|8| J'aimerais tester quelque chose...
Depuis ce soir-là autour du feu, les choses avaient changé. Drakaïs ne restait plus dans son coin ou avec sa meute, mais de plus en plus avec Drakayn, Fergon et Sin, comme irrésistiblement attirée par le trio.
« Vous ne m'avez jamais vraiment dit pourquoi vous êtes là. Pour Adrias et Idris, c'est évident. Mais vous... », marmonna Drakaïs en les observant, les sourcils froncés.
Drakayn ricana.
« Fergon va là où je vais. Des années qu'il me colle au cul : ce n'est pas maintenant que ça va changer. Et le microbe –
– Va te faire foutre, Drakayn !
– Le microbe, donc, suit Idris comme un petit toutou. »
Sin tenta de frapper Drakayn, qui attrapa le poing avant l'impact sans même le regarder.
« Comme si j'allais laisser Idris seul avec vous ! », pesta Sin en essayant de se dégager.
Drakayn le secoua, récoltant les exclamations indignées du blondinet.
« C'est la mascotte.», le taquina le Démon en lui lançant un grand sourire avant de le relâcher.
Le jeune Drakoniques se redressa, écarlate et bafouillant.
«Il est aussi plus dangereux qu'il n'en a l'air. », ajouta Fergon avec un petit sourire.
Sin bomba le torse.
« Eh, c'est pas pour rien qu'Idris a accepté que je vienne ! », fanfaronna le blondinet en se frottant le nez.
Drakaïs plissa les yeux et inclina la tête sur la côté. Sin avait une bouille angélique et était fin. Mais elle avait vu ses muscles s'activer plusieurs fois, et elle n'était pas naïve au point de le sous-estimer pour son apparence.
Sin trébucha sur une racine.
... non, si elle le sous-estimait, c'était pour autre chose, et elle devait se faire violence pour ne pas baisser sa garde en sa présence. Parfois, Sin pouvait presque passer pour une proie, et c'était seulement en observant son regard vif qu'elle se rappelait qu'il était un prédateur. Un prédateur maladroit, mais un prédateur tout de même.
« Salut les cons ! », les salua Lya en apparaissant aux côtés de Drakaïs.
Elle lança un regard interrogateur à la Loup-Garou, qui l'ignora. Son attention était braquée sur le trio. Une expression dédaigneuse et irritée déformait sa frimousse. Drakaïs retint un petit rire. Elle avait déjà dit plusieurs fois à Lya que cet air ne lui allait pas, la rendait plus adorable qu'effrayante.
« Ah, le caniche. », lui renvoya Drakayn avec un rictus mauvais.
Lya grogna et agrippa Drakaïs.
« Le caniche, elle peut t'égorger avec ses crocs et t'étriper avec ses griffes.
– Je suis terrifié.
– Tu vas surtout être mort, une fois que j'en aurais fini avec ta sale petite tête d'enf– »
Drakaïs plaqua une main sur la bouche de Lya, ne cachant pas son rire cette fois. Sa sœur se débattit et la Drakonique la relâcha avec un soupir amusé, invulnérable à son air révolté. Adorable, vraiment.
« Salut...Lya, c'est ça ? », hasarda Sin en lui disant bonjour de la main.
Pour toute réponse, Lya grogna et fit claquer ses dents dans sa direction. Sin baissa la main, confus.
« Ah, Sin, voyons, tu sais que les caniches, ça aboie beaucoup. », plaisanta Drakayn en passant un bras autour des épaules du jeune Drakonique.
Drakaïs sentit Lya se crisper à ses côtés, et elle eut tout juste le temps de se jeter sur elle pour l'empêcher d'en faire de même sur Drakayn, les crocs dévoilés et les griffes à l'air.
« Lâche-moi ! cria Lya entre ses bras.
