XV- Sauvetage musclé (P.1)
Les deux soldats entendent l'avion s'éloigner. A l'intérieur, Stark rassure Peggy, malgré les doutes qui le prennent. Reviendront-ils ? Daliah trouvera-t-elle Knights ? Alors que les sapins se rapprochent, Steve s'inquiète pour Daliah : certes elle se cramponne fermement, mais il sent le cœur de la jeune femme battre à tout rompre. De fines lignes courbées lumineuses apparaissent sur sa joue gauche. La curiosité du soldat est un peu plus piquée.
Reevers a peur. Elle discerne clairement le trajet des lignes sur tout son corps, le long de sa peau. Elle doit des explications à Steve ; mais pas toute suite, pas dans cette situation. Par chance, ils atterrissent sains et saufs. Leur parachute se coince dans un arbre, assez bas pour qu'ils descendent sans problème. Elle lâche en première. Un tas de neige amortie sa chute. Il tombe à son tour, sur ses pieds. La brume du bois est extrêmement épaisse, comme l'obscurité et la neige est presque gadoueuse. Le parachute ondule à cause du vent. Le froid les mord, s'infiltrant à travers chaque couche de vêtement. Ils vérifient qu'aucune arme ne soient tomber. Steve observe son amie, soucieux. Les lignes brillent de sept couleurs : bleu, rouge, vert, pourpre, marron, gris et orange. Daliah sent le regard de son ami.
« C'est une longue histoire, confie-t-elle, peut-être plus tard. Si on rentre vivant... »
Il acquiesce avec un regard bienveillant. Les lignes se veulent moins lumineuses, l'adrénaline redescendant. Il ouvre la marche. Leurs respirations forment des petits nuages blancs. Daliah ne peut le nier, la peur lui noue le ventre. Pendant la chute, une horrible perspective s'est profilée à ses yeux : et si de nouveaux pouvoirs se déclenchent pendant la mission, tuant tout le monde ? Les manifestations du collier sont si rares et imprévisibles qu'elle se faisait peur toute seule. Ses hommes doivent sortir vivant, peu importe son sort. Elle veut revoir Heston, mais à quoi bon revenir dans un tel état ; instable, une bombe à retardement.
« Steve ? »
Le concerné se retourne, à quelques mètres d'elle. Elle hésite.
« Je ne maitrise pas encore ce qui accompagne ces courbes, alors... si ça tourne mal... Laisse-moi.
-Quoi ? » Demande-t-il dans un souffle.
Steve s'arrête, les sourcils froncés.
« Tu as bien entendu, elle se rapproche de lui, laisse-moi. J'ai des chances de mourir et ça serait peut-être la meilleure chose à faire en fin de compte. Ne te pose pas d'autres questions.
-Attends, tu crois vraiment que peux faire ça ?! Comment tu peux dire une chose pareille ?
-Parce que je ne contrôle rien. J'ai peur de tout, elle hausse le ton, sans pour autant crier, et je n'ai pas envie que des gens meurent à cause de ça. Surtout James. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je... je... Stark et moi essayons de savoir pourquoi et comment ça marche et... et... on n'y arrive pas, elle retient des sanglots, On ne comprend pas, c'est... c'est inexplicable alors s'il te plaît, pour l'amour de Dieu. Si jamais il y a un danger mortel potentiel, fais-le. Je t'en supplie. Pars sans moi. »
Il la jauge, légèrement effrayé par la situation. Une petite larme dévale lentement la joue de la jeune femme. Le cœur du soldat se serre. Le désespoir de la jeune femme rayonne dans ses yeux, sa peur dégoulinant sur ses joues. Il la prend dans ses bras en guise de réponse. Ils prirent quelques minutes pour la calmer.
« On pourra peut-être tourner ça à notre avantage, lui murmure-t-il en rompant leur étreinte, il faut qu'on y aille maintenant. Viens. »
Tous deux avancent prudemment dans la forêt. Leurs bottes pataugent dans la gadoue. Les sapins sans épines leur paraissent être d'une hauteur vertigineuse avec l'épais brouillard qui plane. Pour éviter de se perdre, ils se prennent par la main. Elle se sent plus en confiance grâce à lui, heureuse que sa première mission, bien qu'officieuse, se passe avec son ami. Arrivés au bord d'une route, l'entrée de l'usine qu'ils cherchent se dévoile : grillages de plusieurs mètres de hauteurs avec barbelés, projecteurs en mouvement constant, gardes surarmés... Même à travers l'obscurité, on devine que le site est très grand. Ils restent dans l'ombre des arbres.
« Et bien... soupire-t-elle, c'est pas gagné... »
Des bruits se font entendre. Elle est sur ses gardes. Leurs cœurs tambourinent dans leurs poitrines. Il la force à se mettre à genoux, cachés. Des jeeps avec des motos en escorte s'approchent.
