Après mes exploits à l'église, je pensais être convoquée assez vite au commissariat. Et c'est ce que je voulais. Je voulais cracher ma colère au visage du vieux, lui montrer qu'il n'avait pas de prise sur moi, que j'étais toujours là pour empêcher les gens de trop fouiller dans les affaires de la mafia.

Mais je n'ai pas été convoquée. Ça fait presque deux semaines maintenant, et l'été touche à sa fin, septembre arrive. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Le vieux a-t-il lâché l'affaire? Il a pourtant toujours été réactif après chacune de mes affaires. Et en plus, cette fois ci, ce n'est pas un règlement de compte mais un civil, dans les ordres, en plus! J'aurais dû voir débarquer une dizaine de flics chez moi le lendemain! Peut être ne veut-il pas que de potentiels agents de la mafia découvre la planque de Marie. Mais il pourrait quand même me convoquer!

-On dirait presque que t'aimes être convoquée. Me dit Ambre.

On est côte à côte, dans le lit de son splendide appartement. Son "cocon", comme elle dit. Nues, bien sûr. Sa main est encore sur mon entrejambe, alors que je lui raconte mes déboires - ou plutôt mon absence de déboires - avec la police.

-Que j'aime être convoquée??? Oh pitié, utilise ta bouche pour me bouffer la chatte plutôt que pour dire des conneries.

Elle rit, mais continue de me toucher paresseusement, préférant continuer à discuter pour le moment. Je soupire.

-OK, je me suis habituée à y aller. Je le concède.

-Ah, tout de même.

-Mais de là à dire que j'aime y aller! Tu fais fort!

-Bah... après tout, malgré ta rancœur actuelle contre ce vieux commissaire, tu l'apprécie bien.

-Il essaie de me foutre en tôle!

-Il essaie de te remettre sur le droit chemin... enfin, de son point de vue.

-Mais j'ai pas besoin de son aide! Je me porte comme un charme!

-Ça, je ne te le fais pas dire... glisse-t-elle en m'embrassant.

Notre baiser passionné se prolonge de longues minutes. Puis elle s'éloigne légèrement.

-Les choses commencent à bouger, en ville. Murmure-t-elle.

-Ouais... j'en ai entendu parler. Les Falconis commencent à s'installer, il parait.

-Ils marchent littéralement sur les plates bandes des Sforzas, tu veux dire. Ils cherchent clairement la baston.

-En même temps, si ils veulent s'installer dans l'est, il va bien falloir qu'ils fassent table rase du passé. Comme les Sforzas l'ont eux même fait avec les Rigotti avant eux.

-En parlant de Rigotti, tu sais que les deux clans cherchent la gamine de ce clan? C'est une sorte d'interrupteur pour déclarer la guerre, on dirait.

Oui, j'en sais quelque chose, vu que je la cache actuellement chez moi. Mais je laisse ce détail sous silence; je sais pas combien de temps je vais devoir jouer les baby sitter pour Marie, et je préfère éviter d'impliquer Ambre... ou qu'elle m'implique malgré elle. Après tout, son métier lui permet de collecter et de partager un grand nombre d'informations. Les gens se livrent souvent, au lit, et encore plus quand ils sont au lit avec Ambre.

-De toute façon, les deux camps se regardent en chien de faïence, et le premier à faire un faux pas va mettre le feu aux poudres.

Elle soupire.

-C'était calme depuis un moment entre les deux clans, pourtant. On avait un bon rythme de croisière, ils faisaient pas trop chier et s'occupaient de leurs affaires chacun de leur côté tout en nous laissant aux nôtres. Une guerre de clan... c'est jamais bon pour mes affaires.

-Pour les miennes, c'est une aubaine! Dis-je. Si tu commence à être en manque d'argent, je te logerai, t'inquiète pas!

-Très drôle...

J'éclate de rire, et lui mordille les seins longuement, glissant une main à son entrejambe et commençant à titiller son clito. Assez de parlote pour ce soir! La guerre, la mort, tout ce bordel, ça viendra après une bonne nuit de sexe.

-Tu sais que ce prêtre avait des photos pédo sur son pc? Dis-je une fois que j'ai finis de la faire jouir pour la première fois.

Je sens Ambre frissonner légèrement sous ma main. Elle aussi, ça la fout mal, ce genre de trucs.

-Sérieux? Je pensais que c'était un cliché...

-Visiblement pas. Je sais pas si il a touché à des gosses lui même, remarque, mais c'est possible. Le fichier parlait de "marchandises", et la marchandise en question c'était des photos de gamins. Ils disaient aussi qu'il pouvait venir voir la marchandise à une adresse, "la même qu'au temps des Rigotti". Tu penses que la rumeur comme quoi ils faisaient vraiment du trafic humain est vraie?

-Je ne sais pas. Répond simplement Ambre, en haussant les épaules. J'étais pas à Ilica quand ils étaient encore au pouvoir.

