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Chapitre 17 - Frapper au cœur

Les JO sont terminés, je sais plus quoi faire de mes journées haha! 

En tout cas un grand merci pour vos retours sur le dernier chapitre, ça m'a fait très plaisir comme il me tenait à coeur ! Je vous laisse avec le chapitre de cette semaine. Bonne lecture ;) 

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Chapitre 17 : Frapper au cœur

Nico aurait pu s'endormir avec Will à moitié allongé sur lui dans la semi-pénombre de la fin de journée si deux choses ne l'en avaient pas empêché : son cerveau qui n'arrivait justement pas à ignorer Will contre lui et les coups sourds qui résonnèrent à la porte presque une heure plus tard.

- Eh ! Les tourtereaux ! héla soudain la voix de Connor à en réveiller tout l'hôtel. C'est nous, ouvrez !

- Moins fort, siffla celle de Lou Ellen juste derrière.

- Quoi ? Faut bien qu'ils nous entendent au cas où s'ils sont « occupés ».

Même à plusieurs mètres de distances et sans voir son visage, Nico devinait aisément le genre d'expression malicieuse qu'arborait Connor à cet instant. Il sentit son visage s'enflammer tandis que Will se redressait doucement, l'air perdu. Lui avait au moins réussi à dormir un peu.

- Qu'est-ce qui se passe ? marmonna-t-il, ensommeillé. Des monstres ?

- Pire, répondit Nico. C'est Connor.

- Oh non...

Défait, Will se laissa retomber contre lui. Nico eut l'impression que l'air se vidait de ses poumons tout en y restant coincé et il s'enfonça un peu plus dans le matelas, leur corps pressé l'un contre l'autre. Il avait horriblement conscience de leurs jambes entremêlées, de leur hanche alignée et de leur torse que rien ne séparait. C'était comme si tout l'espace entre lui et Will avait disparu.

- Tu crois que si on l'ignore, il partira demander sa clé à la réception et nous laissera jusqu'à demain matin ? dit Will, son souffle effleurant son cou.

Nico déglutit.

- Je ne suis pas sûr qu'il se laisse aussi facilement décourager...

Comme pour lui donner raison, la voix de Connor s'éleva à nouveau derrière la porte :

- Eh ! Will, Nico ! Wico ? Nill ? Non, c'est nul comme nom de couple. Lacy ? Une idée ?

- Je... je sais pas...

- Angelace ? Rah, non plus. Oh Solangelo ! C'est bien ça, non ?

- Je vais le tuer, grommela Nico.

- Allez, ouvrez ! Je meurs de faim !

Will soupira. D'une main, il poussa contre le matelas pour se relever et Nico fut parcouru d'un frisson sans sa chaleur qui le recouvrait tout entier. Instinctivement, il voulut retenir Will et tendit le bras. Sa main frôla sa hanche, effleurant à peine la peau révélée, et il suspendit son geste alors qu'une boule chauffée à blanc se glissait dans sa gorge. Figés dans cette position tous les deux, Nico avait l'impression qu'une aura intime les entourait. Il se sentit rougir.

- Je vais te manquer ? se moqua Will, un rictus au coin des lèvres.

- Non, mentit-il. Tu m'écrasais.

- Hum...

L'air de ne pas en croire un mot, Will se releva complètement et il roula sur lui-même pour enfouir sa tête dans l'oreiller, dépité. Il maudit à nouveau Connor à la seconde où il franchit le seuil de la chambre d'hôtel fidèle à lui-même : bruyant et sans subtilité.

- Pas trop tôt ! s'exclama-t-il avant d'agiter ses sourcils d'un air suggestif en faisant la navette entre eux. Qu'est-ce que vous faisiez ici ? Des choses que Chiron désapprouverait ?

- Et t'envoyer directement aux Enfers, tu crois que Chiron désapprouverait ?

- Toujours d'excellente humeur à ce que je vois, Di Angelo.

- Hum...

De mauvaise grâce, il se redressa et s'assit sur le couvre-lit couleur pêche. Il avisa les autres, se rappelant soudan de leur mission. Aucun d'eux n'avait l'air blessé. Lou Ellen était un peu pâle, mais il supposait que ce n'était pas étonnant après tout ce qu'elle avait subi ces derniers jours, et Lacy paraissait juste fatiguée. Seul Connor semblait pareil que d'habitude, à ceci près qu'il semblait justement faire un peu trop d'effort pour présenter cette façade.

- Alors ? Les Dactyles, vous les avez trouvés ? demanda Will, nerveux.

- Oh oui, ça on les a trouvés, confirma Connor en laissant tomber son sac à dos au milieu de la pièce. Drôles de types ! C'est un peu une secte-entreprise de magiciens-inventeurs, comme si Hécate et Héphaïstos avaient eu des enfants !

- Rah, vision perturbante, dit Lou Ellen en fronçant le nez.

- Mais encore ? pressa Will. Ils vous ont aidé comme Phobos l'avait dit ? Ils savaient où se trouvaient les torches ? Ou les magiciennes ?

- Pas exactement... Par contre, ils nous ont donné le moyen de les vaincre.

Soudain intéressé, Nico releva la tête. Connor s'accroupit pour ouvrir son sac à dos à ses pieds et en sortit un poignard à la lame légèrement courbé et au manche en métal taillé avec finesse.

- Un simple poignard ? Contre trois magiciennes ? dit-il sans réussir à endiguer son scepticisme.

- Ah ah ! Ne juge pas si vite, Di Angelo. Ce n'est pas juste un poignard. Comme je disais, les Dactyles aussi maîtrisent la magie. Et celui-ci est justement imprégné d'un sort qui... « capture » la magie on va dire.