– Oui, Drakaïs, voyons, laisse le cabot jouer ! »
La Drakonique jeta un regard glacial à Drakayn. A côté de lui, Fergon était en alerte, ses griffes noires sorties, alors que Sin était d'une immobilité dangereuse. Le reste du groupe et de la meute s'était arrêté, et la tension qui pulsait dans l'air rendait l'atmosphère irrespirable. Drakaïs n'osait pas regarder les Alphas, ni Idris ou Adrias. De toute manière, la furie dans ses bras accaparait désormais toute son attention.
« Lya ! gronda Drakaïs en la soulevant pour s'écarter.
– Lâche-moi ! hurla Lya en battant des pieds en l'air et en continuant d'essayer de se jeter sur Drakayn. Je le déteste ! Je les déteste ! »
Elle accrocha le regard d'Elesborn, qui paraissait furieuse et résignée. L'Elfe hocha la tête. Il n'en fallut pas plus à Drakaïs pour s'éloigner dans la forêt d'un pas brusque, Lya continuant sa crise pendant quelques pas, pour finir par fondre complètement dans ses bras. Le silence fut leur seul compagnon pendant encore quelques minutes, avant que Lya ne se tourne dans les bras de Drakaïs. Elle enfouit son museau dans le cou de son aîné et inspira des goulées d'air. La Drakonique en profita pour passer un bras sous ses jambes et lui caresser ses cheveux châtains. Elle fronça les sourcils en sentant l'humidité dans son cou.
Jugeant qu'elles s'étaient suffisamment éloignées pour que la conversation reste privée, Drakaïs se mit à parler, la voix douce et apaisante :
– Qu'est-ce que c'était que ça, Lyly ?
Lya renifla dans son cou et haussa les épaules. Drakaïs soupira et s'arrêta. Lya la serra davantage.
« Eh, pas de ça avec moi. Parle-moi, Lyly. Tu sais que tu peux tout me dire. », la réprimanda-t-elle en lui embrassant la tempe.
Lya ne dit rien pendant un instant, continuant de se cacher dans son cou.
« Je les déteste, croassa-t-elle finalement.
– Ça je l'avais bien compris, ma Lyly. Mais quand tu détestes les gens, tu te contentes de leur grogner dessus, pas de te jeter à leur gorge. Alors qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
– Ils vont te prendre. »
Drakaïs reçut cette réponse comme un coup dans l'estomac.
« Ils sont comme toi, et tu n'as jamais voulu devenir comme nous. Tu fais partie de la meute, mais rien ne t'empêche de partir, pas comme nous.
– Oh, ma Lyly ... Mais je ne vais nulle part. »
Lya releva la tête. Son regard était terne et sa figure était barbouillée de larmes et de morve.
« C'est ton peuple.
– Et vous êtes ma famille. »
Les lèvres de Lya se mirent à trembler et elle enfouit de nouveau son visage dans son cou.
« Et tu vas quand même partir.
– Lyly–
– Mens pas ! Je suis plus une enfant ! Je peux supporter la vérité !»
Drakaïs soupira.
« Je ne pars pas –» Lya couina. « Je ne pars pas, mais même si je devais partir, tu sais que vous resterez ma famille, et que je saurai toujours retrouver mon chemin vers vous, vers toi. Tu le sais, n'est-ce pas ? Lyly ? »
Sa petite sœur hocha la tête.
Et même si Drakaïs évita de rester avec le trio le jour suivant, même si elle n'eut aucun mal à les ignorer, même si elle resta collée à Lya, elle ne réussit pas à refouler l'impression que la peur de Lya, aussi irréaliste qu'elle lui semblait à présent, sonnait comme un mauvais présage.
Après deux jours de ce même manège, Drakayn réussit à la coincer.
"Après tant de progrès, nous sommes de nouveau des pestiférés ? Drakaïs, voyons... Fergon et Sin, passe encore, mais moi... J'en serai presque vexé."
