Chapitre 10:
La ville était parcourue d'une grande agitation. Les gens s'affairaient dans les rues pavées autour des boutiques et des stands installés. La foule était opaque et Drakaïs était obligée de coller Drakayn pour ne pas le perdre de vue ou être séparée de lui. Chose qui ne devait absolument pas arriver étant donné qu'elle ne connaissait pas la cité, au contraire du Démon, qui y était déjà allé.
« Est-ce que c'est jour de marché ?, voulu savoir la Draconique.
- Non. C'est toujours comme ça ici. Quantamoniam est connu pour ses marchands et surtout pour ceux qui vendent des équipements.», répondit-il sèchement.
Drakaïs s'abstint de faire un commentaire sur le ton du Draconiaque. A voir ses réactions, il était encore agacé à cause d'Inviat. Elle préféra alors le laisser se calmer avant de pouvoir avoir une conversation avec lui.
Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Drakayn en colère, mais elle comprenait au vu de son dos et de ses muscles tendus, qu'il avait du mal à se contrôler.
Elle attarda son regard sur les boutiques exposées à l'extérieur. Des marchands tentaient d'attirer l'attention de potentiels clients en décrivant leurs produits.
Drakaïs n'aimait pas les villes... Pour elle, il s'y trouvait trop de gens susceptibles de la tuer. Elle ne pouvait s'empêcher de jeter quelques coups d'œil suspicieux autour d'elle et devait se retenir. En faisant cela, elle paraissait suspecte et attirait l'attention. Tout ce qu'elle ne voulait pas... Elle avait l'impression que tout le monde savait ce qu'elle était et qu'ils se jetteraient à tout instant sur elle pour la massacrer. Encore une fois, elle devait garder toute sa concentration pour ne pas se transformer... Un geste de défense qui était vraiment capricieux...
Le bruit l'entourait et elle était secouée dans tous les sens. Elle attrapa le bras de Drakayn. Ou plutôt, ce qu'elle pensait être le bras de Drakayn. Car ce fut une toute autre personne qui se retourna en lui lançant un regard interrogateur. Elle lâcha prise et chercha le Draconiaque dans la foule. Mais hélas, c'était trop tard.
Drakayn avait disparu.
Elle était perdue.
« Génial... », soupira-t-elle.
Qu'allait-elle bien pouvoir faire maintenant, seule, dans une ville qu'elle ne connaissait pas ?
∞
Drakayn était encore frustré de s'être fait berné par Inviat. Enfin, presque « berné »... En effet, il avait tout de suite compris que le Nécromancien cachait quelque chose, mais c'était surtout le fait qu'il n'ait pas réussi à l'attraper qui l'énervait le plus. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il retrouverait Inviat pour lui faire cracher tout ce qu'il savait... Chose quasiment impossible quand on savait ce qu'était Quantamoniam : un gigantesque labyrinthe. Avec ses nombreuses ruelles et ses innombrables souterrains, il ne voyait pas d'autre terme pour qualifier la cité.
Il ne put s'empêcher de lâcher un claquement de langue furieux en y réfléchissant.
Il observait les alentours avec désintérêt. Cela faisait cent ans qu'il n'était pas retourné dans cette cité et elle n'avait pas changé : toujours aussi fourmillante d'activités...
L'avenue pavée semblait être sans fin... Il n'avait qu'une hâte: rejoindre les autres au point de rendez-vous dont ils avaient convenu. C'était une auberge toute simple, dont il gardait un assez bon souvenir. Il accéléra le pas.
Les passants qui l'entouraient ne savaient absolument pas qu'il était un Draconiaque. Et il s'amusait à imaginer leurs réactions s'ils apprenaient soudainement ce qu'il était... Chose impossible, puisqu'il n'y avait aucun signe qui leur permettraient d'en arriver à une telle conclusion. Ces yeux rouges étaient désormais bruns. Le résultat d'un petit sort qu'il avait mis en place depuis déjà un moment... Drakaïs n'en avait pas besoins : ses yeux avaient la teinte adéquate depuis le début. Pourtant, il se demandait si tout se passait bien de son côté... Il se retourna pour vérifier et se figea.
Elle n'était plus là.
Il se passa la main sur le visage. « Merde... » cracha-t-il avec ennui.
C'était officiel, cette journée était décidément affreuse.
∞
Drakaïs était assise sur le bord d'une fontaine située au milieu d'une place grouillante de monde. Elle avait les mains plaquées sur le visage et essayait de calmer la panique qui l'envahissait peu à peu. Mais rien à faire, ce sentiment ne voulait pas disparaitre. Comment Drakayn allait-il pouvoir la retrouver dans cette ville immense ? N'allait-elle pas finir par se trahir, entourée de tous ces gens ?
Elle avait bien tenté de chercher le Démon mais avait été, au final, rabattue par le mouvement de la foule. Elle avait cru l'apercevoir plusieurs fois, pour se rendre compte que ce n'était pas lui.
Et maintenant, elle attendait. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, à espérer que quelque chose arrive : cela pouvait être depuis un long moment autant qu'un court instant. Finalement, elle décida d'écarter les doigts et d'observer les alentours. Les battements de son cœur résonnaient dans son esprit et sa respiration se fit plus lourde.
Elle se concentra désespérément sur le clapotement de l'eau derrière elle et sur les odeurs environnantes. Mais très vite, ces sons et ces perceptions furent remplacés par les paroles, les frottements de vêtement et les pas martelant le sol, des habitants de Quantamoniam.
