Arrivant au salon, on vient s'installer à notre lieu habituel sur les canapés...

-Que comptez-vous faire ?

Ezio se lève en premier, tout en s'étirant les bras.

-Je vais retourner voir le Fort Lunaro, j'ai des conseils à donner à des Qinaes de là-bas.

On acquiesce tous les trois, et il sort par la porte d'entrée. Les deux filles et moi nous croisons le regard, Fran se lève à son tour, ou plutôt lévite pour se décoller du canapé.

-Je vais aller voir Cassandre et Alan, aux Limbes, on a trop de choses à raconter !

-Aucun souci !

Fran hoche la tête puis disparais, Mona se lève à son tour, me souriant tout en prononçant :

-Je serais sur l'île où on était quand la comète est passée, si tu me cherches... Si tu n'as nulle part où aller, le but principal d'un chef est de s'assurer que ces alliés vont bien.

Me dit-elle en souriant avant de se diriger vers la sortie, ouvrant la porte et la fermant derrière elle. Je peux entendre ses bruits d'ailes alors qu'elle s'envole... Je suis donc seul sur le canapé, et si elle avait raison ?

Je pourrais aller les voir individuellement, sur les lieux où ils sont, Blaz je n'ai pas la nécessité de retourner le voir. J'ai déjà revu le Roi... Je sais, je sais où me rendre, je me lève et utilise la magie pour me téléporter en haut du cratère du renard.

[11h05]

J'arrive au bord du cratère, qui était moins profond que je le pensais, aucun mage de glace n'est présent. Ce renard m'en aura fait baver, je peux encore entendre ces cris et le bruit de sa magie dans mes oreilles, c'était le seul ennemi vraiment plus fort que moi, après le béhémoth bien sûr.

Je suis vraiment aussi fort ? Du moins à la Plaine Céleste, car quelque part dans les dimensions, il y aura forcément quelqu'un pour me surpasser.

-Tu es le plus fort... Si je n'avais pas eu ce cadeau de Cassandre, je ne t'aurais pas tué...

Je pose mon attention vers la vue derrière moi, où je vois toute la Plaine Céleste, le vent gelé du nord balayant mes cheveux. Mona a raison, je dois prendre mes responsabilités de chef, et les assumer... Mais par qui commencer ?

Voir Fran alors qu'elle a beaucoup de choses à raconter à Cassandre et Alan, ce serait un peu le mauvais moment. Ezio devrait être la première personne que je devrais voir, je garde Mona pour la fin, car...

Je me secoue la tête, arrêtant de me poser des questions. Je déploie mes ailes et m'envole, pour aller voir Ezio par téléportation

[11h13]

J'apparais dans le fort, voyant Ezio en train de regarder des guerriers se battre entre eux avec des épées en bois. Je m'avance vers lui, il tourne la tête vers moi.

-Tu es venu voir leur entraînement ?

-Un peu, et car j'ai une question à te demander...

Il me regarde, intrigué, attendant ma question, alors que je regarde les deux guerriers je lui pose ma question :

-Si tu devais t'engager dans un combat où tu es certain d'y laisser la vie, mais que tu dois rester face au danger pour aider tes amis... Le ferais-tu ?

Ezio prend un air sérieux, abandonnant son air détendu, tandis qu'il regarde les deux guerriers.

-Si je peux emmener d'abord mes amis en lieu sûr, je le ferai pour ensuite me concentrer sur le combat, mais si ils n'ont aucun moyen de s'enfuir... Alors je me battrais, quitte à mourir... Je ne sais pas si ma réponse te suffit...

-Ça me suffit largement.

L'un des deux guerriers désarme l'autre, Ezio marchant vers eux et tapant des mains, ayant leur attention.

-Tu tiens pas ton épée assez fort, allez recommencez !

Il pourrait être un bon instructeur, ce mage... Je ne le dérange pas plus longtemps, me téléportant aux Limbes.

[11h25]

J'arrive non loin du trou de conversion, où je peux sentir trois signatures que je reconnais. J'entre dans le trou et descend vers la plateforme, les trois Divins me voyant arriver et me saluant, surtout Fran. J'atterris en dissipant mes ailes, Cassandre me regardant avec un air fier.

-Tu as eu un sacré culot, d'utiliser les deux épées, je ne serais pas intervenu dans ton esprit tu aurais succombé sans même lever le doigt.

Je rigole rapidement, admettant totalement ce que j'ai fait.

-Sur l'instant, c'est la seule chose que j'ai pensé faire pour être certain de le vaincre.

La jeune femme marche vers moi, sans bruit de pas, et pose sa main fantomatique sur mon épaule.

-Merci, à toi et tes amis, d'avoir protégé ma sœur. Même si elle est très forte, elle a un caractère assez...

