèches tombaient devant ses yeux, difficilement observable. Elle réussit finalement à voir qu'ils étaient bruns avec des reflets dorés.

«  Il s'appelle Anas. −Drakayn avança le garçon devant les autres. – Anas voici Ariane, la jolie demoiselle à qui tu as pris son arme et Sin, un imbécile qui a la fâcheuse manie d'agacer les gens. Il me semble que vous avez ce point en commun, et vous n'aurez donc aucun problème à vous entendre le temps que tu restes avec nous. »

Anas tressaillit sous ces paroles. Par les six... Que lui avait fait Drakayn ?

« Je ne t'en veux pas, tu sais, expliqua-t-elle à Anas en s'accroupissant devant lui. Je trouve que tu es très fort pour réussir à vivre ici.»

Le garçon leva des yeux teintés d'intérêt vers elle.

« Vrai de vrai ?

- Vrai de vrai. »

Elle lui caressa doucement les cheveux. Ils étaient un peu poisseux et méritaient d'être lavés.

« T'as l'air gentille... J'suis désolé d'avoir pris ta dague, murmura l'enfant en baissant les yeux au sol.

- Ce n'est pas grave. » , répondit-elle en lui souriant gentiment.

Elle se releva et lui prit la main.

« Tu vas rester un peu avec nous, d'accord ? »

Anas serra sa main avec crainte. Etait-il si apeuré que cela ? Drakayn... Qu'avait-il fait...

« Pas d'inquiétude, il ne t'arriveras rien ! Le méchant là-bas –Elle montra Drakayn de la main.− ne te fera rien. J'y veillerai. »

Les traits de l'enfant furent traversés par une vague de soulagement.

 «  Moi ? Le méchant ?, s'offusqua faussement Drakayn en jetant un coup d'œil au petit.

- Parfaitement. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais il est mort de peur. Regarde ! Il tremble lorsque tu poses les yeux sur lui !

- Pourtant, je n'ai rien fait. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact. Je ne lui ai rien fait à lui.

- Par les six ! Quoi donc ? Qu'as-tu fait pour l'effrayer autant ? », s'emporta la Draconique.

Elle serra plus chaleureusement la main d'Anas.

« Mais rien te dis-je ! Arrête de le chouchouter comme ça ! C'est un gosse, d'accord, mais un gosse des Souterrains ! Ne te fais pas avoir par sa bouille d'ange !, s'agaça à son tour le Démon.

- Justement ! Un enfant ! Bon sang, comment peux-tu être aussi froid !

- Mais oui, comment peux-tu être aussi froid ?, fit écho Sin en ricanant.

- Oh toi, ne commence pas.», grommela le Démon.

Cela l'irritait à présent. Pourquoi était-il si énervé aujourd'hui ? Ne pouvait-on pas le laisser en paix ? Et Drakaïs qui le regardait avec ces yeux... Comme s'il avait fait la chose la plus immonde au monde ! Mais il ne lui avait rien fait, à ce foutu gamin! Pas à lui en tout cas ! D'accord, il avait presque commis un meurtre devant lui, mais il ne l'avait pas fait ! Il s'était arrêté !

Il jeta un coup d'œil à Anas. Celui-ci tremblait et l'observait avec effroi. Sacré petit père... Drakayn voyait clair dans son jeu. Il retourna son attention sur la Draconique. Cette tête qu'avait Drakaïs ! Les sourcils froncés et la bouche fermée en ligne sévère, elle le foudroyait du regard comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Par les six ! Il fallait la voir ! Elle protégeait ce mioche comme si c'était le sien ! Alors c'était cela, l'instinct maternel ? Il en doutait. Elle semblait plutôt aimer les enfants.

Cette situation n'était pas sans lui en rappeler une autre... Ah oui. Celle avec Lya. Le cabot, avec qui il s'était « chamaillé ».

«  Si tu veux tout savoir, Ariane, j'ai laissé le gamin sain et sauf, et je te garantis qu'il l'est, pour toi. Je savais parfaitement que tu m'aurais fusillé du regard comme tu le fais à présent. Alors, puisque, je me répète, je n'ai rien fait, pourquoi est-ce que tu es justement en train de me regarder de cette manière ? », lança-t-il d'un ton coupant.

Sin observa Drakayn et Drakaïs tour à tour, la mine surprise tout en laissant échapper un sifflement. Qu'allait-il se passer maintenant ?

« Très bien. » fit simplement Drakaïs.

Les épaules du Draconiaque se détendirent enfin.

« Bon... Et si on passait à autre chose ?, proposa Sin pour détendre l'atmosphère. Henkiel, tu as bien dit que tu voulais aller quelque part, non ? Tu nous as bien trainé ici dans un but précis !

- Exactement. Dit, le mioche, tu vas pouvoir te rendre utile. Amène-nous aux fondations de la muraille la plus proche. ...s'il-te-plait, ajouta-t-il en voyant l'expression sévère de Drakaïs.

- Hein ? Tu veux dire que tout ce que tu voulais faire ici, c'était observer les murailles ? C'est décevant. On ne pouvait pas faire ça d'en haut ?, se plaignit Sin.

- Non, ce que je cherche à voir est seulement visible à ce niveau.

- Alors vous venez vraiment du dessus ?, s'exclama soudainement Anas.

- Oui, fit tendrement Drakaïs.

