|4| "Faisons un marché
Du haut tout semblait toujours si petit et si lointain. Hors de portée.
Le regard d'Idris plana sur les flancs de la crevasse qu'était la Vallée aux Milles Sortilèges. Une vallée artificielle qui ne laissait rien paraître de sa vraie nature: la verdure balayée par les vents était tachetée par la neige et la boue, alors que les strates des falaises la prenaient en coupe, enlacée par des forêts de conifères. Ou du moins, à première vue. Car des ombres, certaines gigantesques, d'autres plus petites, se mouvaient sur la vallée, plongeaient dans une semi obscurité ses habitants.
Idris serra ses doigts devant son visage, les coudes appuyés sur les genoux. Son peuple s'agitait devant ses yeux, occupé à faire vivre leur communauté, et il pouvait presque entendre les rires des enfants qui courraient en tous sens, simples tâches, minuscules de là où il était. Des fumées quittaient les habitations lovées les unes contres les autres, des construction en bois et en pierre sommaire qui remplissaient tout juste leur rôle, perdues au milieu d'un champ de tentes obscures.
L'hiver touchait à sa fin. Une période rude, une tension qui s'effaçait pour une autre. Ils avaient survécu le froid et la ration, et maintenant, c'étaient les bêtes qui les occuperaient.
Le son des cloches berçait ses pensées, ponctuées de meuglements et de bêlements qui arrachèrent un petit soupir amusé à Idris. Il resta cependant crispé, recroquevillé en avant, le regard fixé sur la vallée.
Voilà donc à quoi en était réduit les Drakoniques : à vivre cloîtrés à l'abri des regards, dans un endroit que personne n'osait chercher. Était-ce un échec ou autre chose ? Idris l'ignorait, ne pouvait trouver ses mots pour qualifier l'organisation de leur communauté. Survie, peut-être.
L'angoisse gagna son estomac, un nœud et des piques acérées qui lui donnèrent la nausée. Que penserait Adrias de tout cela ? Il voyait déjà son sourire hautain et moqueur, ses yeux rouges pleins de mépris et de haine, et ressentit soudainement une douleur fantôme hantant son ventre, vestige d'une ancienne blessure.
Le vent secouait ses cheveux bruns, comme une main affectueuse qui l'ébouriffait. Le Drakonique secoua la tête, un fin sourire sur les lèvres et son inquiétude réduite à un inconfort lointain. Une brise lui caressa les flancs et la chaleur d'un corps s'appuya contre son épaule. Les bourrasques cessèrent. Idris pencha la tête vers le nouveau venu, le regard fixé sur la vallée.
« Air. Que me vaut ce plaisir ? »
Idris sentait le regard d'Air sur lui. Il savait que ses yeux pâles, perçants, le dévisageaient. Il s'obligea à se détendre et se tourna entièrement vers lui. Il croisa le regard du Fondamental, deux aimants, reflets d'une sagesse et d'un savoir millénaire. Le souffle d'Idris resta coincé dans sa poitrine. L'expression de l'homme aux cheveux cendrés était sérieuse mais contemplative, son visage légèrement incliné sur la droite. Soudain, le poids sur la poitrine d'Idris s'envola et il put respirer plus facilement.
« Tu t'inquiètes trop, mon ami. », souffla finalement Air en fermant les yeux et en expirant lentement.
Le vent se remit à souffler.
«Tu n'as pas répondu à ma question. », nota Idris en l'examinant.
La posture du Fondamental restait lâche, mais Idris savait qu'il ne se risquait jamais à quitter son poste sans raison.
« Tu sais que vous êtes en sécurité ici. », lâcha Air.
Son affirmation sonnait comme une question.
