(Dé)raison et (re)sentiments
L'image de couverture n'est pas de moi.
Après environ quatre mois à ne pas écrire, courtoisie des concours et de la fac qui accaparent mon temps (et de Helldivers 2 plus récemment), je voulais écrire une nouvelle à chute. Le truc simple et pas prise de tête à écrire.
Comme d'habitude : tous les retours sont le bienvenu, bonne lecture à tous et à toutes.
« La prophétie imparfaite. » C'est ainsi qu'Iona appelle sa destinée. « Je connais les grandes lignes, mais à moi de décider des petits détails. » Les plus importants.
C'est bien beau d'être la jeune reine, celle qui doit délivrer le royaume d'un grand mal, encore faut-il en avoir la force et surtout, l'esprit.
Plus facile à dire qu'à faire lorsqu'on doit diriger un royaume au quotidien et le préparer à affronter la plus terrible épreuve de sa génération. Encore faut-il savoir de quoi il retourne : les grands maux, ce n'est pas ce qui manque aujourd'hui.
Argus en sait quelque chose : il l'assiste tous les jours, dans la plupart des affaires. L'armée, les espions, la diplomatie, il est toujours dans son ombre à préparer les dossiers, à recueillir de l'information et plus généralement, à s'assurer que le palais ne s'effondre pas sur lui-même.
Avec le recul, ils partagent tout, il fallait bien qu'un soir, ce soit la même chambre. Il se comporte en roi et en un sens, il a toutes les qualités de la fonction. Parfois, les mariages arrangés réservent de bonnes surprises.
De son côté, Iona a un soupir et reprend une gorgée de thé, il est à l'image de son humeur sur la prophétie : tiède.
« Avec mon grand amour, je dois sauver le royaume d'un terrible mal qui le ronge depuis des lustres. » La piraterie qui ravage les côtes, l'esclavage qui sévit partout, l'Empire par-delà la mer qui part en croisade, les défis ne manquent pas et les ennemis non plus. « Le thé est décevant.
-Il a eu le temps de refroidir depuis tout à l'heure. » Ce n'est pas faute de l'avoir laissé près de la cheminée.
Il faut croire que leur nuit a été plus longue et plus agitée que prévue.
Iona est la première à se redresser hors des couvertures, elle attrape sa chemise de nuit et l'enfile négligemment pour ne pas avoir trop froid.
Argus se redresse à son tour. Iona a un regard vers lui, pose une main (glacée) sur son torse irradiant de chaleur, puis se colle contre lui.
« J'ai les mains froide, » annonce la reine d'une voix joueuse, tandis que son homme se raidit à vue d'œil.
« Oui, j'ai cru comprendre. » Grince-t-il en réprimant un sursaut.
Les joies d'avoir sa bouillotte personnelle : nul besoin de se rouler en boule sous les couvertures quand on a un tigre aussi chaud que la braise. S'il y a un protocole qui l'empêche de glisser les mains sous la tunique de son fauve préféré à l'extérieur, rien ne lui interdit quand ils sont dans l'intimité d'une chambre.
Elle se demande même s'il va avoir un réflexe très... masculin en se collant à lui.
« La prophétie ne parlait pas des mains froides. » Reprend Argus qui retrouve son air détaché, Iona a un gloussement à le voir redevenir son partenaire de toujours.
Ils se sont connus... au moment du mariage arrangé. Il y a quelques années de cela, quand ils étaient jeunes. En un regard, ils se sont compris et depuis, lorsque l'autre est présent, les affaires du royaume ne semblent jamais trop dures, ou trop graves.
Alors, pourquoi cette maudite prophétie accapare-t-elle toutes ses pensées ? Tout est plié non ? Ils forment une paire intelligente, audacieuse et pleine de ressources. Ils ne devraient pas craindre l'avenir.
En fait, ce n'est pas tant la menace en elle-même qui l'inquiète, que les nobles de la cour. Ils sont du genre à chercher leur profit personnel, ils se moquent bien du royaume, ou même de sa personne. Ils veulent que tout soit en ordre.
