Chapitre 18
Plusieurs mois plus tard
De nombreux mois avaient passé suite à la bataille de l'Alliance contre l'Akatsuki à Konoha. Les blessés avaient tous été soignés et chacun avait pu regagner son village sereinement. L'Alliance shinobi avait été maintenue, créant une nouvelle forme de coopération internationale du monde ninja avec la formation de nouveaux liens commerciaux entre les pays. Les cinq Kage s'étaient réunis peu après la fin de la guerre et Minato leur avait finalement expliqué que leur véritable ennemi, Tobi, n'avait été nul autre que Madara utilisant deux jutsus particulièrement puissants afin de posséder le corps de son choix tout en conservant son corps d'origine dans un état de comas artificiel. Naturellement, il avait expliqué qu'il avait fait cette découverte en allant détruire, avec Itachi et Shisui, le soi-disant artefact que cachait Madara, tandis que Naruto et Sasuke s'étaient affairés à le vaincre pendant ce temps. Le Yondaïme Hokage avait ainsi révélé l'issu du combat final qui s'était déroulé au Mont Hajyôku, près du Temple du Temps en omettant d'expliquer son existence, celle du Chiharu Fûin, ou bien des failles temporelles. Seules les grandes lignes avaient été révélées, et Minato avait défendu Rin en expliquant qu'elle n'était en rien responsable de ce qu'il s'était passé puisqu'elle avait été sous le contrôle de l'âme de Madara pendant des années.
Le Tsuchikage avait semblé quelque peu sceptique devant ces explications mais face à l'approbation générale et à la bonne foi qu'avait témoigné l'Hokage en créant l'Alliance, il se rangea de l'avis de ses pairs.
Rin avait donc été innocentée et très peu de personnes connaissaient la vérité sur les véritables plans de l'Akatsuki, l'apparition de Madara et le retour de la Kunoïchi. Gaï, Kurenaï et les autres shinobis de sa génération avaient simplement été prévenus que Rin avait été plongée dans un comas artificiel pendant des années et qu'elle avait été retenue captive par l'organisation. Sa tombe avait donc été retirée à la plus grande joie d'Obito.
Peu après, Rin était sortie de l'hôpital et avait suivi un entraînement supervisé par Minato afin qu'elle apprenne à se réintégrer peu à peu à la société, tout en retrouvant ses réflexes de Kunoïchi. Le Yondaïme avait également tenu à ce qu'elle apprenne à contrôler Sanbi qui était toujours scellé en elle et, grâce à son fils et lui-même, Rin était sur la bonne voie. Il n'était pas surprenant que cela prenne moins de temps qu'avec Kyûbi puisque Sanbi était un démon à queue n'émettant aucune animosité quelconque envers les hommes, contrairement à ses pairs.
Sakura avait repris peu à peu des forces grâce aux soutiens de ses parents, de ses deux meilleurs amis, de Tsunade, Minato ainsi que du reste de son équipe avec un Obito qui avait passé de nombreux jours à passer d'une chambre à l'autre pour veiller sur tous les êtres qui lui étaient chers.
Pendant sa période de rétablissement, la fleur de cerisier avait passé son quotidien auprès du corps endormi de Kakashi, mais très vite les forces lui étaient revenues et elle avait dû reprendre son rôle de médecin-nin afin de soigner les nombreux blessés de guerre qui attendaient encore de recevoir des soins. La Kunoïchi croulait sous le travail, mais fort heureusement pour elle et pour ses nerfs à vifs, Ino et Rin s'étaient jointes à elle dans l'équipe médicale, étant toutes les deux des médecins-nin également. Obito rejoignait la shinobi brune tous les soirs après leur service et la raccompagnait chez lui, lui tenant son bras par galanterie, extrêmement heureux d'avoir près de lui celle qui n'avait cessé d'occuper son cœur pendant toutes ces années. Face au romantisme de ces moments, Sakura ne pouvait s'empêcher de les jalouser quelque peu malgré elle, car il ne lui était pas permis de faire de même tant que Kakashi serait dans le comas. Elle savait que l'Uchiha ne perdait pas espoir de revoir un jour Kakashi puisque son souhait de revoir Rin, pourtant irréalisable, avait été exaucé, mais la jeune femme préférait ne pas trop se focaliser sur ses espérances afin de ne pas sombrer de jour en jour dans un désespoir de plus en plus profond face à l'état du shinobi gris qui ne changeait pas d'un iota.
C'était donc le cœur lourd et la tête occupée à ses multiples tâches de médecin que Sakura passa plusieurs mois à l'hôpital, soignant presque la totalité des blessés de l'Alliance.
Mois de janvier, fin de matinée
Une nouvelle matinée touchait à son terme. Sakura avait passé le plus clair de son temps auprès de la Princesse des Limaces dès les premières lueurs de l'aube, passant de chambre en chambre, les cheveux relevés en une couette haute qui lui libérait la nuque. La matinée avait été longue et épuisante mais l'équipe médicale avait terminé en fin de matinée, en raison de cette journée très spéciale. Elle se dirigea d'un pas lent vers les vestiaires de l'hôpital et entra dans la pièce. Elle arriva face à son casier et retira sa blouse de médecin avant de délier ses cheveux roses. Une fois son ensemble de Kunoïchi remit, elle s'étira et réprima une forte envie de bailler.
- Je suis épuisée, murmura-t-elle pour elle-même, les paupières lourdes.
- Tu devrais te reposer ce soir, lança une voix douce qu'elle avait appris à reconnaître.
- Rin-san ? souleva la fleur en se retournant pour voir son aînée entrer dans les vestiaires.
La compagne d'Obito lui adressa un petit sourire et Sakura le lui rendit. Elle appréciait beaucoup la jolie femme brune aux marques violettes qu'elle avait appris à connaître depuis leur rétablissement respectif, et regrettait de ne pas avoir eu la chance de la rencontrer étant plus jeune. Peut-être aurait-elle été en mesure de l'aider dans son apprentissage du Ninjutsu médical en plus de celui qu'elle avait reçu de Tsunade Shishou ? Mais plus que tout, elle s'en serait très certainement fait une amie, tout comme Obito Taïcho et Kakashi...
Son sourire se fana et son regard dévia vers un point imaginaire alors que l'image du Ninja Copieur, si faible, si vulnérable, lui revenait en tête...
Rin arqua un sourcil, perplexe, avant de s'approcher de la jeune femme et lui poser une main rassurante sur son épaule.
- Ça ne va pas Sakura ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils d'inquiétude.
- Mmh... Ce n'est rien, répondit-elle.
Elle marqua une courte pause avant de relever les yeux vers son aînée et esquisser un petit sourire triste et résigné.
- Enfin, ce n'est rien de plus que ce qui me tracasse d'habitude et ce depuis des mois...
Rin la regarda avec peine avant de la prendre dans ses bras dans une étreinte réconfortante.