Idris fronça les sourcils. Il leva le visage vers les débris de l'îlot qui flottaient à des centaines de mètres au dessus d'eux. Ils dansaient sur un rythme chaotique, leur cadence sans queue ni tête régie par une magie insubordonnée, pour projeter leurs ombres sur la vallées. Tout là-haut, à des kilomètres, un temple abandonné des Six trônait sur l'îlot, chambre de repos de la Shamane, gardienne des Fondamentaux. Des millénaires qu'elle dormait, poussée aux limites de sa force après un combat encore à ce jour légendaire. Son hibernation la laissait sans défense, et c'étaient les quatre Éléments, Incarnés dans des enveloppes mortelles, qui la veillaient, et gardaient la Vallée aux Milles Sortilèges par la même occasion.
« Je sais que personne ne se risquerait à venir créer un conflit dans ces lieux. Pas tant que vous êtes là. », répondit Idris en baissant le regard sur son peuple en contrebas, installé dans la crevasse où avait jadis reposé le temple.
Air soupira et une rafale de vent passa sur eux.
«Parce que nous vous avons pris sous notre garde également, Idris. Parce qu'à présent, vous êtes tout autant sous notre protection que notre maîtresse. Parce que venir s'en prendre à vous dans ces lieux reviendrait à nous déclarer la guerre.
– Et j'en suis touché, crois-moi, mais pourquoi me le rappeler ? »
Air l'examina minutieusement. Idris resta de marbre, la tête levée vers lui. Il ne comprenait pas où voulait en venir le Fondamental, mais ses mots lui réchauffaient le cœur. Lorsque Idris était venu chercher Feu, des décennies auparavant, pour demander asile pour son peuple, jamais il n'aurait pensé que la situation évoluerait de cette manière.
« Ta sœur sera là dans quelques minutes. Je veux m'assurer que tu as conscience de ta sécurité et de celle de ton peuple en ces lieux avant que tu ne la vois. »
Un petit rire échappa à Idris et il secoua la tête. Qu'avait-il fait pour mériter une telle loyauté ? Idris l'ignorait, mais il ne la mettrait pas de côté. Pas quand elle servait son peuple.
Idris ouvrit la bouche, un sourire étirant ses lèvres. Mais Air n'avait pas fini. Avec un grand rictus, il cria :
– Et pour te prévenir de la présence du jeune Sin !
Un cri indigné, suivi de bêlements surpris, s'éleva à quelques mètres. Avec un grand rire, Idris se tourna vers le bruit. Un Sin frustré et agacé surgit de sa cachette, un talus recouvert de moutons. L'adolescent aux cheveux blonds et à la bouille angélique fronçait les sourcils et pointa un doigt accusateur vers Air.
« Sale petit traître vicieux ! »
Le Fondamental éclata d'un rire aérien, la tête inclinée en arrière. Sin rougit et marmonna des insultes en naviguant parmi le bétail pour les rejoindre.
« Je pensais pourtant avoir été clair, Sin... soupira Idris en se relevant lentement.
– C'est dangereux. Elle...elle... Je ne lui fais pas confiance, bafouilla Sin, une main filant dans ses cheveux blonds alors que ses yeux noisettes fuyaient ceux de son Patriarche.
– Moi non plus, assura Idris en haussant les sourcils avec un sourire amer.
– Elle pourrait très bien être accompagnée, siffla Sin, les bras levés au ciel.
– Elle est seule. », intervint Air.
Sin lui jeta un regard noir, mais retourna vite son attention sur Idris, l'expression tout à coup plus vulnérable.
« Tu ne devrais pas être seul. On ne peut pas te perdre. Tu ne peux pas mettre ta vie en danger comme ça. Et Siss–
– Tu écoutes trop ma femme, grogna Idris en passant son bras autour des épaules de l'adolescent. Tout va bien se passer. Tu me fais confiance ? »
La réponse fut immédiate :
– Oui.
– Alors, file. Va t'occuper des papiers que je t'ai donné.
– Mais Siss a dit– »
Par les Six, il regrettait plus que jamais d'avoir poussé Sin dans les pattes de sa femme.
« Sin. C'est un ordre. », rétorqua sèchement Idris, le visage fermé.