« Tu veux en parler, demande Argus. Je sens que cela te tracasse.
-Je suis la première concernée de la prophétie, et la dernière à savoir l'interpréter.
-Les nobles, la cour, ils ont déjà leur petite idée de la question. L'oracle s'est contentée de la dire. Chacun tirera la conclusion qu'il souhaite de toute cette histoire.
-Mais Argus, quelle est ton opinion ? »
Elle doit savoir. Il correspond en tout point à la prophétie. Il ne serait pas dans sa chambre au beau milieu de la nuit, à braver le protocole, s'il n'était pas intimement persuadé de sa place dans la prophétie, non ?
« La reine et son grand amour vont sauver le royaume. C'est plutôt une belle prophétie et cela nous laisse une bonne marge de manœuvre, tant que nous arrivons à convaincre les autres. Nous ferons ce qu'il faut, si nous devons les mettre devant les faits de la manière la plus directe... » Il hausse les épaules, il n'aime pas les solutions drastiques. C'est un homme réservé et pragmatique, qui aime les solutions tout en subtilité. « Je suis prêt à le faire, même si ce n'est pas dans mes habitudes. Il faut savoir se battre pour ce que l'on veut, on ne gâchera pas nos vies par politesse envers la cour. »
Iona a un soupir.
Rien ne les prédestinait à ce qu'ils soient ensemble.
Elle lui demande. « Tu te souviens ? De notre première rencontre ? »
Le jour du mariage.
Il y a toujours cette angoisse sourde, des années après. Elle a dix-huit ans, elle doit imposer un garçon de son âge, quelqu'un qu'elle connaît à peine. Le fils d'un richissime seigneur qui possède des terres arides, mais riches en mines d'or. Un type du Sud à la peau mate, comme à peu près tout le monde dans le royaume, avec les cheveux blonds.
Elle angoisse de tomber sur un fou furieux.
Elle est l'aînée de la famille et l'héritière de la couronne. C'est elle qui doit devenir reine, diriger le royaume, mais les caisses de l'État sont vides, son père a dilapidé l'argent du domaine royal et ce mariage a pour but de renflouer la trésorerie.
Merci papa d'avoir tout dépensé dans de beaux châteaux qui ne servent à rien, elle aurait préféré vivre dans un palais un peu vétuste, mais avec un homme qu'elle a choisi.
Puis Argus apparaît dans la foule, on ne le remarque pas, il est d'un naturel discret, son air détaché, presque nonchalant, accentue encore sa faculté à se fondre dans la masse. Il a le teint clair, les yeux bleus, il a cet air nordique, des gens qui viennent de l'Empire. Ils ont discuté quelques instants, alors que leurs parents échangent les mondanités d'usage. Finalement, le mariage ne s'annonce pas si terrible, il a un charme !
Une poignée de secondes suffisent parfois à créer une flamme vivace, qui brûlera des décennies.
« Iona ? » Elle a un sursaut.
Elle rêvasse alors qu'elle devrait trouver une solution à ses problèmes et, oh ma fille, qu'ils sont nombreux.
Elle est certaine de son choix, les risques sont soigneusement calculés, mais par les dieux, elle n'a jamais été une bonne mathématicienne. Argus non plus d'ailleurs.
« Il n'y a pas de raison de s'en faire pour cette prophétie. Nous y arriverons. » Déclare son homme avec un détachement qu'elle lui envie. « J'ai foi en les paroles de l'oracle. Nous sommes amoureux l'un de l'autre, cela va faire plusieurs années que cela dure, depuis le premier jour de notre rencontre.
-Tu oublies le détail désagréable Argus : tu es mon grand amour, mais tu n'es pas le roi. Tu es le capitaine de la garde. »
Avec toute le stoïcisme dont peut faire preuve un homme du Nord, il hausse les épaules et va au plus simple. « Je peux prendre la place du roi si cela t'arrange. »
Elle a un rire.
Oui, ce serait pour le mieux.
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