Le guérisseur

Résumé :

Wonpil, un guérisseur qui vit en ermite dans la forêt, trouvé un jour un jeune homme inconscient sur le chemin le menant en ville. Il décide de l'emmener pour le soigner.

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→ OS Stray Kids, Day6
→ Wonpil x Seungmin,
→ romance, fantasy,
→écrit sur commande,
→ mars 2021.

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L’aube.

Le réveil du soleil, ses premiers rayons qui commencent à inonder la Terre de leur lumière.

La nature s’éveille, les animaux et les hommes aussi. Les coqs chantent bien avant que la première lueur ne pointe et ils insistent.

Wonpil avait l’habitude des réveils matinaux. Le chef de sa petite basse-cour chantait en même temps que le soleil apparaissait derrière l’horizon, et même sans cela, la luminosité qui traversait sans encombre les fins rideaux de son unique fenêtre suffisait à le sortir de son sommeil.

Ses cheveux d’ébène en bataille et lui tombant abondamment dans les yeux, le jeune homme se redressa pour s’asseoir sur le bord de son lit. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire avant de s’étirer convenablement afin d’aborder la journée en forme.

Il se leva, sa longue chemise de nuit trop grande lui découvrant une épaule et traînant sur le plancher, entraînant avec elle ça et là une feuille d’arbre ou une fleur séchée. Le poêle était encore chaud et lui permit de faire chauffer de l’eau. Wonpil ouvrit un placard et parcourut les étagères à la recherche d’un mélange en particulier, une tisane énergisante lui ferait le plus grand bien, il devait se rendre en ville ce jour-là afin d’y vendre ses décoctions, baumes, onguents et autres produits naturels de soin.

— Halte, c’est l’heure de manger.

Le gros molosse noir et feu se leva immédiatement de sa couche et s’approcha de son maître en battant de la queue. Wonpil déposa quelques morceaux de viande dans son écuelle avant de se servir lui-même du pain, du fromage et des fruits. Il n’oublia pas de boire sa tisane avant de se débarbouiller et de s’habiller pour enfin sortir de sa cabane.

Wonpil était un guérisseur, certains disaient de lui qu’il était un ermite mais il ne se considérait pas comme tel. Il aimait le calme et la tranquillité que lui offrait la vie en forêt contrairement à l’effervescence de la ville. Il avait tout ce dont il avait besoin dans ce petit coin de nature, de la nourriture, de l’eau, des animaux et toutes les plantes nécessaires à la réalisation de ses produits de soin. 

On l’avait pris pour un fou la première fois qu’il avait débarqué en ville avec ses pots en terre, ses flacons de verre et ses petites pochettes de cuir ou de tissus. Il disait que tout cela pouvait soigner la majorité des maux. D'abord perplexes, les villageois s’y étaient ensuite essayé, surtout pour le dénigrer et lui prouver qu’il racontait n’importe quoi. Mais ils s’étaient rapidement rendu à l’évidence, ce guérisseur n’était pas un charlatant et désormais, beaucoup attendaient sa venue afin de se faire soigner.

Une fois sa petite charrette chargée et son cheval pie attelé, Wonpil fit monter Halte à ses côtés et se mit en route. Le chemin était long jusqu’au village, ils y resteraient une bonne partie de la journée avant de rentrer avant le coucher du soleil. 

***

Le petit convoi progressait depuis un moment lorsque Halte bondit par terre et se mit à aboyer en courant vers le bord du chemin. Wonpil stoppa son cheval et posa machinalement la main sur la dague qu’il portait à sa ceinture. Le molosse avait trouvé quelque chose, usant de la puissance de sa mâchoire, il tirait une masse depuis les fourets.

Un corps.

Visiblement inerte à en croire l’absence de réaction.

Wonpil descendit à son tour de la charrette et s’approcha lentement.

— Lâche, ordonna-t-il au chien qui s’exécuta sur le champ. 

Un jeune homme, inconscient depuis un moment vu l’état de ses cheveux et de ses vêtements. Ils étaient sales et couverts de boue, il avait également des éraflures sur le visage, les mains et les poignets. Il avait dû se débattre suite à une attaque mais il n’y avait aucun indice aux alentours qui auraient pu permettre à Wonpil de comprendre la nature de l’incident.

