Chapitre 9 - C'était un mensonge.
Aliénore ouvrit les yeux.
Les rideaux de sa chambre étaient tirés. Mais cela ne laissait pas le fait que les rayons du soleil puissent les traverser. Ce qui semblait donner un contraste beige à l'ensemble.
Aliénore se redressa.
Elle avait encore sa robe de la veille. Ses cheveux blonds s'étaient emmêlés, lui donnant une coupe afro. Et elle était démaquillée.
Aliénore se leva.
Elle n'avait pas ses chaussures. Wayne était couché sur son bureau. Il ne dormait pas. Il la fixait depuis le début.
— Tu es flippant.
— Est ce que tu vas mieux ?
Elle alla tirer les rideaux et ouvrit la porte menant au balcon. Elle ne lui répondit pas.
— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle constatant que la brise était bien chaude.
— Environ onze heures.
— C'est toi qui m'a porté jusqu'ici ?
— Ouais. Vous les filles vous me prenez pour votre lit nuage porteur, soupira-t-il.
— Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
— Tu ne peux pas comprendre.
Elle s'avança vers lui pieds nus et se posta juste devant.
— Sinon, tu vas rester longtemps ? questionna-t-elle en tapant du pied.
Il leva les yeux vers elle.
— On dirait que tu vas bien... Je suis rassuré.
Alley analysa la situation. Elle se trouvait méchante de lui dire ça. Et c'est sans rien dire qu'elle alla s'affaler sur son grand lit aux draps blancs après un soupir.
— J'ai mal au crâne, grogna-t-elle.
— Sans blagues.
— Pourquoi tu n'es pas allé à ton lycée aujourd'hui ?
— J'avais pas envie c'est tout, rétorqua-t-il tout de suite comme si sa réponse était préméditée.
— Tu es resté toute la nuit ?
—...
Elle esquissa un sourire.
— Merci beaucoup Wayne.
— Ta gueule.
— T'es beaucoup trop timide, gloussa-Alley.
— Et toi beaucoup trop enquiquinante.
— Tu te contredis dans tes actes tu le sais ?
— J'en ai putain de rien à foutre.
— Comme d'habitude... Tu es si mignon quand tu mens.
Wayne quitta le bureau en se levant dans un long soupir.
— Tu me saoules, sortit-il.
Il alla vers la porte et l'ouvrit.
— Au fait, je voulais te dire... M. Hellfrost, enfin je veux dire papa m'a demandé de te dire de le rejoindre dans son bureau à ton réveil.
L'atmosphère devint tout de suite pesante. L'expression faciale d'Alley changea. Un sourire à l'envers.
— Est ce que tu te souviens seulement d'où se trouve le bureau ? la provoqua-t-il.
Elle roula ses deux yeux gris devenus anthracites dans un regard noir qui se portait sur lui.
— Sors de ma chambre.
Il sourit.
— Tu es encore si bête Aliénore.
Il referma la porte.
Pourquoi réagit-elle comme cela ? Elle pensa qu'elle en voulait à son père. Pourquoi l'en veut-elle ? Parce qu'il n'avait pas l'air d'être le fameux idole de ses songes ? Mais non Alley se prenait la tête. Elle précipitait les choses. On ne gagnait rien dans la précipitation. Elle se jugeait stupide et bête.
Ses pensées s'évaporèrent lorsque qu'elle entendit des grincements derrière la porte. Elle comprit tout de suite et s'empressa d'aller l'ouvrir.
Juste Rouen qui voulait entrer. Alley saisit son gros chat des mains et l'emmena avec elle sur le lit. Assise en position du Lotus, elle commença à réfléchir. À Penser. À imaginer. Puis à voyager. Dans une des plus sombres réalités.
Puis Aliénore se leva. Rouen, le chat Ragdoll descendit du grand lit. Elle ne devait pas tarder. Elle et son père allaient discuter.
Alors après s'être toilettée et changée, elle descendit les escaliers. Puis elle empreinta le chemin du salon vers la grande porte. Celle, qui menait au couloir de mille et une porte, avec pour embouchure celle de la cave.
Puis elle s'arrêta devant la quatrième.
— Entre, souffla la fameuse voix grave à l'intérieur.
Elle s'étonna. Elle n'avait pas toqué. Comment pouvait-il l'entendre ? Elle l'ouvrit quand même. Elle vit en premier son père devant elle. Elle était déjà remplie de l'immense présence de celui-ci. Sa pression spirituelle omniprésente. En chemise noire et pantalon. Elle tourna la tête. Un par-dessus et chapeau accrochés au porte manteau.
C'était vétuste. La pièce n'avait pas été habitée depuis des années. Seuls la table et le fauteuil en alcantara sur lequel il était assis semblaient potables.