Drakaïs se leva brusquement et fonça droit dans la masse de personnes. Elle regarda ses pieds tout le long de sa traversé et lança quelques « pardon ! » quand elle tamponnait les passants. Ses pas l'amenèrent devant une boutique singulière. Les murs semblaient vieux et étaient décrépis. La vitrine était recouverte de poussière et la Draconique avait du mal à discerner les produits qu'ils vendaient. Mais elle s'en fichait. Tout ce qu'elle remarquait, c'était cette porte ouverte qui était comme une échappatoire pour elle. Elle s'engouffra sans réfléchir à l'intérieur.
Dès qu'elle fut entrée, une odeur rance la submergea et lui picota le nez. Des tapisseries pendaient sur les murs et les étagères étaient remplies d'objets en tout genre. Une dame portant un châle coloré et un voile beige tenait le comptoir et adressa un bref hochement de tête à Drakaïs. Le parquet craquait bruyamment sous les chaussures de la jeune fille et elle faisait tout son possible pour le faire grincer le plus doucement possible.
Elle était seule dans le magasin. Elle fureta un temps avant de s'apercevoir que la salle était gigantesque. Si grande qu'elle n'en voyait pas la fin. Les étagères s'étendaient à perte de vue, des loupiotes suspendues à leurs sommets. Leurs lueurs fantomatiques s'estompaient dans le lointain mais ne disparaissait jamais complétement.
La clochette retenti soudainement, signifiant l'entrée d'un nouvel arrivant, et flotta longuement dans la pièce avant de s'éteindre. Un homme se tenait sur le seuil de la porte. Un large manteau trempé reposait sur ses épaules et un chapeau ornait sa tête. Des gouttes coulaient à ses pieds. Il enleva son habit et le posa sur un porte-manteau. Il en fit de même pour son couvre-chef feutré. De la pluie ? Drakaïs était pourtant sûre qu'il ne pleuvait pas et que le ciel était bleu lorsqu'elle était rentrée...
L'homme balaya la pièce du regard et le posa brièvement sur Drakaïs. Elle en fut toute retournée. Ses yeux d'un violet profond étaient comme un gouffre sans fin et la Draconique ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait pu se noyer à l'intérieur. Il s'avança vers la gérante et lui tendit un papier sans un mot. La femme le dévisagea –Ou plutôt, Drakaïs imagina qu'elle le dévisagea : difficile de savoir quand un voile cachait votre visage...− et prit la feuille en silence avant de se lever de la même manière. Elle s'éloigna dans ses jupons sans faire craquer le parquet et disparut dans le couloir sans fin.
« C'est la première fois que vous venez dans cette boutique, je me trompe ? », dit l'homme à côté d'elle en triturant de sa main un bibelot doré.
Il s'était déplacé sans bruit et Drakaïs failli sursauter. Mais, grâce à Drakayn, elle était désormais presque habituée à être surprise de la sorte ... Elle ne savait pas si elle devait le remercier pour cela.
« Effectivement ... », répondit-elle sur ses gardes.
C'était une personne élégante qui portait un costume noir et blanc des plus charmants. Il avait les cheveux blancs mais paraissait jeune. Sa peau était clair, presque transparente et ses veines ressortaient. C'était la première fois qu'elle voyait un être comme lui.
« Vous n'avez aucun besoin d'être autant crispée, mademoiselle... Nous somme juste deux clients ici. Les combats sont prohibés dans ce lieu. Vous auriez pu être la personne que je désire tuer le plus au monde, cela n'aurait rien changé. Mais pour une nouvelle comme vous, je suppose que c'est normal que vous ignoriez cela. », déclara-t-il en souriant.
Bizarrement, ces paroles firent effet. Elle relâcha ses épaules.
« On m'appelle le Baron, reprit-il en tendant une main gantée de velours à la Draconique. Et vous ?
- Drakaïs... » dit-elle distraitement en lui serrant la main.
Par les Six ! Elle avait donné si naturellement son nom aux sonorités reptiliennes à un étranger ! Elle était morte !
« Je vois... », lâcha-t-il simplement.
Une atmosphère pesante s'installa.
« Vous savez, dans cette boutique, vous pouvez trouver tout ce que vous voulez. Tout. Plus la chose est rare et est impossible à se procurer, plus elle est chère. Ah ! Encore une chose, ce couloir –Il le montra de la main.− les choses les plus coûteuses sont celles qui sont les plus lointaines. »
Elle préféra ne rien répondre.
« Vous avez là un bien bel objet... », dit-il en montrant de la tête la dague que lui avait donné un peu plus tôt Inviat.
Le poignard était accroché à sa ceinture et elle y amena les doigts naturellement.
«Puis-je ? »
Elle hocha la tête tout en lui tendant la lame comme si c'était la chose la plus précieuse qu'elle possédait.
Il prit l'arme entre ses mains et siffla d'admiration en observant l'œuvre. Il la tourna dans tous les sens possibles pour pouvoir en apprécier toute la beauté.
Le couteau était assez long pour un poignard. L'acier était d'une grande qualité, Drakaïs pouvait le voir au premier coup d'œil, mais quelque chose dans sa composition l'attirait. Il avait une odeur familière qu'elle n'arrivait pas identifier... Elle avait l'intime conviction qu'elle pourrait trancher n'importe quoi avec... Le manche était incurvé et un minuscule dragon teinté de rouge avait été gravé sur la surface.
Le Baron lui rendit l'arme.
« C'est là une possession des plus précieuses. Je ne vois pas tous les jours une lame faite en alliage de Dragon avec un taux si élevé... Prenez en grand soin. »
Ainsi la familiarité s'expliquait... Drakaïs serra l'arme tout près de son cœur.
« J'y compte bien... »
La gérante réapparut et mit fin à leur conversation en faisant un signe au Baron qui revint à sa place initiale.
