Chapitre 8 - Le refuge de Naomi Solace
Chapitre 8 : Le refuge de Naomi Solace
Will resta figé sur le pas de la porte une seconde de plus avant de se jeter dans les bras de sa mère, déjà ouverts. Il manqua de bousculer Connor au passage, mais ce dernier eut le réflexe de se décaler au dernier moment. Dès que sa mère referma ses bras autour de lui, Will se sentit à la maison. Il ne l'avait pas revu depuis le premier week-end de septembre quand il était rentré à Austin le temps de prendre quelques affaires et lui annoncer qu'il resterait à l'année à la Colonie cette fois-ci. Sa mère devait de toute façon partir sur les routes en tournée dès novembre et il n'avait pas voulu laisser Nico tout seul. Il s'était bien gardé de mentionner ce dernier argument, même il l'avait vu sourire d'un air entendu quand il avait mentionné ses patients à l'infirmerie après la guerre contre Gaïa. Dans tous les cas, la voir ce soir était bien la dernière chose à laquelle il s'attendait.
Alors qu'elle l'embrassait sur la joue et passait ses mains dans ses cheveux, il se fit la remarque qu'il la dépassait maintenant de quelques centimètres. Les larmes lui montèrent presque aux yeux en repensant à la vision que Mélinoé lui avait montré, celle de sa mère malade dans son lit d'hôpital qui lui désignait le soleil courageusement.
Après plusieurs secondes à juste le serrer dans ses bras, elle recula finalement en gardant son visage en coupe entre ses mains et elle l'examina d'un air critique.
- William Andrew Solace, dit-elle en détachant chaque syllabe. Est-ce que tu essayais de rentrer chez moi par effraction ?
- Je... (Il sentit ses joues chauffer). C'est chez moi aussi, tenta-t-il piteusement.
- Jusqu'à preuve du contraire, c'est mon nom sur le contrat de location. Mon dieu, Will, c'est le beau milieu de la nuit !
Dans son dos, Connor se râcla la gorge.
- Bonjour madame Solace. Euh... A la décharge de Will, c'était moi qui essayait de rentrer. Mais promis, je n'ai pas abîmé votre serrure.
Will roula des yeux, amusé, et sa mère secoua la tête en faisant voler ses cheveux blonds et courts autour de son visage. D'un geste, elle invita les autres à entrer.
- Vous allez me raconter ce qui vous arrive, les jeunes. Allez, venez.
Sans enlever le bras qu'elle avait passé autour de ses épaules, elle l'entraîna à l'intérieur et Will n'attendit pas de voir si les autres suivaient le mouvement pour se laisser faire. Il ne voulait plus la lâcher pour le moment.
L'appartement était tel qu'il s'en souvenait : peu meublé mais chaleureux. Comme ils n'y habitaient pratiquement pas, sa mère n'avait pas pris la peine de beaucoup décoré, même si elle avait veillé à accrocher aux murs quelques peintures offertes par Apollon lui-même (leur qualité était douteuse selon le style si Will devait donner son avis) et quelques photos de son enfance. Evidemment, Connor repéra immédiatement celle où Will était dans son bain à cinq ans, enfoui sous une montagne de mousse, tout sourire devant la caméra même s'il lui manquait ses deux dents de devant.
- Ohh Will ! Fit-il, moqueur.
- Pas un mot, bougonna-t-il.
- T'étais trop mignon, roucoula Lou Ellen en l'ignorant superbement. Nico, viens-voir !
Horrifié, Will en aurait presque oublié Nico (ce qui ne lui arrivait jamais en passant). A sa décharge, Nico paraissait vouloir se fondre dans les ombres, comme souvent, et Lou Ellen dû le tirer près de la photo. En attendant son nom, les sourcils de sa mère se soulevèrent et Will sentit son anxiété monter en flèche. Il essaya de la mettre en garde, mais elle l'ignora. Avant qu'elle ait pu interpeler Nico et le traumatiser à vie – il connaissait sa mère, la subtilité n'était pas son fort – il la coupa :
- Qu'est-ce que tu fais à Harmony ? Et pourquoi est-ce que tu es réveillée au milieu de la nuit ?
Elle tourna la tête vers lui.
- J'ai un rendez-vous avec mon manager demain à New York. Je me suis dit que j'allais venir en avance d'une journée pour te voir, mais je n'ai pas réussi à joindre la Colonie. Ça m'angoissait alors je regardais la tv pour voir s'il y avait des nouvelles d'attaques inexpliquées. J'allais aller me coucher quand j'ai entendu du bruit derrière la porte.
- Et donc tu as juste décidé d'ouvrir ? Rétorqua-t-il d'un ton désapprobateur. Maman ! Et si ça avaient été des monstres ?
- Je ne vois pas pourquoi des monstres m'attaqueraient moi, Will, rassura-t-elle. (Elle parut se retenir de passer une main dans ses cheveux à nouveau, comme elle le faisait quand il était petit, et s'adressa aux autres). Vous devez être fatigués, non ? Vous voulez quelque chose à boire et à manger et puis on peut installer des sacs de couchage dans le salon... ?