- C'est comment en haut ? Le ciel est vraiment bleu ? Et la mer ? Et les montagnes ? Dis-moi !, s'enthousiasma l'enfant.

- Quoi, tu n'y es jamais allé ? », lui demanda Drakaïs avec surprise.

Le petit garçon fit non de la tête.

« Evidemment, qu'il n'y est jamais allé, expliqua Drakayn. Il est né ici, il vit ici et il mourra ici. Ce sont les règles de Quantamoniam, des Souterrains. Ses habitants en sont ses prisonniers. Ils n'ont pas le droit d'aller dans la cité. Seuls ceux qui en ont l'autorisation le peuvent. Et s'ils veulent vraiment en sortir, ils doivent emprunter un des passages similaires à celui que l'on a pris, même si celui-ci est un peu différent des autres... Bref, autant te dire que c'est illégal et très dangereux.

- C'est affreux ! Tu veux dire que la plupart des personnes qui sont ici n'ont jamais aperçu la lumière du jour ?

- C'est ça.

- Rien d'étonnant lorsque l'on y réfléchi. La société a toujours été ainsi. Les plus riches en haut et les plus pauvres en bas, déclara Sin en haussant les épaules.

- Ola ! Préviens avant dire ce genre de chose !, s'écria Drakayn

- Ben quoi ?, voulu savoir Sin d'un air penaud.

- Lorsque tes paroles sont censées, on se demande si une catastrophe ne va pas arriver ! Tu es sûr que tu te sens bien ?, plaisanta le Démon.

- Ah ouai ? Vachement sympa, ça ! 

- Mais bien sûr ! C'est même la première fois que je suis aussi gentil avec toi !

- Très drôle ! –Sin rigola froidement.− Tu sais quoi, le râleur, je me demande si je ne vais pas t'appeler l'irritable. C'est bien la troisième fois que je te vois t'emporter et c'est passionnant !

- Oh ? Mais fait, je t'en prie ! De toute manière, les mots qui sortent de ta bouche n'ont aucun effet ! D'ailleurs, c'en est affligeant. Une créature immonde y arrive, ce mioche y arrive, mais toi, tu es bien incapable de m'énerver une seule seconde ! Voyons, Sin, tu me déçois ! »

C'est à partir de ce moment que Drakaïs cessa de suivre la conversation. Les voilà repartis dans leur jeu stupide... A croire que l'on ne pouvait jamais les en sortir définitivement... Elle commença alors à expliquer à Anas à quoi ressemblait le monde tandis qu'il les guidait dans les ruelles, les éclats des deux autres les suivant de près.

Elle n'oublierait jamais la lueur d'émerveillement qu'elle vit alors dans les yeux du petit

Un mur immense s'élevait devant eux, froid et épais. Le même qu'ils avaient aperçu lorsqu'ils étaient à l'extérieur.

«  Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?, demanda Sin.

- Tu attends et tu me laisses observer.», répondit Drakayn en s'approchant du rempart.

Chose surprenante, c'est ce que fit Sin. La curiosité le rongeait. Il mourrait d'envie de savoir ce que Drakayn allait faire.

Celui-ci se posta devant du rempart et l'examina, sa main posée contre son menton.

«  C'est comme je l'ai déjà remarqué, déclara-t-il au bout d'un moment. Le sort semble venir de ces sous-sols...

- Pourquoi penses-tu cela ? », l'interrogea Drakaïs.

Elle n'osait pas vraiment étudier le mur comme le faisait le Démon. La dernière fois qu'elle l'avait fait, elle avait été traversée par une sensation des plus particulières, et elle n'était pas prête à renouveler l'expérience.

«  Eh bien, la magie que dégage le sort est, comment dire, plus palpable ici. Elle semble prendre racines dans les murailles et dans ces lieux.

- Ola ! Ne partez pas là-dedans, vous allez me perdre ! La dernière fois, j'ai réussi à vous suivre mais quelque chose me dit que ce ne sera pas le cas cette fois-ci !, s'exclama Sin en rigolant. Et puis, je vous rappelle que nous ne sommes pas seuls ici. », continua-t-il en montrant Anas d'un mouvement de la tête.

Le gosse. Trop investi dans ses recherches, Drakayn avait fini par l'oublier.

« Bon, tu as remplis ta part du marché, à moi de remplir la mienne. Tu es libre, tu peux filer ! »

Anas les observa, la mine défaite, semblant avoir du mal à comprendre ce qu'il venait d'entendre.

« Eh bien ? Qu'est-ce que tu attends ? Déguerpis !, dit Drakayn d'un ton sévère.

- Henkiel !, le rabroua Drakaïs.

- Quoi ? Il ne faudrait pas qu'il mette davantage le nez dans nos affaires !

- Ce n'est pas une raison pour être aussi violent ! »

Mais pourquoi était-elle si protectrice ? Par les flammes du Mal, pourquoi était-il si tendu aujourd'hui ? Etait-ce parce que ces lieux lui rappelaient les bons souvenirs aussi bien que les mauvais ?

Toutes ces questions qui l'assaillaient... On aurait dit Drakaïs. Cette idée le fit rire et cette action fit à son tour froncer des sourcils Drakaïs. Elle était surement en train de croire qu'il se moquait d'elle. Ce n'était pas tout à fait faux, mais ce n'était pas pour ce qu'elle pensait.

« T'es bizarre.», fit Anas à l'intention de Drakayn.