Elle lui remit un coffret et il lui tendit une grosse bourse en retour. La femme la renversa sur la table et examina avec attention son contenu : des diamants. Jamais Drakaïs n'aurait cru en voir autant dans sa vie. La femme hocha la tête et rangea les pierres dans le sachet.
« Je vais aussi prendre ceci, si vous permettez. »
Il tenait dans sa main un diadème surplombé par un rubis étincelant et sortit quelques pièces d'or de sa poche.
« Voici pour vous Drakaïs.−Il lui tendit l'ornement.− Vous n'avez presque pas changé depuis la dernière fois que je vous ai vu. Vous avez toujours la prestance d'une reine, expliqua-t-il en posant un baiser sur sa main.
- Merci.», balbutia-t-elle sans comprendre réellement ce qu'il voulait dire.
Le Baron s'arrêta avant de sortir et s'inclina légèrement vers les deux femmes.
« Mes salutations. », conclut-il en remettant son manteau et son chapeau mouillé.
Et sur ce, il sortit.
Drakaïs contempla le diadème. La pierre était sublime. Sa couleur rougeoyante perçait dans l'obscurité. Pourquoi un tel présent ? Il lui avait fait comprendre qu'ils s'étaient déjà rencontrés... Pourtant, Drakaïs n'en avait aucun souvenir et un homme comme lui n'était pas facilement oubliable... Il fallait qu'elle lui demande la signification de tout ceci ! Elle se précipita à sa suite.
Un air froid l'accueilli dehors. La place était vide et le ciel noir. La nuit était tombée. Drakaïs observa cette vue avec incompréhension. Le soleil était pourtant au zénith lorsqu'elle était rentrée ! Et elle était sure de ne pas être restée aussi longtemps dans le magasin! Elle se retourna brusquement. Derrière elle se trouvait un bâtiment désormais vide. Les vieux murs décrépis étaient toujours là, mais il n'y avait rien en leur enceinte. C'était comme si l'intérieur avait disparu et que rien n'avait existé. C'était incompréhensible... La boutique n'était plus là !
Après être resté hagarde et choquée pendant de longues minutes devant le bâtiment, Drakaïs secoua la tête. A quoi bon rester face à ce bâtiment ? Cela ne servait à rien... Drakayn et les autres devaient être à sa recherche et devaient être inquiets pour elle...
Elle se retourna et s'éloigna doucement en jetant un dernier regard en arrière. Elle pénétra dans l'obscurité de la nuit, ses pas résonnant dans la rue. Le soir, la température diminuait considérablement, de telle sorte que Drakaïs tremblait de froid. Elle sortit de son sac à dos le châle qu'elle avait l'habitude de porter en cette heure. Il était en laine et la gardait au chaud. Elle s'emmitoufla dedans.
Les ruelles étaient sombres et peu accueillantes. De plus, il lui semblait y voir des mouvements inquiétants et peu rassurants. Dès que le soleil disparaissait, il ne faisait pas bon de se promener dans ce genre d'endroit... Drakaïs pourrait très bien s'occuper des personnes qui chercheraient à lui vouloir du mal, mais elle ne devait pas se faire remarquer... Elle devait donc éviter le plus que possible les combats. Elle continua son chemin précipitamment et arriva dans une rue, qui, cette fois, était animée. De la lumière sortait des bâtiments et les gens festoyaient dehors, des bières et des aliments dans les mains. L'ambiance était festive. Des violonistes jouaient, leur musique s'élevant dans la cité endormie. Où pouvait-elle bien se trouver ?
Elle s'engagea prudemment dans cette allée. Après tout, elle ne devait pas baisser sa garde pour si peu.
Des femmes pulpeuses, habillées le moins possible, accompagnaient les hommes qui semblaient les plus heureux du monde. Pas de doute possible, Drakaïs se trouvait dans les bas quartiers de Quantamoniam... Soit le pire des endroits pour elle. Ici, les brigands étaient nombreux et s'échauffaient très facilement. Elle devait quitter cet endroit au plus vite. Elle accéléra sa cadence et ce qu'elle voulait absolument éviter arriva : elle se fit remarquer.
« Ola, ma mignonne ! Viens donc me tenir compagnie !, lui cria un homme que la bière avait rendu soûl.
- Désolé, mais j'ai à faire ailleurs... », s'esquiva la Draconique.
Une main lui agrippa le bras et elle se retrouva plaquée contre le torse du rustre.
« Eh bien maintenant, tu as à faire ici. »
Le ton de l'homme était sec et son emprise forte. Drakaïs allait avoir du mal à s'échapper sans se trahir... Elle sentit la pression de la dague donnée par Inviat et de son épée contre sa taille.
« Je te payerai ... », insista l'autre.
Elle rougie de colère. Pour qui la prenait-il donc ? Elle n'était pas comme ces femmes qui les séduisaient avec leurs sourires enjôleurs !
Elle porta la main à son poignard.
« Tu as cinq secondes pour me lâcher. Si tu ne le fais pas, tu n'auras plus cet attribut qui fait de toi un homme. », le menaça-t-elle d'un ton froid.
L'homme se figea et l'observa d'un air railleur. Vu son regard, il ne la prenait pas au sérieux.
« Mais c'est que la petite souris voudrait se faire passer pour une tigresse ! »
Les gens aux alentours rirent aux éclats, ce qui ne fit qu'augmenter la rage de la jeune fille. Les pauvres fous... S'ils n'étaient pas autant aveuglés par l'alcool, ils auraient compris la menace qu'elle représentait...
Elle dégaina sa lame et s'apprêtait à la planter dans l'entre jambe de ce pauvre imbécile...
