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Chapitre 46

Meqdad

Passeport c’est bon. Carte d’identité c’est bon. J’ai à peu près tout. Je recheck on sait jamais. Je descends après avoir vu Camille. Je rejoins Bassam et mon grand-père en bas.

« Baba ?

_ Oui ?

_ T’as pas du cash ?

_ Je t’ai pris 50€. C’est pas suffisant pour 10 jours mais juste de quoi...

_ Pourquoi ? Qui t’a dit...

_ Calme-toi. Il voulait bien faire.

_ Mais baba...

_ Meqdad ! J’ai pas de cash sur moi. »

Camille descend juste après. Elle sait qu’on part pour 10 jours mais elle sait pas où. J’ai envie de garder la surprise encore un peu. Même à l’aéroport elle le saura pas. On prend l’avion dans quatre heures pour Istanbul. Comme demain c’est vendredi, on prie la Jumu’ah soit à la Mosquée Bleue, soit à Fetih Pacha. C’est elle qui choisira. Ensuite on reprend l’avion pour notre destination finale.

Je conduis jusqu’à chez mes parents. On va salam et partir. Ma mère nous fait les éternelles recommandations, mon père pareil et Narjess elle commande des sapes. Elle a craqué ! Je vais rien lui acheter à elle. Si elle veut s’acheter, elle a une carte pour commander sur internet et de l’argent à dépenser. Après je conçois que y a des trucs qu’elle peut pas trouver ailleurs qu’en Turquie. Je vais y réfléchir. Mais en priorité, je réponds aux demandes de ma femme et les miennes. Si il me reste du temps et de l’argent après, je vais répondre à celles des autres. Sinon je lui paie un billet avec mon grand-père.

« T’es prête ?

_ Oui.

_ T’as rien oublié à la maison ?

_ Pas que je sache.

_ Tes papiers tu les as ?

_ Oui. Ils sont dans mon sac. »

J’appelle Bassam et on décolle. Y a mon grand-père et Bassam avec nous. Mon frère prend ma voiture pendant mon séjour. Il est refait parce qu’il va conduire une SUV pendant 10 jours. Il me fait rire. Dans deux ans il pourra s’en payer une meilleure in sha Allah.

Une fois nos bagages enregistrés et nos boarding pass en main, on salam mon frère et mon grand-père. Camille elle a hésité à prendre mon grand-père dans ses bras. Mais c’est mon père donc ça me dérange pas. Et ça doit pas la mettre mal. Je lui en parlerai in sha Allah.


Camille

J’ai dormi pendant tout le trajet. Je n’ai même pas mangé. C’est Meqdad qui m’a réveillée. Il a paru choqué que je m’endorme aussi vite et aussi profondément. L’avion ça m’endort. Mais j’ai eu quelque chose que lui n’a pas eu. Je me suis reposée. C’est vrai que ça ne remplace pas un lit bien douillet mais ça fait l’affaire.

« On va où maintenant ?

_ En ville. J’ai réservé là-bas pour cette nuit.

_ Pour cette nuit ?!

_ Ouai.

_ Mais...

_ Patiente princesse. Tu sauras tout en temps voulu in sha Allah. »

Il m’énerve à faire le mystérieux. Mais je ne vais rien dire parce qu’il a déjà fait beaucoup pour moi cette semaine. Il m’a accompagnée à l’institut pour chacun de mes examens et est venu me chercher à chaque fois. Il m’a consolée quand mes hormones avaient raison de moi. La seule fois où il s’est énervé contre moi, c’était quand j’ai fait l’erreur de parler de la soirée chez ses parents dimanche dernier.

J’ai bien vu qu’il était mal depuis l’incident. J’ai pourtant essayé de le faire parler mais il s’est braqué et s’est renfermé. J’ai donc décidé de le faire oublier un peu son malheur. Je n’étais pas dans la capacité d’employer la manière ultime, que je n’étais pas prête à employer de toute façon, mais je l’ai fait du mieux que je peux. Quant à sa famille, personne n’a voulu me dire ce qu’il se passait. Je suis dans l’ignorance totale depuis quelques jours.

« Tu penses à quoi ?

_ A rien.

_ Ouai, ouai t’es dans les nuages depuis tout à l’heure, et tu me dis que tu penses à rien.