Eh bien ! Le petit s'était assez enhardis et remis de sa terreur pour lui sortir une chose pareille ! Sûrement grâce à la présence de Drakaïs.

«  Ah oui ? Que veux-tu dire par là ? », siffla-t-il en s'approchant de lui avec un air menaçant.

Le bambin se cacha immédiatement derrière la Draconique.

«  Henkiel ! », le prévint-elle, les mains sur les hanches.

Sin pouffa à côté d'eux.

Et voilà. Elle était complètement du côté du mioche. Le petit l'avait compris et il en tirait profit. Il sortit la tête de sa cachette et tira la langue à Drakayn avant de s'enfuir en courant et de disparaitre dans les ruelles.

Ce petit con...

Ses mèches brunes réapparurent aussitôt et il lança, un sourire éclatant sur les lèvres :

- Au revoir, Ariane ! Reviens m'voir la prochaine fois qu'tu viens ! »

Puis, il balaya frénétiquement l'air de sa main d'enfant.

« Enfin partis. Ce n'est pas trop tôt !, soupira Drakayn.

- Je te ferais dire que c'est toi qui l'as amené..., rétorqua Drakaïs.

- Oui, eh bien, je le regrette presque. 

- Il était mignon, je trouve... Il me rappelle Lya au même âge. »

C'était donc bien cela. Pas étonnant qu'il ait été si agacé par le mioche...

«  Lya ?, fit Sin, visiblement intéressé.

- Ma petite sœur, déclara Drakaïs, un air doux sur le visage.

- Une emmerdeuse de plus.», répondit Drakayn en même temps.

Il eut de nouveau droit aux yeux remplis de colère de la Draconique.

«  Pour être exacte, je la considère comme ma petite sœur. C'est un Loup-Garou, elle a douze ans, expliqua Drakaïs en jetant un dernier regard noir au Démon.

- Et Drakayn ne l'aime pas trop on dirait..., fit Sin en rigolant.

- Ne t'inquiète pas, c'est réciproque ! », rétorqua le Démon en grimaçant.

Il ne voulait vraiment pas revoir le cabot, et si, hélas, cela devait se produire, il espérait que cela arriverait le plus tard possible.

« Tu ne t'entends pas avec les enfants, hein ? », demanda Sin en ricanant.

C'était plus une affirmation qu'une question.

«  Je n'ai rien de particulier contre eux, mais je dois avouer qu'ils ont une facilité déconcertante à me mettre hors de moi...

- Ah oui ? Je prends note... »

Le Démon haussa simplement les épaules. Inutile de poser la question à Drakaïs, il était clair qu'elle les adorait. Il n'y avait qu'à voir sa façon de se comporter avec eux : cela sautait aux yeux.

« Bon, et on peut savoir pourquoi tu es venu ici, nous entrainant avec toi par la même occasion ?, demanda Sin en baillant.

- Pour observer le sort. Avec Fergon on est sur une même piste. Je lui en avais parlé avant qu'on ne se sépare et que j'aille dans la forêt Originelle. On dirait qu'il a trouvé quelque chose pendant mon absence et il voudrait mon avis dessus.

- Mais en quoi cela nous aidera-t-il d'examiner les remparts ?, continua Sin, qui ne comprenait pas.

- Vous voulez briser le sort, n'est-ce pas ? », fit Drakaïs, qui elle, avait saisi ce que proposait le Démon.

«  Eh bien, oui, c'est la solution à laquelle nous pensons. Ce serait la plus efficace mais c'est loin d'être la plus facile. Un sort aussi complexe... y venir à bout demandera un travail colossal.

- Wow... Effectivement, vous voulez employer les grands moyens ! », s'émerveilla le jeune Draconique.

Drakaïs, elle, réfléchissait. Elle n'était pas d'accord. Elle était sûre qu'il y existait un autre moyen.

«  Ce serait dommage..., s'exprima-t-elle au bout d'un instant.

- De quoi ? », la relança vaguement Drakayn, la majeure partie de son attention rivée sur la muraille.

- De détruire le dôme.

- Peut-être, mais nous ne voyons pas d'autres solutions.

- Je pense que j'en ai une. »

Cette fois, elle avait toute l'attention du Draconiaque.

« Ah oui ?

- Je n'en suis pas sûre... »

Elle avait cette sensation... Oui, cette sensation qu'ils disposaient bien d'un autre moyen. Elle le sentait. Non, plus que cela, elle le savait. Elle l'avait entendu quelque part... mais où ? Comme c'était agaçant ! Elle pouvait presque s'en rappeler. Elle l'entendait. On le lui disait.

« Un autre moyen. »

Elle se répétait cette phrase, encore et encore pour provoquer le déclic. Le mal de tête commençait à poindre, signe qu'elle approchait du but. Drakayn, ayant remarqué son changement d'attitude, s'avança vers elle, mais elle l'arrêta d'un signe de la main. A côté, Sin les observait, confus.

« Qu'est-ce qu'elle a ?

- Cette idiote fouille dans son esprit, et elle ne devrait pas.», marmonna le Démon, sa colère commençant à reprendre le dessus sur le calme qu'il avait réussi à recouvrer.

Dans quelle situation ? Oui, dans quelle situation avait-elle entendu ceci ? Quand ? Où ? Pourquoi ? La révélation fut violente. Jamais elle n'avait réclamé une vision ainsi et elle ne s'était pas attendue à ce qu'elle vienne avec autant de force et de douleur. Elle en eut le souffle coupé et s'évanouit devant les regards stupéfaits des deux autres.