...lorsque soudain, un individu apparut subitement de nulle part et écarta sans ménagement l'autre mufle.
« Les gens comme toi devrait pourtant être assez intelligents pour savoir quand s'arrêter... Je me trompe ?, gronda son sauveur d'une voix menaçante.
- Neil ! Tu ne vas pas te laisser faire par ce gosse ? », lança quelqu'un dans la foule.
Leur petite altercation avait ameuté un groupe autour d'eux qui suivait l'action avec un grand intérêt.
Le dénommé Neil lâcha Drakaïs et s'avança vers l'autre homme, les poings serrés.
« Et moi, je dis que les gens comme toi devraient se mêler de ce qui les regardent... », grogna Neil en retour.
Ils se dressèrent l'un en face de l'autre, tous les muscles tendus en s'affrontant du regard.
« Tu as du cran, petit... Passe ton chemin et j'oublierai, nous oublierons cette affaire. »
Les gens autour approuvèrent en cœur mais continuèrent de sourire méchamment. Drakaïs en vit plusieurs mettre la main à leurs épées.
« Toi, tu te trompes si tu penses que je vais me défiler après avoir dit de telles paroles. Mais peut être que l'honneur est quelque chose qui t'es inconnu... », répondit le jeune homme en se mettant en position de combat.
Un cercle distinct c'était formé et des huées se firent entendre. Un rictus mauvais se forma sur le visage de Neil. Il envoya son poing sur le visage du bon samaritain. Ce dernier stoppa son attaque et rabattit le bras de son assaillant en arrière avant de le plaquer au sol d'un même mouvement. Il l'avait fait à une telle vitesse que tout le monde en resta sans voix. Il s'agenouilla pour lui chuchoter à l'oreille des mots que la plupart des personnes ne pourraient pas entendre. Mais Drakaïs n'était pas comme les autres. Elle était une Draconique.
« La prochaine fois, apprends le nom de ton adversaire avant de l'affronter, Neil. », susurra-t-il froidement.
Le jeune homme se releva et réajusta ses vêtements qui s'étaient débraillés pendant le duel.
Des murmures indignés et surpris se propagèrent à travers la foule et deux personnes en sortirent pour aider le vaincu à se relever.
« C'est pas finis !, prévint l'un d'entre eux, Si tu crois que tu vas pouvoir t'en tirer comme ça après ce que t'as fait, tu te goures ! »
Son compère hocha la tête et commença à sortir son arme. Le vainqueur les fusilla du regard.
« Je vois qu'il y a d'autres imbéciles dans le lot... »
L'inconnu mis en avant son épée et s'apprêtait à la dégainer quand soudain, une voix féminine s'éleva :
- Ola mes mignons ! Il serait peut-être temps de s'arrêter à présent ! Akhal ! Par les six ! Retiens-toi ! Que dirait ton père ?
Comme par magie, le dénommé Akhal s'arrêta. Il soupira et éloigna sa main de son arme.
« On s'arrête ici. Mais la prochaine fois que je vous vois, je ne serais pas aussi clément, les informa-t-il en les montrant du doigt.
Les deux individus sursautèrent face à cet avertissement. Depuis que son nom avait été mentionné, Akhal semblait faire un effet différent sur les deux gaillards et sur la foule environnante. Tout le monde le regardait avec une peur mêlée de respect.
Puis il s'empara du poignet de Drakaïs et s'enfonça dans la foule qui s'écarta sur son passage. Une fois arrivé au bout et alors que des murmures les entouraient, Drakaïs se dégagea brutalement. Akhal l'examina d'un air interrogateur. Brusquement, une silhouette apparut derrière lui et le cogna brutalement à la tête. Il s'accroupit au sol, les deux mains jointes à l'endroit frappé.
« Aie ! Achoura ! Tu n'y es pas allé de main morte !, râla-t-il contre son agresseur.
- Estimes-toi heureux ! Je me suis retenue ! », rigola la voix féminine précédente.
Drakaïs les observa sans retenue tandis qu'ils discutaient. L'homme, Akhal, avait les cheveux bruns avec des reflets roux, et ses yeux étaient verts pâles. Il avait un charme certain et devait sûrement avoir un petit succès auprès de la gente féminine... La femme, Achoura, était l'incarnation de la beauté. De longs cheveux d'un blond argenté tombaient dans son dos, ses yeux bleus avaient une lueur hypnotisante, ses lèvres rouges étaient pulpeuses et son corps était plein de formes là où il fallait. Nul doute que les hommes devaient tomber à ses pieds. Drakaïs, après sa petite observation, commença à s'esquiver discrètement. Mais pas assez, car ils se tournèrent d'un même mouvement vers elle.
« Où crois-tu aller comme ça, jeune demoiselle ? Tu devrais te sentir redevable, non ? » susurra la fameuse Achoura en lui prenant le bras fermement. Drakaïs tenta de résister, mais la pression sur son bras se fit plus forte.
« Achoura... Arrête ça. Elle va nous associer aux mauvaises personnes... », gronda Akhal.
Comme si elle se rendait enfin compte de ses agissements, Achoura la lâcha soudainement avec un petit sourire désolé.
« Pour répondre à votre question précédente : non, je ne vous suis absolument pas redevable. J'aurais pu me sortir de cette situation par mes propres moyens. Alors, au revoir. », finit Drakaïs en tournant les talons.
Elle ne devait pas s'attarder plus longtemps ici. Pourtant, de nouveau, quelqu'un la stoppa en lui attrapant la main. Elle pivota, agacée, vers l'enquiquineur ou l'enquiquineuse. Elle rencontra les yeux d'Akhal, sérieux et déterminés.