- On ne veut pas vous déranger, madame Solace, s'empressa de dire Lou Ellen.
- S'il te plaît, ma grande, c'est Naomi. Et vous ne me dérangez absolument pas.
Will ne s'attendait à rien de moins de la part de sa mère, mais la douceur de sa voix lui réchauffa quand même le ventre, un sentiment familier qu'il associait à leur journée ensemble. Le corps à moitié endormi, il se laissa guider vers la cuisine. Rien n'avait changé depuis sa dernière visite. Les meubles étaient toujours peints dans un jaune vif et joyeux et plusieurs photos parsemaient la porte du frigo. Will espéra que personne ne remarque celle de son huitième anniversaire où il avait la bouche barbouillée de gâteau au chocolat.
Soudain fatigué, il traîna les pieds. Il ne s'était pas rendu compte qu'utiliser ses pouvoirs sur Lou Ellen l'avait autant vidé, mais maintenant que le danger était écarté, le contre-coup se faisait sentir. Il vacilla sur ses jambes et se rattrapa de justesse à la table de la cuisine. Aussitôt, Nico se matérialisa à ses côtés.
- Will ?
- Je vais bien... Un peu désorienté une seconde, c'est tout...
Il n'eut pas besoin de le regarder pour savoir que Nico fronçait les sourcils.
- Tu devrais peut-être t'assoir et prendre un peu d'ambroisie, mon vieux, intervint Connor.
- C'est sûrement ce que dirait un docteur, ajouta Nico, presque railleur.
L'arroseur arrosé, songea Will avec ironie. Il obtempéra sans protester et accepta avec reconnaissance le carré d'ambroisie qu'on lui tendait avant de se laisser tomber sur une chaise autour de la table. Sans se concerter, ses amis s'assirent près de lui, rapprochant leur chaise pour qu'ils soient presque tous du même côté et sa mère se retrouva toute seule en face d'eux. Elle eut assez de tact pour ne pas le relever.
Will remarqua qu'elle portait un t-shirt délavé d'une de ses tournées et les dates étaient inscrites dessus, une guitare stylisée au niveau de sa poitrine. Elle dormait souvent avec et il se rappela alors qu'elle avait dit qu'elle s'apprêtait à aller se coucher. Il culpabilisa soudain.
- Maman, si tu es fatiguée...
- Moi ? Fatiguée ? Je n'ai pas encore 80 ans, tu sais. Et je suis chanteuse. La nuit, c'est mon domaine.
Mortifié, Will fourra une autre bouchée d'ambroisie dans sa bouche.
- Maman ! Arrête de dire des trucs bizarres !
- Et toi arrête de parler la bouche pleine, je t'ai élevé mieux que ça.
Il se retint de rouler des yeux. L'attitude d'ado rebelle ne lui avait jamais été. Sans se départir de son air enjoué, sa mère ouvrit la porte du frigo et examina son contenu. La lumière blanche fit ressortir ses tâches de rousseurs, les mêmes que les siennes. Son expression se décomposa. De là où il était, Will voyait bien que le fameux contenu était assez mince.
- Je n'ai pas grand-chose à vous proposer, avoua-t-elle, l'air contrit. Je ne suis pas souvent ici et je n'ai pas eu le temps d'aller faire des courses...
- Ce n'est pas grave, madame Solace, s'empressa de la rassurer Connor. On a des vivres dans la voiture.
- Non, non ! Attendez ! (Elle attrapa une bouteille de jus d'orange et ouvrit un placard duquel elle sortit un paquet de cookies). Je... Ça vous va ?
- Là, tout de suite, vous réalisez mon rêve, assura Lou Ellen.
Rassurée, sa mère leur fit passer des verres et versa les cookies dans une assiette qu'elle tendit d'abord à Lacy. Cette dernière en piocha un avant de le donner à Connor qui en prit directement deux.
- Eh, espèce de morfal, protesta Lou Ellen. Laisses-en pour les autres !
- Je suis un garçon en pleine croissance.
- Et je suis blessée.
Cet argument parut être le bon. Connor céda immédiatement son cookie. Cette fois, Will roula des yeux face à la ruse de son amie. Cecil aurait été fière d'elle.
- Tu es blessée, ma grande ? S'inquiéta sa mère.
- Oh non ! Enfin, un peu, mais rien de grave ! (Elle le désigna du pouce). Will m'a rafistolé dans la voiture.
- La voiture ?
- On a dû partir un peu précipitamment, expliqua Connor. Mais Will a été incroyable : médecin et co-pilote en même temps pour nous amener ici ! (Il mordit dans son cookie). Parce que Nico craint pour donner des directions !
- Alatir, ton père est le dieu des voyages, évidemment que tu... (Il baissa aussitôt la voix en voyant Will grimacer). Désolé. Migraine ?