- Kakashi nous manque à tous, murmura-t-elle à l'oreille de la fleur de cerisier, les yeux mi-clos.
Sakura s'accrocha à l'étreinte de Rin en enfouissant à moitié son visage dans le creux de son cou, un voile de tristesse recouvrant ses deux émeraudes.
- Cependant, reprit Rin en mettant fin à l'étreinte avec douceur, aujourd'hui est un jour spécial, n'est-ce pas ? Alors, pas question de te laisser aller d'accord ? ajouta-t-elle en lui relevant le menton, un sourire chaleureux sur le visage.
La fleur resta muette quelques instants avant de lui rendre son sourire et d'acquiescer.
- Allons-y, Obito ne souhaiterait pas que nous arrivions en retard à la cérémonie, lui dit Rin en lui tendant la main.
- C'est un comble pour lui, répliqua Sakura avec un petit sourire malicieux.
- Pas faux, répondit la Kunoïchi brune avec un rire léger.
Les deux shinobis sortirent des vestiaires, vêtues de leur tenue officielle, Rin discutant avec entrain de la journée qui allait se dérouler, et Sakura hochant la tête en souriant légèrement, ne pouvant ignorer les battements douloureux de son cœur alors que l'être qui comptait le plus au monde à ses yeux ne serait pas présent pour une cérémonie si importante...
Toit du palais de l'Hokage
Thème musical : "The guts to never give up"
Minato observait le village qui s'étendait tout autour de lui. Il ferma les yeux et apprécia la brise légère qui s'engouffrait dans ses cheveux blonds. Le visage de sa chère Kushina apparut dans son esprit, le regard pétillant de fierté, un sourire plein de chaleur sur les lèvres, qui lui fit esquisser un léger sourire. Il inspira profondément avant d'ouvrir les yeux, le visage de sa compagne disparaissant peu à peu au grès du vent doux qui emportait les nuages dans le ciel. Il se retourna pour fixer ceux qui l'entouraient, Tsunade Hime, Shikaku-san, Itachi, Shisui, mais aussi celui qui avait toujours eu sa confiance, avant de reporter son regard azur sur les villageois qui attendaient son discours en contrebas du palais.
- Minna-san, commença-t-il d'une voix forte et assurée. Aujourd'hui est un grand jour pour Konoha. Ce jour signe la fin d'une ère longue pendant laquelle j'ai mis tout en œuvre pour protéger ce village et ses habitants si chers à mon cœur d'homme et de shinobi. Mais ce jour annonce aussi la venue d'un nouvel Hokage, un homme en qui j'ai pleinement confiance. Un homme qui a su maintes fois démontrer sa bravoure, son amour pour Konoha et pour tous ceux qui vivent en son sein, ainsi que sa persévérance et l'espoir qu'il plaçait et place toujours dans le futur du nouveau monde qui s'offre à tous.
Minato se retourna et hocha la tête en souriant vers son successeur. Celui-ci s'avança plein de fierté et observa son aîné avec un immense respect, une profonde affection se lisant dans son regard unique.
Le Yondaïme retira sa coiffe d'Hokage et la lui tendit. Son successeur observa avec une grande attention ses moindres reliefs, parcourant d'un doigt fragile les coutures délicates et les couleurs si symboliques de leur pays. Son regard se teinta d'émotion alors que les souvenirs affluaient dans son esprit.
Flash-back :
L'Eclair Jaune de Konoha se tenait entre Kakashi et Rin, les deux mains sur les hanches, une mine bienveillante entre ses mèches blondes.
- C'est pas trop tôt Obito ! lança Kakashi, agacé.
- On est enfin au complet. Tu es Obito c'est ça ?
- On t'attendait, ajouta Rin.
Obito haletait, des perles de sueur présentes sur son front, les mains se tenant à ses jambes fléchies.
- Han... Han... Juste à temps...Han, dit-il essoufflé.
- Tu plaisantes ? lança Kakashi les bras croisés.
- On a déjà fait les présentations, coupa Minato pour calmer les choses. A ton tour.
Le shinobi brun se releva, un sourire plein d'assurance sur le visage, et releva son menton plein de fierté, les mains sur les hanches.
- Je suis le futur Hokage ! Je m'appelle Obito Uchiha ! Et mon visage de pierre arborera mes lunettes fétiches, sans oublier mes Sharingans !
Il agrippa ses lunettes d'une main et pointa un doigt en direction de ses trois homologues qui lui faisaient face, tout en faisant un clin d'œil.
- Les autres villages me verront de très loin ! compléta-t-il d'une voix forte tandis que Kakashi portait une main sur son visage affligé en poussant un petit soupir. Ils trembleront de peur devant mes pupilles, et jamais ne viendront nous défier !
- On verra tout ça une fois que tu auras éveillé tes Sharingans, contra Kakashi en fronçant les sourcils d'agacement. Et personne ne les verras à travers tes lunettes, renchérit-il.
- Il suffira de les graver par-dessus ! rétorqua l'Uchiha.
- Tu auras l'air d'avoir les yeux exorbités, lui dit Rin d'une voix douce en prenant part au débat.
Obito eut l'image en tête de son propre visage sculpté avec les Sharingans sur ses lunettes avant de baisser les épaules, un air de dépit sur son visage.
- Quoi qu'il en soit, les coupa Minato avec un petit sourire. Je ne suis pas mécontent d'avoir un subordonné qui partage mon rêve. Sur ce, enchanté ! Je suis Minato, ton supérieur.
- Uh ! répondit Obito avec un large sourire en levant un pouce en l'air.
Fin Flash-back
Un petit sourire se peignit sur ses traits à mesure que la nostalgie l'envahissait. Son regard se déporta en contrebas, et se posa sur celle qui avait toujours fait partie de sa vie depuis sa plus tendre enfance. Son sourire s'accentua, mêlé de chaleur et d'amour envers la belle Kunoïchi brune aux marques violettes.
Flash-back :
Obito et Rin étaient assis sur un petit banc de pierre et la jeune fille appliquait avec soin et douceur un large pansement sur la joue blessée de son ami brun.
- Quand tu m'as sauvé, entama Obito, c'est comme si tu avais sauvé le monde.
- Uh ? répondit Rin sans comprendre.
- Bah oui, poursuivit l'Uchiha embarrassé, une rougeur sur les joues, en évitant de croiser son regard. Je veux devenir Hokage et mettre fin aux guerres. Mais si je ne survis pas, ça perd tout son sens non ?
Rin ne répondit pas et leva son regard vers les volutes cotonneuses de cette journée de printemps. Obito l'observa avec une grande attention, retenant chaque expression que prenait son visage, mais la réponse ne venait toujours pas. Il plissa les lèvres perplexe, ne sachant si elle avait compris où il voulait en venir ou non.
- Tu me suis ? interrogea-t-il d'une voix un peu hésitante.