Le jeune Drakonique ferma la bouche en claquant ses mâchoires sèchement. Il lâcha un grognement et fit demi-tour brusquement en s'éloignant d'un pas vif, les mains fourrées dans les poches.
« Si tu crèves, viens pas te plaindre ! » lui gueula Sin par dessus son épaule, avant de disparaître à l'ombre d'un talus.
Idris secoua la tête, amusé malgré lui.
« On croirait entendre Céleste. Moi qui pensais que je serai tranquille une fois qu'elle aurait quitté le nid... », murmura Idris en se frottant le menton, songeur.
Il n'avait pas eu de nouvelles de sa fille depuis quelques jours à présent. La fierté enflamma sa poitrine. Céleste était sans doute sa plus grande victoire.
« Elle te manque, n'essaye pas de le nier. », rit Air en lui assénant une grande claque dans le dos.
Idris partit en avant, et seul le Fondamental, qui l'arrêta en lui empoignant le bras, lui évita de dévaler la pente. Le Drakonique soupira. Il loucha sur le vide, puis sur la main qui le retenait, un amusement agacé faisant tiquer ses lèvres. L'Élément le redressa, son attention tournée ailleurs. Idris fronça les sourcils.
« Air ? »
Le visage du Fondamental s'était fermé, sa bonne humeur envolée.
« Elle est là.»
Idris se crispa. L'angoisse agrippa son cœur. Il s'écarta d'Air et croisa ses mains derrière son dos pour cacher ses tremblements. Une silhouette avançait au loin. Il aurait reconnu cette démarche partout.
Son pouls pulsa dans son crâne.
Idris avait le souffle coupé.
Adrias. Sa moitié, sa sœur, sa jumelle. Il fut un temps où il aurait donné sa vie pour elle. Il préférait ignorer la petite voix qui lui chuchotait que c'était toujours le cas, qu'il en serait toujours ainsi.
«Respire, lui chuchota Air. Elle ne te fera rien. Pas en ma présence. »
Le Drakonique prit une inspiration tremblante, une grimace tordant sa figure. Ce n'était pas la violence physique qui le terrifiait. Pas avec Adrias.
« Tu ne me verras pas, mais n'oublie pas que je suis là. »
Et sur ces derniers mots, Air s'évapora.
Idris pouvait voir les traits de sa sœur désormais. Si familiers...et si différents. Il n'arrivait toujours pas à réconcilier cette expression sévère et dure à celle enjouée et tendre de leur enfance. Ses cheveux bruns étaient soulevés en un chignon sobre, loin des boucles folles de sa jeunesse. Ses yeux démoniaques, changés eux aussi, pleins d'une froideur glaciale, semblaient épingler Idris sur place. Trop vite et trop lentement à son goût, Adrias arriva devant son frère et s'arrêta à quelques pas, les bras ballants et la posture droite. La Malédrake l'examina de bas en haut d'un coup d'œil, et le coin de ses lèvres trembla. Malgré lui, Idris posa sa main sur son ventre, ce qui n'échappa pas à sa sœur ; cette fois, elle laissa le rictus déchirer son masque inexpressif.
« Mon dernier cadeau t'importune toujours, Idris ? »
Le Drakonique siffla de colère et serra ses doigts sur son ventre.
« Voyons, ma chère sœur ... » Adrias tressaillit, comme frappée, avant de reprendre contenance. «...attention, je pourrais croire que mon état te préoccupe. »
La Démone éclata d'un rire moqueur et cruel.
« Je ne sais pas, Idris, je m'attendais à autre chose. Après tout, la dernière fois que nous avons été seul à seul, je t'ai poignardé dans le ventre pour te laisser pourrir en Enfer. »
Un silence plana entre eux. Adrias avait définitivement laissé tomber son masque d'indifférence froide ; la haine, la rage et le mépris déformaient son visage, ses yeux un incendie ardent. Idris savait qu'une grimace de douleur occupait le sien. Il était plus crispé que jamais.
« Que veux-tu, Adrias ? », souffla finalement Idris.
