22 Ramirez
J'ouvre le porte de l'entrepôt du 18e afin que Ambre y fasse entrer la camionnette. Les choses n'ont pas bougé depuis la dernière fois où je suis venue, accompagnée de ce cher... c'était quoi son nom? Nico? Oui, je crois que c'est ça. Nico.
Dont les cendres reposent toujours dans la forêt à l'arrière du bâtiment.
-Charmant petit nid d'amour... murmure Ambre en voyant l'incinérateur éteint au fond du l'immense bâtiment et les larges tâches marrons qui parsème le sol. Je suppose que ces tâches ne viennent pas de tes règles?
-Si, j'ai eu plusieurs gros accidents...
Elle sourit un peu à ma boutade, mais son sourire est crispé. Je suppose que la réalité de mon travail la frappe d'un coup.
-Bon! Allons préparer notre invité! Dis-je.
Je traine ce bon vieux Ramirez par le col jusqu'à la chaise qui avait accueilli Nico. Je n'ai qu'une seule chaise, ici, en même temps. C'est affreusement pas pratique. Il faudra que je pense à en acheter.
Ramirez ne m'est pas inconnu. C'est un gamin, qui doit sortir tout juste de l'école de police attenante au commissariat central, et il n'a pas du tout le profil d'un tueur. C'est lui qui avait ouvert ma porte quelques semaines auparavant, lors d'une perquisition du Commissaire ... Mongtan. Ça me fait toujours bizarre de connaitre son nom, pour moi il a toujours été juste : "le commissaire", ou plutôt "le vieux".
Toujours est il que je connais donc Ramirez de vue. Il m'avait maté un peu trop visiblement, et je lui avait fait peur, ce jour là. Maintenant, il est accusé du meurtre du commissaire et n'a nié aucun des faits. Ce qui ne veut pas dire qu'il est coupable, bien sûr.
Simplement qu'il obéit à des ordres.
-Salut, Ramirez. On se connait, je crois.
-Bonjour, mademoiselle Shi.
Il joue au dur, mais je vois la peur dans ses yeux, et le léger tremblement de sa mâchoire et de sa voix.
-Alors comme ça... on joue avec les armes de fonction de la police? Avec pour cible le commissaire? C'est pas très pro, tout ça.
-Je l'ai tué. Il me rabaissait sans cesse, je n'en pouvais plus.
-Oui, oui, et puis tu t'es dit que tuer un homme, détruire ta carrière et finir à la Crevasse était une bonne solution pour éviter quelques remarques de la part de ton supérieur.
Il me fixe d'un air indécis, l'air de se demander si je suis sérieuse.
-Tu peux arrêter ton cinéma, tu sais. Fait la voix d'Ambre dans son dos, en train de fumer une cigarette, adossée au mur de l'entrepôt.
Un rictus se peint sur mon visage.
-T'es obligée de fumer ici? Je déteste cette odeur. Dis-je en grognant.
-Vu ce dans quoi tu m'as entrainée, j'ai droit à un peu de réconfort. Tranche-t-elle. Quant à toi, Ramirez, sache que nous, on est pas des flics. Donc la version convenue de ton histoire ne nous intéresse pas. Et Shi est très patiente, ce qui n'est pas mon cas.
Elle se rapproche et lui crache la fumée de sa cigarette au visage.
-Donc t'as deux choix. Soit tu me le dis gentiment à moi, et tout est vite fini. Ou alors je perds patience et je sors de cette pièce.
-Et qu'est ce que ça change que tu sois dans la pièce ou pas? Crache-t-il, essayant de garder une contenance.
-J'ai vraiment besoin de t'expliquer ce qui se passera si tu te retrouve seule avec Shi?
Il devient livide. Ambre a beau faire genre, je sens que ça l'amuse. Elle est habituée a jouer les dominatrices, mais cette situation est toute nouvelle pour elle. Je sens qu'elle risque d'avoir besoin de moi pour faire baisser son niveau d'excitation quand nous en aurons fini ici.
-Tu as un choix très clair, mon chou. C'est un peu good cop bad cop, tu vois? Tu me dis rapidement la vraie histoire, et tout se passe bien et vite. Mais si tu tarde trop, non seulement ça deviendra désagréable, mais aussi long.
Ramirez pâlit encore. Il semble tiraillé. En même temps, qui ne le serait pas à ce moment. Normalement, c'est le moment où il commence à craquer.
-Je...Je ne peux rien dire...
Bingo.
-Il... il me tuera si je vous le dis! Continue-t-il, effrayé.
-Qui ça, il? Dis-je.
-Je... je ne peux pas...
-Ne t'inquiète pas, il ne te fera aucun mal, je m'en assurerais moi même. Tout ce que je veux savoir, c'est ce qu'il s'est passé.
Son regard fait des allez retours entre moi et Ambre. Cette dernière pousse un soupire théâtral, puis, en me glissant un clin d'œil, commence à s'éloigner vers la sortie.
La réaction est immédiate.
-Non! Non, attends! Je... ne peux vraiment rien dire!
-Alors je ne peux vraiment pas rester. Répond-elle. Rien contre toi, hein! Je n'ai juste pas envie de voir ce qui va se passer...
-Non! Non! Att... attend! Je ne le connais pas! Je ne sais pas à quoi il ressemble! Mais il m'a menacé! Il m'a dit de dire que c'était moi!
-Ce n'est pas toi qui l'a tué?
-Non! Il était déjà mort quand je suis revenu! Mais c'est bien mon arme qui a été utilisée pour le tuer, donc j'étais condamné d'office. Mais j'ai... j'ai peur de lui! Il ne craint rien! Il est violent, il n'a pas peur de tuer! Quand il saura que je vous ai parlé...
-Oh, il le sait déjà. Dis-je. Tu peux sortir, Ambre!
Ambre s'exécuta avec un sourire un peu attristé.
Ramirez blanchit.
-Mais... mais vous aviez dit...
-J'ai dit qu'il ne te ferait rien, pas qu'il ne serait pas au courant. Tu étais un appât pour moi, Ramirez, un ver de terre au bout de l'hameçon. La question est: maintenant que j'ai mangé le ver de terre... ai-je aussi mordu à l'hameçon?
-Mais... et moi?
-Je tiens parole, Ramirez. Il ne te fera aucun mal. Puisque tu ne sortiras pas d'ici en vie.
-Quoi? Non! Non, je vous ai parlé! Arrêtez!
-Tu crois que je vais te laisser aller raconter à tes petits camarades cette entrevue?
-Je ne dirais rien, je le promets!
-Tu as fait la même promesse à quelqu'un d'autre, et pourtant tu viens de tout nous dire sans trop de difficultés...
-Je... c'est... non!
-Ne t'inquiète pas, ce sera rapide. Après tout, tu as été très coopératif.
Je sors mon flingue, et le vise à quelques mètres.
-Non! Non! Arrêtez!
-Tu as peut être une autre information à ajouter?
-Je... oui! Je suis sûr que ce n'était pas quelqu'un du coin! Ce n'est pas un Sforza, c'est donc sûrement un chien Falconi!
-Eh bien... tu vois, quand tu veux...
Un sourire illumine son visage quand je commence à baisser mon arme. Et ce sourire n'a pas le temps de disparaitre quand je la relève soudain et que je tire.
Une balle entre les deux yeux. Mort rapide, sans souffrance. Il a même encore son sourire sur le visage.
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