- Comment ça ?

- Les Dactyles ont dit qu'il inversait la polarité, expliqua Lacy comme si elle récitait une leçon apprise par cœur. Ça veut dire que si un être doué de magie est frappé avec, le métal absorbe ses pouvoirs temporairement.

Surpris, Nico regarda le poignard d'un regard nouveau, lui trouvant brusquement un nouvel intérêt. Il se leva du lit, pris par la curiosité, et s'avança avec Will pour mieux l'observer.

- Et ils vous ont juste donné une arme pareille ? s'étonna ce dernier. Comme ça ?

- Presque. Les Dactyles servent Hécate, ils sont de son côté. Ils voulaient simplement qu'on les aide dans leurs recherches en échange.

- Quel genre d'aide ?

De la pointe du poignard, il désigna Lou Ellen. Nico remarqua alors qu'elle se tenait le plus éloigné possible de l'arme et la regardait avec méfiance. Elle avait aussi la manche de sa veste relevée, dévoilant son avant-bras sur lequel avait été placé un pansement stérile, le même genre que ceux qui servaient aux vaccins à l'infirmerie. Immédiatement, Will traversa la pièce pour venir près d'elle.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? s'inquiéta-t-il. Ce sont eux qui... ?

- Une simple prise de sang, le rassura Lou Ellen avec douceur. Faites dans les règles de l'art, ne t'en fais pas. Ils voulaient juste voir comment la magie était présente dans mon corps, je crois. Pour l'étudier, tu sais. Ils ont dit que ma nature de fille d'Hécate et de sang-mêlé était différente d'autres personnes pratiquants la magie, comme Médée ou Circée qui ont reçu le don d'Hécate ou l'ont développé par elle-même. Ils m'ont aussi demandé d'utiliser un peu mes pouvoirs pour observer. C'est tout.

- Tes pouvoirs ? Mais je t'avais dit de te reposer ! Après l'entrée de Labyrinthe, Phobos et Deimos, le voyage d'ombre !

- Je sais, mais les Dactyles ne demandaient pas grand-chose. Je pouvais bien faire ça pour récupérer le poignard.

Will serra les lèvres. La désapprobation était inscrite sur son visage, Nico le voyait bien. Il repensa à leur conversation il y a une heure à peine. Il supposait qu'il ne pouvait demander à Will d'aller contre sa nature de guérisseur, ce n'était pas juste. Pourtant, il comprenait Lou Ellen, tout simplement parce qu'il aurait fait pareil à sa place. Heureusement, Will parut faire un effort et ne se lança pas dans un sermon.

- Je comprends, marmonna-t-il. Et ça va ? Pas de maux de tête ? Pas de vertige ?

- Pas trop... Un peu fatiguée, je suppose. Ça doit être le stress.

En disant cela, elle glissa un regard presque imperceptible vers Connor avant de se détourner. Nico fronça les sourcils. Il se demanda soudain si le stress dont elle parlait était entièrement dû à la quête.

- Compréhensible, dit Will qui n'avait apparemment pas remarqué. Tu devrais manger et dormir, on a acheté des sandwich.

- Oh merci par les dieux, je meurs de faim ! lança Connor.

Aussitôt, il se précipita vers les sandwichs posés sur le bureau. Ils éclatèrent de rire et le suivirent plus sobrement avant de tous s'installer à même le sol pour manger. Dos contre un des lits, Nico mordit dans le sien et ne réalisa à cet instant qu'il mourrait effectivement de faim. Il n'avait rien mangé depuis ce matin chez Naomi Solace. Et encore, il supposait que le Labyrinthe avait dû lui faire perdre la notion du temps.

- Quel jour on est ? demanda-t-il à voix haute, perturbé.

- Le 26 octobre, répondit Lacy. J'ai regardé sur un journal en venant ici.

- Le 26 ? Mais... ça veut dire...

- Qu'on est resté presque deux jours dans le Labyrinthe, compléta Will sombrement. Nos corps ont tenu sur l'adrénaline et la perte de repère temporel. Et sûrement le nectar aussi.

- Perturbant... commenta Connor en avalant presque la moitié de son sandwich en une bouchée. Bon et sinon... vous ? Ça a été pour trouver l'hôtel ? Pas de monstre ?

- Aucun. Ils sont vraiment peu nombreux depuis la guerre. Je pense qu'il faudra attendre encore quelques mois avant de les voir réapparaître.

- Tant mieux, déclara Lacy.

Lou Ellen approuva d'un hochement de tête, puis son regard s'orienta une seconde vers Will avant de se poser brièvement sur lui.

- Et vous deux... ? demanda-t-elle avec hésitation. Ça va mieux ?

- Ah oui, la crise est finie ? renchérit Connor.

Immédiatement, Nico se sentit rougir, embarrassé. Il baissa la tête et joua avec le bord de son sandwich posé sur ses genoux. C'était étrange de se dire que les autres se préoccupaient de ce genre de choses. Sous leurs faux airs détachés, il voyait bien que leur inquiétude pour lui et Will était sincère.

- Tout va bien, rassura Will avec un sourire avenant. On a bien... parlé.

« Hurlé » aurait été un meilleur terme, songea-t-il avec ironie mais il se retint en voyant les expressions sincèrement soulagées de ses amis.

- Tu veux dire que Nico a arrêté de faire la gueule assez longtemps pour décrocher trois mots ?

- Connor !