_ Je suis heureuse. »

Il me regarde incrédule. Il ne s’attendait pas à ça je pense. Et pour dire vrai, je suis moi-même surprise de ce que je viens de dire. Je ne sais même pas pourquoi ni comment c’est sorti de ma bouche. Mais c’est vrai. Je suis vraiment heureuse.

« Asy on en parle après la douche.

_ Tu vas te doucher en premier ?

_ Si tu veux. Après on peut toujours le faire ensemble hein.

_ Meqdad !

_ Quoi ?

_ Va prendre ta douche. »

Qu’est-ce qu’il est gênant quand il s’y met ! Et il commence à le faire de plus en plus. Je sais que c’est une manière de réclamer son dû mais je ne suis pas prête. Pas ce soir en tout cas. J’ai pris avec moi tout ce dont j’ai besoin pour passer le cap cette semaine. Aujourd’hui, j’ai pris une grande décision et c’est déjà un grand pas.

Je regarde la magnifique vue que j’ai sur le Bosphore. C’est sombre mais très beau. Les lampadaires qui éclairent la place Teksim rendent la vue d’autant plus splendide. Meqdad n’a vraiment pas pris n’importe quoi pour notre séjour. Il a payé l’avion en première classe, une chambre en plein centre d’Istanbul avec une magnifique vue panoramique sur le Bosphore et je ne sais pas ce qu’il me réserve pour la suite. Je pense qu’il vaut mieux que je patiente et que je ne pose plus de questions.

Je souris en sentant ses bras m’enlacer par derrière et sa tête se nicher dans mes cheveux. Il aime trop faire ça. Et moi aussi. J’aime bien sentir son corps près du mien. Ses bras autour de mes épaules me donnent ce sentiment d’être protégée. Ses lèvres sur le haut de mon crâne me donnent le sentiment d’être chéries. Et ses yeux quand il me regarde à travers la vitre me donnent le sentiment d’être précieuse.

« C’est magnifique.

_ De ?

_ La vue.

_ T’as rien vu encore.

_ Ah bon ?

_ Ouai. Mais je dirai rien. Va prendre ta douche, comme ça on prie et on dort. On a pas beaucoup de temps le matin. Faut qu’à 11h on soit sortis. »

Je hoche la tête avant d’exécuter. D’après l’application, il me reste une demi-heure si je veux prier tahajjud avant l’appel à la prière. C’est amplement suffisant pour prendre une douche.

Quand je sors, je le vois en train de dormir. Il doit être épuisé. Ça fait bientôt 24 heures qu’il n’a pas fermé l’œil. Même dans l’avion il n’a pas pu dormir. Je le réveille quand même. Je ne veux pas prier seule et le laisser dormir. Je ne peux pas laisser passer cette chance. C’est un moment très important pour moi, et je veux le partager avec mon mari. Je décide donc de me préparer et le réveiller ensuite.


Meqdad

Ça fait du bien de se reposer un peu. J’ai pas dormi comme je le voulais mais c’est pour la bonne cause. Ce soir je vais bien en profiter in sha Allah. Camille elle a dormi dans l’avion et pas trop là. Je sais pas ce qu’elle a mais elle a pas arrêté de bouger quand on est venus se coucher. Je verrai avec elle quand elle sort de la salle de bain. Là faut qu’elle se dépêche pour que je puisse me préparer.

Quand elle sort, je peux pas retenir mon sourire en la voyant. Elle a décidé de porter le voile. Je lui en ai jamais parlé mais au fond c’est tout ce que j’attends. J’ai la certitude qu’elle l’a mis par pure conviction. Si je lui en ai pas parlé, c’est parce que je veux qu’elle le fasse d’elle-même et pas pour moi.

Une fois prêt, je sors de la salle de bain. Je la vois devant la fenêtre. Elle aime trop la vue. Ça fait plaisir. J’ai cherché longtemps pour trouver ce que je voulais. Et maintenant, j’en suis satisfait parce que ça plait à ma femme. C’est vrai qu’on a une belle vue sur le Bosphore. Dommage qu’on puisse pas y aller cette semaine. On reviendra un jour in sha Allah. Là j’ai d’autres projets.

« Ça va ?

_ Alhamdulillah et toi ?

_ Alhamdulillah. Bien dormi ?

_ Alhamdulillah.

_ J’en suis pas si sûr. T’as pas arrêté de bouger.

_ Hm...

_ T’as quoi ?

_ Rien. Ça m’arrive.

_ Je te connais. Et ça t’arrive que quand tu...