La Malédrake baissa le regard, les sourcils froncés.
« T'aider. », cracha-t-elle.
Un rire incrédule échappa à Idris. Elle le foudroya du regard.
« Je suis sérieuse. »
La colère inonda Idris.
« Vraiment, Adrias ? aboya-t-il. M'aider ? A quoi exactement ? Veiller sur mon peuple ? Sur ma famille ? Sur moi ? Où était ton aide quand j'en avais le plus besoin ? Nulle part. Et je n'en ai pas besoin. Plus maintenant. Plus jamais.
– Il y a des choses que tu ignores ! explosa à son tour Adrias. Tout a changé ! Et tu ne le sais pas ! Tu es toujours aussi inconscient ! Est-ce que tu veux que ton ignorance tue une nouvelle fois ? »
Idris lâcha un long grondement enragé, empli d'une tristesse déchirante. Il aurait dû savoir qu'elle reviendrait sur cette plaie béante. Par les Six, il aurait dû savoir que c'était une mauvaise idée. Il aurait dû écouter Siss et Sin. Il se retourna et se mit à s'éloigner, la démarche rapide et lourde.
« Qu'est-ce que tu fais ? », jeta Adrias, furieuse.
Idris lâcha un renâclement froid. Tout ça ne mènerait à rien. Il avait perdu suffisamment de temps et d'énergie. Il avait besoin d'un verre d'alcool.
« Tu sais que l'Empereur est mort ! cria-t-elle en le poursuivant. J'ose espérer que ton ignorance ne va pas jusqu'à là. »
Idris se stoppa net et se retourna, plus agacé et frustré que jamais. Il n'eut pas le temps de l'attaquer ; elle repartait déjà, une lueur victorieuse dans ses yeux, qui arracha une grimace haineuse à Idris. Par les Six, il détestait ce qu'elle était devenue.
« Il est mort et la Pierre a fait son choix. Un choix qui s'est porté sur ton peuple, Idris. Les Drakoniques. Je suppose que les félicitations sont dans l'ordre des choses. »
Idris vit rouge.
«Comment oses-tu ! hurla-t-il en lui agrippant la gorge. Comment peux-tu mentir sur une chose pareille ! Par les Six, Adrias, ouvre encore une fois ta sale petite bouche pour cracher tes poisons et je te jure que–
– Elle dit la vérité. »
Idris se tourna vers Air, apparu de nulle part dans une bourrasque. Le Fondamental fixait Idris du regard avec un air indescriptible.
« J'étais là. Les Drakoniques ont bien été choisis.», affirma Air calmement.
Idris lâcha la Démone, qui hoqueta et s'éloigna en se frottant la gorge. Idris recula, un maelstrom d'émotions bouillonnant en lui. La confusion et la trahison prirent le dessus.
« Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? », murmura Idris à Air.
L'Élément ferma les yeux brièvement et amena ses mains derrière son dos.
« Tu sais bien que nous ne nous mêlons plus des affaires des mortels. Pas tant que notre Maîtresse dort. Et puis... »
Air laissa sa phrase en suspens, le voile serein de son visage brièvement secoué par une vague de regret.
« Et puis ? »
Le Fondamental tourna son visage vers le ciel, alors que ses épaules s'affaissaient sous un soupir.
« Te prévenir me paraissait revenir à signer ton arrêt de mort.», murmura Air.
Idris se passa une main sur la figure en soupirant fébrilement.
« Ils ne respecteront pas le choix de la Pierre. », ajouta Adrias, les bras croisés sur la poitrine.
Un rire épuisé quitta les lèvres du Drakonique. Non bien sûr. La chose aurait été trop belle.
« Et quoi ? Que veux-tu que je fasse ? Avec un peuple chassé, terrifié, brisé ?
– Je veux que tu te battes ! Pour une fois, fais quelque chose ! »
Idris fit volte face, un grondement bestial au bord des lèvres.
« Et mener mon peuple à sa perte ? Dans son état, ce serait du suicide !