Elle était sur un îlot céleste, au Paradis. L'homme encapuchonné, Inviat, était là depuis quelques temps maintenant, et elle commençait à s'habituer à sa présence. Il était toujours en grande conversation avec Seth. Se demandant de quoi ils pouvaient bien parler, elle décida de faire sa fouineuse et d'écouter les paroles échangées entre les deux hommes.

« Tu te rappelles cette fois où Caï à été bourré, à Quantamoniam ? C'était la première et la dernière fois que ça lui arrivait !»

Seth hocha la tête, un mince sourire sur les lèvres.

« C'était il y a si longtemps... Tellement longtemps que je suis bien incapable de te dire exactement quand !, rigola Inviat.

- Je crois que c'est la même chose pour moi...

- Eh oui ! On est vieux, qu'est-ce que tu crois ! Les souvenirs commencent à se mélanger...

- Peut-être, mais je me souviens encore clairement de certains détails. Nous étions les quatre réunis. Hyder était encore jeune à cette époque...

- Oui, c'est vrai. Je crois bien qu'il devait avoir dans les douze ans... Sapristi ! C'était il y a vraiment longtemps !, s'esclaffa Inviat en tapant Seth dans le dos.

- Donc, pourquoi me parles-tu ce cela maintenant ? Sans vouloir te vexer, on discutera des vieux souvenirs après avoir sauvé Onyx.

- Oui, oui. Mais j'ai une raison bien particulière pour t'en parler. Tu n'as vraiment pas changé. Quand tu te focalises sur quelque chose, impossible de t'en défaire ! Réfléchis ! Il n'y a rien qui te vient à l'esprit quand je te parle de Quantamoniam ? 

- Si, répondit Seth d'une voix blanche, son visage se faisant plus sombre. Mais la chose ne nous sera pas utile.

- Non, non. Pas ça. Désolé, je ne voulais pas parler de ça... Bon, tu n'en a aucune idée, hein ? Tu es de nouveau focaliser sur autre chose... et pas sur une bonne. », marmonna Inviat.

Seth hocha la tête. Il avait le regard ailleurs et vide. Que pouvait-il bien voir à cet instant ? De mauvais souvenirs, cela, elle en était sûre. Quantamoniam... Où avait-elle entendu ce nom ? Cela lui revint soudainement. C'était une ville de l'Empire, dans l'Eden.

Elle regarda l'homme aux yeux verts avec plus d'insistance. Ce Nécromancien... Quel imbécile ! Cette cité était synonyme de malheur pour Seth ! Elle le savait, elle avait été là pour lui, avec Onyx, quelques jours après le drame qu'il y avait vécu.

« C'est le Passage, c'est cela ?, murmura Seth après un long silence.

- Bingo ! Tu as été long cette fois ! Mais je suppose que c'est de ma faute... J'ai été bête de ne pas plus préciser mon idée. Encore désolé. Je sais ce que signifie cette ville pour toi, s'excusa de nouveau l'homme aux yeux verts d'un air abattu.

- Ce n'est rien. C'était il y a longtemps. Arrête d'être malheureux. Ce n'est rien, te dis-je ! Inviat, mon frère, c'est moi qui vais finir par te consoler si cela continue ! », dit Seth en riant pour lui montrer que sa tristesse était passée.

Inviat rigola avec lui.

« Tout de même, ce passage, je me demande s'il est encore là..., déclara le Nécromancien en se passant sa main dans ses cheveux bouclés.

- Sans aucun doute. J'y suis allé il y a deux siècles. Le tunnel était intact. On aurait dit qu'il venait d'être creusé.

- Rien d'étonnant quand on sait que c'est toi qui l'a fait ! C'est triste tout de même, fit-il soudainement d'un air accablé, les habitants de Quantamoniam se croient en sécurité alors qu'ils ont une immense brèche dans la barrière qu'ils ont si durement payé... »

Seth haussa les épaules.

«  Nous sommes les seuls à connaître l'existence de ce tunnel et nous serons les seuls à savoir. Sinon, ce que j'ai accomplis ce jour-là sera inutile.

- Donc, tu penses que personne ne l'a découvert ?

- Aucun risque. J'y ai veillé il y a bien longtemps, et j'y veille toujours, affirma Seth en plantant ses yeux bleus dans ceux de son frère.

- Quel gardien tu fais...

- Ne te moque pas, lui ordonna Seth, un air faussement sévère sur le visage.

- Loin de moi l'idée de le faire !, rétorqua le Nécromancien en levant les mains en l'air.

- Mais oui..., ricana Seth en secouant la tête.

- Alors, penses-tu que tu pourras refaire une entrée du même genre pour nous frayer un chemin à travers la forteresse que tu m'as décrite ? 

- Me demandes-tu cela sérieusement ou est-ce encore une plaisanterie de ta part ?, fit Seth en arquant un sourcil.

- Les deux. Alors ?

- Evidemment, répondit Seth.

- Bon, c'est donc réglé ! On sait comment entrer. Il ne nous reste plus qu'à trouver Onyx et comment sortir. Bon, c'est déjà ça !, plaisanta Inviat.

- On sortira de la même manière, non ?

- Voyons ! Je t'ai connu plus inventif ! »

Seth le tapa sur l'épaule.

« Idiot. Soit plus sérieux !

