Vraiment désolé pour le retard de publication >< Des obligations familiales m'ont empêché d'avoir mon ordinateur à portée de main pour publier la suite, mais cette fois-ci la voilà ^^

(Thème musical : Despair)

Sakura... Sakura... Sakura... Son prénom résonnait en échos dans son esprit. Non... Il avait dû mal entendre. Ce n'était possible... Ce n'était pas possible ! Sakura était liée à lui depuis sa naissance ! Pas à Sasuke ! Pas à un autre que lui ! Elle ne pouvait pas ! Elle était celle qu'il aimait et qu'il désirait depuis si longtemps... Il l'avait attendu pendant des années, mettant ses sentiments de côté, attendant avec une patience extrême le jour où il pourrait enfin céder à son amour pour elle... Elle ne pouvait pas l'abandonner ainsi... ! Elle lui avait promis de veiller sur lui, pas sur Sasuke... !

Pourtant les signes étaient bien présents... Depuis le départ, il s'était voilé la face, imaginant que l'admiration qu'elle ressentait pour le brun étant petite n'était plus d'actualité, que l'amitié qu'elle avait entretenu avec lui primerait sur celle qu'elle entretenait avec l'Uchiha... Et pourtant... pourtant... les signes étaient bien là... La confiance que Sasuke lui avait voué pendant leur mission à Ame en lui attribuant cette tâche délicate dans le bar n'était qu'une des évidences qui s'installait. Lui seul avait protesté, ses sentiments pour elle compromettant son opinion alors que Sasuke, lui, n'avait pas douté un seul instant de l'efficacité de la Kunoïchi car il lui faisait confiance et était pleinement conscient des incroyables capacités qu'elle avait développé pendant quatre ans. Lui n'avait fait que la couver du regard, la protégeant comme une enfant, ne cherchant pas à considérer véritablement la force et les compétences nouvelles qu'elle avait. La vive réaction qu'il avait eu après, les secrets qu'il lui cachait et l'incompréhension de la jeune femme face à ses étranges comportements avaient dû renforcer les liens entre Sakura et Sasuke qui s'étaient rapprochés au point de... Au point de...

Son corps se parsema de tremblements de plus en plus violents. Les voix des autres convives lui paraissaient lointaines et floues, comme dénuées de sens à son esprit qui errait dans les limbes de l'Enfer. Ce n'était pas possible... ça ne pouvait pas être réel... Il devait être pris dans un Genjutsu...

Kakashi releva son regard avec difficulté, sa gorge desséchée, son œil visible vitreux, le regard hagard, et jeta un lent regard circulaire sur son auditoire, plongé dans un état second. Les couleurs n'étaient plus nettes, les sons étaient dissonants et à peine perceptible, les silhouettes se distordaient et se mouvaient de manière saccadée. La réalité partait en lambeaux, emportée par quelques mots prononcés innocemment, dont l'impact avait transpercé de ses flèches cruelles le cœur du Ninja Copieur.

Obito posa une main sur le poing serré aux jointures blanchies de l'argenté. Son ami palissait à vue d'œil et ses forces s'affaiblissaient au fur et à mesure.

- Kashi..., murmura-t-il discrètement, n'attirant pas l'attention des autres trop occupés à discuter entre eux. Kashi réponds-moi. Ressaisis-toi Kakashi.

Les forces de Kakashi diminuèrent radicalement et le shinobi aux cheveux d'argent manqua de tomber à la renverse, son esprit abandonnant son corps.

- Kakashi ! s'exclama-t-il en le saisissant brusquement.

Les autres Uchiha ainsi que Minato tournèrent la tête en entendant le cri qu'avait poussé Obito. Minato se leva d'un bond et s'approcha de son élève pour le soulever en le prenant en-dessous des bras.

- Fugaku, excuse-moi, mais il semblerait que Kakashi n'ait pas tout à fait récupéré de la dernière mission qu'il a eu.

- Uh..., ajouta Obito pour donner plus de contenance au mensonge de son ancien Senseï. Nous sommes partis tous les deux en mission il y a peu et Kakashi a eu une importante blessure. Je pense que je devrais mieux le raccompagner dans ces conditions.