- Comme d'habitude. Ça va passer dans dix minutes.
Il tenta de balayer les craintes des autres d'un geste de la main, mais il échoua lamentablement. Les yeux de sa mère s'emplirent d'inquiétude.
- Will...
- Vraiment, maman, je vais bien. Le contre-coup de mes pouvoirs est léger par rapport à d'autres.
D'autres comme Nico, pensa-t-il. Il ne put s'empêcher de lui jeter un regard par réflexe et son petit ami lui renvoya une œillade de défi, presque comme s'il était sur le point de faire dix vols d'ombre à travers le pays juste pour lui prouver qu'il avait tort. Will savait qu'il en était capable et il tenta de prendre un air sévère. Cette fois, un rictus fit se lever le coin de la bouche de Nico. Traduction : nouvel échec et il devait avoir l'air aussi intimidant que Clovis quand il serrait son oreiller contre lui pendant les réunions de conseillers en chef. Merveilleux !
A sa gauche, Connor se râcla la gorge. Will détourna tout de suite la tête. Pendant une seconde, il espéra que la conversation reprenne, mais sa mère – évidemment – sauta sur l'occasion.
- Nico, c'est ça ? L'interpella-t-elle d'un ton trop neutre pour être naturel.
- Maman, essaya-t-il de la mettre ne garde.
- Quoi ? (Elle resservit un verre de jus d'orange à Lacy sans même regarder ce qu'elle faisait). On n'a pas été présentés, c'est tout.
- Par les dieux...
Il se cacha le visage derrière ses mains pendant que Lou Ellen ricanait. Il regrettait soudain d'avoir autant parlé de Nico à sa mère. Par Apollon, c'était embarrassant.
Le problème, c'était que Will avait toujours tout partagé avec elle et il n'avait donc jamais rien su lui cacher, surtout ses sentiments. Quand son béguin stupide pour Nico avait commencé il y a plus d'un an, sa mère avait été la première au courant. Pas dans les détails, bien sûr, mais il avait mentionné « un garçon de la Colonie » qui lui plaisait au cours d'une conversation. Sa mère n'avait même pas sourcillé. Après coup, Will avait réalisé qu'il lui avait plus ou moins avoué sa bisexualité, mais c'était quelque chose qu'il trouvait tellement naturel chez lui qu'il n'avait juste pas réfléchi. Sûrement un héritage d'Appolon.
Lou Ellen et Cecil étaient les deuxièmes à avoir été au courant et même s'ils avaient trouvé ça étrange qu'il ait un béguin pour le fils d'Hadès, ils n'en avaient pas été moins eux-mêmes : ils l'avaient soutenu et s'étaient moqués de lui dans les règles de l'art. Après eux, Austin et Kayla avaient aussi fini par remarquer ses sentiments. Will supposait qu'il aurait dû le voir venir, c'était impossible de cacher quelque chose à son frère et sa sœur s'ils se mettaient en tête de découvrir quelque chose. Et visiblement, sa vie amoureuse les passionnait. Ils avaient été aussi encourageants et railleurs que Cecil et Lou Ellen.
A chaque fois qu'il rentrait à la maison, sa mère lui demandait des nouvelles de sa relation avec Nico. Pour être honnête, il n'avait pas eu grand-chose à raconter pendant un moment. Il se demandait même si Nico connaissait son nom. Et puis tout avait changé après la guerre contre Gaïa et les fameux trois jours où il avait forcé Nico à rester à l'infirmerie. Il s'était battu jusqu'à épuisement pour lui éviter de se dissoudre dans les ombres et pour lui montrer que des gens tenaient à lui, qu'il n'était pas obligé de fuir éternellement. Quand leur relation était enfin devenue officielle un mois plus tard, la première chose que Will avait voulu faire avait été de voir sa mère et lui annoncer. Mais il s'était retenu. Il le savait, Nico avait besoin de temps pour être à l'aise et s'accepter. Il avait donc attendu, puis il lui avait simplement demandé la permission de parler de lui à sa mère. Au début, Nico avait eu l'air sur le point d'ouvrir une fissure dans le sol et de disparaître, paniqué. Puis, Will lui avait expliqué que ça n'engageait à rien, que c'était juste entre lui et sa mère, et que Nico n'avait évidemment pas besoin de la rencontrer si vite. Même pour lui, ça aurait été rapide. Ah ! Les dieux avaient de l'humour !
Parce que Will n'avait bien sûr pas prévu de se retrouver ici, dans son appartement du New Jersey et entouré de ses amis/partenaires de quête, pour la rencontre entre sa mère et Nico.
- Will m'a beaucoup parlé de toi, reprit sa mère, insensible à a mortification. Je suis ravie de te rencontrer.
Doucement, il écarta les doigts pour jeter un œil à Nico. Sans surprise, celui-ci fixait Naomi Solace comme si elle s'était soudain transformée en monstre et qu'il ne savait pas comment se sortir de cette situation. Puis, imperceptiblement, ses épaules se redressèrent et il s'éclaircit la gorge.