Elle regarda le Démon, son sourire taquin et ses yeux curieux, avec un air blasé. Ils étaient seuls tous les deux, loin des autres. Elle s'était éloignée pour aller aux toilettes et trouver un peu de calme en espérant apaiser sa migraine. Et sur le chemin du retour, elle était tombée sur le Malédrake. Elle ne savait pas si elle devait être amusée ou en colère.
Le sourire du Démon se faisait de plus en plus grand à mesure qu'elle gardait le silence.
Colère, donc. Ça n'allait pas aider sa migraine.
« Arrête ça. »
Il haussa un sourcil.
– Arrêter quoi ? »
Elle bouillonnait de colère à présent. Et la douleur dans son crâne n'aidait pas à la calmer.
« Ça ! La provocation !
– Drakaïs, fit-il lentement, comme s'il parlait à une enfant. Je suis un Démon.
– Et être un Démon équivaut forcément à être un connard ?
– Non. Mais dans mon cas ? Oui.
– Oh, et puis merde ! »
Et elle se remit à avancer, le Démon sur ses pas. Sans même se retourner, elle pouvait sentir sa satisfaction. Elle se mit à grincer des dents, la douleur dans son crâne de plus en plus perçante.
« Tu n'as pas répondu, fit-elle soudainement.
– Hum ?
– Pourquoi tu es là. Sin est avec Idris, Fergon est avec toi...mais justement : toi. Que fais-tu là ?
– Ah, ça, dit-il, nonchalant. C'est très simple : Adrias est ma mère. »
Elle s'arrêta et Drakayn la dépassa. Puis, réalisant qu'elle s'était arrêtée, il en fit de même et se retourna, un sourcil haussé. Comme inconscient de la révélation choquante qu'il venait de lui jeter à la figure. Mais Drakaïs n'était pas dupe. La lueur jubilante dans son regard était sans équivoque.
« Toi. Fils d'Adrias. Neveu d'Idris. Petit fils de–»
Pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, elle lut de la colère sur son visage.
« Onyx ? Tu peux effacer cet air admirateur et émerveillé. Je suis un connard ? Crois-moi, je suis un saint en comparaison. »
Étrangement, elle ne ressentit pas le besoin de le contredire sur cette remarque. Onyx, Dragon Ancestral, le plus puissant de son peuple, père d'Idris et Adrias, légende chez les Drakoniques comme chez les Malédrakes, héros aux milles exploits ... et elle ne ressentait aucune indignation face à l'insulte.
Elle repensa à son rêve, à la Dragonne qui semblait connaître Onyx personnellement. Peut-être que c'était lié ? Elle rêvait d'Onyx et elle était en présence de sa famille.La coïncidence était trop grosse.
« Je n'aurais jamais pensé qu'Adrias soit ta mère. »
Même si maintenant qu'il le lui avait dit, elle pouvait voir la ressemblance dans leurs traits.
« Ah, l'amour filial et maternel n'est pas vraiment visible, hein ? C'est parce qu'il n'y en a pas. »
La chose lui paraissait incongrue. Sa mère... Elle l'aimait plus que tout, même encore après sa mort, peut-être davantage depuis sa perte, en réalisant le vide qu'elle avait laissé en mourant.
« Alors pourquoi es-tu ici ? Tu dis que c'est ta mère, mais que tu ne l'aimes pas. Alors pourquoi la suivre ? »
L'expression du Démon était lisse de toutes émotions ; elle eut l'impression de s'être engagée sur un chemin dangereux.
« Est-ce que tu me croirais, si je te disais que même si je la déteste, elle reste ma mère et que personne à part moi ne peut lui faire du mal ?»
Oui. Son expression était trop sincère pour être mensongère. Elle détourna le regard et se frotta le front, comme pour apaiser la vague d'aiguilles qui poignardaient son cerveau.