— Qu’est-ce qui t’es arrivé à toi, soupira-t-il en dégageant le front du blessé.

Il était brun, plutôt beau garçon malgré la saleté et les plaies. Ses vêtements avaient l’air de bonne facture, peut-être était-il un noble victime d’un guet-apens. Mais pourquoi était-il seul ? L’intérêt d’une attaque aurait été de l’emmener, de le kidnapper et de demander une rançon, pas de le laisser pour mort au milieu de nulle part.

Tout en réfléchissant, Wonpil s’assura qu’il respirait bien. Il semblait simplement avoir perdu connaissance, il devait aussi mourir de faim et de soif. Il alla d’ailleurs chercher une gourde dans la charrette et la porta aux lèvres de l’inconnu, les lui entrouvrant doucement afin d’au moins lui hydrater l’intérieur de la bouche. À la grande surprise du guérisseur, le jeune homme toussota, forçant ensuite pour avaler le liquide, mais il n’ouvrit pas les yeux pour autant, sûrement était-il encore trop faible.

Wonpil l’observa longuement et soupira avant de jeter un oeil à Halte, sagement assis à ses côtés.

— Mon grand, on dirait que la ville c’est pas pour aujourd’hui.

Il chargea le blessé à l’arrière de la charrette et reprit la route en sens inverse. Si quelqu’un pouvait le soigner, c’était bien lui alors il n’y avait aucun intérêt à l’amener en ville. Surtout sans savoir qui lui avait voulu du mal car oui, Wonpil en était sûr, il avait été victime d’une attaque.

De retour à sa cabane, il porta le corps inconscient jusqu’à l’intérieur. Il détela rapidement Fringuant, son gros cheval noir et blanc, les produits dans la charrette quant à eux, devraient attendre un peu.

— Je vais t’appeler petit prince en attendant que tu reprennes connaissance, si tu n’y vois pas d’inconvénient, dit Wonpil en se penchant au-dessus du visage de l’inconnu qu’il avait installé sur la table. Ça te va ? Parfait.

Il commença par le débarrasser de ses bottes et vêtements boueux, analysant méticuleusement son corps afin de ne manquer aucune blessure. Il fit chauffer un baquet d’eau, lui lava les cheveux comme il put et le nettoya délicatement avant d’appliquer de l’onguent sur les coupures et autres éraflures. Une entaille un peu plus profonde que les autres au niveau de son avant-bras droit nécessitait d’être recousue et Wonpil remarqua également que sa cheville gauche avait l’air foulée. Elle était bleue et gonflée mais n’avait pas l’air cassée. 

Après avoir appliqué un cataplasme d’argile et bandé le tout, il enfila une chemise de nuit au blessé et le porta jusqu’à son lit. Ils n’allaient pas avoir d’autre choix que de partager la même couche jusqu’à ce qu’il aille mieux. Il le fit boire un peu avant de couvrir son corps d’une couverture. Il appliqua une mixture sur son front et déposa un linge humide par-dessus en espérant que cela l’aide à reprendre connaissance. Il le laissa ensuite pour aller ranger tout ce dont il avait eu besoin ainsi que son chargement qui allait devoir attendre qu’il puisse retourner en ville. 

Wonpil passa la journée à préparer des mélanges qu’il pourrait donner à son petit prince une fois qu’il serait réveillé. Il avait aussi lavé ses vêtements, du moins ceux qui n’étaient pas en trop mauvais état et il put ainsi confirmer sa première impression : il devait bien s'agir d’un noble qui avait été attaqué en se rendant en ville. Pourtant, Wonpil connaissait plutôt bien les alentours et il ne voyait pas ce qu’un noble pouvait faire à cet endroit. Il devait venir d’une autre province mais qu’avait-il bien pu advenir du convoi qui l’avait sûrement accompagné ? Tout cela était bien étrange et même si le guérisseur n’était pas du genre à s’occuper des histoires qui n’étaient pas les siennes, il devait avouer être bien curieux de ce qui avait pu arriver à ce jeune homme.

Une fois ses corvées effectuées, Wonpil s’assit sur une chaise qu’il avait installée juste à côté du lit et s’occupa de changer le bandage à la cheville du blessé. Elle avait un peu dégonflé mais ça n’était pas encore ça, il y appliqua une mixture et l’enroula dans un tissu propre.

— Voilà petit prince, avec ça ta cheville sera bientôt comme neuve.

Il changea également le linge sur son front, le lava et épongea délicatement le visage du bel endormi tout en le détaillant comme une bête curieuse. Ça n'était pas tous les jours que Wonpil avait des invités et ça n’était pas tous les jours qu’il avait l’occasion de croiser des garçons aussi beaux que celui-là. Il avait toujours eu un faible pour les hommes plutôt que pour les femmes, même si elles ne le rebutaient pas non plus.

— Tu es bien mystérieux. Je suis curieux de connaître ton histoire, petit prince.

Un faible mouvement de doigt interpella le guérisseur et il prit la main de l’inconnu dans la sienne.

— Est-ce que tu m’entends ?

Les sourcils du bel endormi se froncèrent et ses yeux s’agitèrent sous ses paupières, il marmonna quelque chose d’inaudible et finit par reprendre totalement connaissance. Ses orbes sombres et encore vitreux se posèrent sur le visage soucieux du guérisseur.

— Tu es réveillé petit prince ?

Une légère toux de ce dernier fit rappeler à Wonpil qu’il devait mourir de soif depuis le temps et il lui apporta aussitôt un verre d’eau fraîche. Il l’aida à se redresser un peu pour éviter qu’il s’étouffe et l’aida à boire.

— Merci, murmura le jeune homme en lui rendant le verre.

Il observa les alentours comme s’il venait de réaliser qu’il était dans un endroit inconnu et se tourna ensuite vers Wonpil.

— Où suis-je ?

— Chez moi. On t’a trouvé dans les sous-bois en allant en ville, dit-il en indiquant son chien d’un mouvement de tête, tu n’étais pas au mieux de ta forme.

— En effet.

— Tu as faim ?

Le blessé acquiesça et son hôte se leva pour lui servir un bol de bouillon qu’il avait préparé et qui était encore chaud sur le poêle.

— Merci, et merci de m’avoir aidé.

— Mais c’est normal. Tu as une idée de combien de temps tu es resté inconscient ?

— Hum, je ne sais pas trop, peut-être une journée ou deux.

— Sans boire ni manger ? Tu as eu de la chance que je te trouve.

Le jeune homme avala son bouillon en silence, heureux de sentir le liquide chaud et appétissant remplir son estomac et l’hydrater par la même occasion. Wonpil le débarrassa de son bol une fois qu’il eut fini et se réinstalla à ses côtés.

— Comment tu t’appelles ? demanda-t-il en remettant correctement les coussins pour qu’il soit bien installé. 

— Seungmin, et toi ?

— Wonpil.

Ils s’adressèrent un petit signe de tête pour se saluer comme s’ils venaient seulement de se rencontrer. Wonpil se pencha en avant, prenant appuie sur le matelas pour regarder son petit prince de plus près.

— Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? chantonna-t-il curieux.

Si le guérisseur n’avait pas le temps de s’ennuyer avec tout ce qu’il avait à faire dans la journée, la présence de Seungmin chez lui lui apportait une certaine animation et ça n’était pas de refus. Il avait peu de contact avec les autres humains, d’abord parce que ça ne l’intéressait pas et ensuite parce qu’il n’y avait pas grand monde en dehors des animaux près de chez lui. Sa rencontre avec Seungmin avait piqué sa curiosité, il avait envie d’en savoir plus sur le jeune homme et il n’avait pas envie qu’il parte tout de suite. 

Le rescapé joua nerveusement avec le drap et jeta un oeil par la fenêtre.

— On est où ?

— Je te l’ai déjà dit, chez moi.

— Oui mais où ? Est-ce qu’on est près de Sidylia ? Ou de Yeris ?

Wonpil haussa un sourcil et réfléchit quelques instants.

— La ville la plus proche est Sidylia mais c’est à plusieurs heures de cheval d’ici. Yeris est vraiment très loin. Pourquoi tu me parles de Yeris ? 

Seungmin se renfrogna et se mordit la lèvre, il avait l’air de ne pas vouloir oser en dire plus mais Wonpil n’était pas du genre à se contenter de si peu. Il y avait trop de mystères qui planaient autour de ce jeune homme.

