Texte de l'auteur 6 : Lola253g1005

Daewen court. Elle court le plus vite possible dans la forêt. Ses pieds frôlent à peine le sol et la propulsent le plus loin possible. Ses longs cheveux bruns volent derrière elle. Son arc replié dans son dos suit chacun de ses mouvements  et ses bracelets restent fermement accrochés à ses poignets.

Daewen savoure ce moment de liberté qu'elle peut avoir dès qu'elle se met à chasser. Elle brandit son arc, bande son bras et tire une flèche qui fend l'air pour se ficher dans le tronc rugueux d'un arbre. Aussitôt, elle prend le maximum  d'élan et bondit sur la flèche en métal pour atterrir sur une branche solide. Pour autant, elle n'arrête pas sa folle course et traverse le feuillage des arbres en passant de branches en branches.

Elle aime la sensation de l'air sur son corps, une caresse naturelle qui s'empare d'elle et la transporte partout où elle veut. Soudain, Daewen s'arrête net. La branche sur laquelle elle est située n'a pas de suite. Elle est au-dessus d'un  ravin.

Daewen baisse les yeux. Au-delà du ravin, il y a un village. C'est celui de la tribu voisine à la sienne. Ils ne sont pas dangereux mais il vaut mieux les surveiller pour s'assurer qu'ils ne nuisent pas à son propre clan. Daewen les observe  depuis longtemps. Ils paraissent heureux, paisibles et en bonne santé. Des enfants jouent dans un coin tandis que le chaman prépare des potions médicinales. Leurs tatouages sont bleus alors que ceux de la tribu de Daewen sont verts. Leurs coutumes sont à peine  plus différentes que les leurs.

Le souffle de Daewen se met soudainement à ralentir et son pouls manque un battement. Un jeune homme est sorti d'une hutte et se déplace doucement dans le village en saluant tous ceux qu'il croise. Daewen l'a reconnu, c'est le garçon qui  la fascine depuis qu'elle l'a vu la première fois qu'elle avait vu le village. C'est comme si elle le connaissait depuis toujours. Elle a entendu une fois une femme l'appeler par son nom. Il se nomme Meric. Elle aime beaucoup ses cheveux blonds foncés et ses  yeux bruns. Il est généreux aussi et d'après ce que j'ai entendu, c'est un modèle pour tous. Il tourne la tête vers Daewen. Elle ne sait jamais s'il la voit car il détourne toujours le regard quelque secondes plus tard et retourne à ses occupations habituelles.

Daewen en a assez vu. Elle se retourne et recommence à courir aussi vite que ses muscles le permettent. Elle rentre dans son village. Ses parents sont les chefs du clan et l'accueillent avec joie et sourires. Daewen aime l'ambiance qui  règne dans le camp : les rires, les chants, les mots. Elle s'y retrouve. La chamane s'approche alors d'elle comme elle le fait souvent et lui prend le bras. Elle lui relève le menton et la regarde de ses yeux de vieille chouette.

- Les esprits ont parlé mon enfant. Un ennemi venu d'ailleurs menace notre clan et la forêt, ils arrivent, je les entends. Un élu de chacun des deux clans de la forêt viendra et ensemble, ils devront rétablir l'équilibre et sauver la forêt.  Tu comprends ?! C'est très grave !

Daewen secoue la tête et retire son bras. La chamane raconte souvent des bêtises et ce n'est pas la première fois qu'elle prédit la chute de la forêt. Il vaut mieux ne pas l'écouter. Daewen prétexte qu'elle doit aller se reposer pour s'éclipser.  Elle rentre dans sa hutte et s'allonge sur sa paillasse. Le sommeil s'empara doucement d'elle et elle s'endormit doucement bercée par les chants amazones de son clan.

Daewen se réveilla en sursaut. Autour d'elle, les cris, la lumière, la chaleur, une odeur nauséabonde. Daewen se précipita en dehors de sa hutte. Elle vit avec effroi ce qu'il se passait. Des hommes différents d'elle et de ceux de son clan  étaient en train de tout détruire. Ils tuaient les hommes, brûlaient les arbres et les habitations et ravageaient tout. Daewen appela ses parents en criant de toutes ses forces, tout en esquivant les différents objets qui manquaient de tomber sur elle. Elle  continua à chercher quand une main s'agrippa à sa cheville. Il s'agissait de son père qui était à moitié mort. Daewen s'approcha de lui en pleurant, il était dans un sale état. Il lui prit la main et approcha son visage de son oreille pour lui murmurer :

- Va ma fille. Tu es la plus douée des chasseresses, sauve la forêt, va-t'en !

Daewen le regarda une dernière fois et se sauva. Comme elle le faisait à chaque fois, elle courut, courut, courut encore. Elle ne savait même plus où elle était. Elle ne voulait plus jamais s'arrêter. Une flèche s'abattit soudain juste  à côté d'elle. Elle lui était passée juste en dessous de l'oreille et avait failli lui ouvrir le cou.

Daewen se retourna rapidement. Devant elle, la tenant en joue avec son arc, il y avait Meric, le garçon du village d'en face. Daewen n'osa plus bouger. S'il relâchait son bras, elle était morte. Elle le regarda droit dans les yeux. Ils  restèrent là comme ça pendant un temps imprécis à se regarder intensément. Elle en était sûre maintenant, à chaque fois qu'elle venait espionner son village, il la voyait, c'était certain. Meric relâcha son arc et s'avança vers elle.

- Toi aussi, ils ont détruit ton village ?

- Oui mais qui sont-ils ?

- Je n'en sais rien mais j'ai eu une sorte de vision.  Il y a un temple pas loin. Nous devons y aller et trouver le cœur de la forêt. Et alors là seulement elle sera sauvée.

Il fut interrompu par des bruits violents venant de leur gauche. Meric prit la main de Daewen et lui dit :

- Suis-moi !

Ils coururent à travers les arbres et toute la végétation. Daewen put se rendre compte que lui aussi courait très vite et ils arrivèrent rapidement devant le temple.

-On y va.

Ils avancèrent à l'intérieur. Daewen eut soudain un mauvais pressentiment et se jeta sur Meric pour l'aplatir au sol. Un quart de secondes plus tard et des pointes effilées en métal passait au-dessus d'eux. Quelques instants plus tard et  c'était Meric qui la protégeait d'un piège. Ils avaient beau ne pas se connaître, ils étaient en symbiose. Par deux fois ils manquèrent de mourir dans le temple à cause de pièges et des ennemis qui s'offraient à eux mais ils ont tenu bon. Les hommes mauvais  qui avaient tué leurs clans ne réussirent pas à les rattraper tant ils étaient en harmonie et ils finirent par arriver au cœur de la forêt.

C'était un rubis rouge en forme de feuille qui semblait battre comme un véritable cœur. Leurs mains se posèrent dessus et ils hurlèrent le nom de leur clan de toute la force qu'il leur restait. Une lumière éblouissante arriva et les frappa  de plein fouet. Les deux amazones s'évanouirent.

Quand ils se réveillèrent tout avait disparu. Leurs clans, les hommes qui avait voulu tout détruire et toute la forêt semblait ressourcée. Meric prit la main de Daewen qui lui sourit et ils coururent de nouveau vers le futur qui les attendait.  Leurs clans et toute leur famille avait été décimée mais un bel avenir s'offrait à eux quel qu'il soit.