- Hm, acquiesça-t-elle avec un sourire en plongeant son regard noisette dans les orbes onyx du jeune homme. Même si c'est un peu compliqué.
- Et puis, comment dire..., rajouta Obito en déviant le regard gêné.
Il baissa légèrement sa tête, un petit sourire embarrassé sur son visage, ses rougeurs s'accentuant.
- Si tu n'es pas à mes côtés, maintenant comme dans l'avenir pour m'observer... C'est-à-dire... que...
Il serra ses poings sur ses cuisses, essayant tant bien que mal de ne pas bafouiller devant celle qu'il aimait secrètement. Il marqua une petite pause avant de tourner la tête et d'écarquiller les yeux de surprise. Rin avait rapproché son visage du sien avec un petit sourire, ses yeux emplis de chaleur et d'affection.
Il recula précipitamment et se leva en un petit cri de surprise, les joues rougies.
- T...Tu t'approches tout d'un coup comme ça ! s'exclama-t-il en tentant d'expliquer son désarroi, son cœur battant à grande pulsation contre sa cage thoracique. Ça surprend forcément !
- Tu m'as demandé de veiller sur toi, n'est-ce pas ? renchérit la jeune fille brune avec un petit rire amusé.
Obito ne répondit pas tout de suite, son cœur se réchauffant agréablement face à la sensation habituelle qui surgissait en lui à chaque fois que Rin s'occupait de lui, puis il esquissa un sourire.
- Uh, c'est vrai, acquiesça-t-il. Regarde-moi.
Il se retourna en un mouvement théâtral et désigna d'une main la marque de son clan qu'il arborait sur le dos de son haut.
- J'arbore l'emblème des Uchiha. Je deviendrai Hokage coûte que coûte ! termina-t-il en désignant les visages de pierre sur l'imposante falaise sculptée qui surplombait Konoha.
Rin écarquilla les yeux, légèrement impressionnée par l'inébranlable conviction dont faisait preuve Obito, avant de refermer son poing en un signe d'encouragement et d'acquiescer en souriant.
Fin Flash-back
Elle le regardait comme elle l'avait promis en ce temps... Elle le regardait accomplir ce rêve qu'il avait toujours poursuivi depuis l'enfance, pour lui, pour elle...
Il serra le tissu rigide de la coiffe entre ses doigts et le mit avec lenteur sur ses cheveux bruns, avant de relever la tête.
Il leva son regard vers le ciel azur de Konoha et son cœur se serra tandis que son esprit se dirigeait vers son meilleur ami aux cheveux d'argent toujours plongé dans le comas.
- Kakashi..., murmura-t-il à voix basse pour lui-même. Pourquoi a-t-il fallu que tu ne sois pas présent pour un jour comme celui-ci...
Minato l'entendit et posa une main rassurante sur l'épaule du dernier shinobi du duo aux Sharingans.
- Il n'est pas là pour le voir, mais il sera là pour t'aider dans un futur proche...
- Uh..., acquiesça Obito doucement avec un léger sourire. Je n'en doute pas un seul instant. Je sais qu'il reviendra, j'ai foi en lui.
Le Yondaïme esquissa un sourire, regardant son ancien disciple de ses yeux azurs plein de chaleur, avant de se reporter sur l'assemblée qui patientait au pied du palais de l'Hokage.
- Minna-san, je vous présente votre nouveau dirigeant. Le Godaïme Hokage, Uchiha Obito ! déclara-t-il d'une voix forte en désignant le brun.
Obito inspira profondément et s'avança à pas lent et solennel, sa cape flottant au gré de la légère brise, et posa ses mains sur la rambarde du toit, le regard fier, avant de lever sa main en signe de salut. La foule poussa des cris de joie et d'allégresse, le félicitant, l'applaudissant fortement, les cœurs heureux et emplis de fierté face au fait qu'un aussi éminent Hokage cède la place au célèbre Obito Uchiha du duo aux Sharingans, héros de guerre et redoutable ninja.
Sakura observait son commandant arborer son ensemble de Godaïme Hokage, un petit sourire aux lèvres. Naruto et Sasuke étaient près d'elle, tout comme Yamato Taïcho, Rin et Saï. Naruto applaudissait de toutes ses forces, un large sourire sur le visage. Sasuke avait les bras croisés et le menton relevé vers son cousin, un petit sourire fier ancré sur son visage. Yamato regardait avec respect et admiration son ancien compagnon de l'équipe Kakashi, et Saï esquissa un sourire tout en applaudissant. Rin regardait Obito en souriant, un amour profond et une fierté immense se reflétant dans ses prunelles noisette. Ils étaient tous présents pour un événement aussi important... presque tous...
Le cœur de Sakura se serra et son sourire se fana tandis que ses pupilles se voilaient de tristesse. Elle réprima un profond soupir et ferma les yeux quelques instants, essayant du mieux qu'elle pouvait de se concentrer sur l'heureux instant que vivait son commandant et ami.
- Kakashi Senpaï reviendra Sakura..., murmura une voix masculine proche d'elle.
Sakura écarquilla les yeux de surprise et tourna la tête en direction de la source sonore.
- Yamato Taïcho ?
Il reporta son regard sur elle et lui sourit avec chaleur. Elle eut une petite mine perplexe, surprise qu'il ait pu comprendre la raison de son tracas, puis elle dévia le regard. Que ce soit dans ce temps ou dans celui qu'elle avait connu au cours de sa précédente vie, Yamato Taïcho était le même, et, par de simples petites phrases, il parvenait à installer une infime once d'espoir en elle. Cependant... elle ne pouvait empêcher son esprit d'être tiraillé malgré tout. Elle voulait écarter le plus longtemps possible la possibilité funeste que Kakashi ne se réveille pas un jour, mais cela ne signifiait pas qu'elle ne devait pas être réaliste sur la situation de son aîné aux cheveux argenté pour autant.
- ... J'espère sincèrement que vous aurez raison..., dit-elle finalement en reprenant sa mine sombre. Kakashi... Senseï, se rattrapa-t-elle à temps en rougissant, est quelqu'un de fort, je le sais, mais... sa situation est vraiment grave... Je l'ai vu...
- Tout ira bien Sakura, renchérit l'ancien ANBU avec un sourire réconfortant.
Elle ne répondit pas et esquissa un léger sourire amer en se remémorant cette phrase qu'elle avait prononcé à Kakashi avant qu'il ne revienne dans son temps.