- Moi aussi, madame, souffla-t-il. Enchanté.
Sa voix, à peine un murmure, contrastait avec celle enthousiaste et forte de sa mère.
- C'est Naomi, vraiment j'insiste !
Nico hocha la tête, mais Will voyait bien qu'il n'arriverait pas à l'appeler par son prénom avant le siècle prochain. Heureusement pour eux, Connor se chargea de briser la tension ambiante :
- Voilà, présentations faites ! Lança-t-il. Will, tu sais ce qu'il te reste à faire ! Rencontrer Hadès !
Lou Ellen et Lacy s'écroulèrent de rire. Même sa mère sourit et il réalisa avec surprise qu'elle était tendue aussi. Face à ce constat, une vague d'affection pour elle déferla en lui. Elle savait à quel point Nico était important pour lui. Elle le savait et ne voulait pas faire de faux pas. Par les dieux, sa mère était formidable. Il résista à l'envie de se lever et de contourner la table pour aller la prendre dans ses bras.
- Je pense que la descente aux Enfers – littéralement – pourra attendre, dit Nico, amusé.
- Au moins dix ans, approuva Will.
- Waouh, tu te projettes loin, Solace !
- Connor !
Mais Connor n'en avait pas terminé. Un sourire espiègle joua sur ses lèvres et il se tourna vers sa mère.
- Faut qu'on vous raconte comment votre fils drague quelqu'un, madame, parce que vraiment ça va pas du tout.
- Quoi ? S'indigna Will.
- Oh oui par les dieux, dit Lou Ellen en se tapant le front. Une catastrophe.
- C'est faux !
Elle lui jeta un regard incrédule.
- Will, je t'adore, mais tu veux qu'on reparle de ce que tu as fait quand on est tombé sur Nico sur le champ de bataille, juste avant la défaite de Gaïa ?
- Oh oui ! Cecil m'a raconté ! Se souvint Connor.
Curieuse, sa mère se pencha au-dessus de la table et attrapa un cookie dans le bol, pendant que Nico fronçait les sourcils, comme s'il essayait de se rappeler de ce moment. Lacy écoutait attentivement et Will se contenta de maudire ses amis mentalement.
- Attendez, je fais Will, s'exclama Lou Ellen. (Elle se tourna vers Connor puis pris une voix trois octaves plus grave). Je sais qu'on est en pleine bataille, Di Angelo, mais regarde je viens d'accoucher un bébé satyre ! Mes mains tremblent encore ! Alors, tu me trouves héroïque ?
Et elle attrapa les mains de Connor dans les siennes en tremblant si fort qu'elle aurait pu avoir parkinson. Connor rentra dans son jeu.
- Un bébé satyre ! Alors ça, c'est sexy !
- Je n'ai jamais dit ça, gronda Nico, les oreilles rouges.
- Non, mais Will a bien dit ça.
Will enfouit sa tête dans ses bras. Il entendit sa mère éclater de rire tandis que Lacy s'étranglait d'amusement avec son jus d'orange.
- A ma décharge, c'était traumatisant... marmonna-t-il. M'sieur Hedge me menaçait de coups de batte de baseball, Mellie hurlait et j'ai dû couper le cordon d'un bébé satyre ! Et j'en ai bien trop vu de l'anatomie d'une femme, même si elle était un esprit de la nature.
- Ew ! S'exclamèrent les autres de concert.
- Merci pour l'image, grimaça Connor.
Il aurait voulu répliquer que c'était de sa faute, mais sa mère frappa soudain dans ses mains et ils tournèrent tous la tête vers elle. Elle passa ses doigts dans ses cheveux blonds courts, les ébouriffants au passage.
- Je pense qu'il est temps pour tout le monde d'aller dormir. Vous me raconterez ce qui vous arrive demain, mais je pense que vous méritez une bonne nuit de sommeil.
- J'approuve, dit Lou Ellen.
Comme preuve, elle bailla bruyamment. Will l'imita une seconde après et ils rirent. Après avoir vidé son verre de jus d'orange, il se releva. Il constata avec plaisir qu'il tenait mieux sur ses jambes que tout à l'heure et que sa migraine était enfin partie pour ne lui laisser qu'une fatigue sourde qui pulsait dans son corps.
Alors qu'il allait s'engouffrer dans le salon, sa mère le retint :
- Will, tu peux aller chercher le gonfleur pour les matelas ? On doit encore en avoir deux dans le placard de l'entrée. (Elle se tourna ensuite vers Lacy). Toi, ma grande, je pense que tu peux tenir sur le canapé, si ça ne te dérange pas ? Et il restera deux personnes dans la chambre de Will.
- Je crois que je pourrais dormir n'importe où, accepta Lacy.
Des mèches blondes s'étaient échappées de sa queue de cheval et Will pouvait presque sentir la fatigue irradier d'elle.