Mais cette fois, Nico se tenait prêt. Il avait encaissé assez de remarques sarcastiques de Connor sans broncher, il était temps de lui rendre la monnaie de sa pièce. Discrètement, il leva la main juste au-dessus de son genoux pour éviter de se faire repérer et fit appel à ses pouvoirs. Une silhouette commença à se matérialiser derrière Connor, comme si de la brume s'épaississait soudain, tourbillonnant dans la lueur dorée des lampes vintage de l'hôtel. Lou Ellen écarquilla les yeux et Will eut un mouvement de recul, mais ils n'eurent pas le temps d'émettre un son. Le fantôme prit de la consistance, puis se pencha par-dessus l'épaule du fils d'Hermès.

- Vous allez le finir ce sandwich ?

Connor fit un véritable bond de surprise. Avec un cri étranglé, il s'écarta brusquement et jeta presque son sandwich au plafond avant de se décaler précipitamment. Il se traîna sur deux mètres en bousculant Lacy au passage, ce qui valut un nouveau cri apeuré. Nico tenta de cacher son sourire derrière sa main, sans grande succès.

- Qu'est-ce que... C'est toi !

- Par Hadès, t'aurais dû voir ta tête !

- Oh mon dieu, je crois que j'ai reçu la tomate de ton sandwich dans l'œil, râla Lou Ellen avant de se mettre à rire elle aussi. C'était si bien trouvé, Nico ! J'aurais aimé avoir sa tête en photo !

Nico se remit à rire de plus belle. Le fantôme s'était dissout à la seconde où Connor avait fait son bond de terreur, mais son expression indignée, elle, demeurait.

- C'est ça, très drôle, bougonna-t-il. C'est bon, j'ai compris, j'arrête de me moquer.

- Pas trop tôt, dit Will avant de se tourner vers lui, amusé. En tant que docteur, je devrais désapprouvé l'utilisation de tes pouvoirs hors crise majeure alors que tu dois te reposer. En tant que copain, j'applaudis !

- Merci.

Ils échangèrent un long regard et Nico comprit que c'était la façon de Will de commencer à mettre en place ce dont ils avaient parlé : il n'avait pas besoin de surréagir à chaque fois que Nico usait de ses pouvoirs. Et en retour, il faisait attention à ne pas s'épuiser et à se mettre des limites. L'apparition de ce fantôme pendant quelques secondes ne lui avait presque rien coûté, surtout grâce à l'effet de son ventre rempli et de son corps reposé.

- Bon maintenant que tout le monde a bien rigolé, entonna Connor en ramassant sa moitié de sandwich d'un air dépité, on fait quoi demain ? On continu vers la Colchide ?

- C'est notre meilleure piste. La prophétie mentionnait des terres anciennes et Mélinoé des terres de magiciennes. La Colchide répond aux deux critères.

- Mais ça existe encore ? La Colchide ?

- Pas vraiment, répondit Lou Ellen. Aujourd'hui, ça correspond à... la Géorgie je crois.

- C'est une ville d'Italie ?

- Di Immortales, c'est un pays européen, s'indigna Nico, consterné. Même moi qui ait grandi dans un casino, je le sais. On vous donne des cours de géographie au moins ?

- Eh n'insulte pas le système éducatif américain !

Pour toute réponse, Nico le dévisagea. Connor pencha la tête sur le côté, l'air de revoir ses paroles.

- Hum, marmonna-t-il, si en fait tu peux le remettre en question. (Il se tourna à nouveau vers Lou Ellen). Donc la Géorgie ? C'est loin ?

- Ce n'est pas à l'autre bout de la terre, mais ce n'est pas non plus la porte d'à côté... Il faudrait sûrement reprendre le Labyrinthe.

- Quoi ? s'exclama Will.

Lou Ellen grimaça.

- C'est le moyen le plus rapide... Je doute que Phobos et Deimos y trainent encore.

- Il n'y a pas qu'eux qui m'inquiètent.

- Je sais... Mais il reste quatre jours pour retrouver et retourner les torches. On ne peut pas se permettre de traverser l'Europe.

Du coin de l'œil, Nico percevait la réticence de Will qui semblait émaner de lui par vagues. Il comprenait. Lui non plus n'avait pas envie de retourner encore une fois dans le Labyrinthe. Il avait l'impression qu'il ne pourrait jamais vraiment laissé derrière lui la création de Dédale, comme s'il n'était jamais vraiment sorti de ses couloirs obscurs. Le Labyrinthe avait vu ses premiers pas en tant que demi-dieu alors qu'il y déambulait, la colère accrochée à ses pas et le fantôme de Minos attachée à son oreille, lui chuchotant milles mensonges. Y revenir aujourd'hui lui faisait l'effet de retourner en arrière, piégé dans une boucle étrange.

- Bon, si on reprend le Labyrinthe demain matin, autant aller dormir, déclara Connor. Ou Lacy va s'endormir sur la moquette.

En entendant son nom, Lacy cligna des yeux et rougit.

- Désolée...

- Oh non, miss Brown, pas excuse. T'as mené à bien ta mission face au vigile aujourd'hui ! Tu mérites ton repos !

- Ce n'était pas grand-chose...

- T'as affronté Phobos avec moi, intervint alors Nico spontanément. Quand il nous a ensorcelé pour nous mettre en colère. Et t'as résisté. Sans toi, je n'aurais sûrement pas terminé combat dans le même état.

Ses compliments durent prendre Lacy de court car elle le fixa, bouche entre ouverte. Il savait qu'elle en avait déjà reçu des autres depuis le début de leur quête, notamment de la part de Will, mais les siens parurent lui faire plus d'effet. Ce constat l'amusa. Il savait qu'il renvoyait une image plus renfermé et taciturne, sûrement impressionnante pour quelqu'un comme Lacy. Pourtant, il ne mentait pas. Son assurance face à Phobos l'avait frappé. Mais comme elle l'avait dit après tout, seul l'amour pouvait s'opposer à la guerre et gagner la bataille.