– Alors tu vas les laisser te prendre ce droit ? Tu vas les laisser continuer à te persécuter ? Ouvre les yeux bordel ! Ton peuple est déjà en train de mourir!
– Tu crois que je ne le sais pas ? hurla Idris, les crocs à découvert. Tu crois que je ne sais pas que nous sommes un peu moins chaque jour ? Qu'il y en a encore, là dehors, qui sont chassés et massacrés ? Que je suis impuissant à les protéger comme je le devrais ?
– Tu pourrais les sauver. Idris, si tu gagnes, tu les sauves. Tu imagines ? Tu n'aurais plus à vivre cloîtré ici. Vous seriez les maîtres de l'Eden, le peuple souverain. », insista Adrias, les yeux écarquillés.
Idris l'imaginait, oui. Mais ce n'était qu'une chimère. Un mensonge, encore un tour d'Adrias. Si Air n'avait pas confirmé ses paroles, il aurait été persuadé que c'était encore l'un de ses tours cruels. Mais la suspicion restait implantée dans son esprit. Sa naïveté et l'espoir d'une réconciliation avaient péri en Enfers, ce jour, il y a des siècles de cela, où la Démone l'avait laissé pour mort, les tripes à l'air. Leurs rencontres, par la suite toujours brèves, avaient été les mêmes : imbibées de haine, d'amertume, de rancune et de suspicion.
Idris ne savait pas comment faire autrement.
Il ne voyait pas comment faire autrement.
« Et qu'est-ce que tu y gagnes ? », siffla Idris.
Il se mit à tourner autour d'Adrias. Oui, c'était trop beau pour être vrai. Le pensait-elle aussi stupide pour tomber dans le panneau ?
« Ou plutôt, qu'y gagne Abaddon ? »
La Malédrake, déjà immobile, parût soudain plus figée, telle une statue de marbre. Une réponse suffisante pour Idris, qui ricana froidement. La sale petite vipère. La haine qui le prit à la gorge le surprit par son intensité. A ce moment, il ne put dire si elle visait sa sœur ou son roi, le Diable. Abaddon était sans aucun doute la pire pourriture des six mondes, et il détestait voir sa sœur agir comme une simple marionnette servant ses objectifs perfides.
« Je n'ai pas menti, Idris. Je te propose mon aide. », fit finalement Adrias, le visage crispé, chaque mot comme arraché de sa bouche.
Il sourit, moqueur. Oh, par les Six, était-elle sérieuse ?
« Ce ne sont pas les troupes du Diable que je viens t'offrir, mais les miennes. », continua-t-elle, le mettant au défi de rire alors qu'une lueur déterminée et féroce faisait briller ses yeux de Démon.
Idris n'était plus amusé. Il partagea un regard confus et surpris avec Air, qui restait en retrait.
« Une alliance avec les Malédrakes ? Pourquoi ?
– Tu sais que mon peuple a toujours été sensible au tourment du tien, et ça, malgré nos...différends. »
Le déclic se fit dans son esprit.
« Est-ce Drakayn ou Achoura qui t'a soufflé cette idée, ma chère sœur ? », rit Idris en secouant la tête.
Adrias fronça les sourcils et baissa le regard.
« Drakayn a bien trop fréquenté Céleste. Et Achoura sait se montrer convaincante.
– Je ne te pensais pas du genre à suivre les idéaux de l'Alliance. »
La Malédrake montra les crocs.
« Si ça peut m'aider à remplir mes objectifs, je me fiche de dénaturer ma pensée. Diable, Alliance, Empire... Qu'importe. Tu ne sembles pas réaliser la teneur de la situation. Tout pourrait cesser, Idris. C'est ta chance. Tu pourrais sauver ton peuple. »
Ou le ruiner.
« Que veux-tu ? », insista Idris, soudain exténué. Il avait l'impression de tourner en rond.
Elle soupira.