Son regard se porta à nouveau vers Obito qui saluait la foule du haut du toit, dont l'œil unique fixait très souvent Rin. Elle plissa légèrement les yeux et soupira intérieurement. Malgré l'infime chance pour que Kakashi sorte du comas, elle ne devait pas perdre espoir. Elle n'en avait pas le droit. Kakashi l'avait attendu pendant toutes ces années, traversant avec courage toutes les épreuves que lui avait infligé le destin. Il avait finalement obtenu gain de cause lorsque ses sentiments pour lui avaient enfin éclot à nouveau, puis ensuite lorsque les souvenirs de son ancienne vie lui étaient revenus. Kakashi aurait pu baisser les bras, trouver une autre femme de son âge et oublier cet amour de jeunesse, pourtant... pourtant, il n'avait jamais renoncé. Son espoir s'était tari d'année en année, rendant la promesse de leurs retrouvailles totalement utopique, mais il n'avait pas abandonné, attendant patiemment son retour. Alors elle n'avait pas le droit de se laisser aller au désespoir. Comme Kakashi, elle devait attendre, des années s'il le fallait, qu'il sorte de son comas, quitte à emporter dans la mort l'image de ce visage si paisible et détendu par le profond sommeil dont il était victime.
- ... Uh... Tout ira bien..., murmura-t-elle finalement.
A la fin de la journée, Sakura repartit chez elle, laissant ses amis retrouver leur domicile respectif. La fleur de cerisier ne vivait plus chez ses parents depuis la fin de la guerre en raison de son poste de Jônin qui aurait grandement perturbé l'environnement stable et serein de ses parents. Elle avait pu prendre une chambre dans une résidence conçue spécialement pour loger les shinobis et s'y était installée rapidement.
Ses pas la dirigèrent vers son nouveau domicile quand elle se stoppa à un angle de rue. Quelques instants défilèrent sans qu'elle ne fasse le moindre geste, puis elle releva la tête vers le ciel. Les teintes orangées de cette fin de jour se zébraient de bleu profond ponctué d'étoiles. Son regard se baissa et elle fixa la rue perpendiculaire à celle qu'elle empruntait. Elle mit une main dans sa poche et en sortit un petit trousseau de clef. Elle l'observa quelques secondes avant de le serrer contre son cœur. Ces clefs... Ses clefs...
Obito Taïcho les lui avait confié peu après son rétablissement. Il lui avait expliqué que Kakashi avait repris le même appartement que celui qu'elle possédait dans cet autre temps. Elle en avait été amusée et touchée sur le moment. Il avait réussi à retrouver le même... Quelle ironie...
Cependant, elle n'y avait pas encore mis les pieds une seule fois. Elle ne savait ce qu'elle craignait en allant là-bas... peut-être la présence trop marquée de celui qui manquait cruellement à son cœur, son odeur, ses livres, tout ce qui le reflétait... ou bien encore ce temps révolu dans lequel ils avaient appris à s'aimer...
Elle releva la tête et s'engagea dans la rue, serrant toujours contre elle le trousseau. Elle devait y aller... au moins une fois, rien qu'une fois.
Plus elle avançait vers ce lieu qu'elle avait habité dans un temps alternatif, plus sa marche se faisait rapide, jusqu'à ce qu'elle se mette à courir, le vent fouettant contre son visage à mesure que la vitesse augmentait et son cœur battant à vive allure.
Elle sauta sur les toits des maisons et poursuivit sa route avant d'apercevoir les contours de son ancien appartement, parmi les couleurs des tuiles voisines. Elle arriva sur le toit de l'immeuble, essoufflée, et reprit quelque peu sa respiration.
Elle se rapprocha du bord et sauta sur le balcon. Un petit sourire nostalgique se dessina sur son visage quand elle constata que Kakashi avait même pris la précaution de reprendre les mêmes poufs qu'elle avait disposé. Son regard se reporta ensuite sur la baie vitrée. Les dernières lueurs du jour perçaient à travers, laissant apercevoir l'intérieur de la chambre qui baignait dans une lumière cuivrée. Elle inspira profondément et fit coulisser la vitre, s'introduisant à l'intérieur du domicile.
Elle sentit son cœur se serrer quand elle vit que rien n'avait changé. Tout était remis à sa place dans un conformisme remarquable. L'image du jeune adolescent de douze ans qu'il avait été refit surface dans sa mémoire alors qu'elle s'imaginait le voir entrer dans la pièce, baissant son masque et lui adressant un sourire plein de chaleur et d'affection. Elle plissa les lèvres avec force et porta une main sur sa poitrine douloureuse.
Sakura serra ses poings avant de les desserrer, sentant le contact dur des clefs contre sa peau. Elle ouvrit sa main et s'aperçut de la présence d'une petite clef en étain accrochée sur le trousseau. Elle fronça les sourcils, perplexe. Elle avait toujours possédé deux clefs, jamais trois. A quoi pouvait bien servir celle-ci ?
Elle jeta un regard circulaire à la pièce avant de percevoir une petite serrure dans le tiroir de la table de nuit proche du lit. Curieuse, elle s'y approcha et inséra la petite clef à l'intérieur. Le tiroir s'ouvrit et Sakura fronça les sourcils de plus belle. Celui-ci était totalement vide et la poussière était clairement visible. Pourquoi Kakashi aurait-il gardé fermé un tiroir vide ? Elle approcha sa main et tapota sur le fond avant de sentir une résonance. Un petit sourire naquit sur ses lèvres alors qu'elle réalisait ce qu'avait fait le Ninja Copieur. Evidemment. Il s'agissait d'un tiroir à double fond.
Elle trafiqua quelque peu le tiroir avant de parvenir à l'ouvrir. Le fond se souleva et Sakura l'enleva pour le reposer sur la table de nuit. Quand son regard se posa sur l'objet que contenait le compartiment secret, son cœur rata plusieurs battements. Ses sourcils se haussèrent sous la peine que lui infligeait la vue de l'objet, et quelques secondes se passèrent avant qu'elle ne s'en saisisse de ses mains tremblantes. Ce journal... C'était le sien... Celui qu'elle avait laissé à Kakashi avant qu'il ne retourne dans son temps. Ses émeraudes se voilèrent d'un fin voile d'eau et ses mâchoires se contractèrent avec force tandis qu'elle luttait pour ne pas céder à la vague d'émotions qui la submergea avec une rare puissance.
D'un geste peu assuré, elle ouvrit avec une extrême précaution le petit journal relié et commença à passer en revue chaque souvenirs qui retraçait les différents passages de sa vie précédente.
Elle resta longuement assise sur le lit de Kakashi, à lire son journal, revivant chaque instant qu'elle avait vécu dans un autre temps, lisant les derniers moments qu'elle avait vécu en compagnie de Kakashi juste après sa confession auprès de son double de trente ans. C'était à cet instant qu'elle avait décidé de lui avouer l'attirance qu'elle ressentait également envers lui et qu'elle n'avait pas osé lui dire de peur de le perdre.
Arrivée à la fin du journal, elle poussa un profond soupir chargé d'émotions et s'apprêta à le refermer, mais une feuille s'échappa du journal et retomba sur le sol. Une expression d'étonnement passa sur son visage car elle ne se rappelait pas avoir déchirée une page, puis elle se pencha et la ramassa.