_ Non je t’assure. »

Si elle le dit. Je laisse tomber maintenant mais j’y reviendrai. Pour l’instant, faut qu’on déjeune et qu’on aille prier. Je l’ai fait choisir et elle a choisi Sultan Ahmet, la Mosquée Bleue. Y a trop de choses à voir ici en vrai. Je pense qu’on va revenir en septembre in sha Allah. Deux semaines à Istanbul c’est largement suffisant. En plus, comme c’est la rentrée, y a pas beaucoup de monde.

Après la journée à Istanbul, on reprend le chemin de l’aéroport. Je vais essayer de faire en sorte qu’elle sache pas où on va jusqu’à arriver à destination. C’est chaud mais j’ai envie de faire durer le suspense. Elle a arrêté de poser des questions et ça m’arrange. Je sais que j’aurais craqué si elle avait continué. Et je sais que ça la ronge de l’intérieur. Mais ça en vaut la peine.

« On va où ?

_ Quelque part.

_ Allez ! On reste pas en Turquie ?

_ Y a des avions Paris-Toulouse. Par analogie, et sachant que la Turquie c’est plus grand que la France, y a des vols internes. Donc on reste en Turquie.

_ Mais on va où ?

_ Là où j’ai réservé.

_ T’es même pas drôle !

_ Boude pas. Tu vas kiffer. »

Je la prends pas l’épaule et on se dirige vers les écrans. Je regarde la liste et une fois que j’ai trouvé ce que je cherchais, je la guide vers le guichet. Pendant le trajet j’essaie de trouver un moyen de le lui cacher mais c’est écrit partout donc j’ai pas le choix. Je l’entends hoqueter quand elle voit la destination. Antalya.

Si y a un truc que je sais avec certitude sur elle, c’est qu’elle kiffe les chutes d’eau. Elle les a en photo de profil partout et ses fonds d’écrans aussi. Je me suis renseigné vers son frère aussi en lui demandant sa main. Ensuite j’ai mené mon enquête avec l’aide de mes sœurs. Antalya c’est pas son premier vœu, mais c’était le seul endroit de la liste que je peux lui offrir. Un jour in sha Allah je l’emmènerai où elle veut. Là je veux juste profiter de nos vacances.

Arrivés à destination, j’essaie de m’orienter et chercher une station taxi. Je verrai si je peux pas louer une voiture ou si ça la dérange pas de prendre les transports. Ça reviendra moins cher que les taxis à chaque fois. C’est vrai que je voulais payer le luxe mais les transports c’est vraiment un plus. Ce que j’économise sur ça, je vais le dépenser dans un truc meilleur donc autant payer moins dans les déplacements et profiter du reste.

Je suis crevé. Le seul truc que je veux faire en arrivant, c’est me jeter sur le lit et taper un coma. Mais madame n’est pas du même avis. Elle m’a obligé à prendre une douche et prier avant de faire quoi que ce soit. Elle a juste fait ses ablutions. Je sais pas ce qu’elle a dans la tête, mais ça présage rien de bon. Elle est en train de préparer une connerie. Je suis bien déterminé à savoir. Donc après ma douche, je l’ai dirigée pour la prière et j’ai décidé d’appeler Bassam le temps qu’elle prenne sa douche.

« Baba !

_ Hobi ! Ça va ?

_ Non.

_ Pourquoi ?

_ Buthaynah elle m’a dit que je suis petite.

_ Et t’es vraiment petite toi ?

_ Non.

_ Alors laisse-la parler dans le vent. Elle parle pas de toi.

_ Si ! Elle a dit « Noha elle est petite ! »

_ Mais elle parlait d’une autre.

_ Y a deux Noha ça veut dire ?

_ Oui. »

Elle me fait trop rire. Elle prend petit à petit conscience de certaines choses dans ce monde. Et en même temps que ça me fait rire, ça me fait peur. Je veux pas qu’elle grandisse dans ce monde. Y a des trucs que je veux pas qu’elle sache. Des trucs que je souhaite qu’elle découvre jamais, ou du moins pas avant un certain âge. Mais dans ce monde, elle va les découvrir au moment où je m’y attendrai le moins.

Je reste en ligne avec mon frère jusqu’à ce que Camille sorte de la salle de bain. Je sais pas ce qu’elle fait mais elle met sa vie. Je suis crevé mais je veux pas dormir. Je sais pas ce qu’elle prépare et j’ai pas envie de me faire réveiller brutalement ou de trouver je ne sais quelle connerie à mon réveil. Mais quand elle sort de la salle de bain, tout ça s’envole. Je raccroche au nez de mon frère et je me lève. Je m’attendais à tout sauf à ça.