- Contente d'avoir aidé, murmura finalement Lacy, touchée.

- Pour la peine, tu mérites de choisir ton lit. Allez, miss Brown.

Nico se leva en même temps que les autres. Connor, Lou Ellen et Lacy leur firent un signe de la main puis se dirigèrent vers la porte pour rejoindre leur propre chambre. Dès que Will referma le battant derrière eux, il se mit à rire. 

- Par les dieux, cette tête de Connor ! Exceptionnel !

- Ca lui apprendra surtout. Il y réfléchira peut-être à deux fois avant de faire une remarque idiote.

- En même temps, il avait raison, t'as fait la gueule toute la journée.

- Eh, on ne va pas revenir là-dessus, protesta-t-il en ayant bien conscience d'avoir l'air d'un enfant capricieux.

Will sourit. Il s'approcha à nouveau, mains tendues, et Nico le laissa prendre les siennes et l'attirer contre lui. Son esprit conjura l'image d'eux il y a une heure avant le retour des autres, allongés sur le lit juste derrière lui à moitié endormis et une chaleur familière envahie son ventre. Pour cacher la rougeur de son visage, il l'enfouit dans le cou de Will, ce qui n'était pas bien difficile puisqu'il était bien plus grand que lui. Ce dernier referma ses bras autour de son corps en riant.

- Non, promis, on n'en parle plus, assura-t-il. Alors tu veux quel lit ? Celui près de la fenêtre pour pouvoir tuer les monstres volants qui tenteraient de rentrer ou celui près de la porte pour pouvoir tuer Connor quand il viendra nous réveiller demain ?

Pour toute réponse, Nico marmonna des mots intelligibles contre la peau de Will, même pour lui.

- Quoi ?

- J'ai dit, articula-t-il à voix basse en s'écartement légèrement, que je voulais le lit dans lequel tu dormirais.

- Tu... oh...

L'expression de surprise de Will valait presque celle de peur de Connor. Pourtant, sa gêne et son appréhension l'empêchaient de vraiment la trouver amusante. Nerveusement, il baissa les yeux, regrettant déjà d'avoir dit cela à voix haute. Comme si elles répondaient à son malaise, les ombres commencèrent à se masser à ses pieds et Will réagit enfin.

- D'accord ! Pas de problème ! dit-il précipitamment. On peut... on peut pousser les lits côte à côte ? Non ?

- Si...

- Génial, faisons ça !

Et sans attendre, il contourna le premier lit pour passer derrière le second. Avec un temps de retard, Nico l'imita et, tous les deux, ils poussèrent le sommier pour combler l'espace qui séparait les deux lits. Ils contemplèrent leur œuvre quelques secondes, visiblement incapable de se décider à être le premier à aller se coucher, et Nico se retrouva à piétiner sur place. Heureusement, l'enthousiasme de Will paraissait à toute épreuve.

- Au moins, on aura plus de place que dans mon lit à Harmony. Et les draps ne sont pas sur Star Wars.

- J'aimais bien pourtant les petits robots, se moqua-t-il, incapable de retenir le sourire qui filtra dans sa voix.

Will tourna la tête en plissant les yeux. Pour toute réponse, il passa un bras autour de ses épaules et le fit basculer sur le matelas en faisant peser tout son poids sur lui. Nico glapit de surprise, mais eu la présence d'esprit de se retourner à la dernière seconde. Il atterrit sur le dos et d'agrippa au-devant du t-shirt de Will pour le faire basculer à son tour. Seul inconvénient ? Il n'avait pas prévu que Will l'écrase au passage et lui enfonce son coude dans les côtes.

- Rah aïe ! s'exclama-t-il.

- Oh désolé !

Immédiatement, Will se redressa sur ses avant-bras, l'air coupable. La scène devait être tellement ridicule que Nico ne put s'empêcher de rire malgré la douleur de son flanc droit.

- Tais-toi, je l'ai pas fait exprès ! Nico ! C'est de ta faute !

- C'est ça, Solace. Tu parles d'un guérisseur.

- Tu remets ma vocation en cause ?

- Peut-être bien... rétorqua-t-il, horriblement conscient qu'ils étaient sûrement en train de flirter ensemble.

Et son cœur s'emballa lorsque Will confirma sa pensée en déclarant avec un rictus :

- Faudrait sûrement que je te fasse taire pour ça.

- Essaye toujours, défia-t-il.

- Par les dieux...

Sans attendre, Will se pencha et écrasa ses lèvres contre les siennes. Il écrasa aussi son corps avec le sien, mais d'une toute autre façon qu'il y a quelques secondes. Cette fois-ci, il n'y avait aucune douleur, juste une envie sourde et un désir profond de sentir Will près de lui. La poitrine comprimée par une euphorie étrange, il se fondit dans le baiser, répondant aux lèvres qui se mouvaient contre les siennes avec avidité. Il avait envie de bouger les mains, de faire quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Au lieu de ça, il continua à embrasser Will sans concession. Il lui donnait tout ce qu'il avait à l'instant, tout ce que sa peur viscérale l'avait empêché de faire jusque-là. Will s'écarta une seconde, l'air fier de lui.

- Plus rien à dire, Di Angelo ?

- Mon docteur m'a recommandé le silence...

- Quel génie, approuva Will.

- Tu te fais vraiment un compliment à toi-même dans un moment pareil ?