La page détachée affichait l'écriture de Kakashi qui noircissait les lignes. Sans en lire le contenu, elle passa un index tremblant sur l'encre séchée, reconnaissant l'écriture juvénile du jeune homme qu'elle avait connu.
Ses émeraudes se posèrent sur les premiers mots et son visage se teinta de tristesse tandis qu'elle portait une main tremblante sur sa bouche entrouverte. Ses yeux ne tardèrent pas à s'humidifier et ses doigts se crispèrent sur le papier, reconnaissant alors l'écriture du jeune adolescent aux cheveux argenté qu'elle avait appris à aimer.
Sakura,
Je sais que je ne pourrai plus jamais sentir la caresse chaude de tes mains se mêlant à mes cheveux,
Et que tes lèvres ne se scelleront plus jamais aux miennes comme lors de la dernière nuit que nous avons partagée,
Mais je veux que tu saches que, même si tu n'existes pas encore à mon époque,
Mon amour pour toi ne s'éteindra pas, jamais.
Tu as bouleversé ma vie, et je sais que nos destins, si étroitement liés, finiront par se croiser un jour.
Chaque jour qui passe est une véritable torture pour mon cœur.
Je t'attends, je t'espère, je vis uniquement dans l'espoir de te serrer à nouveau dans mes bras,
Et de sentir ton doux parfum qui m'enivre tant.
Tu me rends fou, fou d'amour, fou de désir, alors que je poursuis un rêve utopique.
Sakura, ces derniers mots que tu m'as entendu prononcer me reviennent sans cesse en mémoire.
Je t'aimerais toujours et bien au-delà du temps...
Je t'en prie, reviens-moi...
Sakura serra la lettre contre son cœur et ferma les yeux avec douleur, ne pouvant retenir une larme cruelle couler sur sa joue pâle.
- Kakashi..., murmura-t-elle les sanglots perceptibles dans sa voix. A mon tour de te le demander... Reviens-moi... Je t'en supplie...
Elle pressa un peu plus la lettre contre elle, ne prêtant pas attention au froissement du papier, et se laissa choir sur le lit qui avait été le sien dans un autre temps, le corps tremblant, des perles salées coulant silencieusement sur ses joues.
28 mars
Sakura parcourait les couloirs de l'hôpital, tenant une multitude de dossiers entre ses mains, veillant à ce que rien ne s'écroule. Elle arriva tant bien que mal dans le bureau vide de la Princesse des Limaces et déposa la pile de documents médicaux. Elle essuya les quelques gouttes de sueur qui avaient perlé sur son front et s'apprêta à repartir lorsqu'une silhouette s'arrêta derrière la porte et l'ouvrit.
- Oh Sakura, tu tombes bien, Tsunade-sama aimerait que tu t'occupes des patients sur la liste que voici, lui dit la nouvelle arrivée qui n'était autre que Shizune.
Sakura se saisit de la liste et réprima une petite moue abattue quand elle prit connaissance des maladies des patients. Elle releva la tête, embêtée, et fronça les sourcils.
- Shizune Senpaï, pourquoi Tsunade-sama me confie-t-elle le service de néo-natalité ? Je ne suis pas du tout spécialiste dans ce domaine ! Je m'occupe des urgences !
- Euh eh bien... Notre personnel soignant est plus concentré sur les derniers blessés de guerre et...
- Je devrais travailler avec eux et pas dans ce service ! Je suis la disciple de Tsunade-sama, je devrais l'épauler au lieu d'aller dans un domaine complètement en dehors de mes compétences habituelles, rétorqua la fleur en croisant les bras.
- C'est justement parce que tu es la disciple de Tsunade-sama et qu'elle te fait entièrement confiance, qu'elle t'a muté à un service totalement différent de ce que tu fais d'habitude. Elle connaît ton talent et sait parfaitement bien que tu réussiras à relever ce défi, lui répondit Shizune en adoptant une mine déterminée.
Sakura plissa ses lèvres et arqua un sourcil en une moue peu convaincue, avant de soupirer et d'hocher la tête de dépit.
- Très bien... Je m'en occupe, maugréa-t-elle.
Elle sortit du bureau de la Sanin, traînant des pieds, les mains dans les poches. Mais pourquoi lui avait-on refilé tout ce qu'elle ne souhaitait pas faire aujourd'hui ? D'ordinaire, elle était aux côtés de Tsunade-sama à s'occuper des cas d'urgence comme la médecin-nin qu'elle était, mais aujourd'hui, elle avait la nette impression qu'elle se faisait traiter comme une simple petite novice. Elle était tout de même surnommée la Tsunade numéro deux !
Elle poussa un nouveau soupir de lassitude et se dirigea vers le service sans grande conviction. Au détour d'un couloir, elle aperçut Ino et Rin qui discutaient à voix basse et gloussaient de temps à autre, comme si elles partageaient une information secrète. La fleur arqua un sourcil et se rapprocha des deux Kunoïchis en levant une main en guise de salut.
- Ohayo Rin-san, Ino, dit-elle avec un sourire.
- Oh Sakura ! Ohayo, lui répondit Rin.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda la blonde.
- Eh bien Tsunade-sama m'a demandé de m'occuper du service de néo-natalité aujourd'hui. Une nouvelle lubie sûrement..., soupira-t-elle. Mais je n'ai pas le choix et...
- Oh, très bien alors on te laisse, la coupa Ino en empoignant le poignet de la compagne du nouvel Hokage.
Sakura n'eut même pas le temps de répliquer qu'elles s'étaient volatilisées, la laissant seule dans le couloir, totalement perplexe.
- Mais qu'ont-ils tous aujourd'hui, Shannaro ?! s'énerva-t-elle.
Elle reprit sa marche d'un pas rapide et agacé, bien décidée à ne pas s'ennuyer une seule seconde afin que la journée passe le plus rapidement possible.
Fin de journée
Sakura avait quitté l'hôpital non sans avoir voulu retourner auprès de Kakashi comme elle en avait l'habitude depuis plusieurs mois, mais la Sanin l'en avait empêché, lui expliquant qu'elle devait lui faire passer toute une batterie de test sur son corps endormi et qu'elle avait déjà mobilisé une équipe médicale. Sakura avait protesté vigoureusement afin de participer, mais la blonde aux formes plantureuses n'avait pas cédé et l'avait renvoyé chez elle.
C'était donc d'une humeur massacrante qu'elle rentrait chez elle. Une fois arrivée, elle s'écroula sur son lit, la tête enfoncée dans l'oreiller, vidée de toute énergie. Elle poussa un long soupir de fatigue et se recroquevilla sur son matelas, le cœur lourd de n'avoir pu voir le Ninja Copieur. Elle lui rendait visite quotidiennement après son service, veillant sur lui du mieux qu'elle pouvait, espérant toujours qu'il y ait une quelconque amélioration, mais repartant toujours déçue. Elle s'interdisait de perdre espoir car Kakashi n'avait cessé de l'attendre depuis ses douze ans, alors, à son image, elle patienterait.