Camille

J’y pense depuis hier soir. J’ai mal dormi à cause de ça. Mais j’ai été certaine de ma décision à l’aéroport de Istanbul en voyant la destination. Il le mérite vraiment. Il mérite que je mette de côté mes craintes et que je lui offre ce que j’ai de plus cher. Il ne l’a jamais réclamé ou même parlé de ça. Mais je sais qu’au fond c’est son souhait le plus cher. C’est le souhait de chaque homme après tout.

Bien que gênant parfois, Meqdad est très réservé. Il ne parle pas de ça ouvertement. Je sais qu’il ne viendra jamais me demander explicitement de me donner à lui. Et quand bien même il ferait un jour, il me laisserait dans le doute pendant des semaines. Je préfère donc faire le premier pas pour lui éviter toute cette torture.

Pendant que monsieur prenait sa douche, j’ai préparé mes affaires. J’ai revérifié trois fois que tous les produits étaient bien présents. J’ai hésité pendant des minutes pour choisir le parfum à mettre. J’ai opté pour celui qu’il m’a offert, Black Opium de YSL. Il sent très bon. Et je pense que s’il l’a acheté c’est qu’il aime l’odeur aussi.

En sortant de la salle de bain, il était au téléphone avec son frère. Il lève la tête au moment où je sors. Mon cœur bat la chamade et mes mains deviennent moites. Je commence à douter de ma décision. Je le sens se rapprocher de moi, mais je suis comme paralysée. Ma tête refuse de se lever et mon regard est fixé au sol. Je sens son index sous mon menton. Il essaie de lever ma tête, mais celle-ci refuse de coopérer.

Après maintes tentatives, il réussit à capter mon regard. J’avale ma salive difficilement.
Quand ses lèvres viennent capturer les miennes, je mets du temps à réagir. Je suis comme électrocutée. Mon corps refuse de réagir. Ce n’est que quand il s’écarte de moi que je me rends compte de la situation. Je suis sur le point de me donner à mon mari et mon corps refuse catégoriquement de réagir.

Prenant une grande inspiration, je prends possession des lèvres de Meqdad, qui prend les commandes du reste de la soirée, après avoir dit l’invocation. Maladroitement, certes, mais ça ne m’a pas empêché de vivre les meilleurs instants de ma vie.

C’est lui qui me réveille plusieurs heures plus tard pour prier. Il a déjà pris sa douche et est prêt pour prier. Je mets du temps à émerger et, malgré la douleur, arrive à atteindre la salle de bain. En me voyant dans cet état, Meqdad s’est inquiété. Il culpabilise parce qu’il pense que c’est de sa faute. Il est mignon quand il est comme ça. Je suis même tentée de faire durer le moment. Mais c’est l’heure de la prière.

Après la prière, on est restés parler. Même si nous étions tous les deux fatigués, aucun de nous ne voulait dormir. Je sens cependant que quelque chose le tracasse. Je n’ose pas lui demander mais ça me démange. J’ai peur qu’il se braque comme à chaque fois. Je décide donc de me lancer. Au moins, j’aurais essayé.

« Ça va pas ?

_ Si pourquoi ?

_ Je sais pas. T’as l’air préoccupé.

_ Tu veux des enfants ?

_ N’esquive pas.

_ Juste répond. Je te dirai quand j’ai ta réponse.

_ Oui. Et toi ?

_ Aussi. Mais pas maintenant.

_ Pourquoi ?

_ Hier, quand t’étais à la douche, j’ai appelé Bassam et j’ai parlé à Noha.

_ Et ?

_ Elle grandit. Et je me suis rendu compte que ça va pas être facile d’éduquer les enfants. Donc je vais attendre de voir ce que ça donne avec Noha pour envisager un autre enfant in sha Allah.

_ Tu sais que ce n’est pas nous qui décidons. Si Allah décide...

_ Je sais ça. Mais genre...

_ Je comprends. Mais maintenant on est deux. Non pas deux. On est un mais deux fois plus performant.

_ Bien vu. Et toi t’en penses quoi ?

_ Moi aussi j’en veux. Mais je veux profiter un peu de notre vie avant. Et puis...

_ Et puis ?

_ Je sais pas comment tu vas le prendre.

_ Dis. On verra après.