« Tu es Drakaïs, c'est ça ? », murmura-t-il pour que seule elle l'entende.
Elle se figea et mit sa main à l'épée. Akhal le vit et dit avec chaleur :
- C'est Drakayn, enfin Fergon plus exactement, qui nous envoie à ta recherche. Achoura et moi faisons partie des gens que vous deviez retrouver à l'auberge. »
Drakaïs se détendit. Elle jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule d'Akhal et aperçu Achoura les bras croisés et le dos appuyé contre un mur.
« Bon, ce n'est pas tout ça, mais il serait peut-être temps de rentrer, déclara-t-elle en baillant. J'en connais un qui doit être mort d'inquiétude...
- Tu as raison. Rentrons.», conclut-il en s'avançant sur le chemin du retour.
Drakaïs resta un instant plantée là, ne faisant rien à part observer la scène.
« Eh bien ? Tu viens ? », l'appela Achoura en mettant les mains sur les hanches.
Drakaïs soupira avant de s'engager derrière eux.
∞
Drakayn observait la ville avec anxiété. Il se tenait sur un toit, les mains dans les poches et le regard perdu dans les hauteurs de Quantamoniam. Une vue qui le rendait nostalgique.
Drakaïs était quelque part là-dedans, seule dans une ville inconnue. Il serra les poings. Etait-elle en train de le chercher elle aussi ? Si seulement il avait été plus attentif, tout cela ne serait pas arrivé...
Il chercha l'odeur de la Draconique dans toutes celles que lui apportait le vent mais rien à faire. L'air était saturé. Impossible de la retrouver.
Une fois qu'il s'était rendu compte de sa disparition, il avait tenté de la chercher dans la rue, mais cela n'avait mené à rien. Il était donc allé au point de rendez-vous et avait croisé Fergon. Son ami avait été content de le revoir, mais avait vite compris que quelque chose n'allait pas. Drakayn s'était alors empressé de lui expliquer la situation avant de ressortir pour continuer ses recherches. Il n'était pas revenu depuis. Sa crainte l'en avait empêché.
La nuit était tombée depuis déjà cinq bonnes heures et avec elle le danger pour la jeune fille s'était accentué. Il savait bien qu'elle était capable de se défendre mais il savait également le trouble qu'elle ressentait lorsqu'elle était dans une ville... Il fallait aussi ajouter à cela le fait qu'ils devaient se faire discrets ... Il espérait que Fergon avait prévenu les autres de la disparition de Drakaïs et qu'ils participaient tous aux recherches pour la retrouver...
Que faisait-elle ? Comment allait-elle ? Où était-elle en cet instant ? C'étaient des questions qui obsédaient le Démon. Elles se répétaient inlassablement dans son esprit, le faisant un peu plus culpabiliser à chaque fois. S'il lui arrivait quelque chose, il ne se le pardonnerait jamais...
Alors qu'il ressassait ces mauvaises pensées, son attention fut soudainement attirée par la fragrance recherchée : celle de Drakaïs. Son cœur se gonfla de soulagement avant de s'assombrir d'agacement : Akhal était avec elle. Achoura également, mais la présence de la Draconiaque le contrariait beaucoup moins que celle du Draconique. C'étaient donc eux, l'autre duo avec qui il ferait équipe... Il laissa échapper un long soupir. Il ne s'était jamais vraiment bien entendu avec Akhal. Ils avaient des manières de penser trop différentes et leurs chemins s'étaient souvent croisés lors d'un combat. De plus, c'était un imbécile de première qui suivait les ordres de son père comme si c'était la chose la plus sacrée qui soit... Pathétique.
Pourtant, malgré le fait qu'il ne supportait pas ce type, un rictus de mauvais augure apparut sur ses lèvres. Le titiller durant leur séjour serait sûrement passionnant !
∞
Drakaïs avait les yeux rivés sur les dos de ces deux compagnons. Ils étaient tous deux silencieux tandis qu'ils avançaient dans les ruelles de Quantamoniam. Akhal avait le dos droit et tendu, il avait l'air d'être une personne concentrée et honnête...Quant à celui d'Achoura, il était semblable, même si elle avait l'air d'être moins sérieuse que son camarade. Dans tous les cas, Drakaïs espérait qu'elle allait bien s'entendre avec eux et que leur mission se déroulerait sans accrochages.
Comme si Achoura avait senti elle aussi le silence pesant qui c'était installé, elle s'exclama d'une voix exaspérée :
-Les hommes sont décidemment tous des brutes sans cervelles qui ne pensent qu'à la même chose ! On a beau leur dire non, il faut toujours que cela se règle de la manière forte avec eux... N'est-ce pas, Drakaïs ?
- C'est la première fois qu'une telle chose m'arrive alors je ne sais pas trop quoi en penser...
- Ah bon ? Tu es pourtant très jolie ! Drakayn est un petit veinard sur ce coup-là !, dit Achoura d'un ton taquin.
- Si tu le dis...rétorqua Drakaïs, intimidée.
- Mais tout à fait ! C'est une véritable injustice que tu n'aies pas plus d'avances ! Tu le mérites ! Quoique... Ce n'est peut-être pas un désavantage... Tu n'es pas toujours embêtée par ces rustres !
- Achoura... Je te rappelle que nous ne sommes pas tous comme ça... N'en fait pas une généralité à cause de plusieurs aventures qui te sont arrivées..., grogna Akhal.
- Oh mais si ! Tous les mêmes ! Il suffit que l'on vous mette une femme plantureuse comme moi devant le nez pour que vous perdiez tout sens de raison !, explosa-t-elle de rire.