Elle se releva finalement, les cheveux légèrement ébouriffés, et s'aperçut de la présence d'une lettre sur son bureau. Elle l'ouvrit et lut le contenu avant d'esquisser un petit sourire. Bien sûr... ce jour était spécial pour elle puisqu'elle fêtait son dix-huitième anniversaire. Ses parents souhaitaient passer la soirée avec leur fille en ce jour.
Elle se morigéna mentalement. Avec la masse de travail qu'elle avait eu depuis son rétablissement, elle en avait perdu la notion du temps et ne s'était même pas aperçu que ce jour était important pour elle...
Elle secoua la tête, s'étira et se passa une main dans les cheveux avant de se lever et se diriger vers la salle de bain pour se préparer.
Trois quart d'heure plus tard, la fleur en ressortit, lavée, habillée et prête. Elle se présenta devant son miroir et s'examina de la tête aux pieds. Ses cheveux étaient relevés sur sa nuque en chignon lâche et une petite broche sous la forme d'une fleur de frangipanier qui ne poussait qu'au pays de l'eau se liait amoureusement à ses mèches roses, dont certaines s'échappaient pour retomber doucement sur ses épaules. Un kimono rose soulignait ses courbes féminines avec volupté et le tissu soyeux et doux caressait sa peau veloutée. Une petite ceinture de corde tressée était nouée à sa taille et soulignait la finesse de celle-ci. Un maquillage léger renforçait la beauté de son visage et ses deux émeraudes n'en étaient que plus envoûtantes.
Sakura esquissa un petit sourire nostalgique et l'image d'un jeune homme de douze ans aux cheveux argentés en tenue de civil fit son apparition dans son esprit. Cette tenue était la même que celle qu'elle avait porté un soir, en compagnie de Kakashi, avant de rejoindre Ichiraku dans cette époque alternative... Elle avait pensé naïvement que celle-ci lui porterait peut-être chance...
Domicile des Haruno
Sakura toqua à la porte d'entrée et l'ouvrit.
- Ka'san, to'san, je suis là, annonça-t-elle en prenant soin de retirer ses chaussures à l'entrée.
Nul ne répondit. La maison était plongée dans le noir. Elle arqua un sourcil et s'avança dans l'entrée guettant la moindre trace de vie. Ses parents l'avaient invité à passer la soirée avec eux, comment se faisait-il que la maison se retrouve dans le noir ? Elle entendit un petit bruit dans le salon et se dirigea prudemment vers la source sonore. Arrivée dans la pièce, elle actionna la lumière et écarquilla les yeux d'étonnement.
- Surprise !! cria l'assemblée présente.
Tous ses amis étaient présents, un large sourire aux lèvres. Un grand buffet était disposé au centre et de nombreuses décorations égayaient la pièce sobre. Ainsi c'était pour ça qu'elle avait perçu à l'hôpital toutes ces petites cachotteries et les tentatives pour l'éloigner de tous...
Naruto se rua vers elle et la serra de toutes ses forces dans ses bras.
- Joyeux anniversaire Sakura-chan, 'ttebayo ! s'écria-t-il.
Sasuke s'approcha d'eux et Naruto se retira de l'étreinte. L'Uchiha afficha un petit sourire chaleureux et la regarda un petit instant avant de la prendre lui aussi doucement contre lui. Sakura haussa les sourcils, surprise par l'élan d'affection dont faisait preuve le brun, avant d'esquisser un sourire et de se laisser aller.
- Joyeux anniversaire Sakura, lui dit-il doucement.
Naruto s'empressa de se joindre à l'étreinte, mais Sasuke y mit fin rapidement en lui donnant une petite tape sur la tête.
- Tu nous étouffes, Usuratonkachi, le réprimanda-t-il.
- M'insulte pas ! Sasuke Teme ! renchérit le blond en croisant les bras, contrarié.
Sasuke poussa un petit soupir en haussant les épaules et Sakura observa leur chamaillerie avec un sourire chaleureux. Ces deux-là ne changeraient jamais... et c'était pour le mieux.
Ses parents, Saï, Yamato Taïcho, Ino, Hinata, TenTen, Shikamaru, Shino, Kiba en compagnie d'Akamaru, Chôji, Neji qui était sorti de l'hôpital un mois auparavant, Lee-san, Rin-san, Minato-sama, Shizune, Tsunade-sama mais aussi Obito Taïcho vinrent lui souhaiter un joyeux anniversaire. Elle les remercia tous avec une grande émotion, mordant ses joues avec force pour ne pas pleurer de joie.
- Minna... Arigatou, dit-elle, s'efforçant à ce que sa voix ne tremble pas.
La soirée se déroula avec un entrain débordant. Chacun s'amusant et riant de bon cœur en ce soir si spécial pour leur amie. Le salon fut rapidement transformé en piste de danse et la musique s'éleva, unifiant leur cœur par quelques notes noires et blanches.
Obito n'avait pas hésité à inviter Rin et celle-ci avait accepté avec joie sous l'œil protecteur et paternel de leur ancien Senseï aux cheveux d'or. Certains avaient dansé en groupe, d'autres en duo, et Sakura avait profité des bras de Naruto, puis de ceux de Sasuke-kun, et enfin de son père. Sa mère avait ensuite voulu danser avec elle, la serrant dans ses bras comme si elle retrouvait la petite fille de jadis.
Pendant que chacun s'amusait et profitait de la soirée, Sakura et sa mère dansaient ensemble doucement, le visage de la fleur niché dans le cou maternel. Elle était profondément heureuse de ce que ses parents et ses amis lui avaient préparé, mais son cœur la ramenait cruellement à la réalité lorsque son regard se posait sur la joyeux assemblée. Ils étaient tous présents... sauf un... sauf lui.
- Sakura..., murmura Mebuki à son oreille en lui caressant les cheveux doucement, sentant sa peine.
La fleur poussa un petit soupir triste et serra un peu plus sa mère.
- ... Il me manque tant..., avoua-t-elle d'un ton faible.
- Kakashi Senseï... ? interrogea sa mère doucement.
Sakura ne répondit pas, se figeant légèrement, avant d'hocher la tête lentement. C'était sa mère, elle l'avait aidé implicitement lorsque son cœur balançait entre Sasuke-kun et le Ninja Copieur. C'était grâce à elle qu'elle s'était décidée à rejoindre le shinobi argenté. Et puis, ce temps lui avait laissé la chance de conserver ses parents, alors il était inutile de lui cacher ses sentiments...
- Sakura..., reprit sa mère d'une voix douce. Il reviendra j'en suis certaine. Il reviendra pour toi.
- ... Pourquoi tout le monde semble si sûr de son retour alors que son état ne change pas... ?
- Tu n'y crois pas ?
- Si... Si bien sûr. Je veux y croire de toutes mes forces... mais je veux rester pragmatique. Je sais que la réalité est tout autre et que les chances de le voir revenir un jour sont très minces...