- Je retire ce que j'ai dit, continue à ne rien dire, lança-t-il en capturant à nouveau ses lèvres.

Ils continuèrent à s'embrasser ainsi de longues minutes. A un moment, Will s'était juste écarté pour éteindre la lumière de chevet à côté d'eux, les plongeant dans une obscurité seulement percée par les lueurs argentées de la lune filtrant par la fenêtre dont les rideaux n'avaient pas été tirés.

Nico n'aurait même pas su dire si le temps passait vraiment, trop étourdi par les sensations qui s'éveillaient à lui. Ils ne se reculaient que pour prendre des inspirations tremblantes avant de se retrouver dans ses baisers à la fois lents, rapides, passionnés, légers, intenses, chastes... Parfois, Will dérivait quelques secondes vers son visage et son cou, mais il revenait vite, juste le temps pour qu'il reprenne son souffle.

- Will... laissa-t-il échapper au milieu d'un baiser.

- Hum ?

Il déposa ses lèvres entre-ouvertes, presque brûlantes contre sa peau, juste au-dessus de sa clavicule. Nico déglutit.

- Je... je veux...

- Dis-moi.

Comme si c'était simple, pensa-t-il, frustré. Les doigts de Will se mirent alors à courir le long de son bras, remontèrent jusqu'à son épaule puis s'attardèrent sur le côté de son cou. Il émit un soupir prononcé, incapable de contrôler sa respiration devenue trop rapide pour son cœur battant. Lentement, Will fit redescendre sa main en une longue traînée de feu avant de la laisser reposer au niveau de sa hanche. Nico sentit sa peau s'embraser. Il percevait la chaleur de la paume posée négligemment et pourtant si fermement sur lui, si proche de la bordure de son pantalon. Il n'avait même pas réalisé jusque-là que son t-shirt noir avait révélé une bande de peau, mince mais bien à portée de main. Littéralement.

- Si tu veux arrêter... murmura Will en une question muette.

- Je...

- Y'a aucun problème, on peut arrêter. Vraiment.

Il le regarda droit dans les yeux, les pupilles dilatées, et Nico eut l'impression de ressentir la peur et l'envie lutter au creux de son ventre en un combat infernal.

- Je ne sais pas...

- Tu ne sais pas quoi ? demanda Will avec douceur. Si tu veux continuer ou arrêter ?

- Hum...

Par les dieux, il n'arrivait pas à faire dépasser à ses mots le barrage qui lui obstruait la gorge. Dans la pénombre, qui était habituellement son royaume, il se retrouvait tétanisé. Mais ce n'était pas comme les autres fois où son cerveau lui interdisait de surmonter sa peur. Les autres fois, il n'avait pas eu Will pressé contre lui. Il n'avait pas ressenti la moindre de ses respirations se déployer en écho dans son corps, il n'avait pas goûté ses lèvres et sa langue avec autant de lâchée prise.

- Eh, Nico, regarde-moi, souffla Will. Arrête de penser si fort.

- Désolé... s'excusa-t-il instantanément.

- Non, non, je ne voulais pas dire... On a le temps. Vraiment. On peut juste continuer comme ça ce qu'on est en train de faire ou s'arrêter maintenant. Ce n'est pas grave. De toute façon, moi non plus je ne veux pas... enfin tu vois...

- Tu ne veux pas... ?

Will se mit à rire. Le son résonna dans sa poitrine.

- Dans un hôtel italien en plein milieu d'une quête sans en avoir parlé avant ? dit-il en haussant un sourcil. Non, c'est hors de question. Par contre, continuer à t'embrasser comme ça ne me pose aucun problème.

Comme pour prouver ses paroles, il déposa un baiser aussi vif que léger sur ses lèvres.

- Mais seulement si tu le veux aussi... ajouta-t-il d'un air entendu. Et surtout, tu n'as pas à dire oui pour moi.

Il n'était pas sûr que Will comprenne à quel point il en avait envie aussi. Il savait qu'il n'avait qu'un mot à dire pour qu'il s'écarte et que ce moment se termine sans aucune conséquence, et c'était peut-être parce qu'il savait parfaitement ça qu'il n'avait pas envie d'arrêter tout de suite.

- Si, je le veux, articula-t-il finalement. Mais est-ce que je peux... ?

- Oui ?

Frustré de ne pas réussir à s'exprimer, il agit. D'une main ferme, il poussa légèrement Will pour le faire assez reculer avant de le déséquilibrer d'un mouvement de hanches appris en cours de combat. Il guida la rotation du corps de Will jusqu'à ce qu'il se retrouve sur le dos, là où il s'était lui-même trouvé une seconde auparavant, et qu'il soit assis en travers de ses genoux avec une jambe de chaque côté.

- Woh... lâcha Will, surpris.

- Mieux comme ça, apprécia-t-il.

- Pourquoi tu ne l'as pas dit avant... ?

Mais Nico ne prit pas la peine de répondre. Maintenant qu'il se trouvait là où il voulait, libre de ses mouvements et de la direction que les choses pouvaient prendre entre eux, il s'en trouvait plus léger. Sans attendre, il se pencha en posant une main sur le ventre de Will pour garder l'équilibre et se remit à l'embrasser. La question de Will se retrouva abandonnée, balayée par leur désir. Il tenta d'entre-ouvrir les lèvres plusieurs fois, glissant sa langue en une tentative timide et curieuse entre les siennes, avant de se rétracter face à la sensation peu familière de leur langue se caressant. Il préféra s'en tenir aux baisers qu'il connaissait et avait appris à aimer pour leurs effets. Pourtant, même là, tout lui paraissait d'une nouveauté grisante. Moins intimidante aussi maintenant que Will se retrouvait sous lui et qu'il pouvait se mouvoir comme il l'entendait. Il l'avait plus la pression de ne pas savoir quoi faire de ses mains qui reposaient désormais pour le maintenir en équilibre entre le ventre et le torse de Will. Il pouvait imposer son rythme.