« Ce que je veux n'est pas important. Tu n'es pas stupide, du moins, pas à ce point : tu sais que le Diable est impliqué, qu'il est mon ombre et qu'il veut t'influencer. » Idris fronça du nez. « Mais tu pourrais jouer contre lui, te servir de lui et te laisser manipuler. Mais qui est le vrai manipulateur lorsque la marionnette a conscience de ce qu'elle est ?
– Qu'essaies-tu de me dire ? chuchota Idris, songeur.
– Prend les Malédrakes, garde-moi auprès de toi, laisse le Diable croire qu'il t'a exactement là où il le souhaite, et cherche-toi des alliés autres que ceux affiliés aux Enfers.
– Garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus, hein ? »
Le sourire qui effleura les lèvres d'Adrias était un revenant du passé. Idris fut brusquement traversé par l'envie de la prendre dans ses bras. Mais le sourire disparut et il revint à la réalité.
Un silence lourd mais confortable plana sur leur discussion. Le Drakonique jeta un coup d'oeil à Air. Le Fondamental était plus inexpressif que jamais. Il se recentra sur Adrias, qui l'examinait pour la première fois sans réelle animosité.
« Je ne te fais pas confiance, lâcha finalement Idris. Et je n'accepterai rien avant d'en discuter avec mon peuple.
– Moi non plus et le contraire aurait été stupide, ricana Adrias en roulant des yeux. Je doute que ma présence soit la bienvenue : je sais combien ta femme m'apprécie. Tu sais comment me contacter. »
La Malédrake fit demi tour et s'éloigna d'un pas vif. Idris observa son dos. Pourquoi avait-il l'impression d'être toujours celui à la suivre ou à l'attendre ?
« Tu sembles particulièrement sûre d'une réponse positive ! », lui cria-t-il, agacé.
Il entendit son éclat moqueur de là où il était.
« Tu n'es pas stupide au point de laisser passer une occasion pareille. », lui répondit-elle sans se retourner.
Il l'observa jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Il resta fixé sur place longtemps. Il n'osa pas se retourner, sachant pertinemment qu'il trouverait Air. Il percevait son jugement sans même le voir. Son jugement et sa résignation.
« Te prévenir me paraissait revenir à signer ton arrêt de mort.»
Au fond, Idris savait qu'il avait déjà pris sa décision.
Note :
Hey ! Je m'excuse du retard ! J'ai été beaucoup occupée ces derniers temps et je le serai aussi la semaine prochaine. Je ne pense donc pas qu'il y aura de chapitre la semaine prochaine. Cependant, je serai en vacances à partir de samedi prochain, donc j'aurai plus de temps pour écrire et je compte bien en profiter !
Concernant ce chapitre, j'ai été pendant longtemps dubitative quant à la forme qu'il prenait, notamment vers la moitié. Je n'étais vraiment pas convaincue et j'avais l'impression de tourner en rond. Cependant, je suis au final plutôt satisfaite de la manière dont il a tourné. A vous de me dire !
Voici donc Idris, Adrias (anciennement Idras pour les lecteurs de la première version), une apparition brève de Sin, une Céleste, un Drakayn et une Achoura mentionnés et un nouveau personnage: Air ! Un chapitre plus court que le précédent mais l'un des plus riches pour le moment. J'ai préféré me concentrer sur un dialogue, par lequel beaucoup d'informations passent. J'ai toujours trouvé que les informations étaient plus digestes de cette manière, et j'espère ne pas avoir été trop évidente dans celles que je vous ai balancé ahah ! La relation entre Idris et Adrias sera très similaire à celle de la première version, mais j'aimerais la développer davantage, en espérant que ce chapitre leur fait honneur !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! N'hésitez-pas à me faire part de vos avis ! Merci à tout ceux qui votent et commentent ! C'est toujours un boost pour mon moral et mon envie d'écrire ! Un petit segment devrait quand même sortir dans le courant de la semaine prochaine, avant de reprendre un rythme hebdomadaire normal ! Gros bisous et à la prochaine !
PS: plutôt court comme note, non :p ?
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