« Je retire ce que j'ai dit. »
Daliah esquisse un rictus, tremblante. Le plan est simple, mais la rapidité de mise. Ils se jettent dans la dernière jeep de la file. Deux soldats allemands, cachés dans des armures noires, d'énormes casques sur la tête, les observent, hébétés.
« Messieurs. » Font les deux amis en cœur.
Chacun s'occupe d'un officier. Reevers sort son bâton en eunyxium ; arme d'une légèreté hallucinante, elle assomme le sien sans difficulté. Après les avoir balancés hors du convoi, Steve montre de la tête l'arme. Elle respire profondément pour calmer les palpitations de son cœur. L'arme semble voler dans sa main quand elle la fait tournoyer.
« Un petit cadeau d'Howard. » L'informe-t-elle, fière.
Il lui sourit. Elle ajuste son foulard pour qu'il couvre son nez, puis rabat la capuche de son manteau. Leur transport sautille sur la terre accidentée. Chaque secousse est comme un shot d'adrénaline. Une fois rentrés dans l'enceinte, ils traversent la cour boueuse, remplie de chars et armes en tout genre. Les projecteurs les loupent, n'attirant l'attention d'aucun soldat. Il faut dire que Daliah se fond bien dans le décor avec sa tenue sombre.
Je suis une ombre parmi tant d'autres... pense-t-elle, espérons que Steve ne se fasse par remarquer avec son bouclier.
Les deux amis se frayent un chemin sans problème. Alors qu'ils grimpent sur le toit d'un petit bâtiment, elle remarque avec stupeur la grandeur de la structure principale. Son étonnement est étouffé par son foulard. Une bonne centaine de milliers de petites lumières sur la façade indiquent qu'elle mesure au minimum six cent mètres de hauteur, sans compter les éventuels souterrains. Aucun bruit ne s'en échappe cependant. Ainsi, en à peine quelques minutes et sans encombre, ils ont réussi à rentrer dans la gigantesque bâtisse. Ils traversent couloir, sur couloir, se perdant de plus en plus.
« Comment veux-tu que l'on retrouve des prisonniers dans ce labyrinthe ? Murmure-t-elle.
-On trouvera bien un plan de l'usine, ne t'inquiète pas. »
Ils arrivent devant une porte avec un carreau. De l'autre côté se tient un garde. Steve toque. Le soldat ouvre et Daliah lui donne un coup de poing. Ils cachent de leur mieux le corps, ne se faisant par repérer. Elle frotte un peu son poing. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas frappé quelqu'un. Ils se glissent dans l'entrepôt. Plus ils avancent, plus ce qu'ils voient les intrigues : de grandes colonnes semblables à des obus géants, des gadgets technologiques un peu trop avancé sur leur temps. Des prisonniers exténués et pour la plupart malades sont surveillés par des gardes, armés jusqu'aux dents.
Une usine de nazis armés jusqu'aux dents, pense-t-elle, comme je l'avais prédit.
Alors qu'ils se frayent un chemin, Steve emporte un petit objet rectangulaire. Daliah ne dit rien. Cela pourrait tourner à leur avantage s'ils arrivent à l'apporter à Stark. Au détour d'un couloir hors de l'entrepôt, une petite carte apparaît. Elle est assez rudimentaire et compréhensible.
« Ca doit être ici, propose-t-elle en montrant des ronds les uns à côtés des autres, je suppose. Je ne parle pas mieux allemand que toi. Vu que tu ne parles pas du tout... »
Il souffle un rire, avant d'approuver. Mille et un détours plus tard, ils arrivent enfin à l'endroit où sont retenus les soldats d'Azzano. C'est un lieu très sombre, froid et assez malodorant. Elle plaint les pauvres hommes qui résident contre leur gré dans cette salle malfamée. Le blond assomme un garde au-dessus d'une grille de cellule, ce qui attire l'attention de quatre prisonniers.
« On peut savoir qui vous êtes ? Questionne un homme à la peau marron.
-Euh... Steve soupire, Captain America.
-Hum... Je vous demande pardon ? » S'étonne un autre avec un béret rouge, au fort accent britannique.
Daliah dévoile son visage pour être mieux entendu. Les yeux des soldats s'agrandissent.
« Je résume la situation : le Captain et moi, le Lieutenant Daliah Reevers, sommes venus pour vous sortir de là et chercher quelqu'un d'autre par la même occasion. »
Les deux compères descendent et se partagent les clés des cellules. Les hommes sortent, étonné de voir une femme dans un endroit pareil. Elle se faufile à travers la marée humaine naissante, en ignorant certaines questions indiscrètes, pour chercher Artemus. Dans certaines prisons, des morts jonchent le sol. Son cœur se serre. Elle ramasse leurs plaques d'identifications et les fourrent dans une poche de son manteau. Ce sera plus simple de savoir quel soldat a péri pendant ce voyage en enfer. Du moins, être sûr qu'ils le sont. Elle traverse de nouveau la foule et rejoint Rogers qui délivrent les derniers prisonniers.