— Je vis seul et je ne travaille pour personne, expliqua calmement l’ermite, je ne suis pas là pour te juger, tu fais ta vie comme tu l’entends, je suis juste curieux de savoir ce qui t’est arrivé.

Le blessé hésita, il fixait désormais la couverture en pinçant les lèvres.

— Est-ce que je peux avoir de l’eau ?

Wonpil se leva aussitôt.

— Oui bien sûr.

Après avoir gagné un peu de temps en vidant son verre, Seungmin prit une profonde inspiration.

— J’étais en route pour Sidylia quand des bandits nous ont attaqués, j’ai été blessé et j’ai perdu connaissance, je ne me souviens plus vraiment de ce qui s’est exactement passé. Tout le monde avait disparu quand j’ai ouvert les yeux.

— Hum, qu’est-ce que tu allais faire à Sidylia ?

Les villes les plus proches étaient à plusieurs heures de cheval alors il fallait avoir une bonne raison pour faire un aussi long chemin. Seungmin jeta un rapide coup d’oeil à son hôte avant de se tasser dans le lit. 

— Je suis fatigué, je pense que j’ai besoin de repos.

Wonpil arqua un sourcil mais acquiesça néanmoins.

— Oui je comprends, tu dois reprendre des forces, je vais te laisser dormir.

Il aida Seungmin à s’allonger en organisant les oreillers et tira le rideau même si ça ne servait pas vraiment à grand-chose tant il était fin.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi.

— Merci beaucoup Wonpil.

Ce dernier lui adressa un sourire et quitta la cabane. Laisser le plus jeune dormir lui donnait assez de temps pour aller vérifier ses pièges et peut-être cueillir des champignons, il pourrait ainsi cuisiner quelque chose de plus consistant pour son invité.

À la nuit tombée, Seungmin était resté éveillé quelques heures pour se sustenter et il s’était intéressé à la vie de Wonpil, bien que celui-ci trouvait qu’elle n’avait rien de bien passionnant pour une autre personne que lui.

Au moment de se coucher, Seungmin fût surpris de voir son hôte se déshabiller devant lui afin d’enfiler ses vêtements de nuit sans aucune pudeur. Il le fut encore plus lorsqu’il souleva les couvertures pour s’installer à ses côtés. Seungmin se colla au maximum contre le mur afin de ne pas toucher son sauveur et il l’observa, les yeux papillonnant.

— Désolé mais je n’ai qu’un lit alors on va devoir le partager, expliqua Wonpil.

Lui n’était pas gêné pour deux sous de dormir avec son invité, bien au contraire, un peu de chaleur humaine n’allait pas lui faire de mal. Seungmin le regarda curieusement pendant un moment avant de finalement trouver la situation confortable et de fermer les yeux.

— Merci pour tout, murmura-t-il avec un sourire.

— Hum.

***

Ils s’étaient réveillés assez proches l’un de l’autre puisqu’ils avaient bougé dans leur sommeil et que le lit n’était pas bien grand, mais aucun des deux n’avait fait de remarque. Wonpil avait annoncé devoir se rendre en ville puisqu’il n’avait pas pu le faire la veille, et Seungmin avait insisté sur le fait que sa cheville le faisait souffrir et qu’il ne pouvait donc pas l’accompagner. Le guérisseur n’y avait pas vu d’inconvénient, son invité avait besoin de repos et il ne risquait pas de s’enfuir ni d’avoir des problèmes en restant à la cabane. Wonpil lui avait prêté des vêtements et s’était assuré qu’il reste assez de nourriture et d’eau jusqu’à son retour. 

En rentrant le soir, Wonpil avait trouvé Seungmin installé sur l’une des marches de la cabane en compagnie d’un des moutons qui s’était montré curieux.

— J’espère que tu ne t’es pas ennuyé ? demanda Wonpil en détachant Fringuant de la charrette.

— Non pas du tout, j’ai réussi à marcher un peu et j’ai passé du temps avec les animaux.

— Je vois ça.

Il s’approcha pour vérifier sa cheville.

— Rentre, je vais devoir refaire ton bandage, tu as dû forcer, c’est plus gonflé que ce matin.

Il alla chercher de l’onguent et un linge propre et s’occupa de la foulure. Seungmin l'observait curieusement, presque gêné de le voir manipuler sa cheville. Ça lui donnait l’impression qu’il s’agissait d’un geste intime, il n’avait d’ailleurs pas le souvenir d’avoir déjà été aussi proche de quelqu’un. Ils avaient même dormi dans le même lit et s’étaient presque réveillés dans les bras l’un de l’autre. 

— Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta Wonpil. Tu es tout rouge, tu te sens mal ? 

— Non non ! Tout va bien, je. Non c’est rien.

— Tant mieux alors, je ne voudrais pas que tu aies attrapé de la fièvre à cause d’une plaie infectée. Dis le moi surtout si tu ne te sens pas bien.

Seungmin acquiesça et inspira profondément pour se calmer. C’était bien la première fois que quelqu’un lui faisait autant d’effet pour si peu.

***

Les jours avaient passé, Seungmin n’avait toujours pas parlé de sa vie d’avant à son hôte, il appréciait sa compagnie, le côté simple de son quotidien. Wonpil vivait au jour le jour, sans trop se poser de questions. Cette tranquillité plaisait beaucoup au plus jeune et finalement, il se demandait de plus en plus s’il n’allait pas proposer au guérisseur de rester avec lui. Wonpil quant à lui, bien qu’adorant vivre seul, s’était habitué à avoir Seungmin à ses côtés, la cohabitation se passait bien. Le partage du lit ne les dérangeait pas le moins du monde et une certaine complicité s’était installée entre eux. Complicité qui, ils le sentaient, pouvait prendre un tout autre tournant à tout moment. Ça se lisait peut-être dans leurs regards ou dans leur façon de se parler ou de s’effleurer parfois l’air de rien.

Seungmin était toujours réticent au fait de se rendre en ville mais Wonpil ne lui en tenait pas rigueur, il pouvait comprendre qu’en ayant longtemps vécu dans un endroit comme celui-là on pouvait préférer la vie tranquille et calme de la forêt. Mais un événement particulier lui avait mis la puce à l’oreille. Il n’avait pas osé aborder le sujet tout de suite, et encore moins après ce qui était arrivé un soir. 

Wonpil s’était laissé tomber sur le lit, les bras en croix, éreinté après une journée passée en ville. La route l’avait épuisé et les clients aussi, et il avait très envie de dormir même si le soleil n’était pas encore couché. Seungmin s’approcha lentement, il l’avait aidé à décharger la charrette et s’était occupé des corvées durant son absence, ils étaient donc tranquilles jusqu’au lendemain. 

Seungmin s’assit sur le bord du lit et Wonpil ouvrit les yeux à moitié, le plus jeune lui sourit et lui caressa doucement la joue tandis qu'il lui prenait l’autre main.

— Je t’embête ? demanda Seungmin d’une petite voix.

— Non, tu ne m’embêtes jamais, pourquoi ?

— On n’a jamais parlé de, du fait que je pouvais rester ou pas ici avec toi ?

— Tu sais petit prince, souffla Wonpil en se redressant sur un coude, si je n’avais pas voulu de toi chez moi, premièrement je ne t’aurais jamais amené ici et deuxièmement, je t’aurais vite mis à la porte. Alors si tu ne l’as pas encore compris, tu peux rester ici aussi longtemps qu’il te plaira.

Seungmin hocha doucement la tête tout en entrelaçant ses doigts avec ceux de son aîné d’un air absent. 

— Il y a autre chose ? ajouta ce dernier en s’asseyant cette fois-ci sur le matelas.

Ils étaient si proches qu’ils pouvaient sentir la chaleur corporelle de l’un et de l’autre. 

— À vrai dire, oui.

— Je t’écoute.

— En quelle qualité ?

Wonpil arqua un sourcil.

— Que veux-tu dire ?

— Si je décide de rester ici, qu’est-ce qu’on serait l’un pour l’autre ?

Cette fois Wonpil cligna des yeux et Seungmin osa timidement le regarder. Il attendait quelque chose de lui, quelque chose de plus. La commissure des lèvres de Wonpil s'étira légèrement, et il rapprocha un peu plus son visage de celui de son cadet.

— Tout dépend de ce que tu aimerais qu’on soit.