- Oui, naturellement, acquiesça le chef de clan. Votre duo ne peut être efficace si l'un de ses membres ne récupère pas totalement et, dans le contexte actuel, avec une telle menace au-dessus de nos têtes qui peut surgir à n'importe quel moment, il vaut mieux pour le village que tous ses combattants soient opérationnels à tout moment.

Le meilleur ami du Ninja Copieur hocha la tête, affichant un petit sourire reconnaissant. Il salua rapidement ses cousins et Mikoto avant de sortir de la demeure, accompagné par Minato qui l'aidait à le porter.

Ils arrivèrent dehors et le déposèrent avec délicatesse sur le parterre herbeux du jardin.

- Kashi, Kashi réponds-moi, héla Obito en lui tapotant gentiment la joue. Kashi...

Le ninja argenté ouvrit lentement les yeux avant de les fixer sur son compagnon et son Senseï, agenouillés à ses côtés.

- Obito... Senseï... Qu'est-ce qui s'est passé... ?

Les deux shinobis baissèrent le regard, la mine assombrie. Le cœur de Kakashi se serra brusquement alors qu'il reprenait contact avec la réalité. Alors c'était vrai... Il n'avait pas rêvé... Sasuke absent... La petite amie mystérieuse et soudaine... Sakura... Sa Sakura...

- Je suis désolé Kakashi, murmura Minato, les yeux emplis de tristesse. Vraiment. Je n'étais pas au courant. Naruto ne m'a rien dit et je pense qu'il ne doit pas le savoir non plus.

- Je ne le savais pas non plus Kashi... ajouta Obito.

Il passa une main dans ses cheveux et poussa un long soupir de frustration. Il était réellement peiné pour son meilleur ami car il se doutait bien que cette révélation lui avait lacéré le cœur, de la même manière que lui à la mort de Rin. Tous les deux avaient vécu la perte de leur amour, mais Kakashi venait de le perdre une deuxième fois...

- Je... tenta-t-il avant de soupirer à nouveau, incapable de trouver les mots justes pour réconforter le ninja gris.

Kakashi se releva lentement, son regard caché par les mèches dissidentes qui s'échappaient de l'emprise de son bandeau frontal. Il tourna le dos aux deux hommes, une attitude étrangement calme et sereine face à la situation qu'il vivait.

- Senseï, Obito, merci d'avoir trouvé une excuse à mon malaise, murmura-t-il. Malheureusement, je ne pourrai plus assister à ce dîner. Remerciez Mikoto-san de ma part pour ce délicieux repas qu'elle a eu la gentillesse de nous préparer.

Le silence se fit dans le jardin, simplement coupé par la litanie des insectes nocturnes et le bruissement de la brise entre les branches des arbres du jardin.

Kakashi avança de quelque pas, s'apprêtant à partir, avant de se faire stopper par l'Uchiha.

- Attends Kakashi ! Laisse-moi venir avec toi, tu as besoin de ma présence à tes côtés !

Le shinobi d'argent ne détourna pas la tête et se dégagea avec douceur de l'emprise du brun sur son avant-bras.

- Merci Obito, mais je vais rentrer par mes propres moyens. Je sais me débrouiller.

Le shinobi du duo aux Sharingans s'apprêta à répliquer mais le Yondaïme le stoppa dans son action. Obito se retourna, fixant un regard inquiet sur le blond qui secoua négativement la tête, et baissa la sienne en signe de résignation et de tristesse. Il savait que son ami devait être au plus mal mais ne le montrait pas. Il savait qu'il était capable de se débrouiller, il était ninja et Jônin par-dessus cela, mais Kakashi restait un homme, désespérément patient, attendant depuis ses douze ans le retour de celle qu'il avait tant aimé et qui venait de s'évaporer devant ses yeux, encore une fois... Pourtant, il ne pouvait rien faire pour le soutenir dans sa peine. Absolument rien.

Kakashi quitta la demeure des Uchiha d'un pas lent, les mains dans les poches, et le regard vide, comme si rien ne s'était passé, sous le regard triste d'Obito et Minato. Extérieurement, nul n'aurait pu discerner le trouble profond qui avait envahi l'homme quelques instants auparavant. Intérieurement, Kakashi errait sans but, uniquement animé par des mouvements robotiques, son esprit à l'image d'une coquille vide et sans vie. Il marchait de ce même rythme apathique, ses sens engourdis.