- Je te rappelle que c'est justement moi qui ai aidé Drakaïs et pas toi.
- Parce que tu la voulais pour toi !, le taquina-t-elle.
- Tu es incorrigible...», lâcha-t-il après un long moment.
Drakaïs sourit dans l'obscurité. Ces deux-là formaient une paire bien singulière... Leur entente était clairement visible. Comme entre elle et Drakayn.
« Fergon nous a beaucoup parlé de toi. Pour ma part, je te connaissais déjà. Ton combat avec Drakayn a fait le tour du camp, tu sais ? Tu as déjà une renommée à travers nos rangs !, dit en souriant Achoura.
- Ah bon ?, fit la Draconique, surprise.
- Et oui... Tu sais, Drakayn est plutôt fort, même très puissant. Ce n'est pas tous les jours qu'une personne arrive à tenir face à ses assauts ! Akhal peut en témoigner! »
Drakaïs jeta un regard interrogateur à Akhal, qui s'était raidi.
« Il est aussi résistant qu'un cafard, oui..., grommela-t-il.
- Un cafard ?, s'interloqua la Draconique.
- Ah oui... C'est vrai que vous ne vous êtes jamais vraiment apprécié l'un et l'autre..., fit Achoura en rigolant.
- Et ce n'est pas près d'arriver...», déclara-t-il avec aplomb.
Oh non... Il semblerait que tout ne se passerait pas sans ennuis cette fois encore... Et Drakaïs qui avait espéré un semblant de calme... Bah... Elle ferait avec. Elle était bien obligée de toute manière.
Elle s'arrêta, forçant les autres à s'immobiliser à leur tour.
« Un problème ? », l'interrogea Akhal.
Drakaïs leva la tête en humant l'air. Il lui semblait avoir perçu une présence familière... Elle chercha dans l'obscurité, et plissa des yeux pour mieux y voir. Une silhouette bougea sur les toits. Effectivement, il y avait bien quelqu'un.
Comprenant enfin que quelque chose clochait, les deux autres regardèrent dans la même direction qu'elle. Et là-haut se tenait Drakayn, qui les observait, un air satisfait sur le visage. Akhal se figea et Achoura posa sur lui ses yeux, qui étaient cette fois remplis de sévérité :
- Vous n'avez pas intérêt à vous jeter l'un sur l'autre. Je suis sérieuse, Akhal. Pas de grabuge. Tenez-vous à carreau, pour une fois.
Une brise se leva et Drakaïs sourit doucement. Drakayn sauta dans le vide et atterrit délicatement par terre.
« Eh bien partenaire, la prochaine fois que l'on sortira en ville, tu peux être sûre que je ne te quitterai pas des yeux ! Tu nous as causé bien des tracas ! », s'esclaffa-t-il.
La Draconique lui frappa l'épaule.
« Tu peux parler ! A qui la faute à ton avis ? Tu étais tellement dans tes pensées que même si un Dragon était apparu devant toi, tu ne l'aurais pas vu ! », dit-elle en rigolant.
Le Démon se passa la main dans les cheveux. Il avait l'air... embarrassé ?
« Ce n'est pas faux. Je suis désolé, s'excusa-t-il en la regardant droit dans les yeux.
- Le grand Drakayn qui s'excuse ? C'est bien la première fois que je le vois faire une chose pareille ! », s'étonna faussement Achoura.
Semblant enfin la remarquer, Drakayn se tourna vers elle en s'exclamant :
- Achoura ! C'était donc bien toi !
- Tu as encore changé... Combien de temps cela fait-il ? Vingt ou trente ans ? J'ai l'impression qu'hier encore, tu n'étais qu'un enfant ...
- Tu exagères..., rit-il.
- Vous vous connaissez depuis longtemps ?, demanda Drakaïs, ses yeux passant de l'un à l'autre.
- Tu plaisantes ? Je l'ai connu alors qu'il n'était qu'un nourrisson ! Idras et moi nous connaissions bien avant la naissance de ce pauvre idiot !
- Hé ! », s'indigna Drakayn.
Akhal restait impassible dans un coin, les bras croisés et il garda la même attitude quand Drakayn s'intéressa à lui :
- Comment va ton bras depuis la dernière fois, Akhal ?
- Très bien, même si ce n'est pas grâce à toi, répondit le Draconique sèchement.
- Allons ! Tu ne vas tout de même pas me dire que tu me tiens toujours rigueur des événements d'il y a cinq ans ?
- Si tu crois qu'une telle chose peut être oubliée aussi facilement, c'est que tu es encore plus con que je ne le pensais.
- Toujours le même à ce que je vois... Tu ferais mieux de faire attention. Ta haine déborde complétement, fit Drakayn en souriant.
- Toi non plus tu n'as pas changé. Toujours le même salaud arrogant qui se croit meilleur que les autres. »
Les deux se fusillèrent du regard, un avec un sourire aux lèvres et l'autre les sourcils froncés. L'air entre eux était soudainement lourd de menace. Drakaïs tira doucement Drakayn par le bras mais elle voyait que cela n'avait aucun effet. Il était trop préoccupé par son jeu avec Akhal. Car pour lui, ce qu'il faisait là n'était qu'un jeu. Drakaïs n'en doutait pas. La lueur amusée dans ses yeux ne laissait place à aucun malentendu.
« Drakayn ... », le prévint Drakaïs d'un ton froid.
Il était hors de question qu'il se batte, ici, en pleine nuit et en plein territoire ennemi.
Enfin, le Démon sembla revenir à ses esprits.
« J'ai prévenu Fergon que nous avions retrouvé Drakaïs. Il nous attend à l'auberge avec Sin. Peut-être qu'il est temps de rentrer à présent, dit le Draconiaque d'un ton plus calme.