Ses paroles s’étaient échouées comme un souffle sur les lèvres de Seungmin qui avait machinalement fermé les yeux. Tout de suite après, il avait senti la bouche de Wonpil se poser délicatement sur la sienne. Sa main était venue presser sa nuque lorsqu’il fut assuré que son petit prince était d’accord pour cet échange un peu particulier. Seungmin se laissa faire, visiblement novice ou du moins peu expérimenté à en juger par la façon dont ses lèvres remuaient maladroitement contre celles de son aîné. 

Sans se séparer, ils changèrent un peu de position afin de pouvoir s’embrasser avec un peu plus de passion. Wonpil était allé chercher la langue de Seungmin et le baiser s’était vite fait plus langoureux jusqu’à ce que le second y mette fin, comme s’il avait quelque chose d’important à dire.

— Je te dois la vérité, murmura-t-il tandis que Wonpil lui caressait doucement la joue.

Sa tête était légèrement inclinée sur le côté et il observait son vis-à-vis d’un air tendre. 

— Parce qu’on est quelque chose ?

Son cadet hocha la tête, ses joues virant au rouge. Oui, il voulait que Wonpil sache tant qu’ils n’étaient pas engagés dans quelque chose de trop sérieux, tant qu’il était encore temps de changer d’avis pour l’un comme pour l’autre.

— Je t’écoute, lui dit-il d’une voix douce sans cesser ses caresses. 

— Je sais très bien ce qu’il s’est passé le jour de mon accident. Je t’ai menti.

Wonpil n’eut pas vraiment de réaction, il le savait, enfin il s’en était douté.

— J-je viens d’une famille noble de Yeris. Mes parents, pour faire prospérer leur famille, on organisait un mariage avec la fille d’un noble de Sidylia sauf que je, hum. Je suis attiré par les hommes depuis que je suis tout petit mais je ne pouvais pas leur dire ça, alors j’ai monté un plan. 

Il fixait le sol et jouait avec les doigts de Wonpil qui le regardait toujours, sans le juger, il était simplement curieux et attentif.

— J’ai payé des bandits pour qu’ils attaquent le convoi qui devait m’amener à Sidylia pour rencontrer la famille de ma promise. Après avoir pillé nos biens, ils devaient dire avoir été payés par sa famille afin que mes parents décident d’annuler notre union. Sauf que…

— Ça ne s’est pas passé comme prévu ?

— Non, à cause de ma couardise, ils ont tout pris et ont blessé les personnes qui m’accompagnaient. Ils n’auraient pas non plus dû me laisser pour mort, ça n’était pas prévu comme ça. J’ai mis des gens en danger pour mon propre confort et parce que je suis un lâche.

Sa voix s’était faite plus faible et il s’était renfrogné. Wonpil était alors venu se draper dans son dos, déposant sa tête sur son épaule et pressant ses lèvres sur sa tempe à plusieurs reprises.

— Pour être honnête, murmura-t-il à son oreille, je me doutais un peu que ça devait être une histoire dans ce genre lorsque je t’ai trouvé. Ta tenue ne laissait aucun doute quant au fait que tu appartenais à la noblesse et je trouvais justement cela étrange que tu aies été abandonné. L’intérêt d’un guet-apens aurait justement été de te garder et de demander une rançon, pas de te laisser sur le bord du chemin, ça n’avait aucun sens.

Seungmin déglutit et appuya ses caresses sur les mains de son aîné tandis que celui-ci continuait :

— Pour le reste, je ne vais pas te contredire. Je peux comprendre tes motivations premières mais il est en effet vrai que tu as mis des vies en danger pour ta propre personne. Mais sache que ça n'est pas à moi de te faire la morale et je t’accepte tel que tu es. Avec ton présent mais aussi ton passé. 

Son cadet se tourna vers lui et planta ses yeux tristes dans les siens.

— Tu voudrais toujours de moi, malgré tout ?

Wonpil fit mine de réfléchir avant de prendre le visage de Seungmin en coupe.

— Tu aurais pu être n’importe qui et avoir fait n’importe quoi. Je t’ai trouvé et j'ai décidé de m’occuper de toi. Pour le reste, reprit-il en prenant un air malicieux, il est tout bonnement hors de question que je te laisse à cette noble.

Seungmin eut juste le temps de le voir sourire avant que les lèvres de Wonpil soient de nouveau sur les siennes.

— Je peux vraiment rester alors ? demanda-t-il néanmoins entre deux baisers.

— Hum, autant de temps que tu le voudras.

*FIN*