-Hé !

Fran prend sa forme humaine et spectrale, mettant un coup à l'épaule de sa sœur.

-Je ne suis plus une gamine !

Cassandre rigole, je pose mes yeux vers Alan qui a toujours un air renfermé, il me prononce de sa position :

-Mieux vaut être fils unique, jeune homme, regarde ce qui se passe entre ces deux-là.

Les deux filles fusillent Alan du regard, Fran reprend sa forme Divine, mais l'homme ne réagit pas. Je recule légèrement, mais la petite le remarque et s'avance vers moi, me prenant dans ses bras pour me faire un câlin.

-Je te suis à jamais reconnaissant de m'avoir réanimé.

Je lui fais également un câlin, sans réfléchir au regard que peuvent avoir les autres Divins avec nous. On se libère en nous faisant un dernier regard, mais mon esprit me ramène à la réalité : Il ne me reste qu'une personne à aller voir...

-Sois honnête avec elle.

Fran me donne ce conseil de vive voix, totalement sincère, je la remercie et déploie mes ailes, quittant le trou de conversion en volant.

[PDV Fran]

La petite, avec ses deux amis, voient le héros quitter le trou des Limbes.

-Il a encore besoin d'expérience, mais le temps n'est pas un problème pour les Ailés.

Un rire se fait entendre, mais ce n'est pas un rire féminin : c'est Alan, qui affiche un sourire en mettant sa main devant sa bouche, mais dont les coins de ses lèvres restent visibles.

-Alan, c'est un sourire sur ton visage ? demande Cassandre, avec un ton pour être certaine.

En entendant la question, Alan se met à tousser et efface son sourire, gardant sa main devant sa bouche.

-Pas du tout, vous avez déliré.

Fran a parfaitement entendu, et ses yeux ne l'ont jamais trompé, ce qui la fait sourire à son tour.

-{C'est bien ça, ce qui fait ton charme, blondinet.}

[11h50]

J'apparais sur l'île à la cascade, et ma première vue est Mona, debout, au bord de l'île, ses cheveux détachés, ses bras abaissés, sa tête regardant la Plaine Céleste. Une vague d'émotions me parcourt et j'ai l'impression que mon cœur veut s'échapper de ma poitrine, j'inspire et m'avance vers Mona qui tourne la tête vers moi, souriant en me reconnaissant. Je me place à côté d'elle et regarde la vue... Aucune trace d'impact de foudre, ni de glace, tout a été nettoyé, comme l'a dit Lucius.

-Est-ce que tu crois au fait que tout soit écrit à l'avance ?

Me demande Mona sans me regarder, je souris et lui réponds : 

-Ça m'arrive d'y penser, mais le seul problème est qu'on ne sait pas ce qui est écrit... Si on m'avait dit que j'aurais une épée, que je formerais un groupe qui sauverait la Plaine... Jamais dans mon âme je prendrais ça au sérieux...

Mona sourit, ses cheveux longs bougeant avec la brise de face.

-Je le pense aussi...

Je la regarde, on se croise le regard, ma bouche a envie que je lui dise les mots que je cache. Mais au lieu de ça, je baisse la tête sur le côté, demandant autre chose :

-Imaginons que cela soit vrai, tu penses qu'il est écrit qu'on va tomber sur quelque chose de bien plus dangereux que Barakabo ?

Mona eut un léger rire, et dévoile son épée céleste.

-Dangereux ou pas, on aura toujours le soutien de Cassandre..

Elle range le peu de l'épée qu'elle a sortie, mes sentiments font du rallye dans mon esprit, attendant que je la pose. Un long silence se pose où on regarde seulement la Plaine Céleste de là où on est, mais c'est Mona qui rompt le silence.

-Tu sais... Chez les filles humaines, on dit toujours que les garçons ont honte de dévoiler leurs sentiments.

Elle parle de ça maintenant ? Je la regarde, intriguée.

-Mais pourtant, quand tu m'as présenté Fran, et qu'elle était sur le point de mourir. Alors je perdais confiance en toi, mettant notre amitié à l'épreuve, tu as dévoilé tes sentiments pour moi. Non pas par les mots, mais par un geste, me montrant qu'il y a bien plus que l'amitié entre nous pour toi.

Elle pose une main vers son cœur, ses cheveux bougeant toujours avec la brise.

-Ce même jour, tu as dit que peu importe les sentiments que j'ai pour toi, tu l'accepterai, peu importe si ils sont amicaux ou amoureux. Ce que tu veux seulement, c'est ma confiance. Maintes fois tu m'as sauvé, et mes sentiments pour toi ont commencé à grandir quand tu m'as aidé au tribunal.