_ Bah... quelques semaines avant le mariage, je suis partie avec Laurine chez sa gynéco et je prends la pilule. Pour éviter de tomber enceinte.

_ Et t’avais peur de quoi ?

_ Comment ?

_ Tu voulais pas me le dire.

_ Je sais pas. T’en penses quoi ?

_ C’est ton corps. Mais j’ai pas envie de trop attendre non plus.

_ Je sais. Moi non plus. Mais comme je te l’ai dit, on a beau utiliser tous les moyens pour avoir ou pas un enfant, le dernier mot restera toujours au Tout-Puissant.

_ C’est pas faux. »

Après avoir parlé de tout et de rien, nous nous sommes assoupis. Je ne sais pas ce que monsieur a réservé pour la journée mais je suis sûre de ne pas être déçue. Antalya a été une de mes destinations de rêves depuis des années. Et contrairement à d’autres destinations, ce n’est pas seulement ses chutes d’eau qui m’attirent parce qu’il y en a des bien plus belles ailleurs.

La Turquie toute entière m’a toujours fascinée. Sa culture et ses paysages sont sans pareils. Une histoire qui mêle toutes les civilisations, orientales et occidentales, anciennes et modernes. Et pour couronner mon envie de faire le tour du pays, Meqdad m’a raconté une partie de l’histoire de l’empire Ottoman, ce qui me pousse à en savoir plus.

Pour le premier jour, il a décidé de commencer par quelque chose de classique. Nous avons visité la vieille ville et la Porte d’Adrien. J’ai encore vu une autre facette de Meqdad pendant cette journée. Il a été aux petits soins avec moi, mais surtout avec lui-même. Il achetait tout ce dont il avait envie. Mais il est toujours fidèle à lui-même. Il ne regarde même pas les objets qui lui sembles inutiles.

En fin de journée, on est allés à la plage. Il ne m’a pas laissé le temps de regarder. Il m’a éclaboussée et a engagé une bataille d’eau. J’ai fait attention de ne pas trop entrer dans l’eau. Je n’ai pas pris de vêtements de rechange avec moi et ceux que j’ai mis me collent quand ils sont mouillés.

Une fois secs et nos esprits en place, nous prenons la route pour l’hôtel. Ce matin il m’a fait choisir entre un taxi, une location ou les transports en communs. Ça m’est vraiment égal mais j’ai opté pour les transports. Quand nous descendons du bus, il prend la direction opposée à l’hôtel qui est juste de l’autre côté de la route.

« On va où ?

_ J’ai spotté un resto yéménite au bout de la rue quand on est arrivés ici hier soir.

_ Tu avais vraiment l’esprit assez clair pour le détecter ?

_ Pas besoin d’un esprit clair pour le détecter. J’ai un détecteur automatique pour ces trucs.

_ Je vois. Mais tu es sûr ?

_ Je l’ai revu ce matin.

_ Je te fais confiance. »

Il entour mon cou de son bras et nous avançons, moi vers l’inconnu, et lui vers ce qui est potentiellement son bonheur éphémère. Je sais que Meqdad raffole des plats de la même origine que lui. Je sais aussi que ses plats préférés ne sont pas forcément ceux qu’il mange en France. Faute d’ingrédients, d’ustensiles ou même de cuisinier, il n’a pas droit à tous ses pêchers mignons. Donc si mettre les pieds dans ce restaurant pourrait lui faire du bien, je l’encouragerai jusqu’au bout.

« J’ai passé une journée merveilleuse.

_ Ah ouai ? J’ai préféré la nuit moi.

_ Mais !

_ Quoi ? Me dis pas que t’as...

_ Arrête !

_ Je kiffe quand tu rougis. Surtout que sur toi ça se voit et ça fait ressortir tes yeux. Donc dès que j’ai l’occ...

_ Oui bon !

_ Bon quoi ?

_ Rien du tout. On commande ? »

Il jette un rapide coup d’œil au menu et interpelle le jeune homme qui passe. Je vois que Meqdad fronce les sourcils au fur et à mesure que le garçon se rapproche, mais reprend vite ses esprits quand il est vers nous. Je le laisse commander puisque j’ai encore du mal avec la langue et je ne connais pas tous les plats. Quand le serveur part, il souffle et passe sa main sur son visage.

« Qu’est-ce qu’il y a ?

_ Rien.

_ Depuis que tu as vu ce garçon tu n’es pas...