« Parce que ce serait un mensonge, continua Drakayn. Il y a une guerre. Et je m'y connais, en guerre. Alors me voilà, tout simplement. Car Adrias sait que je suis compétent. Rien d'anormal. Ce qui est étrange, par contre ? Que tu ne t'y intéresses pas. Depuis le début, tu nous fuis comme la peste. Comme si tu avais peur. Mais de quoi ? Tu n'es vraiment pas intéressée par ton peuple ? Sur cette guerre qui s'annonce ? Pas une seule question ? Rien ? »
Elle le foudroya du regard. Sa migraine avait complètement envahi son esprit. Elle continua de se frotter le front. Elle savait qu'elle aurait bientôt une vision. Elle ne voulait pas l'avoir devant Drakayn, mais elle commençait à accepter qu'elle n'aurait pas le choix.
« Non, lâcha-t-elle, la voix atone.
– Menteuse. »
Elle lui montra les crocs.
« Va te faire foutre. »
Il eut ce sourire en coin qu'elle détestait tant.
« Qu'est-ce que tu caches, Drakaïs ? »
Elle ricana froidement. Était-elle vraiment en train d'avoir cette discussion avec lui ?
« Va te faire foutre, Dra... »
« Raconte...moi...une histoire...Sissi. », entendit-elle dans son dos.
« ...kayn. », finit-elle dans un murmure.
Le Malédrake fronçait les sourcils et lui parlait, mais elle n'écoutait pas. Elle se retourna machinalement, le cœur aux bords des lèvres, tremblante.
Elle fut impuissante face à ce spectre.
Drags est dans ses bras. Elle hoquette, s'étouffe dans son propre sang, le regard déjà voilé par la mort. La lune est pleine au dessus-d'elles, les éclaire doucement. Elle n'a plus de force, elle tremble de tout son corps et elle ne sait pas quoi faire, elle a déjà perdu maman, elle ne peut pas perdre Drags, elle ne peut pas.
« Raconte...moi...Sissi. », crachote Drags.
Rouge, rouge, rouge ; partout. Sur ses mains, sur son visage, sur son torse. Elle s'accroche à Drags. Et elle sait de quelle histoire elle parle. Le Vœu à la lune. Et elle veut crier à l'astre de lui ramener maman, de sauver sa sœur, de tuer les monstres, et c'est ça, tout va s'arranger, elle n'a plus qu'à raconter l'histoire, et faire son vœu avec Drags, et Drags est la plus forte, Drags a encore la force de parler, alors elle commence le récit :
– Il était une fois–
« Eh ! Qu'est-ce qui t'arrive ? »
Drakayn avait une main posée sur son épaule et la secouait légèrement, les sourcils froncés. Elle se dégagea brusquement en grognant. Son mal de crâne commençait à décroître. Elle détestait vraiment ces putain de visions.
« Qu'est-ce que c'était ?
– Rien qui te concerne. »
Elle sût à son expression déterminée que ce n'était pas une réponse suffisante, et se prépara à l'affronter. Elle accrocha son regard, se refusant à baisser le sien. Les yeux du Démon devinrent écarlates, intenses, et elle comprit trop tard qu'il allait –
Blanc.
Rouge.
Drags.
Cris.
Maman.
Craquement.
Images indéchiffrables.
Noir.
Sifflement reptilien.
Drakaïs réussit à se dégager de l'emprise du Démon en fermant les yeux, haletante. Une Plongée. Dakayn avait Plongé, violé son âme. Comment avait-elle pu baisser sa garde de cette manière en la présence d'un Démon ? Comment avait-elle pu oublier ce qu'il était ? Il était pâle, et elle ressentit un vicieux plaisir à voir qu'il n'arrivait pas à la regarder en face. En un clin d'œil, elle fut sur lui: elle le frappa en plein dans le ventre, et il se plia en deux, les mains à l'estomac et le souffle coupé.
« Fais-moi encore un coup de ce genre, et je jure sur les Six que je te tue ! » lui cria-t-elle, les crocs à l'air et des écailles rouges remontant sur les bras.
Elle s'éloigna en tremblant. Il ne la suivit pas.
Depuis le début, elle avait tout fait pour éviter de se retrouver seule avec Idris et Adrias. Mais à seulement quelques heures de leur destination, elle fut prise au piège et n'y coupa pas.