Il traversa le village, croisant quelques shinobis sur son chemin, incapable de discerner les situations et les visages qui s'imposaient à sa vision. Il n'avait plus de liens avec le monde à présent. Il n'avait plus rien. Plus rien ne le maintenait éveillé, alerte et prêt à aller de l'avant, à espérer chaque jour que la vie lui donnerait une raison de continuer ce processus infernal qu'il entretenait depuis des années. Il ne savait rien. Il ne savait plus. Son existence n'avait plus de sens.

Ses pas le menaient de plus en plus rapidement à la périphérie du village, surplombant les toitures plongées dans l'obscurité de la nuit, partiellement éclairées par les lumières des lampadaires des rues de Konoha. Il se mit à courir, chassant sa peine atroce qui resurgissait peu à peu, ses réactions n'étant plus anesthésiées par l'état d'hébétude qui l'avait envahi. Son corps le faisait souffrir, ses muscles le lançaient, ses poumons étaient en feu tandis que l'air qu'il inspirait lui brûlait la trachée, son cœur battait irrégulièrement ne manquant pas de le faire défaillir à nouveau. Tout son être criait à l'aide dans cette course funèbre et désordonnée qui le maintenait en vie malgré son intense envie d'en finir avec cette souffrance qu'il accumulait depuis l'enfance.

Pourquoi... ? Pourquoi Sakura... ? Pourquoi Elle ? Elle n'était pas à Sasuke... mais elle ne lui appartenait pas non plus... Elle ne lui avait jamais appartenu... et elle ne lui appartiendrait jamais. Aussi insaisissable qu'un pétale de cerisier tourbillonnant dans les airs, poursuivant inlassablement sa route au gré des alizés, il ne pourrait jamais le saisir malgré tous ses efforts...

Ses mâchoires se crispèrent sous son masque, ses pas accélérant la cadence mécaniquement, uniquement guidé par le désespoir qui le rongeait. Une larme apparut au coin de son œil droit et vint humidifier le tissu noir qui couvrait le bas de son visage.

Il était tellement pathétique. Pendant des années, il avait attendu, encore et encore, que son amour passé lui revienne et qu'il puisse la retrouver, mais il était vain et stupide de croire encore en ces chimères. Peu importe qu'elle l'aime ou non, qu'elle soit avec Sasuke ou non. Elle ne serait jamais sienne, jamais. Le Chiharu Fûin l'en empêcherait quoi qu'il tente de faire. Il ne pouvait pas. Il ne pourrait jamais céder à son amour pour elle, tout ça à cause de... à cause de...

Il redoubla l'allure, sautant à travers les arbres qu'il avait atteints, traversant à pleine vitesse les branches qui s'entrecroisaient sur son chemin, fouettant son visage et déchirant par lambeaux le tissu noir de son masque.

Il arriva au bord de l'immense falaise sculptée à l'effigie des visages des quatre Kage, essoufflé et tremblant, son œil visible écarquillé par la folie qui le submergeait peu à peu. Il contempla le village éclairé qui s'offrait à lui en contrebas, avant de s'écrouler à genoux se tenant la tête entre ses mains crispées sous la colère et le chagrin qui lui rongeait la peau.

Il releva la tête d'un mouvement rapide et la projeta en arrière, labourant le sol de ses ongles, faisant jaillir le sang sous la force de ses raclements et la fureur qui se déversait dans ses gestes. Il arracha son masque dans une rage folle et hurla son désespoir vers le ciel nocturne.

- RAAAAAAAAAAHHHHH !!! POURQUOI ??!! QU'AI-JE FAIT POUR MÉRITER UN TEL DESTIN ??!! POURQUOI T'ACHARNES-TU CONTRE MOI ??!!

Il hurlait sa peine au monde et aux astres silencieux qui ne pouvaient que s'apitoyer sur cette fatalité cruelle qui lui collait la peau depuis toujours.

- QUE VAS-TU ME PRENDRE ENCORE ??!! N'AI-JE PAS SUFFISAMMENT DONNE ?! N'AI-JE PAS SUFFISAMMENT SOUFFERT ET PATIENTE PENDANT TOUTES CES ANNÉES ?!!?

Il ne pouvait plus rien espérer de la vie. Celle-ci lui avait tout pris, tout. Ses parents, son amour de jeunesse, son amour qu'il attendait depuis tant d'années, sa meilleure amie, sa mère de substitution.

- JE TE LE DEMANDE ! QUE VAS-TU ME PRENDRE ?! OBITO ?! MINATO SENSEÏ ?! PREND ! PREND TOUT ! PREND MA RAISON D'ETRE, PREND MON CORPS, MES VÊTEMENTS, MA CHAIR ! PRENDS-LES ! PRENDS-LES !!

Il se griffa avec férocité, déchirant ses vêtements de civil qu'il avait mis pour la soirée, arrachant la moindre parcelle de tissu qui le recouvrait. Ils lui collaient à la peau comme la mort et le chagrin qui lui lacéraient le cœur, son esprit enfermé dans une démence soudaine qu'exprimait ses hurlements déchirants, remplis de colère, d'amertume et de chagrin.

Il poussa un dernier hurlement avant de s'arrêter, haletant et épuisé, son torse nu désormais, recouvert de griffures profondes et sanguinolentes par la force des écorchures qu'il s'était infligé. Son regard était vide tandis que des larmes silencieuses coulaient sur son visage fatigué, mourants sur les commissures de ses lèvres entrouvertes. Il se traîna à bout de force jusqu'au bord de la falaise, avant de s'écrouler sur le ventre, la tête pendant dans le vide, reflet de son désespoir.

Qu'il était tentant de tout abandonner, de laisser place au noir et à la fin, plutôt que d'affronter en face cette réalité insoutenable et perfide qui crucifiait son cœur, le tailladant afin qu'il se vide lentement mais sûrement, le condamnant ainsi à une souffrance sans nom qui le poursuivrait jusqu'à sa mort. C'était si délectable de s'imaginer abréger cette souffrance atroce et s'abandonner aux bras accueillants du seul Dieu qui les gouvernait tous, peu importe les croyances... La Mort.

Le vide l'attirait car il était le symbole de cette délivrance qu'il attendait depuis si longtemps. Son esprit et son cœur étaient enchaînés et écorchés vifs depuis trop d'années maintenant. Il n'avait plus la force de se battre, plus la force d'espérer que la promesse de cet avenir qu'il avait tant espéré puisse un jour se réaliser. Il était las du monde, las de vivre pour atteindre cette lumière qui disparaissait à l'horizon et s'éteignait complètement.

Il ferma les yeux, laissant le souffle de la brise soulever avec lenteur les quelques mèches qui retombaient sur son visage. Obito... Minato Senseï... Yamato... Saï... Naruto... Sasuke... Sakura... Sa mémoire ressassait les souvenirs de leurs visages souriants, riant aux éclats. Il était profondément désolé... si désolé... mais s'en était trop... Il ne pouvait plus... Il ne voulait plus de ce destin cruel.

Flash-back :

- Et si jamais tu ne m'aimais pas, murmura-t-il avec inquiétude. Si jamais tu étais à nouveau éprise de Sasuke. Si jamais nous étions amenés d'aventure à ne plus nous retrouver à nouveau réunis, ensemble...

- Kakashi, le rassura-t-elle d'une voix douce en chassant les larmes qui coulaient encore sur la joue dénudée de l'adolescent. J'éprouve de profonds sentiments pour toi, et ce n'est pas une vulgaire fantaisie de passage qui changera cela. Mon amour pour toi ne changera pas, ni dans un temps, ni dans un autre. Je retomberai amoureuse de toi, j'en suis persuadée. Un jour, je me souviendrai de tout, poursuivit-elle en dessinant avec légèreté les contours de sa bouche, et à ce moment-là, je redeviendrai la Sakura que tu aimes...

- Sakura... Je veux te le dire encore, et encore. Je veux que tu t'en souviennes à travers les âges et les époques... Peu importe si nous sommes destinés à nous quitter à nouveau. Je remonterai à nouveau le temps, je passerai ma vie à te chercher s'il le faut, à changer d'espace-temps, de dimension, à bouleverser les lois physiques de ce monde. Peu importe tout cela. Sakura, je veux que tu le saches... Je t'aimerais toujours et bien au-delà du temps...

Fin flash-back

Il ouvrit les yeux avec peine, son esprit embrouillé par les dernières paroles de celle qu'il avait aimé, et un rictus amer se dessina sur son visage.

- Sakura... murmura-t-il. C'est toi qui avais raison depuis le départ... mais je n'ai pas pris conscience de la portée de tes paroles. C'est si dur... et pourtant, je te l'ai promis...

Il déglutit avec difficulté et se recroquevilla sur son flanc gauche au sommet de la falaise. Il laissait son âme déchirée exposée aux yeux du monde car telle était la réalité de son état. Ses yeux fixaient un point vague, sa joue se coupant au contact des pierres tranchantes du sol sur lequel il reposait. Peu lui importait la douleur physique qu'il ressentait face à son cœur détruit.

- Sakura...

Ses pensées le quittèrent peu à peu, à mesure que les souvenirs de celle qu'il avait connu dans cette époque alternative resurgissaient, soignant d'une douce caresse son cœur meurtri. Sa chevelure si douce et si singulière, ses rires, son sourire éclatant d'une bonne humeur qui ne la quittait que rarement, ses caresses, ses mots plein de tendresse qu'elle lui chuchotait à l'oreille dans l'intimité de son appartement... et ses derniers mots qu'elle avait couché sur le papier à son attention, sachant que tôt ou tard, il les découvrirait en lisant ce petit journal qu'elle tenait...

« Kakashi, c'est à toi que je m'adresse maintenant. Si un jour tu entres en possession de ce carnet, cela signifie que tu es retourné dans ton époque et que je ne te reverrai plus... je veux que tu saches que j'ai réalisé une chose. Cela fait plusieurs années que j'éprouve de profonds sentiments envers ton homologue, le Ninja Copieur qui fut mon Senseï dès mes douze ans. A ton arrivée, j'ai découvert une autre facette de lui, une facette qu'il n'avait alors jamais montrée auparavant. Je t'ai vu comme lui au départ, une version plus jeune de Kakashi Senseï, alors qu'il n'en était rien. Vous avez beau être la même personne par définition, vous êtes radicalement différents et je sais que ton futur changera totalement du sien... je suis tombée amoureuse d'un homme merveilleux, mais aussi d'un adolescent à la destinée différente de la sienne. Oui, tu as compris Kakashi... Je ne nourris pas envers toi de simples sentiments fraternels... Je t'aime Kakashi... Je m'en suis rendue compte lorsque nous étions sous le cerisier, lorsque nous avions parlé de ton départ... Je n'ai pas voulu te dire la véritable nature de cette passion qui brûle en moi par peur de ta réaction à quelques jours de notre séparation... je ne voulais pas tout gâcher comme je l'ai fait ce soir... Peu importe ton âge, peu importe les époques, Sakura Haruno est indéniablement amoureuse de Kakashi Hatake... Je ne peux l'expliquer car, vois-tu, aujourd'hui, comme hier, comme demain, c'est mon cœur qui tire les ficelles de mon âme. Je ne peux couper ces fils qui me retiennent à toi, qui me poussent inlassablement à rechercher ta présence, encore, toujours...
Tu es parti ce soir, après m'avoir rassuré. Tu veilles si bien sur moi, depuis le départ, depuis notre première rencontre, avec ton double ou avec toi. Tu es parti en quête de réponses, pour tenter de te comprendre. Et moi, j'aurais aimé te retenir, te parler, mais je n'en ai pas eu le courage... je voulais simplement te dire à quel point tu m'es précieux... J'aurais aimé confier un message à la petite brise de ce soir d'été pour qu'elle vienne jouer à travers tes cheveux souples et te murmurer je t'aime... »

Un fin sourire triste fleurit sur le visage du ninja argenté, son corps inerte et alourdi par le poids du chagrin et de l'épuisement, avant qu'il ne sombre dans l'inconscience, emporté par le souvenir du dernier baiser de la belle fleur de cerisier.

Le lendemain matin, appartement d'Obito

Kakashi émergea peu à peu des limbes du sommeil, son esprit encore plongé dans les vapes de la demi-conscience. Ses sens affûtés repérèrent une présence à ses côtés et il ouvrit franchement les yeux. Obito se tenait assis sur une chaise, proche de son lit, les yeux clos et la respiration lente, son visage apaisé tandis que son esprit vagabondait au pays des rêves. Kakashi regarda autour de lui pour s'apercevoir qu'il se trouvait alité dans le lit de son meilleur ami qui avait visiblement dû veiller sur lui. Il se releva avec lenteur et réprima une grimace en se tenant la tête quand une fulgurante douleur fit surface au niveau de ses tempes. Son grognement sortit Obito de sa somnolence momentanée.

- Tu es enfin réveillé Kashi... ? dit-il d'une voix ensommeillée en s'étirant légèrement sur sa chaise.

- Uh... avec un horrible mal de tête en prime...

- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, rétorqua le brun en secouant la tête négativement, les bras croisés. Après tout, ce n'est pas moi qui ai décidé d'aller piquer un somme au sommet d'une falaise et continuer à dormir sous une pluie battante.

- Une falaise... ?

- Minato Senseï et moi sommes partis à ta recherche à la fin du dîner chez mon oncle pour prendre de tes nouvelles car j'étais trop inquiet. A raison d'ailleurs. Nous sommes partis chacun de notre côté pour approfondir nos recherches quand nous avons trouvé ton appartement vide. Finalement, Minato Senseï t'a retrouvé au sommet de la falaise des visages des Hokage, inconscient, en sang et un kimono entièrement déchiré sous la pluie qui avait commencé à tomber. Je peux te dire qu'il a eu une belle frayeur quand il t'a vu, tout comme moi d'ailleurs ! Nous nous sommes empressés de te ramener chez moi ensuite et tu as dormi pendant douze heures. Kakashi, franchement, qu'est-ce que tu as fichu là-bas ? Pourquoi étais-tu dans un tel état ?

Kakashi baissa légèrement la tête, évitant le regard sombre et accusateur d'Obito. Son ami avait vraiment eu peur pour lui, il l'avait compris, et il s'en voulait beaucoup d'avoir causé une réelle frayeur à son ancien Senseï et au brun alors qu'il ne voulait pas que ses problèmes personnels les touchent.

- ... Je suis désolé de vous avoir inquiété Minato Senseï et toi, Obito... murmura-t-il.

L'Uchiha fronça les sourcils, perplexe, avant de pousser un léger soupir et se passer une main las dans les cheveux. Il rapprocha sa chaise du lit et posa une main réconfortante sur celle de l'argenté.

- Écoute... Je sais que la nouvelle que nous avons apprise t'a totalement chamboulé et que tu n'as plus goût à rien... J'ai bien compris que c'était toi qui t'étais infligé cela hier soir... Je sais que tu ne veux plus entrevoir la possibilité qu'un jour les choses s'améliorent mais, malgré tout... Ne perds pas espoir, Kakashi. Ne perds pas espoir. Je sais que cela parait totalement absurde en ce moment et que tu n'as pas envie d'entendre ce que je te dis, mais un jour viendra où ta patience sera récompensée.

Kakashi ne répondit pas immédiatement et ses poings se refermèrent sous la rancœur qui l'envahissait peu à peu.

- Ne pas perdre espoir... ? articula-t-il en déglutissant avec difficulté, ravalant la boule d'amertume coincée dans sa gorge.

Il ferma les yeux de douleur avant de les ouvrir à nouveau et les fixer sur son meilleur ami.

- Ne pas perdre espoir ? reprit-il, un petit rire amer s'échappant de sa bouche vierge de la présence de l'habituel masque. Te rends-tu compte que je me répète cette phrase depuis mes douze ans ? Que chaque jour, je savais que je me rapprochais un peu plus de mon but, de cet accomplissement que j'attends depuis si longtemps ? Je suis à bout, Obito. Je ne peux plus lutter... Mon cœur est en pièce depuis trop d'années et hier soir... il a été détruit. Je ne veux plus espérer quoi que ce soit de cette vie cruelle qui m'a arrachée mon unique amour...

Quelques instants de silence s'écoulèrent dans la chambre où nul ne parla, absorbé par les souvenirs respectifs de celles qu'ils avaient aimé.