- C'est toi qui l'est trop ! On dirait que tu as un balai planté dans le c_ »

Elle cessa de les écouter. Onyx était prisonnier des Anges et eux, ils trouvaient le temps de rire ! Etait-elle la seule à se ronger les sangs ? Elle observa une dernière fois Seth. Il avait un léger sourire sur les lèvres, sûrement à cause des bêtises que sortait l'autre encapuchonné... Mais dans ses yeux à la teinte si singulière, elle vit ce qu'elle recherchait. C'était difficile de le remarquer, mais elle, qui le connaissait depuis tant de temps, se savait l'une des rares personnes à pouvoir le voir : de l'inquiétude. Non. Elle n'était pas la seule. Il aurait été stupide de le penser.

Elle avait failli oublier à quel point l'homme aux yeux bleus était maître de ses émotions à certains moments.

Elle contempla le lointain. Les nuages se teintaient de la couleur écarlate, semblant s'embraser, tel un feu sauvage ravageant une étendue. Un spectacle habituel pendant le crépuscule. Déjà le soir... Ils perdaient tant de temps... Onyx... Que faisait-il à cet instant ? Lui seul le savait et y penser ne faisait qu'alourdir son cœur de chagrin et d'inquiétude.

Drakaïs ouvrit doucement les yeux. Elle avait la tête posée sur l'épaule de Drakayn, qui la portait sur son dos. Comme elle l'avait fait avec sa grande sœur le jour de sa mort.

Elle serra ses doigts sur les vêtements du Démon.

« Alors, on est réveillée ? », fit Drakayn d'une voix chaleureuse.

Elle répondit par un gémissement auquel le Draconiaque prêta son rire.

« Tu nous as filé une sacré frousse ! Drakayn avait l'air habitué par ton petit numéro, mais je peux te dire que te voir t'évanouir comme ça, sans raison apparente, était très inquiétant !, s'exclama Sin en apparaissant dans son champ de vision.

- Je t'ai déjà dit que cela arrivait souvent, déclara Drakayn.

- Justement. Ce n'est pas anormal ?

- Peut-être. En tout cas, pour le moment, ce n'est jamais allé plus loin que des évanouissements. »

Drakaïs remarqua qu'ils étaient sortis des Souterrains. La nuit était tombée sur la ville et au vu de l'air frais qui y régnait, depuis déjà un bon bout de temps. Elle frissonna de froid.

« Met lui ça sur les épaules.», ordonna Drakayn à Sin en tendant une veste au Draconique.

Le tissu la réchauffa alors rapidement et elle se pelotonna dedans avec soulagement. Elle était pâteuse et n'arrivait pas à suivre le fil de ses pensées correctement.

Comme Drakaïs l'avait prévu, il avait plu, car les pavés de la rue et les toits étaient trempés. Une odeur d'humidité flottait dans l'atmosphère, et le ciel, complètement noir et vide d'étoiles, montrait que les nuages n'avaient pas encore fini de déverser leur contenu sur eux.

Elle avait la tête douloureuse. Une migraine était à l'œuvre et réfléchir était difficile pour elle, pourtant, elle parvint à murmurer, d'un souffle quasiment inaudible:

- L'autre moyen... Je m'en souviens...

- Chut... Repose-toi, Drakaïs. Nous parlerons de cela plus tard. », lui conseilla Drakayn avec toute la délicatesse qu'il pouvait.

Elle ne fut jamais aussi contente de l'écouter et enfouit sa tête dans son épaule. Drags avait-elle ressenti ce sentiment de protection lorsqu'elle l'avait portée de la même manière ?

Elle pleura silencieusement pendant tout le reste du trajet de l'auberge, ses sanglots seulement audibles par Sin et Drakayn qui ne disaient rien, ayant trop peur d'aggraver la situation pour l'un et parce qu'il n'avait rien à dire pour atténuer son chagrin pour l'autre.

« Et tu dis que ce n'est pas la première fois que cela arrive ? demanda Achoura à Drakayn d'un air préoccupé.

- Non.

- C'est étrange... Il faudrait qu'elle consulte un guérisseur...

- Un guérisseur ne pourrait rien pour elle. Personne ne peut rien pour elle, à part peut-être celui qui lui jeté ce sort, rétorqua amèrement Drakayn.

- Que dis-tu, un sort ? Barbe et sabot du grand Dhenin, quelqu'un l'a ensorcelée ?, s'exclama Achoura en l'observant avec de grands yeux.

- Oui. Et c'est un sort plutôt puissant qui est à l'œuvre : celui de l'oubli. Et même parmi ce type de magie, je suis sûr que c'en ait un particulièrement complexe. Il ne laisse aucune trace et ne se manifeste jamais.

- Une telle puissance... Tu es sûr qu'elle est vraiment ensorcelée ?, s'interloqua Fergon en fronçant les sourcils.

- Les douleurs à la tête lorsqu'elle essaye de se rappeler de quelque chose, ses évanouissements lorsqu'elle fouille trop, le fait qu'elle n'ait pas pensé à sa famille malgré les horreurs qu'elle a vécu et que ces souvenirs lui reviennent maintenant... Tout cela et d'autres choses encore font que je suis sûr de ce que j'avance. Elle est ensorcelée, là n'est pas la question. Elle serait plutôt dans qui et pourquoi.

