
Chapitre 1
Il était une fois, dans un royaume lointain qui s'étendait bien au-delà du soleil couchant, un prince beau comme le jour. Il montait à cheval à la perfection, et lorsqu'il chantait en caressant les cordes de son luth, même les oiseaux s'arrêtaient pour l'écouter. Par son intelligence et ses grandes vertus, le jeune homme faisait le bonheur de ses parents et la fierté de ses précepteurs. Lorsqu'il fut en âge de se marier, le roi son père donna un grand bal où il invita tous les rois et les reines des royaumes voisins qui avaient des filles de l'âge du prince.
Dans le grand palais étincelant, toute la journée les serviteurs s'affairèrent pour préparer la multitude de plats qui devaient être servis au banquet du soir. Enfin les carrosses des invités,tirés par des coursiers rivalisant d'élégance, arrivèrent dans les jardins du château et bientôt, la grande salle de bal fut remplie du murmure des conversations et du bruissement des étoffes chatoyantes des robes des nobles dames. Le prince allait de princesse en princesse, brillant par son charme et son esprit et bien peu nombreux furent ceux qui y restaient indifférents.
Mais alors que résonnaient les premières notes de la première danse, un grand fracas retentit aux portes. Une grande femme vêtue de noir entra, froide comme la glace et tranchante comme la lame d'une épée. Hautaine, elle s'adressa au roi et à la reine en ces termes :
-Il semblerait, Vos Majestés, que vous ayez fait un oubli en envoyant vos invitations. La Reine Noire du Royaume du Nord est-elle de trop bas lignage pour prendre part à cette fête ? Ma fille est pourtant fort belle et en âge de se marier. Voulez-vous vérifier, Prince ?
Et elle présenta au jeune homme un petit portrait dans un cadre de bronze. Une belle jeune fille à la chevelure d'un blond lumineux souriait à l'intérieur. A peine eut-il effleuré ce doux visage que le regard du prince devint vitreux. Il était ensorcelé par la magie de la Reine Noire.
Celle-ci étira ses lèvres en un effrayant sourire et tendit la main au prince.
-Si tu veux la rejoindre, tu n'as qu'à prendre ma main, dit-elle.
Le prince obéit, avec les gestes lents d'un automate. Et à peine ses doigts eurent-ils effleurés ceux de la Reine que tous deux disparurent dans un claquement sec.
L'assistance poussa un cri d'effroi et de stupeur et la reine éclata en sanglots. Le roi hurla des ordres et les soldats dans leur brillante armure se précipitèrent dehors dans le vain espoir de retrouver le prince.
Dans le brouhaha grandissant qui emplit la salle de bal, une voix claire s'éleva alors. C'était une princesse qui prit la parole, seul îlot de calme dans la panique. Ce n'était pas la plus belle des jeunes filles présentes ce soir-là, ni la mieux habillée. Ses parents avaient dû la forcer à venir car elle leur avait déclaré tout net qu'elle n'avait pas la moindre envie de se marier.
Mais ses paroles étaient pleines d'ardeur et de volonté.
-Majesté, vos soldats ne les retrouveront pas à moins d'aller jusqu'au Royaume du Nord où ils doivent déjà être, transportés par la grande magie de la Reine Noire. Laissez-moi partir à sa recherche, et je vous promets que je vous ramènerais votre fils.
Dans l'assistance tout le monde se récria. Laisser une si fragile jeune fille entreprendre un si périlleux voyage ? Touchés, le roi et la reine refusèrent cependant tandis que les parents de la princesse,une fois de plus exaspérés de ses extravagances, le lui interdisaient formellement.
Dans les jours qui suivirent, le roi envoya de part le monde les meilleurs chevaliers de tout le royaume, leur promettant des terres et des monceaux d'or de récompense. Mais les mois s'écoulèrent, et peu nombreux furent ceux qui revinrent des terres glacées du Nord. Les autres, qui avaient perdu leur cheval et brisé leur épée enfuyant, étaient couverts de déshonneur. Et chaque jour, la peine du roi et de la reine s'agrandissait un peu plus.
C'est alors que la princesse qui avait élevé si fort la voix lors du bal décida d'agir. Ébène était son nom, elle dont la chevelure était si noire que même le sombre manteau de la nuit n'était pas si profond.
Lorsque le soir fut tombé, elle revêtit la tunique simple et les braies d'un artisan avant de s'enrouler sous la protection d'une épaisse cape noire à capuchon. Puis elle vola Cintelante, la belle épée de son père dont le pommeau était un seul saphir étoilé, avant de descendre aux écuries. Là, dans la chaude odeur de paille, elle sella en grand secret sa vive jument pommelée puis sauta sur son dos et partit au grand galop du château de ses parents.
Son premier soin fut d'aller prévenir la mère du prince de son intention de le libérer. Un pigeon blanc mena son message jusqu'à la reine, et celle-ci la reçut en cachette près d'un bosquet de genêts dans les jardins du palais. La reine éplorée accepta enfin que la princesse tente sa chance à son tour. Pour lui souhaiter bonne chance, elle l'embrassa sur le front, mouillant ses cheveux de ses larmes intarissables. Enfin la reine sortit des plis de sa robe une petite flûte argentée, c'était l'instrument que le prince préférait lorsqu'il était enfant.