- Je te le redis, mais tu as été super aujourd'hui, tu sais, dit-il. Beau coup de poignard.
Les prunelles caramel de Lacy brillèrent de fierté.
- Merci...
Ce n'était peut-être pas grand-chose, mais il savait qu'elle s'endormirait mieux grâce au compliment et Will lui fit un sourire avant d'aller fouiller dans le placard pour chercher le gonfleur et les matelas. Il se doutait de ce que Lacy pouvait ressentir. Après tout, ils étaient un peu pareils tous les deux. Ils n'étaient pas des combattants. Il l'avait vu à la façon dont elle se tenait en retrait pendant la bataille et la peur dans son regard. Pourtant, il refusait qu'elle s'en veuille. Lacy n'avait que douze ans et n'avait connu que Drew comme conseillère en chef. Drew qui considérait que les enfants d'Aphrodite n'avaient rien à faire au milieu d'un combat... Il espérait qu'en lui donnant confiance en elle, Lacy comprendrait qu'elle pouvait être tellement plus qu'un joli visage.
- Tu t'en sors ?
- Di Immortales ! Jura-t-il.
Sous le coup de la surprise, il manqua de se faire tomber sur la tête un vieux vase horrible que sa mère planquait sur l'étagère du haut. Il fusilla Nico du regard.
- Je vais te mettre une clochette, prévint-il, à moitié sérieux.
- Ce n'est pas de ma faute si tu es toujours coincé dans ta tête, répliqua-t-il.
- Cette phrase ne veut rien dire.
Nico roula des yeux. C'était dans ces moments-là que Will se rappelait que l'anglais n'était pas sa langue maternelle.
- Tu m'as compris.
- Oui, oui... (Il attrapa les cartons des matelas à bout de bras). Voilà, trouvé ! Maintenant reste plus qu'à gonfler !
- Connor peut le faire, non ?
- J'aime cette mentalité ! S'exclama Will. De toute façon, c'est lui et Lou Ellen qui dorment dessus. A eux de les gonfler, non ?
Avec ses deux cartons et son gonfleur empilés dans ses bras, Will ne voyait plus très bien devant lui, et il avança de mémoire, pourtant il ne loupa pas la drôle d'expression qui traversa le visage de Nico à la périphérie de sa vision.
- Quoi ? Dit-il en manquant de se prendre la porte du placard restée ouverte.
- Tu veux dire que...
Il ne le voyait toujours pas, mais il savait que Nico tournait sa bague tête de mort autour de son doigt, un geste nerveux.
- Que... ? Pressa-t-il.
- On... je... On va dormir... ta chambre... Enfin, nous deux...
Même sans verbe ni grammaire correcte, Will comprit ce que Nico essayait de dire avec difficulté et il se figea, sa charge chancelant dangereusement sous le coup d'arrêt brusque. Il sentit son visage s'embraser comme le soleil et sa bouche s'assécher comme le désert. Il se maudit en grec ancien. S'il l'avait pu, il aurait à nouveau enfoui son visage entre ses bras. Je suis un idiot et un abruti très stupide, pensa-t-il, dépité. Il n'avait même pas réfléchi.
Mal à l'aise, il fit mine de contempler ses pieds pour voir où il allait, incapable de regarder Nico en face. Ce n'était pas comme s'il ne savait pas que ce dernier était mal à l'aise avec les contacts physiques ou leur relation parfois... Will l'avait su depuis le début en vérité. Il se souvenait encore du conflit qui jouait sur les traits de Nico les premiers temps, comme s'il n'arrivait pas à concevoir complément que leur relation n'était pas honteuse ou dangereuse. Que personne n'allait faire de remarque désobligeante. La tension qui ne le quittait jamais dès que Will osait lui prendre la main ou la façon dont il vérifiait que personne ne se trouvait autour quand ils s'embrassaient. Il savait que ces peurs n'étaient pas complètement effacées, même s'il faisait des efforts. Sa rencontre avec sa mère en était la preuve. Il n'aurait pas pu être plus fier de lui. Pourtant, dormir dans le même lit était une autre affaire.
Will déglutit. Il avait déjà passé des nuits dans le bungalow d'Hadès, mais pas dans le même lit que Nico. Mis à part une fois et par accident. C'était il y a quelques semaines. Après le feu de camp, il avait raccompagné Nico jusqu'à son bungalow, ce qui lui avait valu un « regardez Will, ce gentleman » moqueur de Cecil. Il était finalement resté près d'une heure pour jouer à une partie de Mario Kart – il s'était fait battre à plat de couture sur la route arc-en-ciel – et il avait fini par s'endormir pendant que Nico continuait à jouer. Au milieu de la nuit, il s'était réveillé, étourdi et désorienté, avant de s'apercevoir que Nico s'était aussi endormi contre lui à travers le lit, manette toujours à la main. Il avait hésité à partir sans bruit sur la pointe des pieds, mais sa peur des harpies et son manque de sommeil avaient eu raison de sa bonne volonté. Il était retombé dans les bras de Morphée.