- Tu me permettrais de l'examiner ?, demanda Fergon. Je savais bien que Drakaïs était hors du commun, mais si ce que tu racontes est vrai, elle l'est sûrement encore plus que je ne le pensais. Sinon, pourquoi prendrait-on la peine de placer un sort pareil sur elle ?

- Ne vas pas fouiller dans son âme –Car c'était cela qu'il entendait par « l'examiner ».−, et encore moins sans sa permission. Pour le moment, elle se repose. Laisse-la dormir.

- Dis-tu alors que c'est exactement la chose que tu as faite il n'y a pas si longtemps. », ricana son ami.

Les yeux de Fergon pétillaient d'amusement, tout comme ceux de Drakayn.

« Ce que je veux dire par là, c'est que ce n'est pas le moment pour ça, fit Drakayn en portant un verre d'alcool à ses lèvres.

- Drakayn..., la voix d'Achoura s'éleva à côté de lui, menaçante.

- Oui ?, fit-il d'un air innocent alors qu'il savait très bien ce qu'elle allait lui dire.

- Est-ce que j'ai bien compris : tu as fouillé dans l'âme de Drakaïs et cela alors que tu ne la connaissais pas ?

- Oui.», acquiesça-t-il, l'air le plus sérieux du monde.

Ils se jaugèrent un long moment, les autres attendant l'issu de cet échange. Finalement, Achoura soupira longuement avant de lâcher:

- Je pensais que tu ne savais pas t'y prendre avec les femmes, mais à ce point...

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Les femmes raffolent de moi ! », s'exclama-t-il avec un sourire éclatant.

La Draconiaque se contenta de secouer la tête.

Akhal observait les deux Démons, en particulier Drakayn. Ce connard... Comment avait-il pu faire une chose pareille à Drakaïs ? Ne savait-il pas que l'âme était la chose la plus privée qui soit ? Autant parler à un mur. Les Démons n'avaient aucun respect. A la vue du Draconiaque, son bras lui fit mal. La vieille blessure infligée par le Démon était régulièrement douloureuse, surtout lorsqu'il l'apercevait. Un petit cadeau au goût bien amer depuis leur dernier affrontement...

« Je vais la voir.», déclara soudainement le Draconique.

Drakayn se tourna vers lui, de la colère dans les yeux.

« Elle doit se reposer.

- Je vais lui administrer un antidouleur, imbécile. Si ce que tu dis est vrai, alors ses souffrances doivent être insupportables et cela l'empêchera justement de se reposer.», siffla Akhal.

Ils continuèrent à s'affronter du regard jusqu'à ce que le Démon s'exprime :

- Soit. »

Puis, Drakayn se tourna de nouveau et partit dans une conversation avec Fergon et Sin. Akhal insulta silencieusement le Démon. Comme s'il avait besoin de son autorisation pour aller voir la jeune fille... « Ce serait plutôt le contraire. », pensa Akhal en jetant une dernière œillade au Draconiaque.

Le Draconique monta silencieusement les escaliers, sa colère s'effaçant un peu plus à chaque marche qu'il montait. Il se planta devant la porte de Drakaïs et se trouva soudainement hésitant à entrer, sa main suspendue sur la poignée. Ne commettait-il pas une erreur en allant la voir ? Non. Il ne prenait aucun risque. Et il ne pourrait pas se tenir à l'écart d'elle plus longtemps. Il prit une grande inspiration et pénétra dans la chambre.

Elle ne dormait pas. Le contraire l'aurait étonné. Elle était assise sur le bord du lit et contemplait l'extérieur, emmitouflée dans ses couvertures.

Le cœur d'Akhal se sera à sa vue. De nouveau, l'hésitation le saisit.

« Drakaïs.», l'appela-t-il doucement.

Elle ne changea pas de position, mais souffla juste un « Oui ? » épuisé. 

« Si tu es d'accord, je peux t'administrer un antidouleur pour ta migraine, lui proposa-t-il en faisant en un premier pas incertain vers elle.

- C'est possible ? »

Cette fois, elle le regardait. Il se figea lorsqu'il vit son visage ravagé par les larmes et le désespoir. En l'apercevant dans un tel état, il laissa définitivement ses doutes de côté et élimina la distance qui les séparait en quelques secondes.

« Oui, répondit-il en s'asseyant près d'elle.

- Comment ?

- Avec de la magie. Un petit sort de guérison. », lui apprit-il avec un sourire rassurant.

Elle eut un rire sec.

« Tout est si simple avec la magie. Je me demande si j'aurai pu sauver ma sœur avec..., chuchota-t-elle en regardant de nouveau dehors.

- Drags ? »

Elle hocha la tête, n'ayant même pas la force de se demander comment il connaissait le nom de sa sœur.

« Je l'ai connue.», lâcha-t-il soudain.

Il se demanda rapidement si lui révéler cette information ne mettait pas en danger la promesse qu'il s'était faite. Non. Rien ne pouvait mener Drakaïs à arriver à de telles conclusions...

Suite à sa déclaration, il eut une nouvelle fois toute l'attention de la Draconique. Il l'examina dans l'obscurité, comme il le faisait à chaque fois qu'il la voyait. De long cheveux roux, si différents des siens, tombaient jusqu'au bas de son dos et des mèches dépassaient sur son visage. Elle avait l'air sauvage et cela la rendait magnifique. Ses yeux verts, eux, étaient comme des émeraudes qui brillaient de mille feux.