- En effet.», approuva Akhal en se détendant légèrement.
Le soulagement envahit Drakaïs et au vu des épaules d'Achoura qui s'abaissèrent soudainement, il devait en être de même pour elle. Au moins, il ne se passerait rien ce soir. La Draconique espérait que ce serait ainsi pour les jours suivants. Ils avaient déjà assez de problèmes comme cela sans ajouter un litige entre ces deux-là.
Ils reprirent alors le chemin du retour, non pas à trois comme il y avait quelques minutes, mais à quatre. Achoura et Akhal en tête tandis que Drakaïs et Drakayn étaient quelques mètres en arrière.
« Drakayn... C'était quoi ça ? », demanda Drakaïs d'un ton froid.
Le Démon la contempla un long moment avant de répondre.
« Ça, c'était les salutations habituelles entre lui et moi. Rien d'autre.
- Drakayn. Soit honnête une seule seconde. Je te repose la question : qu'est-ce que c'était ? »
Il soupira.
« On ne peut rien te cacher n'est-ce pas ? »
Drakaïs ne répondit rien et continua de le fixer.
« Très bien... Je m'avoue vaincu ! Toi et tes regards noirs êtes trop forts pour moi !, capitula-t-il en en se moquant d'elle. Akhal et moi, c'est une vieille histoire qui remonte à plus de cent ans. On ne s'est jamais entendu et cela ne risque pas d'arriver. Alors, ce que tu viens de voir il y a quelques instants, c'est tout simplement une discussion normale entre lui et moi.
- Est-ce que tu pourras te tenir tranquille en sa présence ?
- Là, tu m'en demande trop ! Parce que c'est toi, je veux bien faire un effort, mais n'en attend pas davantage!
- Très bien... Je suppose qu'avec toi, c'est mieux que rien. »
Drakayn lui sourit férocement et Drakaïs lui tapa doucement dans le dos.
« Imbécile ! », conclut-elle en accélérant le pas.
Décidément, les prochains jours promettaient d'être mouvementés...
Elle porta la main à sa poche et effleura le diadème que le Baron lui avait donné dans la boutique. Elle se décida à interroger Drakayn sur cette personne :
-Dis-moi... Connais-tu un homme se faisant appeler le Baron ?
Drakayn s'arrêta à ses côtés et la regarda avec surprise.
« Bien sûr. Mais je m'étonne que tu le connaisses. Pourquoi cette question ? », voulut-il savoir.
Drakaïs retint son souffle.
« En fait, je ne sais pas qui il est..., expliqua-t-elle. Tu peux éclairer ma lanterne ?
-Eh bien... −Drakayn se passa la main dans les cheveux.− Techniquement, il est Humain. Il appartient à une caste particulière : les Rêveurs. Tu en as peut-être entendu parler...
Drakaïs fit non de la tête et Drakayn soupira.
« Comme tu le sais, les Humains sont un peuple particulier. Ils sont divisés en sept castes. Les trois plus connus sont les Spectrals, des nécromanciens; les Viscals, des guerriers; et les Constructeurs, des savants. Viennent ensuite les Soupirants, des sorciers et les Illuminés, qui sont des enchanteurs. Puis, on a les Inhabiles. Ce sont les plus nombreux parmi l'espèce humaine et ils ne possèdent aucun talent particulier. Ils ont d'ailleurs une espérance de vie plutôt limitée... Quant aux Rêveurs, ceux qui nous intéressent ici, ils sont rares et sont les seuls êtres connus à pouvoir naviguer comme ils le souhaitent dans le Rêve. On raconte également que ce sont des télépathes et des télékinésistes. Ce sont des gens reclus, qui aiment vivre entre eux. », lui expliqua le Démon.
Drakaïs prit le temps de retenir tout ce qu'il lui apprenait. Ainsi, les Rêveurs tenaient leur nom de leur capacité à voyager dans le Rêve ? Passionnant. Le Rêve était un des six mondes. Comme les Limbes, il était immatériel. Il se disait que chaque personne y allait, inconsciemment, pendant son sommeil, et que les songes et les cauchemars étaient alors une trace de ce passage quotidien.
« Et le Baron, dans tout ça ?, reprit Drakaïs.
-Le Baron est le chef des Rêveurs. Le plus puissant également. C'est un homme qui possède une grande influence, même en Enfer, et qui est craint par beaucoup. On raconte qu'il est à l'origine de la chute de grandes personnalités comme de leur ascension. En résumé, c'est un homme qu'il vaut mieux compter dans ses amis plutôt que dans ses ennemis. Je l'ai croisé quelques fois lors de réceptions et il est remarquable. Mais pourquoi es-tu soudainement intéressée par lui, partenaire ? »
Drakaïs préféra jouer la carte de l'honnêteté.
« Car j'ai rencontré un homme se présentant par ce nom aujourd'hui. Il avait les yeux violets, les cheveux argentés ainsi que la peau blanche et transparente.», lui dit-elle.
Drakayn prit un air grave.
« Personne ne prendrait le risque d'usurper l'identité d'un homme pareil. De plus, il correspond parfaitement à sa description. Où l'as-tu rencontré ? »
Drakaïs lui raconta alors les événements. Elle lui décrit la mystérieuse boutique et sa discussion avec le Baron.
« Et lorsque je suis sortie pour partir à sa poursuite, il faisait nuit noire et le magasin avait disparu ! C'est une histoire de fou !, grogna-t-elle avec exaspération tandis qu'elle finissait son récit.
-En fait, pas tellement. », déclara Drakayn en rigolant.
