Le règne des sorciers partie 1
Hadryen grimaça, la réunion ne se passait pas du tout comme prévu. Alors qu'ils devaient discuter de leur stratégie pour gagner la guerre contre les loups garous, le roi des sorciers, sur les conseils de ses ministres, pensait à une déclaration de paix. Il agrippa des deux mains le rebord de la table, et ses jointures blanchirent. Surpris, ses comparses se turent, et l'observèrent. D'un mouvement du menton le Grand Mage lui enjoignit de parler. L'homme laissa alors exploser sa fureur.
- Vous êtes tous fous ! ils nous massacreront si nous baissons notre garde, ce sont des bêtes. Vous savez ce que ces créatures peuvent faire ! Cracha-t-il, en désignant son visage, zébré de trois longues cicatrices, qui datait d'un accident durant son enfance.
Le roi, en bout de table eut un mouvement d'impatience.
- Hadryen, il y'a toujours des exceptions, ne laisse pas ton passé noircir notre futur, je dois prendre les décisions nécessaires pour notre peuple ! Tonna-t-il.
Les ministres opinèrent de la tête, et ils reprirent leur conversation sans tenir compte de la colère qui contractait les traits du visage du conseiller. Il s'enfonça dans son siège, tenta du mieux qu'il pouvait de faire disparaître la rage dans son cœur. Mais rien y faisait, son esprit criait vengeance, et cela depuis trop longtemps. Essayant de se calmer, il entreprit de détailler la salle de Conseil, trop familière à son goût.
La pièce ronde abritait une majestueuse table, où s'asseyaient le Grand Mage, ses ministres et son conseiller. Les murs étaient recouverts d'une tapisserie rouge sur lesquels trônaient de magnifiques tableaux pour égayer la salle. La moquette aux arabesques colorées, laissait apercevoir la trace du temps, par les empreintes de pas que laissaient les personnes qui venaient ici.
Mais son esprit empli de ressentiment ne pouvait le laisser tranquille, il le torturait, lui murmurant à l'oreille, quelle délectation cela serait de faire souffrir celui qui lui avait fait cette blessure. Pour finir, l'image traumatisante de sa petite fille dans la gueule d'une de ces bêtes acheva toute ses barrières.
Il se leva difficilement, et fit trois pas avant de s'écrouler, ses épaules agitées de spasmes, des sanglots venus du fond de sa gorge. Il s'agrippa aux accoudoirs de son fauteuil sans réussir à se relever. Il baissa la tête, ne supportant pas les regards emplis de pitié du chef et des ministres. Il savait ce qu'ils se disaient : « Quand il était petit, il été griffé par un loup garou fou », « pauvre homme », « tu savais que sa fille et sa femme ont été tuées par un autre lycanthrope ? » , « C'est normal qu'il les haïsse »
Il serra les dents et se releva, les jambes tremblantes. Il se rassit lourdement, attendant que le débat se poursuive.
Le roi s'éclaircit la voix.
- Je pense que vous devriez vous retirer, ce n'est pas contre vous, mais vos précédents griefs contre les loups-garous vous amène à prendre des décisions hâtives.
Hadryen resta bouche bée.
A aucun conseil, le chef ne lui avait demandé de partir. Pour cause, amis d'enfance, ils s'étaient de plus en plus rapprochés. Ils prenaient toujours un moment pour parler comme dans le bon vieux temps, en plaisantant. C'était son meilleur ami depuis toujours, et cette requête lui paraissait comme une trahison. Il se leva maladroitement, et parcourut le chemin jusqu'à la porte avec de grandes enjambées. Il s'arrêta sur le seuil, et se tourna vers la petite assemblée.
- Vous le regretterez tous, ce n'est pas le bon choix. Murmura l'homme, d'une voix blanche.
Il partit cette-fois ci sans se retourner, les dents serrées. Sans hésitation, il se dirigea vers la Bibliothèque du palais. Il fit un effort pour se montrer sous son meilleur jour quand il rencontra la bibliothécaire.
- Bonjour, Aiden ! s'exclama Hadryen d'un air enjoué.
- Bonjour, Monsieur le conseiller, je peux vous aider ? Répondit poliment la vieille femme.
- Oh non, je sais très bien où se trouve l'ouvrage que je cherche ! Garantit le Conseiller.
La bibliothécaire plissa les yeux, suspicieuse.
- Si c'est dans le rayon de magie noire, il vous faut un mot signé du roi. Objecta-t-elle.
- En fait ...oui, je viens de la salle du conseil, c'est lui qui m'a demandé d'aller chercher le livre, il n'a pas eu le temps de me signer un mot. Tenta l'homme.
- Dans ce cas là, je peux envoyer un serviteur dans la salle du conseil pour...
- Non ! s'écria Hadryen. Enfin, il y'a un conseil important, cela ne serait pas convenable de déranger sa Majesté ! Se reprit-il.