Se sentant soudain audacieux, il décida d'imiter ce que Will avait fait il y a quelques minutes et dévia ses lèvres vers d'autres horizons. Il commença par les déposer sur le coin de sa bouche, ses joues, son cou... Il alla aussi loin que les bords du t-shirt de Will lui permettait en entendant le souffle erratique de ce dernier. Il commençait à avoir les lèvres douloureuses, mais c'était une douleur enivrante. Alors qu'il continuait à goûter la peau de Will, celui-ci leva la main pour tirer brusquement sur son col, lui donnant un meilleur accès à sa clavicule. Nico sourit contre sa peau, amusé.

- Aucun commentaire, le menaça Will.

- Je n'ai rien dit...

- Et pourtant, je peux presque t'entendre.

Le sourire de Nico s'agrandit. Il réalisa qu'il n'avait peut-être pas autant sourit depuis longtemps. Une émotion indescriptible gonfla dans sa poitrine, chaleureuse et accablante. Il aurait voulu enlever son t-shirt à Will, parcourir toute sa peau, aller encore plus loin dans sa découverte... Mais pas ce soir. Il joua quand même avec le bord du vêtement quelques secondes et Will dut sentir son hésitation car sa main vint recouvrir la sienne avec bienveillance.

- On arrête là ? suggéra-t-il.

Et Nico fut soulagé que la proposition vienne de lui. Doucement, il hocha la tête et se laissa glisser à ses côté dans leur lit double improvisé. Il avait le corps douloureux et détendu d'un désir nouveau... Will déposa un dernier baiser sur ses lèvres.

- Bonne nuit, Nico, murmura-t-il.

- Hum... bonne nuit... Et Will ?

- Oui ?

- Merci...

Il y avait tant de choses derrière ce simple mot. Tant de réalités différentes : merci d'être venu vers moi, merci de ne pas m'avoir laissé seul, merci de m'avoir sauvé des ombres, merci de nous laisser être nous... Et, comme d'habitude, Will parut comprendre.

**

*

- Bon, vous êtes prêts à retourner là-dedans ?

D'un même mouvement, ils contemplèrent l'entrée du Labyrinthe au cœur de Rome que les Dactyles leur avaient indiqué la veille. Nico pouvait presque sentir le pouvoir qui émanait de la fissure dans le mur en face de lui. Autour d'eux, les mortels passaient d'un pas pressé sans paraître remarquer quelque chose d'inhabituel et il supposait que la Brume faisait bien son travail.

- Il le faut bien, déclara Lou Ellen, tête haute. On a tout ? Nectar, ambroisie, trousse de secours, vivres, eau et le poignard ?

- Oui, madame ! assura Connor.

C'était lui qui gardait le poignard des Dactyles accroché à sa ceinture, juste à côté de son mousqueton, car Lou Ellen refusait de s'en approcher. Nico la comprenait. Lui aussi se serait senti mal à l'aise si un objet qui pouvait lui enlever ses pouvoirs se trouvait à proximité.

- Alors allons-y. Tout le monde reste groupé !

- Ca veut dire que je dois tenir la main de Nico ? se moqua Connor.

- Si tu veux la perdre, essaye toujours, rétorqua-t-il.

- Et si c'est celle de Will ?

- Tu veux que je refasses apparaître un fantôme pour te tenir compagnie ?

Connor grimaça.

- Non, ça ira... Lacy, viens, je vais te tenir la main.

- Je vais bien, fit la fille d'Aphrodite d'une voix trop détachée pour cacher son amusement, je reste avec Will.

Comme preuve, elle leva leur main jointe. Nico retint un rire amusé devant la mine déconfite de Connor alors que Will lui adressait un clin d'œil. Il trouvait adorable le lien qui semblait s'être tissé entre Lacy et son copain au fil de cette quête.

- T'as qu'à tenir la main de Lou Ellen, Connor, lança-t-il alors comme une revanche personnelle.

Il sut qu'il avait tapé dans le mille en voyant le teint des deux intéressés se marbrer de rougeurs. Lou Ellen se râcla la gorge, embarrassée.

- Bon, on y va.

Et sans attendre, elle s'engouffra dans la brèche juste assez grande pour les laisser passer. Nico lui emboita la pas. Pendant une seconde, il ne fut entouré que par l'obscurité et il perdit ses repères. Il continua pourtant à avancer, main contre le mur, sentant le sol s'enfoncer sous terre sous ses pieds. La sensation désormais familière de pénétrer dans une structure aussi puissante et ancienne se répandit en lieu. Il eut l'impression d'entendre les esprits s'agiter autour de lui. Enfin, il ressortit de la pénombre pour arriver dans une vaste salle circulaire.

Elle était tellement énorme qu'elle aurait pu en contenir une cathédrale et Nico s'arrêta net, pris par le spectacle qu'offrait la hauteur sous plafond en forme de dôme carrelé de mosaïque. Derrière lui, Connor manqua de lui rentrer de dedans.

- Zeus tout puissant, laissa-t-il échapper en sifflant, impressionné. Où est-ce qu'on est... ?

- Aucune idée. Le Labyrinthe possède des milliers et des milliers de pièces. C'est juste l'une d'entre elles.

- « Juste »...

