19 Razzia au commissariat
-Comment ça, tué?
-Au vu de votre passé criminel je ne crois pas avoir besoin de vous expliquer en quoi consiste le fait d'être "tué". Maintenant écartez vous et laissez nous faire notre travail.
Il me dépasse en percutant mon épaule mais je ne réagis pas. Le commissaire... est mort? Ce petit vieux toujours grincheux mais tellement vivant? Celui qui me traitait tout le temps de gamine avec cet air presque affectueux? C'est... non... ce n'est pas possible. Pourquoi?? Je croyais qu'il s'était allié aux Sforza! Qu'il se battait pour tenter d'éviter la guerre! Je...
C'est moi qui aurait dû le tuer. C'est moi qui aurait dû te tuer, le vieux. Dire que je connais même pas ton nom... trancher moi même le fil de mes relations est quelque chose que j'ai toujours fait. Mais pour toi, je t'ai haï, je t'ai détesté de m'avoir trompée alors que je te faisais confiance, je t'ai interdit de revenir me voir... je ne voulais pas le dire comme ça! Je ne... non!
Je ne t'ai même pas dit au revoir...
Une sensation furieusement désagréable bouillonne en moi. Une sensation qui m'est inconnue, qui me fait mal, alors que je ne suis pas blessée. Pourquoi ai-je l'impression que mon cœur va exploser? Pourquoi ai-je cette sensation de vide, soudainement? Je mets quelque secondes à reprendre mes esprits, mais la douleur n'est pas partie.
J'ai probablement chopé un truc. Je demanderais à Ambre, elle s'y connait un peu.
Je rattrape le nouveau commissaire par le bras, et le force à se retourner pour me faire face. Il semble étonné de ma force, mais je m'en fou.
-Comment est-il mort?
-Je ne vois pas en quoi...
-Comment... est-il... mort?
Je le fixe avec mon pire regard. Et il me le rend bien, avec ses yeux froids comme les glaçons de mon verre de vodka du samedi soir.
-Vos yeux... murmure-t-il, comme fasciné, avant de se reprendre et de répondre aussi froidement qu'auparavant. Un de ses subordonnés l'a abattu durant une opération. C'est tout ce que je peux vous dire, et maintenant lâchez moi ou je vous embarque au poste.
-À d'autre.
Je me jette dans ma salle de bain et récupère mes vêtements en 3e vitesse. Je claque la porte au nez d'un flic qui avait décidé d'inspecter cette pièce, et m'habille le plus vite possible. Quand je ressors, le flic se tient toujours le nez et m'insulte, mais se recroqueville sur lui même au regard que je lui lance. Je suis en pétard.
Je sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. Parce que ce nouveau commissaire m'énerve? Parce que le mien est mort? Parce que ce n'est pas moi qui l'ai tué? Parce que je ne lui ai pas dit au revoir? Parce qu'il part en me laissant Marie sur le dos? Parce que j'ai cette douleur dans la poitrine que je ne comprends pas et qui refuse de s'en aller?
Je me précipite hors de mon appartement. Peut importe si il n'est pas fermé; il n'y a pas grand chose à y voler, et de toute façon peu de gens seraient assez idiots pour tenter de me cambrioler. Les flics sont toujours en train de fouiller et tentent de me retenir, mais je m'en fiche.
Dès que je suis dans la rue, je démarre en trombe pour me rendre dans le 9e, au commissariat central. J'y arrive en moins de vingt minutes, et y fait une entrée fracassante. Les employés présents se raidissent, tous mes connaissent bien et se doutaient de ma prochaine venue.
Je me dirige tout droit vers l'accueil, où l'hôtesse se recroqueville sur sa chaise en me voyant arriver en furie.
-Quand le commissaire est il mort? Dis je sans préambule.
-H...hier, madame.
-HIER? Et ils lui ont déjà foutu un remplaçant qui est déjà dans mes basques? Ils l'ont enterré vite, ces enfoirés!
-N...Nous voulions vous prévenir, mais le Commissaire Sigurdsson est parti vous voir avant que nous ne puissions le faire. Nous sommes navrés, madame.
-J'en ai rien à foutre de vos excuses. Ce petit commissaire de rien du tout va rapidement apprendre à ne pas m'énerver. Je veux voir l'assassin de mon commissaire!
-Ça... ça ne va pas être possible, madame, le Commissaire Sigurdsson a bien précisé que...
Je me baisse vers elle pour la fixer droit dans les yeux.
-Écoute, ma poulette... je te conseille de faire ce que je te dis.
-Je...suis désolée madame. Vous me faites peur, mais je crois que j'ai encore plus peur de lui. Vous ne pouvez pas voir l'agent Ramirez.
Elle me file discrètement le nom du coupable. Une manière de m'aider sans s'attirer les foudres de son nouveau boss, qui n'a pas l'air d'être franchement apprécié, de ce que je vois. Je grogne, mais décide d'accepter cet état de fait. J'agis impulsivement, il faut que je reprenne mon calme et que je réfléchisse. Même si je voyais l'assassin du Commissaire, que pourrais je faire en plein milieu d'un Commissariat? Le questionner à ma guise? Le tuer? Non, je ne serais pas tranquille.
Je vais trouver un autre moyen.
-Seriez vous par hasard... mademoiselle Shi?
Alors que je m'éloigne de l'accueil pour ressortir du bâtiment, une voix m'interpelle. Une voix légèrement chevrotante de femme. Je tourne la tête et découvre une dame entre 50 et 60 ans, élégamment habillée, mais les yeux rougis par des larmes récentes. Elle a dû être belle, dans le temps. Maintenant, son visage est ravagé par les affres de la vieillesse et de la tristesse. Je suis tentée de la rembarrer, mais comprends soudain de qui il s'agit avant même qu'elle ne m'adresse la parole.
-Ouais, c'est moi.
-Oh je suis heureuse de vous rencontrer, je ne savais pas où vous trouver ou comment vous contacter, et le Commissaire Sigurdsson s'est montré très peu coopératif.
-Et vous êtes?
Le vouvoiement m'est venu instinctivement. Il se dégage d'elle une impression de gentillesse mais aussi de force. Elle a mon respect au premier regard - chose rare.
-Je suis Roseline Mongtan. La femme du Commissaire Mongtan.
-Le commissaire Mongtan... je suppose que c'est le nom du vieux.
Elle rit légèrement.
-Oh, oui, il parait qu'il se faisait uniquement appeler Commissaire pour le travail. Même certain de ses subordonnés ne connaissaient pas son nom.
-Et que désirez vous avoir à faire avec une criminelle comme moi, Madame Mongtan?
-Je vous en prie, appelez moi Roseline. J'aimerais... vous inviter chez moi, pour discuter. Ce lieu a de nombreuses oreilles indiscrètes.
Je ricane.
-Votre mari vous a-t-il dit que je suis soupçonnée d'un bonne cinquantaine de meurtres? Je ne sais pas si c'est une bonne idée pour vous de m'inviter chez v...
-Ne dites pas de bêtises, Shi, et venez donc. J'ai garé ma voiture un peu plus loin.
Je la suis, et reçois un message d'Ambre à cet instant. Un simple:
"WHAT THE FUCK SHI"
Auquel je réponds:
"Je passe ce soir, occupe toi bien de la gamine."
Et je réalise à cet instant que le surnom que j'ai donné à Marie est le même que le Commissaire utilisait pour moi. Je soupire. La douleur repart de plus belle. Je suis sûre de ne pas être blessée, pourtant.
Je suis Roseline jusqu'à sa voiture.
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