"Elle ne nous échappera pas indéfiniment.

Tu joues à un jeu dangereux. Prends garde"

Telle est la nature du magnifique petit mot laissé par un admirateur à l'intérieur de mon terrier, retourné sans dessus dessous. Apparemment, lors de leur dernière visite, les flics ont du oublier de fermer la porte. Ou alors, ce sont eux qui ont foutu en l'air mon appartement.

Quoi qu'il en soit, le message est clair: des gens sont bien en train de chercher ma Marie, et ils n'ont pas peur de me mettre en colère. Par contre, ils ont peur de s'en prendre à moi. Ce qui signifie qu'ils ne sont pas si bêtes que ça. Et ça, c'est un bon point pour moi. Reste à remonter la piste de l'enfoiré qui joue les cambrioleurs et laisse de gentils messages comme ça sur ma porte, planté avec un couteau.

Je perçois bien comment se sont passées les choses. L'un des deux camps - je penche en faveur des Falconis, mais peut être que mes propres employeurs sont dans le coup - a réalisé que le commissaire était en train de faire s'échapper Marie. Frustrés, ils ont alors tenté de le faire parler et, devant l'échec de cette tentatives, l'ont tué et m'ont tendu un piège avec Ramirez - qui n'a d'ailleurs pas marché. Pourtant, ils ont réussi à savoir que Marie était bien cachée chez moi, à un moment donné. Ils pensent soit que je l'ai cachée ailleurs, soir que je l'ai refilée à quelqu'un d'autre. Dans tous les cas, la personne qui vient d'orchestrer le sac de mon appartement est la même qui recherche Marie et qui est responsable de la mort du commissaire.

Va falloir remonter cette piste. Et pour ça, rien de mieux que mes informateurs personnels.

-Hey, Jade.

La belle jeune femme sursaute, et se retourne précipitamment. Elle jette des regards apeurés à droite puis à gauche, vérifiant que personne ne peut nous surprendre dans ce couloir du commissariat, puis m'entraine dans un réduit.

-Shi! Tu m'as fait peur, putain. Qu'est ce que tu fiche ici?

-La même chose qu'à chaque fois que je viens te voir, ma belle. Des infos.

Elle soupire nerveusement et détourne les yeux. Jade est une femme asiatique de première qualité en terme de beauté. Une peau de miel, des yeux en amande exquis, des fossettes lorsqu'elle sourit, de long cheveux noirs et brillants, et un visage fin et angélique. Policière, petit appartement dans le 8e, un chat, mariée, un enfant, mais secrètement lesbienne. Un peu difficile à vivre dans une famille asiatique très traditionnelle...

Disons que je suis son meilleur défouloir. Et, en échange, j'ai des informations croustillantes sur le fonctionnement du commissariat central. L'ancien commissaire avait repéré notre petit manège, et avait déjà donné de fausses info à Jade pour tenter de me piéger. Mais depuis, elle est devenue bien plus discrète.

-Le nouveau commissaire est...

-Flippant, oui, je sais. Il est sévère et intransigeant sur le règlement.

-Tu comprends alors pourquoi je ne peux pas... te dire trop de choses. Il cherche les mouchards de la mafia chez nous. Et il est pas tendre avec eux.

-S'il veut débarrasser la police des agents des Sforzas, il va lui falloir renouveler l'intégralité de son effectif.

-Oh, non, il fonctionne par la peur... en voyant ce qui arrive aux autres agents de la mafia, beaucoup se rétractent et cessent leurs activités illicites.

-Il fonctionne comme un mafieux, ce commissaire, dis moi. Des techniques d'intimidation comme celle ci...

-Oh, mais il est célèbre pour son combat contre la mafia. Il vient du commissariat adjoint, en plein territoire Falconi, et là bas, il a arrêté beaucoup de mafieux.

-Mouais. J'aimerais pourtant bien savoir pourquoi il fait une telle fixette sur moi. Étrangement... les Falconi cherchent quelque chose que je pourrais avoir... et ce Commissaire Sigurdsson s'est ramené à ma porte bien trop souvent depuis sa prise de fonction.

-Tu... tu pense qu'il pourrait avoir un lien avec...

-Oh, ce n'est qu'une supposition. Mais c'est une homme dangereux, je l'ai senti. Un homme dangereux et déterminé. Hors, les Falconi sont connus pour être impitoyables. Je doute qu'un tel commissaire ai pu rester en fonction dans leur quartier autant de temps si il leur mettait des bâtons dans les roues.

-Ce n'est pas faux, mais...

-ET EN PLUS! Etrangement, son arrivée dans l'est correspond exactement à la mort du précédent commissaire et à l'arrivée des Falconi. Grosse coïncidence, non?

-Si il les a combattu toute sa vie, c'est normal qu'il essaie de les empêcher de s'étendre. Fait remarquer Jade.

-Si il les a combattu toute sa vie, il devrait savoir que le meilleur moyen d'abattre le monstre, c'est de lui trancher la tête. En venant ici, il s'en prend simplement à la queue. C'est non nécessaire et même presque contre productif. Je pense que... ce commissaire Sigurdsson n'est pas tout blanc. Et que si il élimine les agents des Sforzas...

Mon silence est éloquent. Jade finit ma phrase à ma place.

-... c'est pour mieux infiltrer les hommes des Falconi et prendre le contrôle de la police de l'est, pour mettre des bâtons dans les roues aux Sforzas.

-Tu es intelligente, ma belle.

-Tu veux que je fouille un peu ses activités.

-C'est à peu près ça.

Elle soupire une nouvelle fois.

-C'est risqué, Shi. Il n'est pas tendre avec ceux qu'il attrape.

-Mais toi... tu es plus maligne que lui... et le prix en vaut la peine, non?

Ma main glisse sur son dos jusqu'à son cul. Elle résiste un instant, avant de laisser un sourire se dessiner sur son visage.

-Très bien, mademoiselle Shi. Je ne peux décidément rien vous refuser.

-Ooh... tu me vouvoie, maintenant?

-Tu sais très bien dans quel genre de... délires je m'amuse.

-Bien sûr, Jade... à genoux!

-Oui, maîtresse!

-Oh, tu m'excite, tu le sais ça? File moi tes menottes, je vais rapidement faire ça pour qu'on ne remarque pas que tu as quitté ton poste. Tiens et... hop!

Je lui fourre un foulard dans la bouche, servant de baillon. Le regard qu'elle me jette est éloquent. Elle a attendu ça. Je suis pas particulièrement fan de domination mais... je sais m'adapter. Et il faut avouer que dominer cette fière et magnifique policière est un plaisir absolu. Je m'approche de son oreille, alors que je viens de l'attacher à une étagère du réduit avec ses menottes.

-Je vais y aller franco, je te préviens. Essaie de ne pas faire trop de bruit... ou on pourrait nous trouver.

Ma main claque sur ses fesses. Mon autre glisse dans son pantalon et dans sa fente.

J'aurais ces informations.