Mebuki lui prit délicatement son menton et le releva.
- Même s'il n'y a qu'une infime chance de le revoir, c'est déjà suffisant pour te permettre d'espérer...
Sakura la regarda longuement avant d'hocher la tête avec un pâle sourire.
La mère et la fille se séparèrent peu de temps après et Sakura partit dans une pièce adjacente, s'éloignant quelques instants du bruit.
Elle se servit un verre d'eau, s'adossa au mur de la cuisine, et rajusta quelques mèches roses derrière ses oreilles, son esprit s'échappant loin de l'atmosphère de la fête pour rejoindre une chambre d'hôpital.
- Sakura-chan ?
La fleur releva la tête subitement en entendant la voix familière du blond et le vit s'approcher d'elle en compagnie de Sasuke.
- Oh Naruto, Sasuke-kun, dit-elle en se reprenant rapidement.
- Ça ne va pas, 'ttebayo ? interrogea le blond.
- Si, bien sûr que si, pourquoi ?
Le blond émit une moue peu convaincue et lança un coup d'œil à son meilleur ami brun.
- Mmh... non, pour rien...
Naruto resta planté devant elle, le regard dévié, et Sasuke s'assit sur une chaise en face de la Kunoïchi, le regard indéchiffrable. La fleur arqua un sourcil devant le sérieux soudain dont ses deux amis faisaient preuve et Naruto le remarqua. Il se racla la gorge en évitant son regard, et des rougeurs embarrassées apparurent sur ses joues.
- Dis-lui, Usuratonkachi, soupira Sasuke perdant patience face au silence inconfortable.
- Urusaï Sasuke, grommela le blond sans méchanceté, totalement préoccupé par son embarras.
- Me dire quoi ? souleva la fleur, comprenant de moins en moins la réaction des deux jeunes hommes.
- Hum... Sakura-chan, se lança Naruto.
Il inspira profondément en fermant les yeux, avant de les ouvrir et plonger ses orbes azurs dans les perles de jade de la fleur de cerisier.
- Sasuke et moi... Enfin tu vois... Nous avons toujours été très proches mais..., expliqua-t-il avec difficulté. Nous sommes... tu comprends... ? C'est arrivé et... nous ne savions pas trop comment ni pourquoi mais c'est arrivé... et puis je voulais te le dire, 'ttebayo...
- Hn, toujours aussi mauvais pour expliquer les choses, dobe, souffla Sasuke, la tête penchée, reposant sur la paume de sa main, amusé par la gêne profonde de Naruto.
- Eh bien vas-y toi ! s'énerva le blond en se retournant, le rouge aux joues, pour le fusiller du regard.
Sasuke ne répondit pas et leva son regard profond vers leur meilleure amie commune. Un court instant se passa sans que nul ne prononce un mot, puis Sasuke dévia le regard, lui aussi en proie à l'embarras. Il était plus facile de le dire par la pensée qu'à voix haute finalement...
- Personne ne le sait encore, mais ils sont en couples, annonça une voix masculine.
- Saï ! s'exclama Naruto, rouge de gêne en foudroyant le nouveau venu du regard.
Sasuke tourna la tête vivement, s'efforçant de ne pas montrer les rougeurs qui apparaissaient sur ses joues.
Sakura observa Naruto qui secouait Saï par les épaules, manifestant son énervement profond face à la confession que le peintre avait fait à sa place, avant qu'elle n'émette un petit rire amusée.
- Je l'avais compris, dit-elle doucement.
Naruto et Sasuke écarquillèrent leurs yeux de stupeur et la regardèrent sans comprendre. Saï se dégagea de l'emprise du blond et regarda à son tour la fleur.
- C'était évident, reprit-elle. Vous ne pouvez vivre l'un sans l'autre. Vous êtes bien plus que des meilleurs amis ou des frères... Vous êtes des âmes sœurs, termina-t-elle avec un petit sourire.
Sasuke rougit de plus belle, ses sourcils haussés d'étonnement en entendant les paroles de Sakura et Naruto déglutit difficilement.
- Je suis heureuse pour vous, vraiment, ajouta-t-elle avec chaleur. C'est un dénouement qui ne peut que me satisfaire puisqu'il contribue à votre bonheur respectif.
- Sakura-chan..., murmura Naruto.
Sans attendre, il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il avait eu tellement peur qu'elle ne lui en veuille, qu'elle ne lui reproche d'avoir trompé sa confiance... Il s'était attendu à beaucoup de choses, mais pas à ça...
- Arigatou..., chuchota-t-il à son oreille.
Sasuke esquissa un petit sourire reconnaissant et couva du regard les deux shinobis enlacés. Il était conscient de la chance qu'il avait de pouvoir laisser parler ses sentiments et d'avoir de telles personnes à ses côtés. Peut-être que si la chance lui avait moins sourit, que son destin avait été différent et qu'il avait été obligé d'emprunter une autre voie, il n'aurait été en mesure de vivre ce moment au point même que l'issu aurait été totalement différente...
Naruto mit fin à l'étreinte et se retourna pour adresser un sourire sincère à son compagnon brun. Sasuke lui adressa un regard plein de malice que seul le blond connaissait, et qui accentua le sourire de ce dernier.
- Je crois que c'est à ton tour de nous révéler certaines choses, Sakura, lança Saï.
La fleur rougit subitement et lança un regard dangereux au peintre qui esquissa un de ses sourires étranges.
- Certaines choses ? souleva Sasuke en arquant un sourcil.
- Qu'est-ce que tu veux dire Saï dattebayo ?
- R... Rien ! Rien du tout ! le coupa Sakura en agitant les mains devant elle en signe de négation, avec un petit rire faux.
Sasuke fronça les sourcils. Ce n'était pas la première fois qu'il sentait que Sakura dissimulait un secret. Il était peut-être l'occasion qu'elle le révèle enfin...
- Sakura, insista-t-il d'une voix sèche.
Elle hésita un instant, puis baissa le regard et soupira, résignée. Elle pouvait bien leur révéler une petite partie de ce qu'elle cachait depuis deux vies entières déjà... Cela la soulagerait légèrement du poids qu'elle portait au moins. Elle porta une main contre son cœur battant plus rapidement et plissa ses lèvres.
- Je... Mon cœur appartient à quelqu'un...
- Uh ? A qui, 'ttebayo ?
Elle inspira profondément, son rythme cardiaque s'accélérant, et se lança.
- ... A Kakashi... prononça-t-elle dans un souffle.
- Nii-chan ? s'exclama Naruto en haussant les sourcils de stupeur.
Elle acquiesça doucement.
- Pourquoi Saï était au courant ? interrogea Naruto en arquant un sourcil, une moue boudeuse sur son visage.
- C'était évident, répondit Saï en reprenant les mots de la fleur.
- Ah bon ? s'étonna le fils du Yondaïme.
