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76 Adieu

-J'ai fait aussi vite que j'ai pu, mais tu avais laissé quelques obstacles plutôt problématiques sur le chemin. Dis-je.

-Il faut bien un peu de difficulté, sinon quel est l'intérêt?

-De la difficulté... comme le fait de t'en prendre seule à toute une famille de mafieux?

-Par exemple...

Je franchit la distance me séparant du balcon, mais reste à deux mètres derrière la belle rousse. Cette dernière, cheveux au vent, est couverte de sang de la tête aux pieds. Elle fume avec langueur une cigarette tout en fixant le ciel, calmement. Elle a toujours présenté une débauche d'expression et de paroles, et la voir ainsi silencieuse, pensive, me procure un sentiment étrange. Je me demande combien d'autres facettes de ce personnage je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer. Le silence s'éternise, et Cheshire n'a pas l'air décidée à reprendre la parole. Je suis donc celle qui brise le silence.

-Je ne pense pas qu'Ambre aurait aimé la façon dont tu lui a souhaité au revoir.

Cheshire ricane légèrement, ce qui la fait tousser violemment. Sa main tremble légèrement, mais elle ramène tout de même sa cigarette à sa bouche.

-Le concert était pour elle. Le feu d'artifice était pour elle. La mort des Falconi était pour elle. Le reste était... pour moi. Tu vois, tous ces gens, qui vivent dans la sécurité et le luxe, en pensant à demain comme si demain était une évidence... ils nous considèrent comme des moins que rien. Des criminels qui ne valons même pas la peine d'être regardé. Il nous regardent de haut en se croyant en sécurité, et se permettent de parler de nous comme s'ils savaient tout... "les criminels" "les meurtriers" "les fous"... "les démons". Bien des paroles de gens qui n'ont jamais connu guerre, famine, danger... des phrases de petits humains bien au chaud dans leur confort et leur sécurité. Mais tu sais quoi, Shi? Moi, je suis sympa. Moi, je leur rappelle quelque chose d'important: la vie n'est pas acquise. La vie n'est pas quelque chose qu'on peut se permettre de gâcher à faire des projets pour plus tard sans profiter de maintenant. Parce que la vie... tu ne sais jamais quand tu vas la perdre. On vit dans un monde soi disant sûr, où chacun oublie qu'il vit sans cesse avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Mais tu veux mon avis? Ça durera pas. Une guerre, une famine mondiale, la surpopulation, des maladies, je sais pas... mais le monde tel qu'on le connait n'en a plus pour longtemps. Il existe des forces tapies dans l'ombre qui n'attendent qu'une occasion, qu'une ouverture, pour frapper, pour se repaître de nos souffrances. Crois moi, le Pays des Merveilles est bien plus proche que tout le monde ne le pense. La Crevasse en est le premier bastion. Je n'en ai été qu'un avant goût, un rappel. Tous ces gens qui auront survécu se rappelleront chaque instant de leur vie de ce moment où ils ont failli mourir. Et c'est ça, qui donne un sens à la vie. La risquer, pour pouvoir encore mieux l'apprécier après.

Cheshire reprend une bouffée de cigarette, et me la montre du regard.

-Elle l'avait oubliée chez moi. Dit elle en me montrant la cigarette. Ambre. Je lui ai pourtant dit que je déteste cette odeur. Maintenant... elle me rend presque nostalgique. Tu sais, Shi... je t'admire beaucoup. Je t'ai toujours beaucoup admirée, même à l'époque où tu ne savais pas que j'existais. Tu es celle qui a... buté mon enfoiré de père, après tout.

-Le Dragon?

-Ouais... le "Dragon", comme il se faisait appeler. Il a buté ma mère. Alors j'ai essayé de le buter, quand j'étais petite. J'ai failli en crever. Je suis allée voir ses ennemis, pour me venger, et ils m'ont envoyée à la Crevasse, alors que j'étais même pas adolescente. Pour être l'appat. Ah... ça n'a pas l'air d'avoir bien marché. Jusqu'à ce que Sigurdsson... Oncle Sigurdsson, devrais je dire, m'en sorte pour servir sa cause stupide.

Elle reprend une bouffée. Une goutte de sang tombe, et vient grossir la grande flaque qui se trouve déjà sous ses pieds. J'ignore si c'est le sien, ou celui de ses ennemis.

-Quand je t'ai vue, tu m'as semblée si... si forte, si puissante, j'étais fan de toi. Et puis... j'ai finalement réalisé que tu avais une faiblesse. Cette fille, à laquelle tu t'étais attachée. J'en étais dégoutée. C'était un poids, pour toi. J'arrivais pas à voir comment tu pouvais t'accommoder d'une... gamine pareille. J'ai pas cherché à comprendre. Et puis, j'ai rencontré Ambre. Je voulais pas d'elle, au début, mais... elle s'est accrochée. Et j'ai réalisé que je m'étais attachée à elle. Bien plus que je ne pensais. Bien plus que ce dont je me croyais capable. Je l'aime... vraiment... beaucoup... beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup...

Elle étouffe un sanglot, son dos toujours tourné vers moi.

-Elle ne m'as pas considérée comme une folle, ni comme une déesse. Pas comme tous mes ennemis, ou mes hommes. Elle m'a considérée comme... moi. Une femme. Perdue, avec pas mal de problèmes, mais... quand même. Elle m'écoutais, quand je lui parlais des heures. Même les plus horribles des histoires de la Crevasse, elle les a toutes écoutées.