« Ta sœur, Drags. Je la vois encore bébé, ou tout juste assez grande pour pouvoir marcher. Je n'avais pas fait assez attention à elle à cette époque. Ce n'était qu'une enfant, et j'avais d'autres préoccupations. Je le regrette, à présent. Par contre, pour ce qui est de ta mère, je peux te dire que je la reconnais en toi. Vous avez le même nez, sans doute la même bouche et la même forme de visage. Vous êtes toutes deux très belles.»

Il posa sa main contre le front de la Draconique, ce contact brusque la faisant sursauter.

« Ne t'inquiète pas. C'est juste pour te soigner, la rassura-t-il.

- Comment une telle chose est-elle possible ? Je ne t'avais jamais vu avant Quantamoniam.», demanda-t-elle, de l'incompréhension dans sa voix.

Ce qu'elle disait était vrai et il regrettait amèrement que ce soit le cas.

Une légère chaleur irradia tout à coup le front de Drakaïs. Ce n'était pas douloureux. Non, c'était agréable et ses souffrances dues aux maux de tête disparurent instantanément.

« C'était avant ta naissance. Lorsque ta mère n'avait pas quitté la maison de mon père et qu'elle était la femme de son ami le plus précieux. Elle est partie après sa mort. Je ne sais plus exactement. Mais tu dois savoir que mon père n'a jamais cessé de s'en vouloir de vous avoir laissé partir toutes les trois et de ne pas avoir pu tenir la promesse qu'il avait faite à ton père.

- Je ne savais pas, fit-elle en baissant la tête.

- Ce n'est pas grave. »

Bien sûr qu'elle ne savait pas... Leyra, sa mère, avait toujours été une personne mystérieuse et discrète, qui gardaient pour elle ses secrets. Akhal ne lui avait pas beaucoup parlé, mais il l'avait tout de suite compris.

De nouvelles larmes coulèrent sur les joues délicates de la Draconique et il les écarta des doigts. Doucement, il la prit dans ses bras, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Comme elle était menue ! Bien plus qu'il ne le pensait. Il la berça comme une enfant, lui murmurant des paroles apaisantes, jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans ses bras, d'un sommeil réparateur et serein. Alors enfin, il se permit de la lâcher et de la mettre dans son lit. Puis, en lui jetant un dernier regard rempli de tendresse, il quitta la pièce, en fermant silencieusement la porte derrière lui.

Il tomba nez à nez avec Achoura et Drakayn. Ce dernier dardait sur lui ses pupilles rouges comme le sang, qui étaient à ce moment précis remplies de fureur. Etait-ce de la jalousie que le Draconique y voyait ? « Je ne le laisserai pas avoir Drakaïs.», se promit Akhal. Lui vivant, elle ne serait jamais aux mains d'un type pareil.

« Eh bien..., commença Achoura, un air surpris sur le visage. Je n'aurais jamais pensé que tu agirais ainsi avec elle.

- Et pourquoi donc ? », lança-t-il d'un ton acerbe, en gardant néanmoins sa voix basse, pour ne pas prendre le risque de réveiller Drakaïs.

Il en avait assez de garder cette image polie et calme.

Là aussi, elle marqua son étonnement face à sa réplique. Il les dépassa, les laissant seuls dans le couloir. Il pouvait sentir le regard brûlant de haine de Drakayn sur son dos, qui ne le quittait pas. Qu'il s'épuise donc à le détester...

« De toute manière enfoirée, le sentiment est partagé ...», murmura Akhal sans prendre le temps de cacher son animosité dans ses paroles.

Achoura resta un instant planté stupidement, sans réelle réaction. Puis, aussi vif qu'un serpent, elle partit à la suite du Draconique, laissant le Démon derrière elle, qui cessa enfin de fixer Akhal pour entrer dans la pièce où dormait Drakaïs.

« Akhal.», l'interpela Achoura.

Il ne se retourna pas. En cet instant, il n'avait pas la patience nécessaire pour la supporter.

« Akhal !, s'exclama-t-elle plus fort en le prenant pas le bras.

- Quoi donc ?, demanda-t-il, agacé, en s'arrêtant à la moitié de l'escalier.

- Ta façon d'agir avec Drakaïs... Tu as le béguin pour elle ? », demanda-t-elle, le ton amusé.

Elle posait cette question par curiosité. Elle n'avait pas de raison particulière. C'était juste sa conscience de Démon qui lui soufflait de poser cette question indiscrète et brutale.

Il la regarda avec une expression indéchiffrable.

« Je ne vois même pas pourquoi je devrais répondre à une question pareille.», déclara-t-il en se dégageant.

Achoura resta un instant immobile, la bouche ouverte sous l'effet du choc. Mais un sourire sournois apparut très vite sur ses lèvres pulpeuses. Le si calme Akhal qui ne s'énervait qu'en la présence de Drakayn cachait quelque chose, elle y mettrait sa main à couper... Il avait des talents de menteur qu'elle ne lui avait pas soupçonnés. Drakaïs, Akhal et Drakayn. Le trio promettait d'être riche en divertissement...

Drakayn contemplait Drakaïs qui dormait profondément et paisiblement. Sa chevelure de feu était étalée sur l'oreiller blanc, offrant une vue saisissante. Il prit une mèche et la manipula délicatement entre ses doigts. Ses cheveux étaient toujours aussi doux que la soie... La jeune fille souriait dans son sommeil. C'était un sourire calme et apaisé. Il laissa retomber la mèche qu'il tenait et se passa une main dans sa tignasse brune indisciplinée, une expression préoccupée barrant son visage.