Pour sa défense, elle était épuisée, les échos d'une migraine résonnant encore dans son crâne, en fin de file de leur joyeuse troupe pour fuir les regards pleins de tristesse des membres de sa meute. Des regards qu'elle commençait vraiment à détester : ils la regardaient comme si elle était déjà partie. Par les Six, elle entendait des couinements quand elle avait le malheur de regarder dans la direction de l'un des intrus. Quant à Cerbère et Elesborn, c'était peut-être pire. Ils ne la regardaient pas. Comme s'ils avaient déjà abandonné.
Alors elle devait être une cible facile pour Idris et Adrias.
« Je ne pense pas que nous nous soyons présentés. »
Elle observa le sourire avenant d'Idris. Malgré elle, elle se relaxa. Elle n'arrivait pas à rester sur ses gardes face à un tel sourire.
« Pas vraiment besoin de présentation, dans votre cas. »
Idris était une belle âme. Quand il souriait, ses yeux se plissaient. Un sourire honnête. Mais son regard contrastait avec son sourire : un voile de tristesse, tantôt mélancolique, tantôt désespéré. A cet instant, c'était la mélancolie qui l'emportait.
Il lui tendit la main et elle l'observa quelques secondes avant de la serrer.
« Idris.
– Drakaïs, fit-elle en souriant.
– Quel âge as-tu, Drakaïs ? »
Elle cligna des yeux.
« Vraiment, Idris ? Son âge ? »
Drakaïs se crispa de nouveau. Si Idris avait une aura relaxante, c'était tout le contraire pour sa sœur. Une femme intense, glaciale et brûlante à la fois. Son regard était dur, cruel et haineux quand il se posait sur son frère, pensif et calculateur quand il se posait sur Drakaïs. Avec la Malédrake, se tenir sur ses gardes était une nécessité.
« J'ai vingt-deux ans. », répondit Drakaïs, son attention toujours sur Adrias.
La Démone haussa les sourcils.
« Tu es une enfant. Décidément, entre Sin, le louveteau et toi, j'ai l'impression que nous sommes devenus une nurserie. »
Oui, la ressemblance avec Drakayn était maintenant évidente.
« Je ne suis plus une enfant depuis longtemps.
– Hum, fit Adrias avec un rictus. Que peux-tu nous dire sur les Enfants de Gaïa, petite ? Des conseils à nous donner ? »
Drakaïs serra les mâchoires.
« Évitez les insultes, les provocations, les mensonges, les manipulations et les menaces. Vous vous en sentez capable ? »
Adrias éclata de rire. Idris regarda sa sœur, les yeux écarquillés.
« Drakaïs, hein ? Tutoie-moi. Après tout, nous sommes entre adultes. J'ai aussi cru comprendre que je devais te remercier pour avoir remis Drakayn à sa place.
– Me remercier ? »
Adrias renâcla.
« Même pour un Démon, ce petit con dépasse trop souvent les bornes à mon goût. Je ne peux rien y changer maintenant, mais je ne perds pas espoir qu'il tombe un jour sur plus malin que lui pour le remettre à sa place. »
La Malédrake était une femme d'une beauté froide. Une peau bronzée à l'inverse de son frère, mais des cheveux tout aussi noirs que lui. Elle ne cachait pas sa nature démoniaque : ses yeux étaient deux braises qui enflammaient son visage. Son rictus s'était fait plus doux au fur et à mesure de la discussion, et Drakaïs comprit qu'elle venait de passer un test. Et qu'elle l'avait réussi.
« Pourquoi es-tu avec les Loups-Garous ? »
De la part de Drakayn, le manque de tact l'aurait fait grogner. Mais Adrias ne cherchait pas à la provoquer, et même si elle semblait curieuse, le sérieux de son regard lui fit penser que l'information était cruciale pour elle. Elle parlait en tant que meneuse, et son intérêt personnel était secondaire.