Obito releva sa tête et fixa un regard déterminé sur le shinobi aux cheveux d'argent, les sourcils froncés dans une expression sérieuse.

- Tu as fait une promesse, Kakashi.

Kakashi écarquilla les yeux de surprise en entendant les paroles du brun qui poursuivit son affirmation.

- Moi aussi j'ai perdu celle que j'aimais, moi aussi mon cœur est en miette depuis la mort de Rin. J'ai voulu mettre un terme à tout cela, renoncer à mon rêve de devenir un jour Hokage alors que je constatais que le système shinobi était pourri jusqu'à la moelle, et pourtant... pourtant, je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas abandonné cette existence. Pour elle, pour moi, je ne l'ai pas fait. Elle m'avait dit qu'elle veillerait toujours sur moi, alors je ne pouvais pas me permettre de rayer d'un seul coup ma vie ainsi. Elle ne l'aurait pas accepté de là où elle est. Je lui ai fait une promesse et je la tiendrai. Je vis et vivrai pour elle. Si je réussis à devenir Hokage, j'honorerai sa mémoire en réalisant mon rêve qu'elle a toujours soutenu. Tu m'as fait une promesse Kakashi. Celle de toujours rester à mes côtés, mon ami, en souvenir de sa mémoire. Tu lui as également fait une promesse, n'est-ce pas ? Tu as promis à Sakura de la retrouver, de modifier le temps, de voyager entre les dimensions autant de fois qu'il te sera nécessaire pour pouvoir la retrouver. Comment veux-tu honorer ces promesses en abandonnant aussi facilement ? Que croyais-tu Kakashi ? Que les choses se dérouleraient facilement et que tu pourrais sagement attendre que les années passent pour pouvoir la retrouver ensuite ? Malheureusement, la vie n'est pas aussi simple et tu le sais. Tu as juste trop peur d'affronter les difficultés que t'opposent l'avenir. Je ne te pensais pas si couard Kakashi, termina-t-il d'un ton dur en se levant de sa chaise pour sortir de la chambre.

- Obito... murmura le Ninja Copieur, sous le choc.

La porte se referma d'un coup sec sous la colère de l'Uchiha. Kakashi déglutit avec difficulté, ses yeux écarquillés sous les propos assénés avec franchise par Obito, les souvenirs d'une ancienne discussion refaisant surface dans son esprit.

Flash-back :

- Tu es lamentable, asséna le Chûnin d'une voix sombre. Tu me déçois tellement. Pendant mon séjour, j'ai appris que j'étais devenu un ninja de valeur aux immenses pouvoirs et que ma réputation avait traversé les frontières des pays. Aujourd'hui, j'apprends que tout ça n'est que mensonge et que celui qui se tient en face de moi, celui que je deviendrai un jour, est en fait un couard.

- Je ne te permets pas ! gronda Kakashi en se tournant vers son double.

- Pourtant, c'est la vérité.

Il marqua une pause en toisant le Jônin qui le regardait de toute sa hauteur d'un œil furieux par sa remarque.

- Je ne deviendrai jamais comme toi. Jamais. Je sais suffisamment de chose pour changer le futur et pour ne pas devenir qui tu es aujourd'hui, siffla-t-il glaçant. Si tu n'es pas capable de rendre heureuse Sakura, alors c'est moi qui le ferait.

Fin Flash-back

Le shinobi argenté ferma les yeux et ses épaules se baissèrent lamentablement. Il avait eu les mêmes propos pour son double du futur qu'Obito. Lui aussi l'avait traité de couard, lui aussi l'avait mis devant le fait accompli en lui montrant ses erreurs, et en lui jurant de ne jamais devenir comme lui, pourtant... il n'avait pas respecté ses paroles... Les années passées ne lui avaient rien appris. Elles s'étaient écoulées et dilapidées au fil du temps comme de la cendre emportée par les vents pour disparaître à jamais, laissant simplement derrière elle le souvenir de son passage.

Obito avait raison. Il n'était qu'un couard. La vie ne lui avait jamais rien épargné depuis l'enfance. À quoi bon espérer que cela change avec le temps ? Mais tout n'était pas perdu car il lui avait fait cette promesse de la retrouver un jour... et il la tiendrait.

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