Elle fut si nostalgique. Qu'en ce fragment de seconde pendant lequel elle balaya la pièce du regard, elle se rappella de ses dix ans. De la petite de CM2 qu'elle était, qui passait son temps à traverser le parquet du bureau de trente mètres carrés pour venir jouer au Monopoly avec Wayne et son père dans le salon miniature et ses fauteuils si confortables. Ou encore à apprendre à s'habituer à la lecture en feuilletant des romans policiers dans le canapé à droite de la porte d'entrée ; romans qu'elle récoltait dans les étagères intégrées au dessus de ce canapé. Ou bien en dessinant sur la table du bureau, ces mêmes dessins qui avaient été arrachés des murs qu'ils remplissaient.
Rien n'avait vraiment changé. Le salon miniature demeurait là, poussiéreux. La bibliothèque cultivée de ses romans aussi, demeurait. En ignorant les cartons sur le parquet devenu vieux, presque tout était resté à sa place.
— Assois toi, ordonna-t-il en indiquant la chaise en face de lui.
Elle exécuta. Quelques secondes passèrent avant qu'elle pris parole.
— Tu voulais me parler ? questionna-t-elle inquiète.
— J'ai parlé avec M. Bert.
Il ne lui avait pas demandé comment elle allait après sa chute. Elle s'était attendu à ce qu'il lui demande. Elle avait prévu dans sa réflexion sur son lit, la meilleure effusion pour lui remercier de son inquiétude. Elle fut surprise que son propre père fasse preuve d'autant de froideur. Mais elle se tut.
— Il paraît qu'il vient vous prendre à dix sept heures. Or les cours dans vos lycées respectifs se terminent à
seize heures c'est bien ça ?
Elle ravala sa salive. Cette discussion allait très mal se passer.
— C'est bien ça, répondit-elle.
Elle le surpris de sa réponse directe. Mais son cœur avait ses raisons. Et elle voulait savoir.
— Comment peux-tu me l'expliquer ?
Une impasse. Elle ne pouvait pas commettre ce blasphème. Elle ne pouvait pas mentir à son père. D'autant plus qu'elle ne voulait créer de la confusion dans la maison dès l'arrivée de son père. De la confusion ? Mais quelle confusion ? Ah.
M. Tudors. Aliénore devait-elle mentionner M. Henry Tudors ? Elle pouvait tout raconter à son père. C'était lui. Rien que lui. Et ce lui, pourrait-il certainement lui apporter des réponses sur l'extrait d'article de presse ? Certainement. Elle serait d'autant plus rassuré à l'idée de savoir que c'était un fakenews.
Elle baissa la tête, puis la releva. Elle ferma ses yeux, puis les ouvris. Il l'a dévisageait. Ayant trop attendu une réponse.
— En fait, commença-t-elle. Est ce que tu connais...
Pas de temps d'envoyer un autre mot. Elle fut interrompue par le bruit de la porte, qui, brusquement ouverte, a laissé apparaître la silhouette imposante d'un Wayne, furieux.
— C'est bon ! On avait dit cinq minutes ! lança-t-il.
M. Hellfrost esquissa un sourire. C'était le premier qu'Aliénore avait vraiment pu voir depuis le retour de celui-ci.
— Hein ? poussa Aliénore.
— Eh bien fils, je crois bien être assez grand pour faire certaines choses sans demander ta permission.
Wayne avait l'air en colère. Pourtant l'expression qui se lisait dans ses yeux était de la peur. Une peur qu'Aliénore avait de sa peine à décrypter la réelle origine.
— Alley, viens ici, grogna Wayne semblant puiser dans son courage.
Aliénore ne bougea pas. Elle ne comprenait pas tout. Mais elle était sûre d'une seule chose. Son père était la seule chose qui comptait. Wayne avait beau être l'ainé des deux, il ne la commandait pas et ne devait pas lever le ton devant lui.
M. Hellfrost gloussa. Un petit rire qui étonnait ces deux âmes troublées.
— Tu peux disposer pour l'instant Aliénore, conclut-il, satisfait.
Elle se leva. Une réaction qui ne manqua pas d'énerver Wayne. Il prit sa main et sortit avec elle du bureau en claquant la porte. Il la traîna rapidement dans le couloir, le temps qu'Alley puisse remarquer que sa mère était juste derrière la porte du bureau depuis le début, adossée contre le mur.
Wayne ne la lâcha pas et continua de tirer contre son bras. Comme si il voulait fuir.
Et cette pseudo fuite s'arrêta au moment où Wayne, essoufflé, la lâcha. « Essoufflé » ne serait pas le bon mot. Il semblait relâcher une expiration longuement retenue. À présent c'était à Alley de lui demander :
— Ça va ?
Il retourna rageusement la tête vers elle. Ses yeux lançant des éclairs. Puis il soupira.
— Tu me saoules, tu me saoules trop putain !