Le matin, Nico n'était plus là. Ou du moins, il n'était plus contre lui. Assis sur le lit d'Hazel – celui qu'elle utilisait quand elle venait à la Colonie – il avait simplement haussé un sourcil et Will, le visage brûlant, avait tenté de se justifier et de s'excuser en même temps en se levant en catastrophe. Il s'était pris les pieds dans les couvertures... Mortifié, il aurait tout donné pour que son père débarque à cet instant précis et l'emmène sur son char du soleil à l'autre bout de la planète. Mais Nico s'était contenté de rire, ce rire qu'il ne s'autorisait que lorsqu'ils étaient tous les deux, avant de l'aider à se relever sans faire de commentaire. Et s'il avait gardé sa main dans la sienne quelques secondes de plus que nécessaire, aucun d'eux ne l'avait mentionné.
- Oh... hum... (Il s'éclaircit la gorge). J'avais juste cru que... mais tu n'es pas obligé, Connor peut te laisser le matelas et dormir avec moi...
- Non, coupa Nico.
Le mot avait fusé, implacable, et Will jeta un œil par-dessus ses boîtes. Nico s'empourpra mais réussit à articuler :
- Hors de question que tu... peu importe.
Il détourna le regard. Une seconde, Will se demanda s'il n'allait pas casser sa bague à force de la faire tourner.
- T'es jaloux ? Réalisa-t-il, incapable de contenir le sourire qui perçait dans sa voix.
- N'importe quoi.
- Oh ! Sache que je trouve ça adorable !
Il lui fit un sourire rayonnant, mais il n'était même pas sûr que Nico puisse le voir derrière les boîtes des matelas.
- Tu m'énerves, grommela-t-il.
- Je sais. Je suis ton « ennui particulier ». C'est comme ça que Kayla m'avait appelé non ?
- Hum...
Les bras douloureux à force de porter les matelas et le gonfleur, Will finit par les poser par terre et referma la porte du placard avant de tendre sa main vers celle de Nico. Sans le regarder, il le laissa entremêlé leurs doigts ensemble et il frissonna. La peau de Nico était toujours sensiblement plus froide que la sienne et il aimait la sensation apaisante que ça lui procurait.
- Eh, souffla-t-il, je plaisantais. Je peux prendre le canapé et laisser ma chambre à Lacy et Lou Ellen. Comme ça, tout le monde est content.
Avec réticence, Nico finit par tourner la tête et planta ses yeux noirs dans les siens. Will ne cessa pas de sourire, le cœur battant. Il lui laissa le temps de trouver les mots contre lesquels il luttait et attendit patiemment.
- Non, c'est bon, dit-il. On peut... enfin... on peut garder l'idée de départ. (Il déglutit). De toute façon, tu ne tiendras jamais sur le canapé, ajouta-t-il, presque moqueur comme pour détendre l'atmosphère.
- Eh !
Sans conviction, Will lui donna un coup dans l'épaule et il savait que Nico aurait pu facilement l'éviter s'il l'avait voulu, mais il le laissa faire.
- Les garçons ! Cria soudain sa mère depuis le salon. Vous avez trouvé les matelas et le gonfleur ?
- Ou vous vous êtes enfermés dans le placard pour vous bécoter ? Ajouta Connor, goguenard.
Nico grogna.
- Je vais le tuer avant la fin de cette quête, menaça-t-il.
- En tant que médecin, je pense que je devrais désapprouver.
- Mais ?
- Mais si un squelette attaque Connor malencontreusement, je pense que je serai occupé. Dommage.
Il haussa les épaules avec un faux sourire d'excuse et Nico émit un rire étouffé, ce qui chez lui s'apparentait à un franc éclat de rire. Comme à chaque fois, Will ressentit une certaine fierté à réussir à le faire rire, à percer la carapace qu'il s'était construit au fil du temps. Depuis cet été et la fin de la guerre, il avait l'impression que Nico se laissait enfin l'opportunité de vivre, de ne plus regarder par-dessus son épaule au moindre bruit, de ne plus se fondre dans les ombres à la moindre peur. C'était un processus long, mais Will avait une qualité : il n'avait jamais manqué de patience. Et il aimait chaque jour un peu plus la personnalité de Nico qui se dessinait et s'affirmait. C'était comme voir une plante que tout le monde croyait morte fleurir à nouveau pour peu que le soleil daigne l'éclairer.
Décidant d'ignorer le fait qu'il s'était lui-même comparé au soleil – Kayla se serait fait un plaisir de se moquer de lui – il ramassa les matelas et le gonfleur, puis se dirigea dans le salon. Lacy avait installé son lit de fortune sur le canapé et était déjà allongée sous une couverture mauve, un oreiller moelleux sous la tête.
- Ne me réveillez pas avant au moins midi, dit-elle en se blottissant un peu plus sous sa couette.
- J'aimerais dire la même chose si j'avais un lit, râla Lou Ellen.
