Snow Memories→JeongChan
Snow Memories
~ OS de Noël, décembre 2020,
~ Stray Kids,
~ JeongChan,
~ drame.
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Jeongin traverse la ville en courant, la neige crisse sous la semelle de ses chaussures, il a juste eu le temps d'enfiler une petite veste par-dessus son pull en laine. Les flocons et le vent glacial s'écrasent sur son visage, rougissant ses joues et rendant sa progression difficile.
La ville est illuminée par les décorations, c'est bientôt Noël.
Au détour d'une rue, il est là. Chan se tient sur le perron de son immeuble, une grosse valise à ses pieds et un imposant sac sur l’épaule. Il souffle et frotte ses mains gantées l'une contre l'autre pour les réchauffer. Il est tôt, le soleil n'est pas encore levé. Chan attend le taxi qui le conduira à l'aéroport, il rentre en Australie passer les fêtes de fin d'année avec sa famille. Il ne reviendra plus en Corée, il va poursuivre ses études dans son pays natal.
Jeongin s'arrête à un mètre de lui, il n'arrive pas à y croire, il pensait que ses parents lui avaient dit ça pour lui faire peur. Il semble pourtant qu'ils aient dit vrai.
Il s'avance doucement, le souffle court après la course effrénée qu'il vient de faire. Ses mains rouges sont engourdies par le froid, il a quitté la maison si vite qu'il n'a pas pris le temps de se couvrir convenablement. Il en tend une et attrape difficilement la manche du manteau de Chan.
Ils se sont rencontrés un jour semblable à celui-ci, un an auparavant. Jeongin, jeune lycéen, avait eu grand besoin de cours particuliers en anglais. Ses parents avaient fait appel à Chan, étudiant en langue étrangère à l'université et originaire d'Australie. À force de se côtoyer et malgré les quelques années qui les séparaient, ils sont tombés amoureux un jour blanc, un jour où le gris du bitume de Séoul avait disparu sous des dizaines de centimètres de neige d’un blanc pur. Comme aujourd’hui.
C’était si simple à l'époque, il y avait eux et leur amour partagé et c'est tout. Jeongin donnerait tout pour revenir à cette période de leur vie.
Aujourd'hui, les sentiments sont comme les flocons qui tombent en ce matin de décembre, nombreux, confus, virevoltants et douloureux lorsqu'ils s'écrasent au sol en terminant leur danse.
Le regard perdu de Jeongin croise celui de Chan, il veut garder leurs souvenirs heureux gravés dans sa mémoire. Ils n'échangent pas un mot. Le lycéen croit distinguer un sourire triste et désolé sur le visage de son aîné à moitié caché par sa grosse écharpe. Il sait qu'il est responsable, qu'il a failli à son rôle de tuteur, il murmure un « tu es venu » qui se perd parmi les flocons de neige et le taxi se gare devant la petite allée de l'immeuble.
Jeongin se fige, le regard vide, il voit Chan soulever sa valise du sol. Le plus jeune est incapable de faire le moindre mouvement malgré la voix dans sa tête qui lui crie : « Chan s’en va ! » comme pour le faire réagir. Mais il est incapable de le serrer dans ses bras même pour une dernière fois, peut-être parce qu'il sait que ça ne rendra les choses que plus douloureuses.
Il relâche la manche de Chan, il ne sait pas si c'est parce qu'il le voit rester immobile, mais il ne fait pas le premier pas non plus.
Ce sera leurs adieux, ce simple contact et ce dernier regard. Chan se dirige vers le véhicule et met sa valise et son sac dans le coffre avant de prendre place à l'arrière.
« Tu vas attraper la mort gamin » dit le chauffeur à Jeongin avant de reprendre sa place derrière le volant.
Les flocons de neige s'écrasent sur le visage rougi du jeune homme et fondent aussitôt, se mêlant aux larmes chaudes qui roulent le long de ses joues. Les perles gelées du ciel camouflent son chagrin.
Le taxi s'éloigne, la lumière des phares fait danser les flocons, l'obscurité s'impose à nouveau seulement transpercée par les Illuminations de Noël, l'ambiance sera bientôt à la fête.
La voiture est loin désormais, Chan est loin, Chan est parti.
Jeongin reste seul sous la neige sur le perron de l'immeuble. Il observe les traces de pas laissées par Chan et les larmes coulent de plus belle. Il prie pour que la neige ne les efface pas, qu'elle n'efface pas ces souvenirs, leur dernier souvenir.
« Au revoir Chan. »
Il n'a rien su dire d'autre, il se déteste, il se sent lâche et impuissant. Qu’est-il à part un petit pleurnichard de dix-sept ans ? Qu'est-ce qui lui donnait le droit de faire passer ses sentiments avant la réputation et l’avenir de Chan ? Rien.
Jeongin lève les yeux au ciel, la neige continue sa danse silencieuse. Elle danse, vole, plane, virevolte avant d'achever sa descente en s'écrasant sur le sol ou de disparaître en fondant sur la peau de son visage, tout comme ses sentiments se brisent et s'évaporent.
Jeongin n’a pas le pouvoir de remonter le temps, il ne peut pas revenir en arrière pour changer le cours des événements. Il aurait voulu serrer Chan une dernière fois dans ses bras, il aurait dû serrer Chan une dernière fois dans ses bras, mais il est trop tard.
Il tend sa main engourdie vers le ciel, celle avec laquelle il a retenu la manche de son aîné un peu plus tôt, il la lève ensuite vers le ciel et il récolte quelques flocons à la forme parfaite dans sa paume. Il les fixe quelques instants puis regarde devant lui avant de fermer les yeux. Son poing se serre, faisant fondre son contenu et le gris du ciel ainsi que le blanc de la neige immaculée se gravent à jamais dans son esprit. La scène restera ancrée dans ses souvenirs tel un rêve impossible.
Le jour vient vite, le soleil se lève, Jeongin ouvre les yeux et observe le sol devant lui. Lorsque les premiers rayons du jour pointent, les larmes coulent à nouveau, étouffant sa prière pour que les traces dans la neige ne s'effacent jamais.
FIN
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