Elle se retourne enfin vers moi, et je me fige. Ce n'était pas que le sang de ses ennemis. Le corps de Cheshire est déchiré, déchiqueté, troué d'impacts de balles en de multiples endroit. Son bras gauche, complètement brisé, n'était que posé sur la rambarde. Ses deux jambes sont marquées de plusieurs impacts de balles. Elle est également blessée au visage et au cou.

Pourtant, elle tient debout. Elle bouge peu, afin d'empêcher le sang de trop s'écouler des plaies. Elle semble même pouvoir bander légèrement ses muscles pour limiter l'écoulement du sang. Je me souviens avoir un jour pensé qu'elle devait être moins bonne que moi en combat rapproché... quelle erreur. Quelle lamentable erreur. Ce corps endurci dès le plus jeune âge par la Crevasse est bien au delà de tout ce que j'ai pu imaginer. Je réalise qu'en combat, face à face... je ne ferais pas le poids. Je n'ai pas été si souvent blessée que cela. Je n'ai pas une incroyable résistance à la douleur. Cheshire, elle, tient debout. Son corps fait ce qu'il peut pour résister à toutes ces blessures mortelles pour quiconque d'autre.

Mais je sais qu'il ne fait que repousser l'inévitable.

-Tu as les yeux d'Ambre... dit-elle avec douceur. C'est peut être pour ça, que je me sens à ce point attirée par toi. Le même vert si profond... magnifique... j'ai toujours rêvé d'avoir les yeux verts. Les mêmes pupilles émeraude que vous... mais mes maudits gênes en ont décidé autrement. Heureusement que les lentilles existent... tu sais... j'ai dit que tu aurais dû la protéger. Que tu étais partiellement responsable de sa mort. Mais la vérité, c'est que... tout est de ma faute. Elle était en danger à l'instant où j'ai commencé à la fréquenter. Au lieu de la poursuivre, je l'ai laissée partir en me disant qu'elle reviendrait... alors que c'était à moi, de la protéger. De m'occuper d'elle. Tu comme tu as protégé ta copine. Et elle s'est occupée de toi. Moi, j'ai repoussé toutes ses tentatives de s'occuper de moi, et je l'ai laissée mourir.

Une larme coule le long de son visage, et viens se mélanger au sang à moitié séché.

-Je n'ai pas prévu de survivre à aujourd'hui, Shi.

Je ne réponds rien. J'avais fini par le comprendre. Et l'état de son corps ne laisse pas de doute. Malgré toute sa résistance... elle ne peut pas s'en sortir.

-Le concert d'aujourd'hui... était tout autant un Adieu à Ambre, que mon Adieu à moi. J'emporte avec moi tous les criminels que j'ai fait évader de La Crevasse. J'emporte avec moi les Falconi. Et je rappelle à tous que j'ai fait trembler cette ville. J'aimerais que tu me tue, Shi.

-Je peux pas faire ça, Cheshire. Ce serait trahir Ambre.

-Écoute... Je suis fatiguée d'être forte. Je me suis assez battue pour survivre. J'ai tenté de faire de mon rêve une réalité, mais je sais que ce n'est pas possible. Il me faudrait des années et bien plus de moyens. Ce monde est trop endormi pour pouvoir être préparé à sa fin imminente. Regarde moi: je me vide de mon sang peu à peu. Même si tu ne fais rien, je vais mourir. Alors fais moi l'honneur de mourir comme j'ai vécu; dans la violence.

Je ne sais quoi répondre à cela. C'est la première fois que je suis à ce point rebutée à l'idée de tuer quelqu'un qui me le demande, pourtant.

-Allez, Shi. Me presse-t-elle. Laisse moi mourir en beauté.

Je sors mon arme, tremblante. Un sourire se dessine sur son visage. Non pas un sourire démoniaque, comme à son habitude, mais un sourire calme et serein. Elle enjambe la rambarde pour monter dessus, difficilement, à cause de ses blessures. Elle se relève, debout sur la large rambarde de pierre, et me fait face.

Le secondes passent. Je la met en joue. Je vise le cœur, afin que tout soit fini au plus vite. Mais je n'arrive pas à appuyer sur la gâchette. Ma main tremble. Ma vue est brouillée par les larmes.

-J'ai froid... murmure doucement Cheshire.

Elle commence à manquer de sang. La chaleur quitte son corps. Ses yeux sont à moitié clos, et son sourire serein toujours fixé sur son visage.

-Hâte toi, Shi... je veux aller rejoindre Ambre, au Pays Des Merveilles...

Mon arme tremble si fort que je me vois forcée de la prendre à deux mains. Mes larmes brouillent tant ma vision que tout semble flou. Ma gorge est nouée, mon estomac se tord dans ma poitrine. Jamais appuyer sur la gâchette n'a été une telle torture...

-Moi aussi... je t'admire... dis-je simplement.

Cheshire ferme les yeux, et le coup part. La secousse se répand dans tout mon corps, mais je garde les yeux autant ouvert que possible. Le temps semble ralentir. Cheshire bascule lentement en arrière en écartant les bras, les yeux fermés, le sourire serein. Elle disparait peu à peu de mon champ de vision, laissant réapparaître la lune qu'elle me cachait. Un bruit d'éclaboussures marque la fin de sa chute, dans le bassin plus bas, qui se teint rapidement couleur sang. Son corps sans vie flotte à la surface, les visage tourné vers le ciel.

On pourrait presque croire qu'elle est simplement en train de dormir.

Je lâche mon arme. Un sentiment affreux me prend aux tripes, et je me mets à vomir sur le balcon. Au goût amer de la bile, se mêle celui salé de mes larmes.

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