Idris et son aura apaisante finirent de délier sa langue.
« Ma famille s'est faite tuée par des Chasseurs. La meute m'a recueillie. »
Elle n'en dirait pas plus. Elle n'en parlait jamais avec sa meute, et si elle réalisait à présent que c'était à cause du sort d'oubli, ce n'était pas pour autant qu'elle allait en parler avec des inconnus, aussi aimables soient-ils. Mais Adrias avait encore de quoi la surprendre. Au lieu de rebondir sur sa réponse, elle changea de sujet :
– Et tu es déjà entrée en contact avec les Enfants de Gaïa ?
– Souvent, oui. J'ai déjà accompagné Cerbère et Elesborn pour voir leurs dignitaires.
– Gaïa ? fit Idris, intrigué.
Drakaïs secoua la tête.
« Gaïa est une divinité pour eux. Ils ne font appel à elle qu'en situation de crise.
– Espérons que la situation sera jugée suffisamment critique pour ça. », marmonna Adrias.
Drakaïs en doutait. Les Enfants de Gaïa étaient un peuple pacifique, observateur et gardien de l'écosystème de la Forêt Originelle. Des êtres qui se fondaient avec la nature, et auxquels répondaient les autres serviteurs de la Vie, y compris les Loups-Garous. Gaïa, leur cheffe suprême élevée au rang de divinité parmi eux, se faisait discrète dans les prises de décision, et reposait au saint de l'Arbre Mère, au cœur de la forêt, dans la cité d'Iphèbre. Leur dernière implication dans un conflit remontait à des millénaires.
Mais Drakaïs n'eut pas le cœur de le leur expliquer. La lueur d'espoir dans le regard d'Idris illuminait sa figure épuisée, obscurcie par l'angoisse et le désespoir. Peut-être était elle lâche, mais elle ne voulait pas être celle à tuer cette lumière.
A quoi bon, quand la lueur mourrait d'elle-même, dans quelques heures, une fois parvenus à Iphèbre ?
A une heure de la cité des Enfants de Gaïa, elle reconnut qu'elle s'était trompée.
Ils se retrouvèrent encerclés par les Enfants, qui les toisaient en hauteur, perchés sur les arbres, à moitié cachés dans la pénombre des feuilles. Le chef du groupe se laissa tomber au sol. La peau d'écorce, les cheveux feuillus et fleuris, percés par des immenses oreilles, bien trop longues pour être elfiques, l'identifièrent comme l'un des Aînés. Il salua les Alphas d'un hochement de la tête, avant de focaliser son attention sur Adrias et Idris. Ses yeux de sève étaient envoûtants.
« Enfants d'Onyx, nous vous attendions. Gaïa est prête à vous recevoir. »
Note:
Hey !
J'ai galéré pour la fin de ce chapitre. Sur la partie avec Idris et Adrias. Mais j'ai réussi à me dépatouiller ! Yey !
ET DRAKAYN S'EN EST ENFIN PRIS UNE ! Bien fait pour sa gueule, heh.
'_'
Bon. Plus sérieusement. Beaucoup de choses dans ce chapitres. Beaucoup. Heureusement que je n'ai pas suivi mon plan d'origine et que je l'ai coupé en deux.
Au menu donc. Du drama avec la meute. Pauvre petite Lya. Drakayn et son comportement de con -rien d'inhabituel- mais un comportement de con un peu grave que d'habitude. La Plongée, c'est encore un peu vague, et je vais pas m'étaler ici là-dessus :p ! Patience ! Mais j'espère que vous aurez un peu compris ce qu'il a fait quand même ahah. Blabla et présentation "officielle" entre Idris, Adrias (vous la voyez sous un autre jour d'ailleurs!) et Drakaïs. Et fin en cliffhanger :D !
J'espère que ce chapitre vous aura plus ! A la prochaine !
PS: Hum. Un peu plus long ici. Mais c'est encore raisonnable, non ?
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