56 En morceaux au paradis blanc
J'ouvre lentement les yeux. Tout est lumineux, tout est blanc, tout semble léger. Suis-je morte? Eh bah dans ce cas, l'enfer est quand même vachement plus lumineux que ce qu'on m'a vendu! J'ai quand même pas fini au paradis? Il doit y avoir erreur.
J'essaie de bouger, mais une douleur violente à l'épaule m'arrache un grognement. Quoi, on est même pas guéri en passant de l'autre côté?
-Shi?
C'est une voix très familière. Une voix douce et aimante, une voix qui me réchauffe quand je l'entends. Une voix bien digne du paradis. J'espère que ce sera pas trop ennu-
-Shi!
Un poids s'abat sur moi, et la douleur repart de plus belle.
-AAAAÏEUUH BORDEL DE MMMMMMM...
-Oh... pardon... pardon, Shi, mais j'ai eu si peur! Oh mon dieu...
-M...Marie?
Marie me serre dans ses bras de toutes ses forces, sans la moindre attention pour la douleur qu'elle me cause. Ses yeux sont rougis, ses cheveux décoiffés, elle est dans un sale état. Je reprends mes esprits peu à peu. Mm, certes cet endroit est blanc et lumineux, mais ça ressemble plus à une chambre d'hôpital qu'au paradis. Ah! Je me disais bien qu'ils ne pouvaient pas m'envoyer là haut. Enfin... pas que je croie qu'il existe une quelconque vie après la mort non plus...
-Je suis tellement... tellement désolée, Shi... sanglote Marie contre moi. Tout est de ma faute... j'ai vu ces hommes arriver et j'aurais dû me cacher, mais j'avais entendu des tirs et j'avais peur pour toi, et... oh mon dieu, à cause de moi tu as failli...
Je la fais taire et plaçant mes lèvres sur les siennes. Elles sont salées par ses larmes. Ce n'est pas désagréable, comme goût. Mes bras se glisse dans son dos, et caressent sans vergogne ses hanches pour la première fois. Pour la première fois, je me laisse aller à dépasser cette limite que je me suis moi même fixée. Parce que j'ai failli mourir, certes; mais surtout parce que j'ai failli la perdre. Lorsque ce canon s'est retrouvé pointé sur elle, j'ai réalisé toutes les choses que je ne lui avais jamais dites, que nous n'avions jamais faites, et j'ai pris peur. J'ai eu peur de la perdre. Et je m'en suis voulue d'avoir échoué dans sa protection.
Mes lèvres se décollent des siennes, et je sèche une larme qui roule sur sa joue avec ma main.
-C'est de ma faute. Dis-je. Je te mets sans cesse dans des situations dangereuses... je me dis parfois que sans me rencontrer, ta vie aurait été meilleure.
-Je t'interdis de dire cela. Sans toi, je serais morte il y a longtemps. Les Falconi avaient prévu ma mort dans leur plan. Sans toi, je ne serais pas là, Shi. Alors ne dis plus jamais ça.
Je lui souris faiblement.
-D'accord.
-Ooh, mon amie, tu es réveillée? S'exclame la voix tonitruante de Vlad lorsqu'il entre dans ma chambre, accompagné de Jill. Tu as dormi un petit bout de temps, tu sais.
-Jill... mes sourcils se froncent malgré moi. C'était quoi, cette histoire. Tu m'avais caché que ce genre de dingue t'en voulais.
-Tu n'avais pas besoin de le savoir...
-TU AS MIS MARIE EN DANGER. Dis-je en criant.
-Shi, calme toi... me répond la concernée en me caressant tendrement les cheveux. Je vais bien, et Mademoiselle Jill n'a jamais demandé ça.
-Je pense que tu devrais lui dire la vérité. Ajoute Vlad en s'adressant à Jill.
Je bug quelques secondes.
-Attendez, vous vous connaissez, tous les deux?
-Notre relation est purement professionnelle. Répond froidement Jill.
Elle ne semble pas décidée à me donner la moindre explication, mais un regard en biais de Vlad finit par la faire changer d'avis dans un soupire.
-Cet homme, je le connais... non, je le connaissais bien. Celui qui t'as tiré dans la jambe et a menacé Marie. C'est un homme que j'ai longtemps fréquenté de très près. Il était celui avec lequel je partageais tout, et celui avec lequel je me suis faite un nom dans la pègre, à une époque.
-Donc t'as bien eu ce genre de passé. Dis-je.
-Je cherchais quelqu'un, et j'avais besoin d'infos. Mais c'était il y a longtemps. Se contente-t-elle de répondre. Puis, un jour, j'ai décidé d'arrêter ce genre d'affaires. J'ai décidé d'arrêter de prendre des risques pour quelqu'un qui me donnait des ordres, et de me mettre à mon compte.
-Jill est très connue dans le milieu, avec comme nom de code le Chuchoteur. Son réseau d'informateur est l'un des meilleurs en ville et reste neutre dans tous les cas.
-Donc c'était toi... dis-je. Mais Vlad m'a dit que le Chuchoteur avait des difficultés à régler, en ce moment. Cet homme y était lié?
-J'y viens. Dit-elle. À l'époque, cet homme... n'a pas accepté ma reconversion. Dans sa tête, c'était pour me protéger, mais en réalité, il ne supportait simplement pas que je lui désobéisse. Donc je me suis servie de ce réseau en question pour le faire tomber, et le balancer, lui et tous mes anciens associés. Il a fini à La Crevasse.
-Tu as envoyé ton propre mec en enfer... dis je dans un souffle.
-Mon mec? Ça? Ha! Rien à voir. Disons qu'il faisait partie de ma famille. Depuis sa sortie de La Crevasse, il s'en prenait à mon réseau, et essayait de remonter jusqu'à moi. Quand ce matin, j'ai appris que Aki avait été attaquée dans la nuit, j'ai su qu'il était proche.
-Aki? Attaquée? Mais...
-Oui, je vous ai dit qu'elle n'a pas pu venir, mais la réalité, c'est qu'elle a été agressée pendant la nuit. Je me doutais donc qu'il allait venir pour moi bientôt. J'avais besoin de toi.
-D'où ta demande que l'on t'accompagne au Sappho.
-Oui. Mais je ne pensais pas que Marie serait mise en danger ainsi ou que tu serais blessée, et j'en suis désolée.
-Hmpf! T'as intérêt. Dis-je dans ma barbe. Tu vas me payer les frais d'hôpital, déjà.
-Bien sûr. Bien, nous allons vous laisser, toutes les deux. Conclut Jill en se dirigeant vers la sortie, Vlad dans son sillage. Mon réseau d'info t'es ouvert en reconnaissance, sache le.
-Mouais. Bon à savoir, mais seulement si je peux remarcher un jour...
-Le médecin a dit que tu n'avais pas de grave blessure à ce niveau là. M'explique Marie.
-Il a même précisé qu'il était étonné de tes capacités de régénération. Ajoute Jill en se retournant à la porte, une expression énigmatique collée à son visage.
-En tout cas, tu devrais remarcher vite. Conclut Marie.
-Tant mieux. Par contre, mon épaule est douloureuse.
-Ça t'apprendra à ne pas faire attention.
Cette voix n'est pas celle de Marie. Cette dernière et moi nous retournons d'un seul bloc vers la porte d'entrée, afin de savoir à qui appartient cette voix. Et la surprise est grande.
-Ambre! S'exclame Marie.
-Salut mes belles, vous m'avez manquées...
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