Drakaïs le regarda sans comprendre.
« Je crois voir de quelle boutique tu parles. Et si c'est elle, considère-toi comme une grande chanceuse ! On l'appelle La Désirable. C'est un endroit où tu peux, en ayant l'argent nécessaire, trouver tout ce que tu souhaites. Le lieux est magique et glisse d'une place à l'autre. Le temps y est également distendu. Ses clients sont choisis selon des critères inconnues et je m'étonne que tu ais pu y pénétrer dans des circonstances pareilles... En tout cas, je donnerai cher pour y pénétrer ! Je ne m'étonne plus que tu y ais croisé le Baron ! Et je comprends mieux pourquoi nous avons mis tant de temps à te retrouver..., ricana-t-il.
-Oui, eh bien, c'était vraiment étrange..., marmonna-t-elle.
-Tu ferais mieux de t'y habituer, car tu y retourneras surement ! Maintenant que tu y es allé une fois, la porte sera toujours ouverte lorsque tu en auras besoin ! Et je compte bien être avec toi lorsque cela arrivera de nouveau ! », s'exclama Drakayn en prenant de l'avance.
Drakaïs retourna plusieurs fois ses paroles dans son esprit. Au bout d'un moment, elle préféra les mettre de côtés.
Demain serait une journée épuisante, Drakaïs en était sûre. Il lui tardait d'être dans son lit bien douillet et de se blottir dans sa couette. Elle sourit à cette idée et leva le nez vers le ciel.
La nuit était belle ce soir-là. La voute céleste était parfaitement visible et la lune, pleine, était très lumineuse. Drakaïs mit les mains dans ses poches, son souffle apparent devant elle. Elle remarqua avec un certain détachement teinté d'amertume que cette nuit était similaire à celle où elle avait tout perdu... Elle enfouit cette idée, ne voulant pas gâcher une telle vue. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle était là, sous les étoiles, à observer leur beauté.
Note:
Hey à tous ! Voila donc le chapitre 10 ! Alors, il se passe des choses, n'est-ce pas ? Déjà (et j'avais gardé la surprise dans le chapitre précédent!) vous rencontrez trois nouveaux personnages ! Le Baron, Achoura et Akhal ! Comme vous l'avez compris, ce dernier et Drakayn s'entendent comme chien et chat x) ! Akhal est un personnage que j'apprécie. C'est un peu l'antagoniste de Drakayn (qui, entre nous, se comporte très souvent comme un connard ! Mais c'est pour ça qu'on l'aime ♥!) et il va avoir sa part d'importance dans le récit. Pour ce qui est d'Achoura, j'avais envie de créer une femme belle et forte, qui mène les hommes à la baguette XD ! Je tiens d'ailleurs à préciser que je ne partage pas son point de vue sur la gente masculine ;) (c'est son côté démon, je suppose !) ! C'est juste sa manière de penser :p ! Pour le Baron... Alors, c'est un homme très puissant, plutôt gentleman (vous l'avez remarqué) qui n'apparaîtra pas tant que ça dans cette partie du récit. Je voulais juste l'introduire pour le reste de la saga ! C'est un peu pareil pour la Désirable. Je l'introduis, mais ne vous attendez pas à en attendre parler de nouveau avant un bon bout de temps !
Aussi, vous l'avez vu, mais les Humains sont...spéciaux ! J'ai essayé d'être la plus claire possible, sans pour autant partir dans les détails (je réserve ça pour d'autres occasions !) et n'hésitez pas à me dire si vous n'avez pas très bien compris !
J'aimerais aussi mettre une chose au point, au cas ou certains seraient confus: dans l'univers que j'ai crée, il existe six mondes. Le Néant (Une sorte de prison... J'en ai parlé dans le chap' 8. Si si, vous savez, cette partie où Drakaïs raconte la mort de sa sœur à Drakayn, dans le conte !), le Rêve (dans ce chapitre !), L'Eden (le monde dans lequel ils sont actuellement), L'Enfer (pas d'explications nécessaires, n'est pas ?), le Paradis (là non plus...) et les Limbes (le monde des morts quoi !). Et oui, je sais, ça fait très biblique tout ça XD ! Voilà pour un point ! Le suivant, ce sont les Dieux. Oui, ces Dieux, là, qui apparaissent dans l'expression "Par les Six !" et qui étaient dans le prologue. On a donc le Néant (ouaip, comme le monde !), le Rêve, le Mal, le Bien, la Vie et la Mort. J'me suis pas foulée pour leur nom, non. Enfin, si, mais je ne vais pas développer ici XD ! Bref. Ce sont les six Dieux principaux. Je veux dire par là qu'il y en a d'autres (un peu comme dans la mythologie greco-romaine ! On connait tous Athéna, Poséidon, Zeus, Hadès etc mais il existe des Dieux mineurs comme Cupidon :) !(fin de la partie "j'ramène ma science wesh!" ))
Et je dédicace ce chapitre à Luma_az ! Parce que cette personne est top et que son histoire l'est tout autant ! Je vous invite d'ailleurs à aller jeter un coup d'œil sur Kenjara, un de ses récits (et dont je suis complétement fane !) !
Bon, j'ai rien d'autre à dire... Si ce n'est que le chapitre suivant sera plus court et que la "mission" commencera :D ! Gros poutou bien baveux à tous et à la prochaine !
Ps: Whitevador, pour le coup, je compte vraiment sur toi pour les corrections, car je l'ai relu à l'arrache par rapport à d'habitude, donc ça doit foisonner de coquilles XD ! Merci d'avance, t'es un ange !
Ps 2: Mince ! J'ai régressé niveau longueur note ! ARG !
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