— Ah bah merci, ironisa-t-elle.
— Ça m'énerve ! s'exclama Wayne.
Il se contenut. Puis sortit son téléphone de sa poche. Alley fit de son mieux pour ne pas être désolée.
—... Et puis moi aussi j'ai le droit de m'énerver ! Je n'ai rien compris à ce qui se passait ! Toi et maman, vous êtes vraiment restés derrière la porte ? Pourquoi ? Pourquoi tu es entré comme ça ? Pourquoi tu as parlé comme ça à papa ? Et puis... et puis c'est quoi ces affaires de cinq minutes hein ?
— Tu peux répéter deux secondes ? Je t'ai pas
écouté j'envoyais un message à Blom pour lui dire que je pourrais pas la voir un moment.
Aliénore cligna des yeux deux fois puis soupira d'exaspération.
— Tu ne peux pas changer pour une fois ?
Il rangea son téléphone puis se retourna vers elle subitement devenu plus consciencieux.
— Tu ne peux toujours pas comprendre ce qui se passe.
— La faute à qui ?
Il soupira également.
— Tu ne peux pas changer pour une fois que je suis sérieux ?
— Si je te posais des questions tu me répondrais ?
— Non.
— Alors non aussi, conclut-elle.
— Quelle chieuse.
— Quel connard puceau !
— Tu vas arrêter de me traiter de connard puceau sinon je...
— Fermez vos sales gueules à tous les deux bordel ! vocifèra la voix grave de la femme qu'était Mme Winnie.
Elle venait d'entrer dans le séjour dans lequel ils étaient. Elle venait de crier sur eux. Chose habituelle lorsqu'on est une colérique à trois enfants. Mais ce qu'on ne reconnaissait pas dans la chose, c'était cette tonalité faible qui n'appartenait pas à ses émotions. Mais son visage entier était énervé. Sa peau blanche et légèrement ridée, laissait un reflet pourpre, propre à sa rage visible.
Aliénore se sentit troublée. Cette vision, elle ne comprenait décidément pas ce qui se passait. Pourquoi tout le monde agissait de cette manière lorsque qu'enfin son père, avait pu rentrer. Et encore elle eu l'impression d'être un paria.
Puis sa mère se calma reprenant son souffle.
— Je vais au tribunal. Allez vous changez je vous amène avec ma voiture on l'a réparée.
— Quoi sérieux tout de suite ? questionna Wayne avec nonchalance.
Comment pouvait-il être aussi calme ?
— Oui tout de suite.
Cette journée encore était plus étrange que la précédente.
***
Quand elle vit la Mercedes de sa mère s'éloigner, elle se sentit soulagé. Car comme tous les adolescents, Alley n'aimait pas qu'on voie ses parents au lycée.
Elle avança vers la grande cours. Il y'avait personne. C'était encore les heures de séminaire.
Sa mère avait prévenu l'école. Vu que leur départ était brusque, elle avait juste eu le temps de porter seulement un t-shirt trop gros et un pantalon en jean trop serré.
Elle avança puis s'arrêta, et regarda le ciel.
— Je sens... je sens les problèmes se succéder. Ils se succèderont sans que je puisse rien faire.
Ces paroles. Aliénore les a prononcées sans même se rendre compte qu'elles étaient totalement véridiques. Elle l'avait peut être pas dit en faisant abstraction de la pluie, mais, ces paroles, entendues inconsciemment, ont permis à cet individu ténébreux de lui adresser la parole.
— Hey.
Elle se retourna en poussant un léger cri sourd de surprise.
— Ho du calme c'est juste moi.
— Ah ?
— Ça va Aliénore ? lui questionna Noah.
Elle se retourna encore de suite sous le choc, dos à lui.
— Ça... ça va très bien ! Mais qu'est ce que tu fais là ? questionna Alley. Une intrigue qui lui a tordu le ventre dès qu'elle l'a reconnu.
— Bah... Je suis venu au lycée pour suivre des cours. Comme pratiquement tous les ados je crois.
— Je suis sérieuse.
— Tu le serais plus si au moins tu me regardait avant de parler.
Elle frissonna. Le regarder. C'est tout ce qu'elle aurait voulu faire pendant le mois de son absence. Un mois entier. Un mois où elle avait pensé que cette attirance était juste éphémère. Mais non. Elle s'est trompée.
Elle sentit une pression sur son épaule. Une pression qui l'attira par derrière.
— Je ne suis pas un monstre. Je te l'assure.
Il était face à elle. Elle était face à lui. Cette voix. Dans sa voix. Il y'avait quelque chose. Quelque chose qui lui donnait des frissons. Comme la première fois.
J'ai un stylo.
Elle se détendit. Pas complètement. Puis s'esclaffa. Sous le regard étonné de Noah.
