VIII- Ce que personne ne sait
Il est six heures et demi de matin, et je suis réveillée depuis une heure. La douleur est bien plus insupportable qu'hier. Je suis devant le miroir et fixe ce foutu collier. Il passe de blanc à rouge et vire un peu à l'orange. En attendant, j'essaye de savoir où j'ai bien pu mettre ce mot dans lequel ma mère m'explique un tas de choses sur ce bijou.
« Allez, réfléchis tête de linotte ! Où l'as-tu mis... »
Je masse mes tempes.
« MAIS où est-ce qu'il est ?! »
Je plaque violemment mes paumes contre le lavabo. La douleur est intenable. Il ne peut même pas pendre car il est quasiment collé sur ma peau. Des larmes dévalent mes joues ; je secoue la tête pour faire passer la douleur, en vain. C'est en me regardant droit dans les yeux, rouges et gonflés, qu'une idée me vient : ma mère m'a légué une vingtaine de grimoires poussiéreux. Il est peut-être coincé entre deux de ces pavés. Ou bien peut-être est-il autre part ? Prions pour que ce soit le bon endroit. Je les retrouve tous sous mon lit, enfermés dans une malle. Devinez qui se cache sous le deuxième ? La "lettre". Une belle enveloppe la protège et dessus est écrit :
Pour Toi, ma fille, sur le bijou de famille. (Important)
« Important hein? je soupire, Voyons ce qui est si important... »
Je l'ouvre avec méfiance. Cette brûlure est anormale mais à quel point ? Pourquoi et comment le collier peut me faire tant de mal ? Je ne lui ai strictement rien fait. Si ce n'est que je le porte... Et il brille en plus. Pourquoi brille-t-il ? Espérons que j'ai plus de réponse d'ici quelques minutes.
Ma chère Daliah,
Que tu as grandi... Tu es bien plus belle que ce que je ne l'aurais jamais imaginé. Te voir partir tous les matins souriante et attentionnée était un bonheur que je n'avais jamais cru possible après le départ de ton père. Tu es mon rayon de soleil.
Passons maintenant à ce pourquoi tu lis ce dernier message que j'ai laissé ici-bas.
Ce collier que tu portes ne vient pas de la Terre. Nous ne savons pas d'où il vient ni qui l'a apporté, mais il est doté d'une force que tu vas appeler "magie" car c'est ce à quoi tu la compareras le mieux.
Depuis maintenant deux générations, il brûle le cou de son porteur. C'est très douloureux mais ça passera, ne t'en n'inquiète pas. Après cela, il commencera à briller de différentes couleurs : bleu, violet, gris, rouge, orange, vert et même marron. A partir de ce stade, l'enlever devient mortel.
On peut dire qu'il s'est habitué à sentir ton cœur battre sous lui, ou bien que maintenant, c'est ton cœur. Quand j'en ai pris conscience, il était déjà trop tard pour moi. J'avais déjà entamé ce projet sur les médicaments et ma voix s'était dissipée. J'aurais pu te l'écrire mais tu n'aurais pas eu le temps de le lire et je ne voulais pas t'embêter avec ça. Ce sont les seuls effets connus à ce jour. Si jamais tu vois quelque chose d'anormal, prends un de ces vieux livres et note tes observations en détaillant le plus possible les effets et en schématisant. Détails au maximum.
Je vais maintenant te dire ce que personne ne sait.
Non, ma mort n'est ni naturelle ni en rapport avec les effets des médicaments. J'ai décidé de partir. Les médicaments y sont aussi pour quelque chose mais voilà. Le collier était une grande responsabilité, et il a une mission. S'il te plaît, accepte-le. Je ne peux rien te dire de plus. Les réponses viendront en temps voulu, crois-moi.
Quand ton heure viendra, je veux que tu lègues tout ce que je t'ai donné à ta fille. C'est capital.
Je t'aime.
Ma mère s'est tuée, ma vie dépend d'une pierre. Pierre dont on ne sait rien. Je frotte mon visage, puis mon cou m'adossant contre mon lit, tout en restant en position assise. Mon souffle est court, étouffée par l'émotion.
Pour résumer : je suis en possession d'un objet extra-terrestre, qui lui possède ma vie. Après avoir brillé, je ne sais strictement pas ce qui va se passer par la suite. S'il se passe quelque chose. L'inquiétude me serre le ventre, déclenchant aussi des sanglots. Il faudrait donc que je veille à ce que ce bijou ne me quitte pas d'une semelle, pour éviter de mourir ?
C'est très encourageant. Je frotte mes yeux puis me relève, un bras autour du ventre. Dos à la fenêtre au-dessus de lit, je froisse la feuille que j'ai entre les mains du bout des doigts. Mon regard fixe pendant un certain temps le vide, sentant mon cœur battre et tous les autres bruits que je peux entendre m'assourdissent. Un silence pesant m'entoure. Mon esprit divague, pense à tort et à travers se demandant d'abord comment cela a pu arriver, et à ce que j'allais faire maintenant.
Après mettre poser une montagne de questions, sans finalement trouver de réponses à aucune d'entre elles, je prends l'initiative d'aller me balader dans le parc d'en face. L'air frais calme les ardeurs ou les souffrances. A ce qu'on dit. Sorti de chez moi, le vent matinal glisse sur ma peau et faire voler mon gilet. Je porte une simple jupe longue et un t-shirt accompagné d'un foulard pour cacher mon collier. La ville s'éveille dans mon sillage. Les habitants du quartier ouvrent leurs volets, les premiers vélos passent derrière moi. Avant de m'enfoncer dans ce charmant petit bois, je me tourne et observe mon immeuble. Le rouge brique ressort bien grâce au soleil. Les vitres brillent, arrivant presqu'à me faire mal aux yeux. Je commence finalement ma petite marche. Mes yeux sont lourds tout comme mon cou. Les brûlures sont moins vives, mais une marque restera longtemps sur mon buste.
Les oiseaux chantent, les feuilles bougent avec un son apaisant. Les arbres filtrent une douce lumière blanche qui surgit ici et là. Les petits cailloux craquent sous mes pieds et les bruits de voiture commencent à se faire entendre. Tout est calme, simple et... doux. Ma vie allait-elle être aussi belle que ce matin d'été ? Je crois que non. Mais j'ai choisi une partie de cette vie, je ne dois donc avoir aucun regret. Un choix involontaire. A quoi bon tenter d'esquiver les conséquences.
Les minutes défilent à grande vitesse et des hommes courent, d'autres font comme moi marche tranquillement, fixant un point au loin. Apercevant un banc, je m'y installe et regarde tout simplement les gens passés. Mes paupières tentent de se fermer à plusieurs reprises. Je ne ressens plus rien au niveau du collier, mais ma tête a de plus en plus de mal à se tenir droite. La fatigue m'oppresse, le collier m'offrant un répit bien mérité.
J'entends une femme passée devant moi.
« Oh mon dieu déjà huit heures ?! Mais je vais être en retard ! »
Huit heures ? Je serais resté ici plus d'une heure ? Le temps passe si vite. Réalisant que la fatigue m'emporte, mes jambes me portent jusque chez moi. Une fois arrivée, j'enlève juste mes chaussures et me laisse tomber sur mon canapé. J'ai un léger mal de tête. Malgré ce dernier, je trouve très facilement le sommeil.
Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro