Chapitre 39
Camille
Soufflant un bon coup, je décide d'ouvrir la porte et de pénétrer dans la pièce. Bismillah. Le voir allongé avec tous ces fils et ces tuyaux s'emmêlant tout au long de son corps, ça m'a fait un pincement dans le cœur. J'avance d'un pas hésitant, les jambes tremblantes et le cœur battant la chamade. Des deux mois où il a été ici, c'est la première fois que j'ai rassemblé assez de courage pour venir le voir.
Lui qui a toujours une posture imposante est vulnérable sur ce lit d'hôpital. Lui qui fait très attention à sa santé est maintenant plâtré et injurié de partout. Lui qui a souvent les sourcils froncés arbore une mine paisible et sereine. Lui qui veut toujours tout contrôler, le destin a eu raison de lui.
Plus je m'approche de son lit, plus j'ai l'impression de flancher. Mes larmes coulent toutes seules. J'ai vraiment peur de le perdre. Je ne veux pas perdre un être cher de sitôt. Je ne veux pas le perdre. Et surtout je ne veux pas que Noha le perde. Je ne veux pas qu'elle finisse en foyer comme son frère et sa sœur. Oui, leur mère est décédée quelques jours après l'accident de Meqdad. Les services sociaux sont venus les chercher aussitôt sans prévenir personne.
Je suis absorbée par mes pensées quand j'entends des pas se rapprocher. Je sursaute avant de me retourner lentement. Je me jette dans les bras de son père. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Toutes les larmes que je retiens depuis ce matin-là sur le toit. Je pleure toute la haine que j'ai envers cette scène et tout l'amour que j'ai pour cet homme. Je pleure toutes les pertes et les gains que j'ai eus à cause et grâce à cet homme.
« J'ai peur baba.
_ Je sais ma fille. On a tous peur.
_ Mais...
_ Viens avec moi. »
Je le suis à l'extérieur de la chambre vers la cafétaria de l'hôpital. Il me demande de commander ce que je veux mais je n'ai pas d'appétit. Il ne me force pas me rappelant ce qu'il m'était arrivé la dernière fois qu'il l'a fait. On rit en nous remémorant l'incident. Une vague de nostalgie me prend tout de suite après. Cette période-là me manque énormément. Ça a été la meilleure période de ma vie. Celle où j'ai eu une famille autour de moi. Celle où j'ai eu des personnes attentionnées autour de moi. Celle où j'ai eu un luxe que je ne pouvais pas me payer même avec tout l'or du monde. Celle où j'ai vraiment découvert mon chemin vers mon Créateur.
« Sinon comment tu vas depuis ? Ça va faire des mois que je ne t'ai pas vue.
_ Alhamdulillah je vais très bien. J'étais juste un peu prise par ma vie.
_ Et mon fils il y est pour rien ?
_ Je...
_ Pas toi. Je t'ai posé une question et j'aimerais que tu m'y répondes.
_ On... On a décidé de ne plus se parler.
_ Pourquoi ?
_ Par... Parce qu'on risquait gros.
_ Je vois. En tout cas tu es toujours la bienvenue à la maison quand tu veux.
_ Jazakallahu khair.
_ Wa jazaki. Je vois que tu fais des progrès.
_ Oui. Je prends des cours. »
On a continué à parler ainsi pendant environ une heure et il m'a proposé de venir manger chez lui. Je suis réticente mais je finis par accepter. Il m'a fait sa tête d'homme autoritaire à laquelle je ne peux rien refuser. Je pense qu'il est temps de renouer avec eux.
Meqdad
J'ouvre les yeux petit à petit. Je vois flou. La lumière m'éblouit. Je referme les yeux. Je les rouvre. Je vois flou. La lumière m'éblouit. Le processus se répète plusieurs fois. Une fois que j'ai bien pris connaissance, j'essaie de regarder autour de moi. Mon cou est bloqué. De ce que je peux voir, c'est une chambre d'hôpital. Pas le temps de me demander ce que je fous là que les images défilent dans ma tête.
J'étais en route pour l'asso et j'ai reçu un appel de Bassam. Le feu il était rouge. J'ai répondu le temps qu'il tourne au vert. Quand je reprends la route, y a une voiture que j'ai pas vu qui me fonce dessus par la droite. C'est tout ce dont je me rappelle. Le reste m'est totalement inconnu. Je sais même pas si ma famille elle est au courant. Je sais pas depuis combien de temps je suis là. Je sais pas si elle est au courant. Je sais même pas pourquoi je pense à elle maintenant. Je sais rien du tout en fait.