Sasuke plissa ses orbes sombres. Naturellement... Il aurait dû s'en douter lui aussi. L'attention de Sakura avait toujours été concentrée sur Kakashi, toujours. Il était l'homme qu'elle ne voulait surtout pas décevoir et qu'elle voulait protéger à tout prix. Pendant la guerre, elle n'avait pas hésité une seule seconde à le rejoindre près du Mont Hajyôku malgré le danger immense.
- Hn, dit-il. Saï a raison. C'était évident. Les signes ont toujours été là, il fallait simplement savoir les interpréter correctement.
- Les signes ? Quels signes ? souligna Naruto, de plus en plus perdu.
- Les signes qui étaient le reflet des sentiments de Sakura envers Kakashi, répondit Sasuke.
Il l'observa quelques instants et reposa son visage contre sa main refermée en une posture relâchée et dominante.
- Cependant, une chose m'échappe... Cela semble être bien plus profond que de simples sentiments. Je me souviens avoir compris que Kakashi représentait beaucoup pour toi dès la première fois que tu l'as vu... or tu ne le connaissais pas, contrairement à nous deux. Pourquoi ? Pourquoi était-il si important à tes yeux dans ce cas-là ?
Sakura pâlit légèrement. Sasuke-kun était un peu trop perspicace à son plus grand malheur. Un petit silence s'installa, et les trois jeunes hommes attendaient sa réponse dans un silence religieux.
- Je..., commença-t-elle, en déglutissant difficilement.
Elle ne pouvait pas leur révéler son véritable secret. C'était une information tenue secrète que peu de personnes connaissaient. Seuls Tsunade-sama, Minato-sama, Obito Taïcho, Rin-san et Kakashi étaient au courant. Personne d'autre ne savait, et personne d'autre ne devait savoir. Le Temple du Temps était détruit, mais pas les failles temporelles. Elles seraient toujours présentes, comme des phénomènes naturels incontrôlables pour l'Homme, comme ce que leur avait expliqué le Shodaï Hokage dans cet autre temps avant que le jeune Kakashi ne retourne dans le sien. Elle ne pouvait prendre le risque que le secret de leur existence ne s'ébruite. Naruto, Sasuke-kun et Saï étaient dignes de confiance et elle leurs confierait sa vie les yeux fermés, mais elle n'avait pas le droit de leur faire part de ce secret.
Elle s'apprêta à improviser quelque chose pour se sortir de cette situation inconfortable, quand le Godaïme Hokage surgit dans la salle.
- Alors on se cachait là ? dit-il, un large sourire aux lèvres.
- Hokage-sama, s'inclina Saï.
- Nii-chan ! protesta Naruto. Tu nous coupes dans notre conversation !
Obito arqua un sourcil et s'approcha du blond.
- Tu parles à ton Hokage là, Naruto, le réprimanda-t-il.
- Hokage ou pas, tu nous as coupé dans notre conversation, 'ttebayo, rétorqua Naruto, les yeux plissés, en croisant les bras.
- Et de quoi parlait-elle cette conversation ?
- Rien..., commença Sasuke.
- Du fait que Sakura est amoureuse de Kakashi nii-chan et qu'il y aurait un autre secret concernant ses sentiments qu'elle ne nous aurait pas encore révélé, asséna Naruto naïvement.
Sasuke porta une main affligée à son visage avant de décocher un regard sévère au fils du Yondaïme.
- Toujours aussi malin, se moqua Saï avec un petit sourire.
- Qu'est-ce que tu as dit ?! s'énerva Naruto.
- Allez vous défouler dehors, soupira Obito. J'investis la cuisine.
- Mais..., protesta Naruto.
- Ordre de l'Hokage, le coupa net l'Uchiha.
Naruto grommela et repartit en direction du salon, accompagné par Sasuke qui jeta un regard indéchiffrable à Sakura, suivit ensuite de Saï. Sakura s'apprêta à rejoindre les autres convives quand elle sentit une main la retenir par le poignet.
Elle se retourna et vit son ancien commandant qui la regardait avec un sérieux extrême.
- Sakura, ne leur révèle la vérité sous aucun prétexte. Il s'agit là d'une information confidentielle que peu de personnes sont autorisées à connaître. Les failles temporelles ont provoqué un grand chamboulement dans le temps au point même de créer un futur totalement différent de celui que tu as connu. Si jamais une de ces perturbations physiques devaient apparaître à nouveau, qui sait ce qui pourrait bien se passer..., termina-t-il d'une voix sombre.
- Hokage-sama..., murmura-t-elle avec étonnement.
- Je t'en prie, lui dit-il, avec un petit sourire gêné. Ne m'appelle pas comme ça. Tu peux continuer à m'appeler Obito Taïcho comme avant... Après tout, Kakashi et moi appelons toujours le Yondaïme, Minato Senseï.
Sakura lui adressa un petit sourire et hocha la tête.
- Tu ne leurs diras pas, n'est-ce pas ? reprit Obito.
- ... Non... Je ne leur dirai rien.
- Très bien, dit-il. C'est parfait.
La fleur ne répondit pas et dévia le regard en baissant la tête. En fin de compte, elle était incapable de profiter de cette soirée malgré toute sa bonne volonté...
- Je suis désolée..., murmura-t-elle. Je suis désolée de gâcher la soirée... mais... Il me manque tant...
Obito la regarda avec peine avant de lui caresser la tête avec douceur. Il lui releva son menton doucement et l'incita implicitement à le regarder dans les yeux.
- Sakura... Kakashi est toujours près de toi, lui dit-il en désignant son cœur. Vous avez été reliés par un sceau depuis ta naissance, crois-tu réellement qu'il ne se débattra pas dans son sommeil pour te retrouver... ? Il a attendu des années, sa patience s'effritant de plus en plus alors que tu semblais à chaque fois plus inaccessible qu'avant, et pourtant, te voilà... en parfaite connaissance de ce qui s'est réellement passé, l'attendant comme lui t'as attendu... Aie confiance en lui Sakura... Il ne te laissera pas...
Sakura sentit son cœur se serrer et acquiesça légèrement, ses yeux se voilant d'un fin voile d'eau alors qu'elle se retenait du mieux qu'elle pouvait pour ne pas céder à ses émotions.
- Uh... Vous avez raison... Il ne faut pas que je perde espoir... Il est si important pour moi...
- ... Je sais... lui répondit-il d'une voix douce.
La fleur inspira profondément les yeux fermés, calmant sa tension et refoulant ses émotions, avant de les ouvrir et de croiser le sourire chaleureux du Godaïme.
- Va maintenant. Va profiter de ton anniversaire en compagnie de tes amis.
- Uh, acquiesça-t-elle. Arigatou, Obito Taïcho.
Le sourire de son aîné s'accentua et la fleur retourna dans le salon où elle fut accueillie par ses amies qui la conduisirent dans une danse effrénée.
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