Je vois son visage virer au rouge, elle semble au bord des larmes, prête à faire une crise d'émotions. Moi aussi, je commence à avoir des larmes en la voyant, mais je me ressaisis et m'avance vers elle, posant ma main sur mon épaule.

-Je t'ai dit ce même jour, d'attendre que tu sois prête à dévoiler tes sentiments envers moi, si tu ne te sens pas encore prête, alors ne te force pas.

A l'intérieur de moi-même, je me colle plusieurs gifles, alors que je m'avance vers le milieu de l'île, lentement. Des bruits de pas se font entendre, je me retourne et Mona saute sur moi, pour m'embrasser sur les lèvres.

Elle pose sa main droite derrière ma tête, je l'accompagne dans ce moment que je pensais ne jamais avoir avec elle. Je passe moi aussi ma main gauche derrière sa tête, ma main droite allant dans son dos, le silence pèse autour de nous, ses cheveux flottants.

Après quelques secondes, on se décolle, nous regardant avec une émotion différente dans nos yeux.

-Seulement depuis le tribunal, tu as caché ses sentiments pour moi ?

-Oui...

Elle fond en larmes, plaquant sa tête contre mon torse et ses mains sur mes épaules, je l'entoure de mes bras pour la calmer. Maintenant, j'ai eu la réponse à cette question, et qu'on a les mêmes sentiments l'un pour l'autre. On se décolle, quand des bruits de pas résonnent, on se tourne vers la source pour voir Ezio et Fran, le sourire aux lèvres.

-Vous m'avez fait perdre mon pari, avec Fran elle a parié sur le fait que Mona dévoilera ses sentiments aujourd'hui et moi non.

On vient rigoler tous les deux, alors que Fran se jette sur Mona pour l'agripper au niveau du cou, elle avait toujours son apparence divine.

-Merci de m'avoir fait gagner le pari !

-Hé, calme-toi, petite sœur !

Mona entoure Fran de ses bras pour la câliner... Mon cœur se sent libéré d'un poids, et mon esprit est bien plus détendu, Ezio s'avance vers moi et me tapote l'épaule.

-Tu lui as encore dit de prendre son temps ?

Je hoche la tête, avant d'ajouter :

-Je m'apprêtais à partir, mais elle a couru vers moi pour exprimer ses sentiments.

Il me met une petite tape sur la tête.

-Je comprends pourquoi Barakabo t'appelait Roméo.

Mon visage exprime la surprise tandis que je rigole à sa phrase, comment il sait ça ?

-Qui t'a dit ça ?

Fran se décolle de Mona, pour me répondre :

-Je lui ai dit avant qu'on vienne vous retrouver. J'ai salué Alan et Cassandre pour aller voir Ezio, car j'ai senti votre présence à vous deux. C'est là qu'on s'est mis à faire ce pari.

Mona rigole de bon cœur, avant de leur demander :

-Qu'avez-vous parié ?

Ezio se gratte la tête, Fran en voyant ça rigole comme une petite fille, pour dévoiler :

-Et bah... Rien du tout, car aucune idée ne nous est venue à l'esprit, un simple pari amical.

Je secoue la tête de droite à gauche, avant de m'avancer vers le bord pour regarder la Plaine Céleste. Depuis combien de temps suis-je ici ? 2 semaines et demi ? 3 semaines ? Je l'ignore.

Mona et Fran se placent à ma droite, Ezio à ma gauche, on regarde tous les 4 la Plaine Céleste... Nos moments de joies, de douleurs, d'entraide... Tout ça, ça s'est produit ici... Mais, pourquoi j'ai l'impression, qu'un autre danger va peser sur nous ?

[Dans une autre dimension]

Des plantes mortes, sous un froid hivernal. Des animaux, gelés jusqu'aux os, mais continuant de respirer malgré tout, incapable de mourir. De la neige à perte de vue, des montagnes enneigées, sans la notion de la météo qui passe dans cette dimension inconnue des Divins.

Pourtant, dans ce monde où règne l'hiver, se trouve un maître : Des traces de pas dans la neige infinie, alors que le seul résident se rend vers deux arbres gelés, pour seulement passer en dessous. Un petit oiseau de glace, de la taille d'un rouge-gorge, se pose sur l'épaule de l'habitant.

Ses pas ne sont pas humains, car des pointes comme des griffes sont représentées. Les lignes énergétiques sortant du pelage autour de son cou luisent. Sur ses 10 doigts, un ongle a été sectionné, de façon très nette. Aucune blessure n'est présente de son combat contre l'enfant-héros, tout a été effacé.

-Je me suis bien fait avoir. dit l'être, sa bouche libérant une vapeur gelée.

L'être contemple le ciel gelé, par lequel passe une aurore boréale en ligne droite.

-{Mais tu peux être certain... Que ce n'était que le début...}