Une fois mes idées en place, j'essaie de bouger mon bras droit pour appeler une infirmière mais il est lourd et bloqué. Je jette un coup d'œil du mieux que je peux et je vois qu'il est plâtré. En même temps je m'attendais à quoi ? Je sors d'un coma de je ne sais combien de temps à cause d'un gars qui m'a foncé dessus par la droite. De toute façon y avait peu de chances que je m'en sorte indemne. Alhamdulillah j'en suis sorti vivant. Le reste je peux vivre avec.
Je décide de bouger mon bras gauche pour appuyer sur le bouton. Ça m'a demandé un effort surhumain mais j'y suis arrivé. Même pas trois minutes après la porte s'ouvre sur une infirmière. Elle me sourit et fait ce qu'elle a à faire. Elle m'explique certains trucs mais j'ai pas de dictionnaire médical sur moi et je suis pas préparé à écouter tout ce qu'elle débite donc j'ai pas tout compris. Je voulais lui demander d'expliquer mais j'ai pas pu. Premièrement j'ai la gorge en feu, deuxièmement je sens un étirement au niveau des côtes et c'est à la limite du supportable.
Elle sort un moment et elle revient avec un fond de verre d'eau. Ça m'a pas l'air assez mais ça fera l'affaire je pense. Elle me dit que pour l'instant elle peut pas me donner plus. Ensuite elle sort pour de bon en me laissant seul. Je soupire. Je sais même pas quel jour on est ni quelle heure il est. J'ai complètement perdu la notion de temps. En plus, je peux même pas regarder la fenêtre pour savoir si on est le jour ou la nuit. Mais vu que les lumières elles sont allumées, je suppose qu'il fait nuit. Je décide de pas me casser la tête et de réfléchir après une sieste. Je me sens fatigué bien que j'ai rien fait.
« Baba baba »
Je me fais réveiller par la voix de ma fille. J'ouvre un œil puis l'autre. J'essaie de tourner la tête et j'y arrive mieux que tout à l'heure. Mais je bloque en voyant la personne qui tient Noha. Elle fout quoi ici ? Les questions se bousculent dans ma tête en laissant un mal pas possible. J'ai pas envie de la voir ici. Je veux pas qu'elle me voit comme ça. Et encore moins Noha.
« Baba !
_ Noha !
_ Y réveillé. »
Elle a fait des putains de progrès. Là je me demande vraiment combien de temps j'ai passé ici. Combien de temps de la vie de ma fille j'ai raté. J'ouvre mon bras gauche pour l'intercepter. Elle m'a manqué n'empêche. Mais quand je croise le regard de Camille, j'ai un pointe de culpabilité qui me prend. Donc je fronce les sourcils pour rien laisser paraitre.
« So... Allah ! »
J'ai une douleur atroce à l'abdomen. J'ai l'impression que ma cage thoracique elle se déchire. C'est horrible. On dirait que la morphine elle fait plus effet. C'est insupportable. J'ai envie de hurler mais y a rien qui sort. Ma gorge elle est sèche. Ça me brule de partout. Je ferme les yeux comme si ça allait atténuer la douleur mais rien. Je sens plus Noha à mes côtés donc j'ouvre les yeux. Je vois ni l'une ni l'autre. C'est mieux comme ça.
Juste après y a une infirmière qui entre. Elle fait ce qu'elle a à faire et elle sort. Elle a même pas le temps de fermer la porte qu'une autre personne entre. Enfin... Une tribu. Tous mes frères et sœurs, Sumayah et Tareq compris sont venus me voir. Ça fait du bien de les voir sourire et respirer le bonheur. Alhamdulillah. Pour ma part, j'essaie de sourire mais je peux rien faire d'autre. D'après eux je suis resté 7 mois ici. Ils me racontent ce qu'il s'est passé pendant la période. La mère des petits elle est morte. D'un côté ça me fait de la peine pour eux. Mais d'un autre, je suis content que sa souffrance elle soit finie.
Camille
« Noha !
_ Oui ?
_ Viens manger.
_ Pourquoi je viens manger ?
_ Pour prendre des forces.
_ Pourquoi pour prendre des forces ?
_ Pour être la meilleure.
_ Pourquoi... »
Et s'en suit une rafale de questions-réponses. Je soupire. Cette petite est vraiment éveillée. J'en apprends chaque jour avec elle. C'est ma leçon de patience en direct. En se réveillant pendant la nuit, en posant mille questions en une minutes et des tas d'autres habitudes qu'elle a, elle m'apprend à sacrifier ce qui m'est cher pour quelqu'un qui en vaut la peine.
Je la garde avec moi depuis des mois maintenant. J'ai pris un rythme avec elle. Maman aussi s'est habituée à elle à ma plus grande surprise. Elle ne connait rien à l'histoire donc elle n'a pas si mal réagi. Si elle connaissait la vraie version, elle l'aurait mise à la porte sans clémence. Heureusement que je n'ai pas une grande complicité avec elle et que j'ai pu dissimuler la vérité. Je lui ai dit que c'était la fille d'une amie et qu'elle était partie à l'étranger pour des raisons médicales. Elle n'a pas plus posé de questions et au fil du temps elle a dû s'y habituer et oublier l'histoire.
Le soir, je reçois un appel du père de Meqdad qui me demande de venir manger. Je ne veux pas laisser ma mère seule car Dieux sait ce qu'elle est capable de faire quand je ne suis pas là. Il y a quelques semaines, quand elle était proche de la fin de sa cure, j'étais sortie avec les filles et quand j'étais revenue je l'ai trouvée ivre morte sur le canapé. Résultat des comptes, sa cure est prolongée à un an au lieu de quelques mois. Et depuis je ne la laisse plus seule à la maison.
Je réponds que je ne peux pas mais il insiste. Je suis coincée entre partir en laissant ma mère seule et m'attirer la colère du père Alomari en restant avec ma mère. Au bout de quelques minutes de réflexion, je déglutis et appelle Maxime. Je ne lui parle qu'occasionnellement quand il vient à la maison et quand je n'ai pas d'autre choix. Un jour il m'a demandé après Damien. Je n'ai pas entendu parler de lui mais je suis sûre que Meqdad n'est pas innocent dans l'histoire. J'avais essayé de demander à Bassam s'il savait quelque chose mais il m'a envoyée balader, disant que je n'avais pas à savoir.
Maxime me dit qu'il doit aller voir son père et qu'il ne peut pas s'occuper de ma mère. De toute façon il ne peut jamais. Il vient quand ça le chante. Mais il n'est jamais là quand il le faut. J'explique donc la situation au père de Meqdad qui me dit de la ramener avec moi. Ce n'est pas possible. Je risque de me retrouver sans toit fixe et elle risque de sombrer à nouveau, ce que j'évite au maximum. Je réfléchis en préparant Noha mais je ne vois aucune solution.
Au bout d'une douche de réflexion, je décide de l'emmener chez Elisa. Elle ne voudra pas mais je ne lui laisse pas le choix. Elle ne restera pas seule à la maison. Je lui dis donc que nous allons sortir, ce qui lui fait plaisir. Je pense que je devrais songer à organiser une petite soirée restaurant ou quelque chose du genre. Ma mère est déprimée en ce moment. Mais à son grand désarroi, elle devra mettre les pieds dans une cité ce soir. J'appelle Pablo pour lui expliquer la situation pendant qu'elle se prépare et nous prenons la route.
Une fois garée, je jette un œil en direction de ma mère. Elle est complètement décomposée et refuse de sortir. J'insiste ne lui laissant pas le choix. Elle finit par quitter la voiture quand je lui dis que j'ai failli me faire violer ici même. Mais je précise bien que je l'emmène dans un endroit sécurisé où elle ne risque rien. Elle reste sceptique mais comme elle n'a pas d'autre choix, elle me suit. L'avantage d'avoir une voiture. On se sent puissant.
En bas, toujours les mêmes têtes que je reconnais à force. Je les salue d'un signe de tête et j'avance. J'entends les interrogations sur ma mère mais je ne prête pas attention. Je guide ma mère vers les escaliers puis vers la porte de Elisa. En chemin, je croise Pablo à qui je demande de m'attendre et à qui je donne Noha en attendant d'installer ma mère. Une fois que ma mère a repéré la tête familière de Elisa, elle se décrispe un peu, à mon plus grand soulagement.
« Pablo !
_ Ouaip ?
_ Viens avec moi je dois te dire un truc.
_ Asy. »
Une fois vers ma voiture, je lui donne les consignes à respecter pour ma mère, en insistant bien sur le fait de ne pas laisser une goutte d'alcool trainer à sa portée. Elle devient de plus en plus vulnérable et docile j'ai l'impression. Elle ne vérifie pas mes allées et venues ni même mes fréquentations depuis un certain temps. Je ne sais pas si c'est la cure qui lui fait cet effet ou autre chose mais ça me soulage. Là par exemple, elle ne m'a posé aucune question sur ma sortie de ce soir.
Une fois au quartier, je me gare et je monte les escaliers de la cage bizarrement vide. Une fois à l'étage, je frappe à la porte. C'est une Narjess radieuse qui m'ouvre la porte. Elle prend Noha et m'invite à entrer. Je salue tout les monde et m'installe avec les filles dans la chambre.
« Ils sont pas là les garçons ?
_ Sur le toit. Ils en profitent. On est entre nous et c'est bien comme ça. Sinon ta mère ça va mieux ?
_ Alhamdulillah. Elle est plus aussi agressive et étouffante qu'avant.
_ Ça va alors. Tu l'as laissée toute seule ?
_ Plus jamais je le fais depuis la dernière fois ! Je l'ai emmenée chez Elisa.
_ Elle a pas pété les plombs ?
_ Elle a pas eu le choix. »
On parle de tout et de rien jusqu'à l'heure de manger. J'appelle Noha pour faire sa routine. Elle lave ses mains, s'assoit et récite l'invocation avant de manger. Nous mangeons dans la joie et la bonne humeur. Les visages radieux changent de la dernière fois que j'ai mangé ici. Je ne sais pas ce qui a changé mais ça fait vraiment plaisir de les voir aussi enthousiastes.
Meqdad
Je les laisse descendre mais je rappelle Bassam. Je veux savoir certains trucs. C'est le seul qui peut me donner les détails que je veux.
« Il s'est passé quoi concrètement ce jour-là ?
_ De ?
_ L'accident. Comment vous avez su ?
_ Quand je t'ai appelé on a attendu un peu et on a commencé. Ensuite j'ai reçu un appel de l'hôpital. Quand ils me l'ont dit je suis devenu fou ! Je criais de partout. J'ai demandé des clés et c'est Camille qui m'a passé les siennes.
_ Elle est rentrée comment elle ?
_ Je sais pas je te dis. J'étais dans un état second. Ensuite ils ont commencé à m'appeler mais je voulais pas répondre tant que j'avais pas de nouvelles. A un moment j'en avais marre donc j'ai répondu. C'est tombé sur Camille. Et je t'ai dit je devenais fou. Donc je lui ai balancé ce que je savais à la gueule. Elle l'a trop mal pris.
_ Que t'as crié ou...
_ Non. L'accident. Elle est tombée dans les pommes d'après Riyadh. Elle a crisé ou je sais pas mais voilà. »
Là je culpabilise de fou. Si j'y étais passé et qu'elle m'aurait pas pardonné. Mais vas-y c'est mieux comme ça. Je préfère cette situation plutôt qu'on retombe et qu'on puisse plus faire demi-tour. L'épouser ? Non. Pas envie de la faire vivre en cité. En plus vu comment je l'ai brisée plus d'une fois c'est mort. Je vais me redonner les trois mois de départ mais là je l'épouse vraiment.
« Et Noha elle est où ?
_ Avec Camille. C'est elle qui s'occupe d'elle pour l'instant.
_ Et ses cours ?
_ Elle reprend en octobre.
_ Hm...
_ Noha elle va à l'école tu m'as dit ? »
J'ai raté trop de trucs ! Kheir in sha Allah. Il doit surement y avoir un bien dans tout ça. Pour l'instant je vais essayer de rattraper le temps perdu. Et je vais surtout récupérer ma fille. Ça risque de pas être facile. Camille elle doit me détester après ce que je lui ai fait. La dernière fois quand elle est venue c'était pour Noha.
Mais y a un truc que je viens de percuter. Aux dernières nouvelles que j'ai eues, la mère à Camille elle a perdu son boulot et elle est chez elle la plupart du temps en ce moment. Ça m'étonnerait qu'elle ait bien pris l'arrivée d'une petite noire dans la maison. Je sais pas comment elle s'est débrouillée pour la faire entrer. J'enquêterai plus tard in sha Allah. Là il me faut un moyen de récupérer la petite sans contact avec Camille.
Je descends avec Bassam et à ma surprise elles sont là toutes les deux. Noha elle me saute dessus dès qu'elle me voit. Ça me fait plaisir de la revoir. Mes fractures elles ont cicatrisé depuis. Les douleurs que j'ai eues au réveil c'était juste parce que j'ai été statique pendant trop longtemps et qu'il faut du temps pour remettre l'organisme en route. Donc je peux porter ma fille sans trop de difficultés.