-J'espère qu'elle pourra vous aider, dit-elle seulement. Si vous ramenez mon fils, sachez que vous pourrez l'épouser dès votre retour.
Aces mots, la princesse Ébène eut un sourire mystérieux mais ne répliqua point. Elle remercia simplement la reine et s'en fut.
Pendant des jours et des jours, la princesse franchit les monts et les vallées, traversa les villages pour aller jusqu'au Royaume du Nord.Partout, elle demandait son chemin mais si tout le monde avait entendu parler de la Reine Noire, nul ne savait comment atteindre son royaume.
Une nuit qu'elle dormait sous le couvert épais d'une forêt de sapins,la princesse Ébène entendit de faibles pleurs et des gémissements.Intriguée, la jeune fille se leva et se dirigea prudemment vers ces bruits. A sa grande surprise, elle découvrit, nimbée d'un halo de lumière poudreuse, une petite créature ailée qui s'était emmêlée les ailes dans un bosquet de ronces. Plus elle se débattait et plus les épines déchiraient ses ailes fragiles. Prise de pitié, Ébène s'approcha, et soufflant des paroles rassurantes, la libéra délicatement. La petite fée se mit à voleter autour de la tête de la princesse en gazouillant joyeusement. Lorsque son excitation se fut un peu calmée et qu'il fut possible de comprendre son babillage,Ébène l'entendit la remercier d'une petite voix aiguë.
-Si la grande Sans-Ailes veut bien m'accompagner dans mon royaume,nous lui trouverons certainement une récompense à sa taille, pépia la fée, fort ravie de son idée. Suis-moi !
Et elle partit à tire d'aile entre les arbres, la princesse n'eut que le temps de se mettre à courir derrière elle, se fiant à la traînée lumineuse que la fée laissait derrière elle. Ne la quittant pas des yeux dans sa course folle, la jeune fille trébuchait sans cesse et se griffait aux épines qui déchiraient ses vêtements.Et toutes ses supplications de ralentir n'avaient aucun effet. Finalement, se prenant le pied dans une racine, la princesse tomba et roula dans l'herbe.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, paniquée à l'idée d'avoir perdu son guide,elle découvrit une magnifique clairière envahie d'herbe d'un vert scintillant où poussaient de grosses fleurs multicolores dont chaque pétale ressemblait à une pierre précieuse. Le plus surprenant était qu'il faisait grand jour, même si le soleil semblait invisible. La fée était devant elle, souriant, elle lui prit un doigt dans ses mains minuscules et fit mine de l'entraîner. De toutes parts, des êtres ailés voletaient, arrêtant leur babillage sur le passage de la princesse pour la regarder avec curiosité, avant de la suivre. Ébène fut conduite par un cortège de plus en plus important jusqu'à un immense sapin aux aiguilles aussi longues que son bras. Sur son tronc s'accrochaient toute une colonie de champignons sur lesquels nombre de fées et de lutins aux ailes chamarrées était installés. Sur le plus haut, coiffée d'une minuscule couronne, la reine dévisageait les arrivants d'un air sévère.
-Je n'aime guère que l'on amène des étrangers dans notre royaume, dit-elle alors que la colère assombrissait son visage.
La fée qui avait amené la princesse jusqu'ici tenta de se justifier mais la reine coupa net ses explications pour se tourner vers Ébène.Soudain, son visage ne reflétait plus qu'une grande douceur.
-Ce n'est pas à toi que j'en veux, fille d'un humain. Et tu as fait preuve d'une grande bonté en aidant l'une de nous. Pour cela, je veux te remercier. Mais sitôt après, tu quitteras ces lieux où tu n'es pas autorisée à séjourner. Écoute-moi bien princesse, car ta récompense réside dans ses quelques mots.
"Tu fais un peu partie des nôtres et grâce à ta mère, du sang féerique coule dans tes veines. N'oublie pas de qui tu viens, car son pouvoir est un peu le tien. Il te sera révélé au coucher du soleil quand tu en auras le désir ardent.
"Bon voyage, princesse et adieu.
Et avant qu'Ébène n'ai pu formuler la moindre question sur ces paroles obscures, tout se brouilla autour d'elle et la princesse tomba dans un profond sommeil. A son réveil, elle était de retour à son campement. Sa jument broutait paisiblement quelques touffes d'herbe en guise de déjeuner. Comment ne pas croire à un rêve ? Pourtant les paroles de la reine des fées restaient bien présentes dans son esprit.
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Bonjour ! Ce petit conte est une mise en appétit avant d'attaquer un plus gros projet ! Ainsi, je me familiarise avec Wattpad, la longueur des chapitres à publier, etc...
D'ailleurs, n'hésitez pas à me faire des retours à ce sujet (trop long, trop court, trop chiant...). Un grand merci à vous, si vous êtes arrivés jusqu'ici et... suite et fin, la semaine prochaine !
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