3022 - La découverte - 2
L'atterrissage de l'ATHENA se déroula sur une plaine parfaite, très différente de tous les endroits où Mark avait posé un vaisseau.
Mars était aride et sans visibilité, Vénus était un enfer sous une pluie acide, mais cette planète sans nom réunissait toutes les caractéristiques des meilleurs aéroports de sa planète, ça manquait singulièrement de chalenge. S'il n'y avait pas cette vue sur des bâtiments de métal et de verre à perte de vue, il se serait ennuyé prodigieusement.
- Tu es sûr qu'il n'y a aucune vie sur cette planète Albert ?
- Pas la moindre trace, Commandant.
Ils restèrent un moment à regarder les écrans de contrôles avant de prendre la décision de sortir.
- Peut-être que ceux qui ont construit tout ça ont été poussé à l'exode à cause des radiations ?
- Il y a quelque chose d'étrange, remarqua Maria, ce monde à l'air neuf.
Les écrans étaient de très bonne qualité, de même que les caméras, mais rien ne valait une bonne vieille sortie. Ils enfilèrent leurs combinaisons antiradiations, s'assurèrent de leur parfaite étanchéité, et sortirent du vaisseau.
Maria fut la première à poser le pied sur ce qui n'était pas encore Zoro-Astre 424. Elle se retourna vers son mari.
- Ce n'est pas le genre de moment où je devrais sortir une phrase inspirée ?
- T'es inspirée là, maintenant ?
- Non... avoua t'elle. J'ai peur...
- Moi aussi mon amour... Moi aussi...
Les rues propres et perpendiculaires de cette ville qui, selon les estimations d'Albert, faisait quatre fois la taille du Texas , rendait l'exploration planétaire proche de la flânerie. Il était difficile pour eux de ne pas se laisser aller à errer dans ces rues désertes, mais ils tenaient à rester dans un périmètre de deux cents mètres carrés autour de l'ATHENA.
Ils n'osaient pas encore s'approcher des bâtiments et marchaient le plus possible au centre des allées. L'ensemble avait quelque chose de familier, Maria qui s'intéressait à l'architecture y voyait un savant mélange de futurisme du milieu du XXème siècle, et d'incongruité à la Jean Nouvel, cet architecte français du début du XXIème siècle connu pour avoir durablement enlaidit Paris. Le tout était parsemé de digressions amusantes : en bon cinéphile Mark avait repéré un groupe de structures qui semblaient inspirées de la forteresse de la solitude de Superman, à moins que ce ne soit une réplique dépoussiérée d'un temple mormon... Il chassa ces idées de sa tête. Coller des critères esthétiques terriens sur des bâtiments extraterrestres n'avait pas de sens, même si c'était rassurant.
Ce qui l'était moins, c'était les bruits métalliques qu'ils entendaient de plus en plus fort. Des battements de métal contre du métal, des bruits de pas. Ils n'eurent pas besoin de se regarder, c'est quasiment en même temps qu'ils appelèrent l'ordinateur.
- Albert ?
- Oui commandant ?
- Est-ce que, à tout hasard, tu détecterais des mouvements dans notre direction ?
- Oui commandant, je repère environ deux cents unités non-hostiles qui convergent dans votre direction.
Pas bon ça.
- Albert, s'énerva Maria, avait tu repéré ces mouvements quand nous étions en orbites ?
- Absolument, Docteur Sertakian, ne vous avais-je pas mentionné que les structures de cette planète sont automatisées ?
- Tu nous avais dit qu'il n'y avait pas de vie sur cette planète s'impatienta Mark.
- Je le confirme, il n'y a pas le moindre organisme vivant sur cette planète, rien que des robots.
Imbécile d'ordinateur.
Ils virent des pans de murs devenir transparents. Ces robots qu'Albert décrivait comme inoffensifs (ça restait à prouver) étaient de forme humanoïde, de la taille d'enfants de dix ans avec sur leur tête rien d'autres que des yeux gigantesque qui leur prenait la moitié du visage. Le « crâne » était surmonté d'une forme noire et pointue tirée vers l'arrière.
- Astro boy... murmura Mark
- Pardon ? dit Maria
- Le commandant fait allusion à une série d'animation du vingtième siècle crée par Osamu Tezuka. Les robots que vous voyez peuvent évoquer une vague ressemblance avec le héros de...
- Albert ! On ne t'a rien demandé !
Mark ne décolérait pas du fait qu'une I.A aussi puissante ait pu avoir la stupidité de ne pas prendre une création robotique intelligente comme une forme de vie.
Il y en avait aussi dehors. Certains volaient dans les airs à l'aide de propulseurs visiblement situés dans leurs pieds, comme pour donner raison à Mark. Il y en avait devant eux, derrière eux, au-dessus d'eux. Ils s'approchaient lentement, à la vitesse des vieillards curieux et un peu craintif.
- On fait connaissance ? demanda Maria, apeurée.
- Non, On cours !
La peur d'être attaqués, de se perdre, d'endommager leurs combinaisons et d'aggraver leur situation ne les faisait pas courir à pleine vitesse.
Les robots réagirent peu devant cette fuite. Ils tournèrent la tête de concert comme les spectateurs d'un match de tennis au ralenti. Ils passèrent devant ceux qui se tenaient devant eux sans rencontrer d'opposition. Les robots les laissaient passer avec une royale indifférence.
Après trois minutes de courses, Mark se rendit compte que Maria n'était plus à côté de lui. Il tourna sa tête en arrière, sans s'arrêter de courir.
- Mark ! Fais attent...
Elle n'était pas très loin derrière lui, mais moins loin que le petit robot qui le fit trébucher et tomber, la tête la première. Il se releva aussi vite qu'il était tombé, s'appuyant sur ses mains. Maria criait et il ne comprit pas pourquoi, puis il saigna du nez.
Maria ne courrait plus, elle ne voyait que la déchirure au bras de la combinaison de son mari. Ils échangèrent un regard. Mark saignait déjà des yeux. A plus de quatre années lumières du premier hôpital, l'issue ne faisait aucun doute.
Alors elle enleva son casque.
Survivre seule sur cette planète qui lui prenait son homme à la première sortie n'avait plus le moindre intérêt. Tout ce qu'elle voulait, c'était être dans ses bras, une dernière fois.
Les robots ne lui en donnèrent pas l'occasion.
Des bras les soulevèrent du sol sans ménagement. En deux secondes ils étaient à cent mètres au-dessus du sol, ça ressemblait à la ville la plus minérale, la plus morte et la plus triste qu'ils avaient jamais vu. C'était magnifique.
Ils volèrent vers un immeuble au gigantisme absurde qui devait faire dans les deux cents mètres de hauteur. Maria sentait les gouttes de sang partir de son nez, de ses yeux, de ses oreilles et partir en arrière. Mark avait perdu connaissance, et quand des tentacules métalliques monstrueuse l'arrachèrent des bras des robots, elle fit de même.
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