A leur tour, Will et Lacy émergèrent. Leurs réactions furent les mêmes : ils ouvrirent de grands yeux, ébahis.

- Y'a pas à dire, commenta Will, Dédale savait construire...

- Annabeth aurait fait mieux, dit Connor avec conviction.

- C'est un peu du chauvinisme, non ?

- Complètement.

Nico leva les yeux au ciel. La beauté de la pièce irradiait. Il ne savait même plus où regarder entre les motifs dorés peint sur les murs et le carrelage coloré du sol. Curieux, il se mit à tourner sur lui-même, englobant l'espace du regard. Ils paraissaient tous minuscules au milieu de la pièce.

- On devrait aller par où à votre avis ? demanda Lacy.

- Par-là, je dirais, répondit Lou Ellen. Je le sens, on va dire. Avec un peu de chance, c'est ma mère qui me guide et pas mon cerveau fatigué.

- Une chance sur deux, ça me va, dit Connor avec un hochement de tête confiant.

Ils allaient tous se diriger vers le premier tunnel sur leur droite lorsque Nico entendit soudain un bruit. Un bruit de hurlements de colère. Il se figea.

- Oh allez, on est là depuis deux minutes, maudit Connor en sortant son épée.

Il l'imita, devinant avant même qu'elles n'arrivent l'identité de celles à l'origine des hurlements. Il les avait déjà entendus après tout. Confirmant ses pensées, les Propétides surgirent alors, comme elles l'avaient fait dans la grotte de Mélinoé, toutes dents dehors. Elles avaient l'air encore plus échevelées qu'avant : leurs cheveux étaient emmêlés, leur bouche couverte de sang et leurs yeux rendus fous par la folie.

- Ils sont là ! s'écria l'une d'elle. Vous avez été durs à suivre, sang-mêlés, mais vous ne nous échapperez pas une seconde fois !

- C'est toi qui le dit, rétorqua Connor. T'as fait un peu couler ton rouge à lèvres, attention.

Nico grimaça en avisant le sang qui maculait le visage des Propétides. Il essayait de ne pas penser à la légende qui les prétendait cannibale, mais c'était assez dur à ignorer dans ce cas précis.

- Tu crois que nous avons toujours été ainsi, demi-dieu ? intervint une des femmes à la chevelure brune abondante. Détrompe-toi ! Aphrodite nous a fait ça ! Elle nous a maudit pour l'éternité !

- Quoi ? lâcha Lacy.

Elle avait légèrement abaissé ses dagues et Nico jura à voix basse. Discrètement, il se décala vers elle pour assurer sa protection et repéra Will qui visait la Propétide qui venait de parler. Celle-ci s'avança d'un pas langoureux et se mit à raconter :

- Tu ne connais notre histoire avec ta mère ? Ou n'as-tu jamais eu la considération de chercher ?

- Elle vous a transformé en pierre...

- Exact. Pendant près de mille ans, nous sommes restées figées sur notre île de Chypre, prisonnière du sort que nous avait infligé une déesse jalouse de notre liberté ! Sais-tu ce qu'Aphrodite nous reprochait ? De ne pas célébrer son culte comme elle l'aurait voulu ! Tout ça parce que nous étions libres et voulions pratiquer la magie sur les hommes qui tentaient de s'en prendre à nous ! Nous qui donnions nos corps contre des cadeaux, nous dont les corps étaient souvent abusés !

- La magie ? répéta Lou Ellen, alerte.

Nico lui fut reconnaissant de poser la question. Lui aussi avait tiqué sur ce détail.

- Oui, la magie. Mais contrairement à d'autres, nous n'étions pas soutenues par Hécate. Elle n'a rien fait pour nous aider à échapper à notre malédiction, alors aujourd'hui nous la privons de ses torches. Voyons si elle arrive toujours à guider les âmes sans ses précieux attributs !

Elle était donc là, la motivation des Propétides. Ce n'était pas étonnant : la vieille rengaine et rancune contre une déesse toute puissante.

- Toi aussi tu devrais faire attention, fille d'Aphrodite. Si tu ne corresponds pas aux attentes de ta mère, tu pourrais affronter aussi sa colère injuste.

- Et moi je vous conseille de la laisser tranquille, déclara Connor en voyant Lacy blêmir.

Comme la dernière fois, ce fut lui qui porta le premier coup. Nico commençait à connaître son style de combat : vif, surprenant, instinctif. Un reflet de sa personnalité de fils d'Hermès. Aussitôt, les Propétides attaquèrent et il se jeta dans la bataille.

Il porta un coup à la Propétide la plus proche qui recula hors de sa portée, feulant comme un chat furieux. Il ne lui laissa pas le temps de se stabiliser et revint à la charge, l'épée brandie. Il entailla son avant-bras alors qu'elle roulait sur elle-même pour s'écarter. Agacé, il tenta une autre approche. Il se souvenait avoir vu Jason attaquer comme ça un jour et, sans réfléchir, il se laissa glisser au sol pour être à sa hauteur avant de poser sa main au sol. La Propétide suivit son mouvement et un éclair de peur traversa son visage. Ils savaient tous les deux que le Labyrinthe regorgeait de victimes. Et il savait qu'elle avait perçu son aura de fils d'Hadès à la seconde où elle s'était approchée de lui. Pourtant, trop concentrée à attendre la manifestation de son pouvoir, elle ne fit plus attention à son autre main. Celle qui détenait toujours son épée en fer stygien. Sans attendre, il la leva à nouveau et asséna sa lame avec force à travers son corps. Elle poussa un cri perçant en volant en poussière.

- Nico ! hurla brusquement Lou Ellen.