Will lui lança le gonfleur et déposa les boîtes qui contenaient les matelas.
- Tout est là ! Annonça-t-il. Vous allez vous en sortir ?
- Hôte en carton, maugréa Connor, tu pourrais nous aider.
- Le contrat de location est au nom de ma mère, répliqua-t-il. C'est elle qui l'a dit ! Donc je ne suis pas l'hôte et ma chambre m'attend.
- William...
- Bonne nuit, m'man !
Il lui claqua un baiser sur la joue et tourna les talons. Il n'avait même plus à se dresser sur la pointe des pieds pour le faire. Dans l'embrasure de la porte, elle lui lança :
- Et laisse ta porte ouverte, tu m'entends ?
- Maman ! Se récria-t-il d'une voix soudain trop aigue.
- Bonne nuit, mon grand.
Elle lui adressa un sourire ironique et il soupira en fuyant le salon à toute vitesse.
Dans le hall, Nico l'attendait, adossé au mur. Il paraissait étrangement décalé ici, habillé tout en noir, son épée toujours à sa taille, entouré des photos de famille et des albums country de sa mère. Will aurait pu passer plusieurs secondes à regarder Nico dans ce décor. Au lieu de ça, et avant de passer pour un psychopathe, il se contenta d'indiquer le couloir et ils se dirigèrent tous les deux vers sa chambre. Pour tout avouer, il ne se souvenait même plus s'il l'avait rangé avant de partir et il pria intérieurement pour ne rien avoir laissé d'embarrassant.
Arrivés devant la porte, Will ne se laissa pas le temps d'hésiter et poussa le battant. Il s'effaça pour laisser Nico entrer en premier. Celui-ci fit quelques pas et s'arrêta au centre de la pièce, tournant sur lui-même pour tout englober du regard. Will l'imita. Heureusement, sa chambre était en ordre. En même temps, il n'avait pas beaucoup d'affaires ici. Sa vraie chambre était au Texas et les seules choses qu'il laissait aussi étaient celles qu'il n'avait pas la place de garder à la Colonie mais dont il pouvait quand même avoir besoin. Des livres de médecines et de fantasy s'entassaient sur sa bibliothèque, rangés par couleur. Sur son bureau, le petit cactus que sa tante lui avait offert à son dernier anniversaire faisait grise mine et sa pile de jeu vidéo gisaient à même le sol à côté de son dressing. Collé entre le mur sous la fenêtre, son lit était fait avec soin, mais Will rougit en constatant que c'était son couvre-lit Star Wars que sa mère avait remis.
Nico eut un rictus.
- C'est le film avec les vaisseaux spatiaux et les épées lumineuses ? Reconnut-il.
- Des sabres lasers, corrigea Will en bon geek qu'il était. Et je suis sûr que si tu pouvais avoir une couverture Mythomagic, t'en aurais une.
Pris au dépourvu, Nico rougit et nia avec un temps de retard :
- Non, dit-il.
- Non, répéta Will en exagérant d'une voix cassée.
- Tais-toi, Solace.
Il voulut le repousser, mais Will attrapa son avant-bras et l'attira contre lui. Nico tenta résister et jeta un coup d'œil nerveux vers la porte que Will avait pris soin de fermer malgré l'ordre de sa mère, puis il se détendit imperceptiblement. Il posa son menton contre son épaule et Will entoura ses bras autour de lui juste parce qu'il en avait envie.
- T'es pire qu'une pieuvre, marmonna Nico dans son cou.
- Je suis ta pieuvre, rétorqua-t-il, fier de lui.
- Par les dieux, ça t'arrive de réfléchir avant de parler ?
Will rit. Après quelques secondes, il se résolut à se détacher de Nico et un bayement lui échappa.
- Je pense que tu as besoin de dormir, Will.
- Toi aussi, protesta-t-il. Attends, laisse-moi te passer quelque chose. Je dois avoir...
Il laissa sa phrase en suspens en cherchant dans un tiroir et en sortit un sweat à lui, celui qu'il portait pour aller à son entraînement de tir à l'arc quand il ne restait pas encore à la Colonie à l'année. Jaune vif avec une capuche et le logo du club traversé d'une flèche, il devait encore lui aller à part au niveau des manches.
- Ah ah ! S'exclama-t-il en le brandissant fièrement. Tiens !
- Je ne porterai pas ça, affirma aussitôt Nico.
- Allez, Mort Junior, c'est juste pour dormir.
Nico le fusilla du regard.
- Qu'est-ce qu'on avait dit sur ce surnom ?
- Qu'on l'envoyait dans le Léthé et qu'on l'oubliait à jamais, récita-t-il. Mais sérieux Nico, c'est pour une nuit. Personne ne te verra à part moi. Et comme ça fait longtemps que tout ton numéro de « fils d'Hadès sombre, dangereux et ténébreux » ne fait plus effet sur moi, aucun problème.