Elle afficha alors un sourire radieux, et le laissa passer en s'excusant. Le mage fronça les sourcils, surpris, et entreprit de marcher jusqu'aux rayons de livres. Mais aussitôt qu'il fut hors de sa vue, marchant entre les rayonnages, elle appela un serviteur et lui murmura quelque chose à l'oreille. Avant même qu'elle ne se soit relevée, il partit en courant, en direction de la salle du conseil.
Le conseiller trottait dans les rayonnages, conscient que le temps lui était compté. Lorsqu'il trouva enfin la bonne étagère, ses yeux parcoururent fiévreusement les titres de livres de magie noire. Il saisit un vieux volume et le feuilleta rapidement, les doigts parcourant les lignes à toute vitesse.
Dans le silence de la bibliothèque, il entendit une conversation à l'accueil, et le bruit d'armes. Paniqué, l'ouvrage lui échappa des mains, les sons des pas des soldats semblaient de plus en plus proches. Il ramassa le livre, et par pur hasard, se trouva à la page qu'il avait vainement cherché. Hadryen lut avidement la formule, la gravant à jamais dans son esprit. Il referma le volume, et réfléchit à un moyen de s'en sortir. Un sort de téléportation prendrait trop de temps. Les boucliers de la garde empêchaient la magie. Il grimaça, il allait devoir faire croire qu'il n'avait pas eu le temps de trouver le sortilège.
Le conseiller remit l'ouvrage à sa place, et fit semblant de chercher le bouquin, pendant que les soldats approchaient. D'une minute à l'autre ils seraient la.
Lorsqu'ils débarquèrent, à l'autre bout de la rangée, ils ne pouvaient se douter qu'il avait déjà mémorisé la formule. Ils l'entourèrent, pendant qu'il réprimait un sourire.
- Vous êtes arrêté, pour avoir tenté d'interférer avec une décision de Sa Majesté. Tonna le capitaine de la garde.
- De toute façon, je n'ai rien pu trouver... Se lamenta Hadryen en tendant ses mains.
Mais personne ne pouvait savoir quelle formule il était allé chercher. Oh, non, personne n'oserait penser à cette formule, tellement elle corrompait l'âme et le corps de celui qui la lançait. De plus, il fallait avoir une volonté de fer pour qu'elle fasse effet, mais son désir de vengeance était si grand, qu'il ne doutait pas un instant de sa réussite.
Etonné, le capitaine lui mit les menottes et l'escorta à travers le palais accompagnée de la garde. A leur passage, les courtisans les regardaient, surpris. Le conseiller était le plus proche ami du roi, qu'avait-il fait de si terrible, pour être arrêté ?
Ils le conduisirent dans la suite personnelle du roi, dans le salon plus précisément, là où il avait tant ri avec son ami. Le roi était assis dans son fauteuil favori, le regard préoccupé.
Lorsqu'il le vit entrer, il se leva immédiatement.
- Grands Dieux ! Mais pourquoi a-t-il des menottes anti-magie ? Je vous avez demandé de me le conduire ici le plus vite possible, mais pas comme un prisonnier !
- Votre Majesté, il trainait dans le rayon de magie noire, comme le disait la bibliothécaire ! Répliqua le capitaine.
Les épaules du Roi se crispèrent.
- Libérez-le, puis, laissez-nous seuls. Ordonna-il dans un souffle.
Les soldats réticents, obéirent toutefois, et le salon ne contint plus que les deux amis, se confrontant du regard.
Le Grand Mage soupira.
- Assieds-toi. L'enjoignit-il.
Hadryen s'assit, méfiant.
- Je sais que la mort de ta femme et de ta fille t'a profondément marqué, mais il n'est pas question de mettre tous les lycanthropes dans le même panier ! Commença le roi.
Silence.
- Dis-moi, que faisais-tu au rayon de magie noire ? Demanda son ami, la voix tremblante.
- Un moyen de rendre les loups-garous inoffensifs, mentit le conseiller.
- J'ai cru un instant que tu voulais utiliser la formule interdite, celle qui donne le contrôle d'une personne ! il faudrait d'ailleurs la mettre en sécurité, seul toi et moi connaissons ce livre, et où il se trouve ! De toute façon, tu ne l'aurais jamais utilisé contre moi, hein ? S'exclama le Grand Mage, légèrement rassuré.
- Non je ne te ferais jamais ça, tu es mon... Sa voix se brisa, et une larme coula sur sa joue.
Il s'apprêtait à lancer un sortilège qui anéantirait la volonté de son ami, le rendre pire qu'un légume. Il ne pouvait pas le faire, c'était au dessus de ses forces. Mais sa soif de vengeance ne lui laissait pas le choix, il devait le faire, pour le bien du peuple, pour que plus personne ne puisse vivre ce qu'il avait vécu.
- Je suis désolé, je n'ai pas le choix... prononça le conseiller, sous le regard incompréhensif du roi.
Et il récita la formule.
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