Il fit volte-face. Elle se tenait contre un mur, tenant deux Propétides en respect avec sa magie, et il suivit son regard. Son cœur dévala dans son estomac. A quelques mètres, Will avait abaissé son arc, incapable de viser à portée courte alors que la Propétide brune s'avançait vers lui de cette même démarche langoureuse. Elle n'était plus qu'à un mètre de lui, deux lames grossières dans chaque main. Il se précipita vers eux.

- Tu vas voir ce que nous faisions aux hommes, sang-mêlé, proclamait-elle. Ils hurlaient de plaisir avant d'hurler de douleur.

Will déglutit et recula d'un pas. Ses yeux se portèrent par-dessus l'épaule de la femme et il le repéra alors. Nico lui adressa un hochement de tête.

- C'est une technique de drague ? lança-t-il. Parce que désolé, j'ai déjà un copain...

La Propétide eu un mouvement d'arrêt, l'air surprise, et Nico ne feinta pas cette fois-ci. Il tira sur ses pouvoirs au fond de lui, sentant les morts enterrés par les siècles répondre à son appel. Une main squelettique surgit alors de terre pour attraper la cheville de la Propétide. Elle lâcha un cri de surprise et baissa les yeux.

- Non ! se récria-t-elle, horrifiée. Non !

Elle se retourna à demi, incapable de plus à cause de sa cheville, et leurs regards s'accrochèrent. Nico poussa l'audace jusqu'à lui sourire sinistrement. D'un geste, il resserra la prise de la main, puis fit un mouvement sec du poignet. La main squelettique l'imita d'un tour brusque. En écho, le craquement de l'os de la Propétide se répercuta aussi violemment que son hurlement de douleur tandis qu'elle s'effondrait à terre. Derrière, il vit Will tressaillir, blême. Pourtant, ça ne l'empêcha pas d'avoir la présence d'esprit de s'écarter d'elle. Son arc à nouveau armé, il le rejoignit.

- Il y a des squelettes sous nos pieds, c'est ça ? dit-il immédiatement.

Nico n'arriva pas à interpréter son ton. Il se contenta d'hocher la tête.

- Combien ?

- Aucune idée... Des centaines. Le Labyrinthe était une arme mortel redoutable.

- Bien. Tu t'en sens capable ?

Il mit une seconde à comprendre le sens réel de la question. Il le dévisagea.

- Tu veux que je... ?

- Seulement si tu t'en sens capable, prévint Will. Tu m'as dit de te faire confiance, alors...

Nico n'eut pas besoin de plus. Il leva ses mains encore plus haut et tira. La terre s'ouvrit sous ses ordres : des dizaines de squelettes surgirent brusquement dans un concert d'os cliquetants et de mâchoires décharnées claquant entre elles. Les morts endormis se levèrent. Toujours au sol, maintenue par sa cheville blessée, la Propétide brune écarquilla les yeux.

- Enfant des Enfers ! cracha-t-elle avec furie.

- Précisément ! lui rétorqua Connor, goguenard, en passant près d'elle. Et regarde un peu !

Elle n'eut que le temps de se retourner avant qu'un squelette au casque spartiate ne lui enfonce sa lance en travers de la gorge. Will eut un haut le cœur à côté de lui. De son leur côté, Lacy et Lou Ellen repoussaient les Propétides restantes, parant et attaquant sans relâche. L'armée de squelette se déploya le long de la vaste pièce tandis que Nico restait campé sur ses jambes, puisant dans ses forces pour en faire surgir de nouveaux.

- Doucement, enjoignit Will d'un ton prudent. Ne tire pas trop sur la corde....

Pour toute réponse, il acquiesça. Il allait relâcher un peu la pression lorsque qu'une des Propétides se saisit soudain de Lacy. Tout se passa trop vite. Une seconde, elle était en train de se battre ; la suivante elle se retrouvait avec un couteau sous la gorge. Le temps parut s'arrêter. Ou du moins, leur groupe s'arrêta. Les squelettes continuèrent leurs combats tandis que Nico se figeait, tout comme les autres.

- Assez joué, demi-dieux ! Les Propétides auront leur vengeance sur Aphrodite ! Sur Hécate ! Et sur toutes les déesses qui nous ont regardé nous changer en pierre sans rien faire simplement pour avoir voulu être des femmes aussi libres qu'elles !

- Non ! hurla Lou Ellen.

Comme au ralenti, Nico la vit faire un pas en avant tandis que la Propétide levait son couteau. Il sut en un instant qu'elle ne serait pas assez rapide. Et alors que la lame s'abattait, implacable, il tenta l'impossible en amassant les ombres autour de lui pour les dresser comme un mur autour de Lacy. Cette dernière écarquilla les yeux au moment même où une voix éthérée se mit à résonner, venue de nulle part et partout à la fois, comme désincarnée :

- A l'amour comme à la guerre. Sois le poignard qui frappe littéralement au cœur, mon enfant.

Le temps parut encore un peu plus ralentir. Nico eut à peine le temps de maintenir les ombres en place et de reconnaître au fond de son esprit la voix d'Aphrodite que Lacy s'était mis en mouvement. Grâce à sa petite taille, elle pivota sur elle-même et sa dague sembla se matérialiser dans sa main. La Propétide ne vit pas le coup venir, aveuglée par le mur obscur, et n'émit qu'un hoquet de stupeur lorsque Lacy enfonça la lame droit dans son cœur. Et alors qu'elle volait en poussière, son sang gicla sur le visage de la fille d'Aphrodite, aussi écarlate que les nuances de l'amour et de la guerre. 

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