Puis son rire se calma.
— Ce n'est vraiment pas le moment...
— Tu ne va pas bien.
— Tu te fais des idées.
Noah posa sa main froide sur une de ses joues rouges et brûlantes. Cette étreinte glacée lui fit frémir. Elle s'en débarrassa gentiment.
— Tu peux me faire confiance.
— Tu te fais des idées... Tu te fais des idées.
Il resta en silence.
Elle garda la tête baissée le sourire aux lèvres. Elle fit quelque chose d'encore plus imprévisible que ses éclats de rire. Elle se mit à courir vers l'extérieur.
Pourquoi elle court ? Elle ne saurait le dire exactement. Un mois battu par quelques minutes. C'est ironique.
Elle irait au lycée une autre fois.
Elle se sentit brusquement propulsée vers l'arrière. Quelqu'un lui a tiré par le bras pour l'arrêter dans sa course.
— Mais qu'est ce que... ?
Elle se retourna. C'était Noah.
— Euhm... Je... Je suis désolé, je sais pas ce qui m'a pris de te poursuivre comme ça... mon corps a bougé tout seul, expliqua-t-il tout de suite après l'avoir tout de suite relâché.
Ah.
Elle était vraiment amoureuse de lui ? Ce grand ténébreux qui se sentait gêné seulement après l'avoir courut après ?
— Laisse moi tranquille. Ne me suis plus. Je n'ai pas besoin de toi ou quoique ce soit. Je n'ai besoin de l'attention de personne.
Ses expressions changèrent. Il l'a fixa.
— ...D'accord j'ai capté, je le ferai. Je le ferai si tu me dis à qui ces paroles sont dédiées. C'est pour toi ? Ou pour moi ?
Elle se figea. À qui parlait-elle en disant cela ? À elle ? Ou à lui ?
Lui, il se mit à sourire de ses dents blanches.
— Je ne t'embête pas plus ! rigola-t-il avant de changer de ton. J'espère que tu iras mieux.
Il s'en alla. En même temps que ses illusions.
Ce jour là, Aliénore n'alla pas chez M. Tudors.
***
— Ah Alley te voilà ! Tu m'as pas trop attendu j'espère ? Je ne savais pas que t'attendais devant le travail et on avait une importante affaire d'homicide de légitime défense à traiter ! Une jeune mère a tué le violeur de sa fille. Et la fille qui devait témoigner a disparue ! Être procureur me fait toujours découvrir des choses. Pourquoi t'es pas allé en cours ? Enfin bref M. Bert nous attend dans le parking du tribunal je l'ai appelé, est ce que ça va ? finit d'exposer Mme Winnie qui venait de débarquer dans la salle d'attente de l'accueil du tribunal.
— J'ai froid. J'ai si froid maman, murmura Alley.
— ... C'est vrai, l'hiver approche. Mais t'inquiètes si Emma peut l'endurer alors toi aussi !
Aliénore l'attendait depuis des heures. Assise sur une chaise, dans son t-shirt trop grand et son pantalon trop serré. À regarder défiler les gens. Leurs vies. Leurs larmes.
— Tu viens ?
Elles marchèrent jusqu'à la limousine. Dehors il faisait nuit. La fraîcheur hivernale avançait par-à-coups. Elle se sentit soulagée lorsque dans le véhicule, M. Bert alluma la climatisation. Au moins là, elle était en sécurité. Peu importe les remarques de sa mère.
Le temps défilait à la même vitesse que les lumières à la vitre.
— Vous croyez que c'est un cadavre ?
Elle se mit à entendre inconsciemment la discussion des deux adultes à l'avant.
— Je ne sais pas je vais vérifier.
Mme Winnie descendit. Alley ne comprit pas tout de suite. Mais cela s'éclaircit lorsqu'elle vit un corps féminin allongé au sol du terrain de basket à côté.
— Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? C'est une sans-abris ? s'enquérit-Alley.
— On verra bien, répondit M. Bert. C'est Madame qui nous le dira.
Aliénore ne voyait pas très bien ce qu'il se passait mais elle vit sa mère s'énerver puis rentra dans la voiture laissant la jeune fille abandonnée à elle même.
— Alors ?
— Juste un insecte dans une encyclopédie rien de plus.
— Vraiment ? Moi je crois qu'on devrait l'aider.
— Moi je pense qu'Emma approuverait à ce que je dis.
Aliénore se tut. Si sa mère le disais, alors c'était vrai. Tanpis ça aurait été une jolie distraction.
Mais l'abstraction était plus forte.
***
Ils étaient rentrés. Elle était fatiguée de cette journée bouleversante. Elle voulait dormir.
Mais la réalité en est tout autre.
Là dans le mur du séjour, était accroché un tableau. Un tableau où était écrit des règles.
Les règles de sa vie ascétique.
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