« Ça va baba ?
_ Alhamdulillah. T'étais où baba ?
_ A l'hôpital.
_ Pourquoi ?
_ Parce que j'ai eu bobo au bras.
_ Pourquoi t'as eu bobo au bras ?
_ Parce que c'est une voiture elle roulait trop vite et elle m'a pas vu.
_ Pourquoi elle t'a pas vu ?
_ Parce que il roulait trop vite.
_ Pourquoi il roulait trop vite ? »
Une migraine ! J'ai travaillé avec les gosses y a un moment mais je me souviens pas qu'ils étaient aussi relous. Les autres ils se foutent de moi. J'étais pas prêt pour ses questions je pense. Ou alors c'est elle qui a grandi trop vite. Ça m'a fait un pincement au cœur. J'ai raté trop de trucs. Je la prends avec moi dans ma chambre. Je retourne chez mes parents puisque Bassam il a remis l'autre appart. Il pouvait pas vivre seul et son salaire il suffisait tout juste pour payer ses études. Pas grave j'en chercherai un mieux.
« Noha ! »
Sa voix... Ça va faire combien de temps que je l'ai pas entendue ? A part l'autre jour à l'hôpital mais ça compte pas. Elle avait dit qu'un seul truc. Mais là aussi elle a dit un seul truc. Pouaah je deviens fou. C'est mieux que je me repose. Je dis à Noha d'aller la voir et je m'allonge. Un peu plus tard Noha elle rerentre tout sourire avec un sac à dos et une feuille dans les mains.
« Je vais rester avec baba moi ! Et Camille elle t'a dit de lire ça. »
Elle m'en veut tant que ça ?! Avant, elle serait venue me parler en face. Là elle m'envoie un papier avec la petite. Je décide de lire. J'ai rien à perdre toute façon. Noha elle se change à côté de moi. Je comprends qu'elle reste ici ce soir. Alhamdulillah, ça a pas été si dur que ça de l'avoir au moins pour ce soir. On verra après si elle reste définitivement avec moi ou pas. Là je profite du moment présent et je pense à rien d'autre.
Je m'assure que Noha elle est bien et je lis la lettre :
Bismillah
Je vois que tu vas mieux puisque tu es rentré. J'en suis sincèrement contente. Ça fait du bien de voir le sourire de ta famille. Je ne vais pas te faire perdre plus de temps. Je te laisse Noha pour ce soir. Ses affaires sont chez moi. Tu pourras récupérer sa garde une fois complètement rétabli in sha Allah. Pas avant. Voici un aperçu de la routine de Noha.
Elle se réveille environ à 7h. Elle va aux toilettes et fait obligatoirement ses ablutions. Si elle a envie de prier, il faut la laisser. Ce n'est pas obligatoire. Une fois ses ablutions faites, elle se prépare pour aller à l'école. Elle fait absolument toutes les invocations. Du lever au coucher en passant par les toilettes, les ablutions, le repas, l'habillement, la sortie de la maison, l'entrée à la maison et le transport. Sur le chemin de l'école, elle révise ses sourates. Elle connait les cinq dernières et le verset de Trône qu'elle récite au réveil et au coucher tous les jours. Elle brosse ses dents au réveil, au coucher et après chaque repas. Tout comme les ablutions d'ailleurs. Si tu pries devant elle, fais-la réciter les invocations d'après avec toi. D'habitude elle reste en périscolaire jusqu'à ce que je vienne la chercher mais tu peux la récupérer avant si tu veux. Elle mange chez tes parents à midi donc ça ne doit pas poser beaucoup de problèmes à ce niveau-là. Et le soir elle a droit à une histoire de prophète, ou d'une figure de l'islam. Généralement c'est elle qui choisit mais tu peux lui raconter une histoire de ton choix.
J'ai fini pour ma part. Si tu as des questions n'hésite pas à me les faire passer.
Elle est pas normale ! J'appelle Narjess pour qu'elle m'explique parce que j'ai vraiment l'impression de devenir fou. A peine un an qu'elle est convertie et elle est mieux investie dans la religion que moi qui y suis depuis plus de 25 ans. C'est pas normal ça ! Je sais pas de quel point de vue mais ça l'est juste pas. Mais ça prouve un truc. Elle s'est convertie pour elle et pour Dieu. Et c'était mon but. Elle a pris du temps à le faire mais quand elle l'a fait, elle l'a pas fait à moitié. Elle l'a fait avec conviction et sans attendre.
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