Akhal l'irritait. Rien d'inhabituel, mais plus qu'auparavant. Il revoyait le Draconique, tenant Drakaïs dans ses bras... Une bouffée de rage envahit son cœur. Il avait pris Drakaïs dans ses bras. Et c'était cela qui l'énervait autant. Il fronça ses sourcils. De la jalousie ? Il ricana sèchement, de la moquerie se mêlant à son éclat. Sauf que cette fois, il se riait de lui-même. Il était jaloux d'Akhal. Ainsi, il en était réduit à cela...

Il soupira doucement tout en caressant la tête de la Draconique endormie.

«  Si tu savais tous les ennuis que tu me causes... », murmura-t-il en souriant amèrement.

Mais vu son air paisible, elle n'en avait aucune idée. Il examina son visage, cherchant le moindre indice qui pourrait lui apprendre ses pensées. Son regard se stoppa abruptement sur un élément : ses lèvres entrouvertes en une invitation silencieuse.

« On n'a pas idée de dormir comme ça, avec une tête pareille... », chuchota-t-il encore en se penchant vers elle.

Il avait beau savoir que c'était une mauvaise idée, il était comme attiré. Impossible de se défaire de cette emprise. Mais alors qu'il était sur le point de l'embrasser, il se ravisa, un rictus aux lèvres. Il s'accouda à côté d'elle, l'admirant. Elle était magnifique. Il n'avait pas d'autres mots pour la décrire en cet instant. Elle était délicate mais forte. Troublante mais attirante. Têtue mais déterminée. Chacun de ses défauts était caché par une qualité plus incroyable.

Il pensa qu'elle était sans défense, et que, s'il le voulait, il pouvait l'embrasser sans même qu'elle ne s'en rende compte comme il avait failli le faire plus tôt. Puis, une fois cette pensée passée, il se rendit compte que c'était le contraire. Comme il l'avait montré lorsqu'il s'était arrêté dans son massacre dans les souterrains, qu'il avait épargné le gosse, ou encore à présent, lorsqu'il n'avait pas pris ses lèvres. Ce n'était pas elle qui était à sa merci, mais lui qui était à la sienne.

« Quel étrange sentiment... », souffla-t-il.

Il approcha sa main du visage de Drakaïs et passa un pouce sur sa joue, à l'endroit où le sillon de ses larmes était encore visible. A l'endroit où les doigts d'Akhal avait fait le même geste. Encore une fois, cette jalousie l'étouffa, mais il la repoussa dans un recoin de son esprit. Il n'en avait pas besoin.

Elle voyait des songes qui paraissaient agréables au vu de son expression. A quoi pouvait-elle bien rêver ? Il aurait aimé être dans sa tête pour pouvoir voir les mêmes choses qu'elle. Il le pouvait, il suffisait pour cela qu'il aille fouiller son âme. Mais encore une fois, il ne le fit pas.

Il se plaça sur le dos, repliant ses bras sur son visage.

« Soit heureuse, Drakaïs. Tu as réussi là où tous ont échoué : tu me contrôles. »

Un rire silencieux, froid, secoua son torse, puis il se leva et quitta la chambre.

Avant de fermer la porte, il lui lança un dernier regard accompagné de cette réplique :

« Demain sera une journée chargée. Dors bien, partenaire...»

Lui, allait avoir toutes les difficultés du monde à le faire après la révélation qu'il venait d'avoir.


Note: Alors, alors... Je vous avouerais que j'ai plutôt peur de vos réactions sur ce chapitre... Pourquoi ? Akhal. Enfin, pour être exacte, à cause d'Akhal, de Drakaïs et de Drakayn. Est-ce qu'un triangle amoureux est en train de se mettre en place ? Mystère et boule de gum ! En tout cas, sachez que je déteste ces trucs (surtout lorsqu'ils sont mal foutu !). Mais bon, il y a des choses que je déteste lire et que je prends un ardent plaisir à mettre en place dans mon récit... En tout cas, ne vous étonnez pas si je reste évasive sur le sujet, si vous me posez des questions dessus dans les commentaires.

J'ai conscience qu'il y a beaucoup de blabla "inutile" dans ce chapitre. C'est un parti pris :) ! J'adore écrire mes personnages, et surtout, comment ils évoluent côte à côte, et les dialogues sont parfaits pour ça ! Donc, j'espère que je ne vous ai pas ennuyé avec :) !

Il se passent beaucoup de chose dans ce chapitre... Les Souterrains, tout d'abord. Puis Anas, même s'il n'est pas vraiment important pour le moment. Le Passage, ensuite. Et pour finir, Akhal et Drakaïs. Ou Drakayn et Drakaïs.

Beaucoup. De. Choses.

*soupire*

Pour ceux qui auraient des doutes: oui, Drakayn a réalisé qu'il aimait Drakaïs. Avec un grand A, oui. Pas de panique ! Ça ne partira pas dans le gnangnan (je vais tout faire pour l'éviter !) !

Hâte de voir vos réaction (même si j'ai un petit peu peur...) !

A la prochaine :D !

Ps: Bon, bon... Ça stagne un peu, niveau longueur ! Bien !

Ps 2: Je vous réserve une surprise pour les 1 000 vues :D !

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