-Ouais... puis on était de toute manière pas en âge de comprendre. Fais-je remarquer. En âge d'être des marchandises, à la limite. Une chose est sûre, il en touchera plus aucune maintenant. Mais ça veut aussi dire que les Falconis ont ptet reprit en main la vieille branche de leur prédécésseurs. C'est glauque. 

-Hm. Répond simplement Ambre, évasive.

Un silence passe, et elle change brusquement de sujet, alors que je joue à suivre les lignes du tatouage en forme de papillon qui orne le haut de son dos.

-Tu l'as vraiment laissé te toucher un sein??

-Ouais, pourquoi?

-Pourquoi? T'es la plus lesbienne des lesbiennes que j'ai jamais vues, t'as déjà tué un mec qui t'avais fait des avances un peu trop appuyées, Shi! Ça m'étonne que tu l'ai fait de ton plein gré.

-C'était une expérience sociale, c'est tout! Voir si le désir est plus fort que la religion...

-Pfff c'est surtout que le gars avait pas le choix vu comme tu le torturais!

-Vraiment? Alors que dis tu de ça... quand je l'ai retourné, j'ai vu qu'il avait éjaculé...

-Mais nan...

-Si, jte jure! J'étais vraiment genre... WHAT! C'était trop drôle.

-Si tu le dis...

-C'est pour ça que ça m'étonne de pas avoir été convoquée. Jme suis quand même bien lâchée ce soir là. Je sais que c'était une saloperie de pédo, mais quand même.

-Encore ça? Tu radote, Shi!

-Que veux tu! Je me pose des questions! Est ce que c'est parce que je lui ai dis de jamais se repointer chez moi? Quel gosse, ce vieux!

-Ce "gosse", comme tu dis, est en train d'enquêter sur la mafia, il parait.

-Sérieux?

-C'est le bruit qui court. Il sent la guerre venir, et prendrait des dispositions dans toute la ville pour empêcher le conflit et arrêter les mafieux.

-Même dans l'ouest? Je croyais que le commissariat central et le commissariat adjoint pouvaient pas de piffer.

-Quand on est sur le point de voir une nouvelle guerre de clan, j'imagine qu'ils arrivent à se mettre d'accord... fait remarquer Ambre.

-Il joue un jeu dangereux. Dis je avec un sourire. Je connais un prêtre qui est mort pour moins que ça.

Je me tourne vers Ambre et fixe mes yeux verts dans les siens

-Tu pense qu'ils me demanderont de le tuer?

Elle semble surprise.

-Euh... je ne sais pas... peut être. Pourquoi?

-Parce que j'aimerais bien m'en occuper... j'ai un compte à régler avec lui.

-T'irais jusqu'à t'occuper de lui toi même alors que tu l'aime bien?

-Bah bien sûr. Fais-je. Raison de plus! Je préfère trancher moi même le lien, comme ça on reste entre nous!

-Tu me fais parfois froid dans le dos, Shi. Rappelle moi de ne jamais te vexer.

-Rhooo, toi c'est différent. On se rend service mutuellement! Ça me manquerait vraiment de ne plus avoir ton corps de rêve et ta sale personnalité.

-Tssss, écoutez qui parle. Et puis je pense qu'avec le commissaire, vous vous rendiez un peu service l'un à l'autre... il te posait des limites, tu étais un peu comme une fille pour lui.

-Le mot est grand. Et mon expérience personnelle des relations père-fille ne donne pas vraiment une bonne connotation à ce que tu viens de dire.

-Shi... c'est de notoriété publique qu'il essayait de te changer.

-Ouais, ben non merci.

Elle soupire une énième fois. Avant de se relever avec un sourire interrogateur.

-D'ailleurs, pourquoi t'es en pétard contre lui au juste? Pourquoi tu veux pas me le dire? T'as trop honte parce qu'il t'as joué un tour? Où bien est-ce un sujet trop... délicat?

-Ferme ta gueule et lèche moi, tu parles trop.

-Rho... tu me blesses, Shi. Fait-elle d'un air théâtral avec de grands yeux de chats.

Je peux pas me permettre que qui que ce soit puisse être au courant que j'héberge Marie, même Ambre. Et elle est un peu trop maligne, malheureusement. Je préfère changer de sujet. 

-Ce tatouage de papillon sur ton dos, là. Tu l'as eu où?

-Pourquoi? Tu t'intéresses aux tatouages? Tu veux que je te donnes de bonnes adresses? 

-Pas vraiment. Je ricane. C'est juste bizarre, je me fais la remarque depuis un moment, mais la peau est pas lisse à cet endroit. T'as une cicatrice, là dessous?

Ambre me lance un regard amusé. 

-Je te le dis, si tu me dis ce que tu me caches. 

-Quoi? Putain de... ah va te faire voir. Je t'ai demandé de me lécher. 

-Tout de suite madame la comtesse!

Elle commence immédiatement à se glisser le long de mon corps jusqu'à arriver au niveau de ma chatte, et me jette un dernier regard.

-Je finirais par le savoir de toute façon, Shi-Chérie.

Je lui enfonce la tête dans mon entrejambe pour la faire taire, et laisse le langage des corps parler jusqu'à l'aube.