« Il ne manque personne ? S'enquit-elle.
-Je cherche le sergent Barnes, James Barnes. »
Steve est affolé, avançant, poussant certains soldats sur son passage.
« Il y a un quartier d'isolement quelque part dans l'usine, informe le brun anglais, Mais personne n'en est jamais revenu.
-D'accord. Il y a une clairière à deux-cent mètres de l'entrée dans la forêt. Sortez et passez de force. On vous rejoindra quand on aura libéré les autres.
-Attends ! T'es sûr de ton coup ? Demande le soldat à la peau noire.
-Ouais. Ça fait au moins deux cent fois que j'assomme Hitler. »
Il commence à partir. Elle hésite à partir avec lui. Il faut qu'elle trouve Knights. Mais où chercher ? L'usine fait cent fois la taille de son immeuble, et grouille de soldats. Le choix est évident.
Cet homme a l'air important. C'est un grand scientifique qui plus est, se dit-elle, ils l'ont peut-être isolé du reste des prisonniers. Je vais en parler à Steve.
Daliah court pour rattraper son ami. Ils sortent du niveau de détention, suivis de soldats.
« Qu'y a-t-il ?
- Il faut que je t'avoue quelque chose. »
A l'extérieur, des explosions et des coups de feu retentissent. L'évasion commence. Des gardes leur foncent dessus. Tout le monde court dans tous les sens, des soldats tombent des deux côtés. Elle égare Rogers, prise dans le feu de l'action. Un flot de soldats les a séparés avant qu'elle ne finisse son explication. Elle tue des nazis, presque inconsciemment et frénétiquement. L'instinct de survie prend le dessus, ce qui lui fait presque peur. Ce sont des hommes qu'elle tue, pour sa survie seule. Une alarme les surprend. Daliah n'a pas encore réussi à mettre au courant son ami de sa mission secrète. Elle se bat sans relâche. L'adrénaline monte. Elle se faufile, défend certains de ses alliés. Ses sens sont en alerte. Steve est à ses côtés. Depuis sa cabine, Crâne Rouge et son acolyte le Docteur Zola observent les insurgés. Pour éviter que leurs ennemis ne découvrent leurs plans, ils décident de faire exploser la base. Le docteur accourt alors à son bureau. Ce que Steve et Daliah ne savent pas, c'est qu'Hydra est en possession d'un artéfact que personne ne peut contrôler. Côte à côte les deux amis avancent. Les gardes qui leur barrent la route sont assommés un par un.
Finalement, ils atteignent seuls le quartier d'isolement. Les couloirs de briques sont sombres. Une drôle de lueur verte rend l'endroit encore plus effrayant. Le collier de Reevers devient rouge et les lignes réapparaissent. Il fait froid. Les bruits extérieurs ne sont qu'un murmure. Steve prend un peu d'avance, elle surveille leurs arrières. Un agent, sortant d'un carrefour, lui saute dessus. Pendant le combat, un de ses gants s'enlève, un peu déchiré. Quand elle touche le visage du soldat avec sa paume, elle lui brûle profondément la peau. L'homme hurle, elle ne peut pas retirer sa main. La chair crépite sous les doigts de la jeune femme qui hurle. Elle souffre. Il tombe à terre. Sa paume est toute brûlée. Son autre la tient par le poignet.
Alors c'est ça mes capacités? Constate-t-elle, Je peux tuer des gens avec mes pouvoirs ?
Sa main se régénère doucement grâce à une lueur verte. Rogers arrive à toute vitesse, les cris l'ayant inquiété. La marque sur la joue du mort et l'état de choc de son amie l'intriguent, mais il comprend très vite. Il ramasse son gant.
« Daliah ? »
Elle vacille, en état de choc. Le mur la retient, alors qu'elle glisse à terre.
« Je... je viens de... j'ai... »
Elle sanglote, horrifiée. Il s'approche, anxieux, avec le gant de son amie et lui tend.
« Je sais que tu as peur et que tu voudrais que je te laisse ici, mais c'est hors de question, il lève son menton, enfiles ça. On trouve Bucky et on y a va. »
Daliah acquiesce et s'exécute, tremblante. Il l'aide à se lever, la rassure avec douceur, tant bien que mal.
« Moi aussi je dois retrouver quelqu'un. Annonce-t-elle.
-Qui ?
-Stark m'a demandé de ramener un de ses collaborateurs.
-Bien. Allons-y. »
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