_ Il m’a juste fait penser à quelqu’un. Mais vas-y je deviens paro.

_ Ne dis pas ça. Parle avec lui si tu veux. Peut-être que ça t’aidera à passer...

_ Non. J’ai envie de profiter de la soirée. Je verrai tout ça plus tard in sha Allah.

_ In sha Allah. »

Je lui prends sa main qui est sur la table et entremêle nos doigts. Je n’aime pas le voir comme ça. En y repensant, c’est vrai que le jeune homme a un air de ressemblance avec le grand-père de Meqdad. Si je pouvais parler la même langue, je serais moi-même allée le voir pour le faire parler à Meqdad. Il n’ira jamais le voir de lui-même.

En attendant nos plats, nous parlons. J’en sais de plus en plus sur lui. Et plus j’en découvre, plus il me fascine. Cet homme est vraiment une boite de Pandore. Malgré ses airs d’homme strict et très dur, il est doux et tendre au fond. Ce soir, c’est de lui qu’on parle. Il en sait beaucoup sur moi mais pas tout.

Au milieu de notre conversation, un petit garçon, à peine plus vieux que mon neveu, vient me donner une rose. Avec un anglais très approximatif, il me dit que c’est pour moi. Ça ne plait pas à mon mari, parce que d’après lui, elle vient de quelqu’un. Il lui demande donc d’où ça vient en arabe. J’ai compris parce que j’ai entendu cette phrase plus d’une fois et je l’ai apprise. Le petit hausse les épaules avant de se sauver. Mon mari rit doucement avant de focaliser son attention sur moi.

Quand nos plats arrivent, le jeune homme de tout à l’heure arrive mort de rire. Meqdad fronce les sourcils encore une fois mais ne dit rien. Le garçon me demande si j’ai aimé la rose en anglais. C’était la question de trop. Meqdad se lève prêt à lui sauter dessus mais je l’interpelle. Le jeune homme se sauve en riant. Quelque chose ne tourne pas rond ici. Je commence à douter que ce soit une bonne idée d’être venus ici. Je ne dis rien, de peur que la situation n’empire.

« C’est très bon. Tu as vraiment de bons goûts.

_ T’as rien gouté encore.

_ Pardon ?

_ C’est juste le plat. Le dessert que je te réserve il est encore meilleur. Mais là j’avoue que c’est trop bien fait. Avant, je refusais que ce soit fait par qui que ce soit à part ma tante. Et là j’avoue que c’est encore plus bon que dans mes souvenirs. A croire que c’est elle qui l’a fait.

Il change de sujet ensuite. Il est très mal à l’aise quand il parle de sa famille. Qu’il me dise tout ça sans que je le pousse à le faire est un très grand pas pour lui. Je n’insiste pas plus, sachant pertinemment qu’il ne dira rien pour l’instant. Je n’ai pas envie de plomber l’ambiance non plus.

Meqdad

Ils se foutent de moi ici ! Le petit qui donne une rose à Camille, le serveur qui se fout ouvertement de ma gueule et maintenant ça ! Le pire c’est que la tête du serveur elle me rappelle celle de mon cousin. Il a l’âge de Adel.
Je lis et relis la carte. Je vais péter les plombs ! Y a un mec qui essaie de jouer les « admirateur secret » à ma femme sous mes yeux ! Genre ça envoie une rose, ensuite une carte qui dit que nos plats ont été payés doublement « pour les beaux yeux de madame ». La prochaine étape c’est quoi ? Il va venir se mettre à genoux devant elle et la demander en mariage ? Manque de chance, elle parle pas arabe.

J’ai pas envie de gâcher ma soirée pour ça, donc je commande le dessert à emporter. Je sais que si je reste ici je vais vite perdre patience et c’est ce que je veux éviter. Camille elle essaie de me rassurer mais c’est plus fort que moi. Je supporte pas qu’on se foute de ma gueule ouvertement comme ça.

Mais quand je passe à la caisse, je crois rêver. C’est pas possible. Ça peut pas être vrai. J’ai atterri où ? Je soupire et me dirige vers le caissier. Je dois tirer l’histoire de la carte au clair. Même si j’ai ma petite idée sur la question, je dois m’assurer que mes soupçons sont bons. J’arrive vers lui, je fais mine de rien et lui demande après la carte.



Voilà voilà

Désolée pour le retard... Ma vie est un peu instable en ce moment donc voilà... Le 47 arrive in sha Allah

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