Il se contenta de lui arracher le sweat-shirt des mains en roulant des yeux. Amusé, Will pointa la minuscule salle de bain attenante et lui envoya par la même occasion un vieux pantalon de survêtement que Nico attrapa au vol. Dès qu'il disparut derrière la porte, Will attrapa un t-shirt blanc, le premier qui lui tomba sous la main, et un bas de pyjama qui lui arrivait maintenant au-dessus des chevilles. Il faudrait vraiment qu'il pense à ramener de nouveaux vêtements dans cet appartement. Il se changea en vitesse.
Epuisé, il se laissa tomber sur son lit et se glissa sous les couvertures côté mur en laissant simplement sa lampe de chevet allumée. Des petits R2D2 et C3P-O étaient dessinés sur l'abat-jour et il enfouit sa tête dans son oreiller, embarrassé par lui-même.
Heureusement, avant qu'il n'ait le temps de mourir de gêne, Nico ressortit de la salle de bain, la mine renfrognée. Will se retint d'éclater de rire. Le sweat-shirt engloutissait littéralement le corps mince de Nico et la couleur jaune détonait de façon frappante avec son teint pâle et ses cheveux noirs. Le jogging, quant à lui, lui tombait légèrement sur les hanches et laissait à peine voir ses pieds.
- Pas un mot, dit-il d'une voix ferme en tirant les manches du sweat sur ses doigts.
Il posa ses affaires et son épée près du bureau et Will le suivit du regard en se mordant la lèvre.
- Tu sais, ça te va plutôt bien, dit-il, incapable de se retenir.
- Will. Pas. Un. Mot.
- Désolé, désolé...
Un sourire accroché aux lèvres, impossible à réprimer, resta malgré tout en place sur son visage. Il se fit la réflexion que Nico devrait porter ses vêtement plus souvent. Pour essayer de se redonner contenance, il tapota le matelas et Nico hésita une seconde avant d'obtempérer. Avec précaution, il se glissa à son tour sous les couvertures mais veilla à rester le plus loin possible de Will.
- Tu vas tomber, imbécile, dit-il.
- Je suis très bien là, affirma Nico.
- Si tu bouges d'un centimètre, tu finis au sol.
Nico parut vouloir protester, mais il dut sentir le vide derrière lui et se décala en soupirant. Tous les deux sur le côté, face à face, ils échangèrent un long regard. Malgré la semi-obscurité, Will voyait bien que Nico était mal à l'aise. Son corps était tendu et il pinçait les lèvres comme s'il se concentrait fort sur quelque chose pour éviter de bouger. Ou de partir en courant. Will ressentit un élan de pitié pour lui et aussi un étrange mal de ventre. Il aurait voulu prendre Nico dans ses bras et lui faire oublier tout ce qui lui encombrait l'esprit.
- Eh, souffla-t-il. Je peux... Je peux dormir par terre si tu veux. On a juste à installer quelques couvertures, ça ne sera pas trop...
- Non, coupa Nico. Non ! Je...
Sa voix se réduisit jusqu'à s'éteindre et il sembla lutter contre lui-même, les sourcils froncés.
- Ce n'est pas grave, Nico... Vraiment...
- Non... C'est juste que... Ce n'est pas toi...
- Eh, tu n'as pas besoin de...
Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un éclat résolu brilla brusquement dans les yeux de Nico et il se rapprocha soudain, à tel point qu'ils se cognèrent presque l'un contre l'autre. Le souffle coupé, Will se figea mais laissa Nico faire. Il avait toujours l'air paniqué, comme s'il apprêtait à tirer l'ombre la plus proche pour disparaître dedans, et pourtant il resta où il était, déterminé.
- Je veux être avec toi... murmura-t-il si bas que Will n'aurait sûrement jamais entendu s'il n'avait pas été si proche de lui.
Sa gorge se serra. Ce n'était pas la première fois, mais il se fit à nouveau la réflexion que Nico Di Angelo était sûrement le demi-dieu le plus courageux qu'il avait jamais rencontré. Percy Jackson et Jason Grace pouvaient aller se faire voir avec leur héroïsme sur un champ de bataille. Exprimer ses sentiments et aller à l'encontre de toute une éducation dont les racines étaient l'Italie fasciste des années 30 ? Ça, c'était du véritable courage.
Avec l'impression que sa poitrine était comprimée, Will attrapa la main de Nico entre eux. Immédiatement, il le sentit s'accrocher à lui de toutes ses forces et il le laissa faire.
- Je sais, souffla-t-il doucement. Moi aussi. Et tout va bien, promis.
Nico hocha la tête. Ils restèrent ainsi de longues minutes jusqu'à ce que Will aient du mal à garder ses yeux ouverts. A moitié endormi, il sentit Nico se retourner dans un angle étrange pour éteindre la lumière. L'obscurité les enveloppa, reposante, et Will ne lâcha pas sa main.
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J'avoue je suis trop contente de ce chapitre et j'espère vraiment que vous l'aimerez autant que moi !
A dans deux semaines ^^
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