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Chapitre 18

Nous entrons dans la prison de la Plaine Céleste, qui est située presque au niveau des frontières, l'un des deux gardes ouvre la porte qui mène à un souterrain.

Les deux gardes nous guident, moi et Mona, vers là où sont situées les différentes cellules. Même si c'était assez mal rangés, on pouvait noter l'absence totale de poussière, je regarde Mona qui semble étrangement heureuse. Un homme vient se présenter face à nous, une hache à la main, s'adressant aux deux gardes.






-Je m'occupe de ces deux-là à partir de maintenant.

Les deux gardes qui nous ont emmenés saluent le nouvel homme et nous ont laissé avec lui. L'homme nous fait signe de le suivre, nous exécutons son ordre, je viens chuchoter à Mona.

-Tu le connais ?

Elle vient me chuchoter en réponse

-Je connais seulement son prénom : Lorian, il est connu parmi tous les prisonniers les plus anciens, j'ignore pourquoi.

Nous coupons notre discussion, on passe devant 6 cellules, toutes les deux cellules il y avait un prisonnier. Je demande à Lorian :

-Pourquoi vous laissez une salle vide entre les prisonniers ?

Lorian ne tourne pas la tête vers nous, continuant d'avancer tout droit, on peut presque tenté de s'en aller mais ça serait peine perdue car on prendrait trop de temps à rejoindre la sortie. Il répond quand même.

-Les murs sont assez fins pour permettre une communication entre deux prisonniers, ce qui peut amener à une évasion. En laissant une cellule vide entre eux, leurs voix ne peut pas aller assez loin pour qu'ils puissent communiquer en silence.

On s'arrête devant une des cellules les plus éloignées, il vient ouvrir la porte, provoquant un grincement de la grille, mais ce qui m'étonne est qu'il l'ouvre avec une seule main.

-Notre Altesse m'a communiqué que vous pouvez rester dans la même cellule la journée, cependant la nuit, le garçon ira dans la cellule juste à côté.

On hoche la tête de haut en bas à Lorian, puis nous passons la porte de notre cellule, mais il pose une de ses mains sur mon épaule, me communiquant de vive voix.

-Petit, tu es le garçon qui en a le plus dans les tripes de tous les Célestes que j'ai connu

Il hoche la tête à mon attention et me fait entrer, fermant la porte de la cellule juste après. Mona s'est déjà assise sur le lit, la cellule avait deux "bancs" en métal incrustés dans le mur, ainsi que le lit au fond à gauche. Je viens m'asseoir sur un des bancs.

-Tu savais que les lits des prisonniers étaient aussi confortables ? Ils sont géniaux !

Elle rigole et se met sur son dos sur le lit, rebondissant sur le matelas, tandis que je la regarde s'amuser. Malgré son âge et son air amicale, c'est une vraie enfant dans sa tête... Une enfant quand même redoutable, qui peut devenir beaucoup plus sérieuse en l'espace d'une seconde. Je rêvais d'avoir un moment seul avec Mona, en dehors de nos explorations ou quand l'un doit sauver l'autre, mais j'imaginais pas ça dans une cellule.

-Non je ne savais pas.

-En tout cas ils sont moins bien que ceux de notre école !

Rebondissant une dernière fois, elle se met en position assise sur le bord du lit, on se croise le regard et rigolons, décidément je l'aime bien cette fille. J'avais des questions sur elle, mais j'imagine que elle aussi. Un silence se pose dans notre cellule pendant de longues secondes, le seul bruit qui résonnait était les gouttes d'eau du toit, quand ce n'est pas des rongeurs se promenant dans le couloir des cellules.

-Désolé... en coupant le silence.

Mona me regarde, penchant la tête sur le côté.

-De quoi ?

-C'est à cause de moi qu'on... Est en prison...

Je ferme les yeux et baisse la tête sur le côté, n'osant pas la regarder dans les yeux. Puis j'entends des bruits de pas s'avancer vers moi, quand une chaleur corporelle vient se situer à côté de moi. Je me tourne et voit Mona me serrant dans ses bras au niveau de mon dos.

-Tu n'as pas à t'en vouloir, dans tous les cas je serais envoyé en prison, le seul avantage est que je ne suis pas seule dans une cellule !

Comment fait- elle pour garder sa joie de vivre dans un moment pareil ? Je la serre dans mes bras à mon tour, on garde cette position embarrassante pendant quelques secondes, suite à quoi on se lâche et elle vient s'installer sur le banc de l'autre côté.

-Si tu me racontais ce qui s'est passé pendant que j'étais inconsciente ?

En regardant Mona, je commence à lui raconter ma rencontre avec Alex Mercer, ce qu'il m'a dit pour me convaincre, le mot, notre arrivée au château et cette Erimie, jusqu' à ce que je perde le contrôle de moi-même. D'ailleurs je ne sais toujours pas si elle est encore en vie.

Une fois mes explications dites, Mona passe sa main sur son menton.

-Ce qui est dérangeant est qu'il à pu utiliser le symbole des Ailés, mais vu qu'il est mort on n'a plus à s'en inquiéter.

J'ai de vagues souvenirs de quand c'était mon pouvoir qui me possédait... J'avais utilisé l'épée céleste pour le tuer en provoquant une vague magique le taillant presque en deux...

-Et toi ?

Elle me regarde, ne comprenant pas ma question.

-Comment ça ?

-Qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu finisses dans le coma pour 3 jours ?

Mona eu un léger rire, avant de me regarder de nouveau. D'ailleurs un garde moins impressionnant que Lorian, équipé de deux colt-45, passe devant notre cellule. J'ai pu analyser pendant mon explication la patrouille : Deux gardes, ils arrivent par la même direction que Mona et moi, puis une fois au bout du chemin empruntent des escaliers pour descendre. Mais ils font leur patrouille pour que dès que l'un descend, l'autre remonte en l'espace de 5 secondes, assurant une patrouille totale. Entre chaque passage de gardes j'ai pu calculer 15 secondes.

-Dans bien des dimensions où les humains dominent, les comas qu'ils peuvent avoir sont souvent dus à des pertes de mémoire, ou tout ce qui est en lien avec le cerveau. Mais chez nous il existe le coma de cause émotionnel, et c'est malheureusement très courant : Les Sauveurs doivent risquer leurs vies en dehors des dimensions, évidemment hors de leur travail ils ont des amis. Donc quand un ami Sauveur perd la vie, c'est fréquent que les proches de lui subissent une vague d'émotions incontrôlable, rendant leur peau moins coloré. Au bout de quelques minutes très courtes, ils s'évanouissent."

J'acquiesce d'un hochement de tête... On a le même âge mais pourtant tout nous oppose elle et moi. Je voulais quand même lui demander quelque chose, mais je refusais de le dire jusqu'à maintenant :

-Ça doit faire longtemps que tu es à la Plaine Céleste non ?

Mona lâche un léger rire, plaçant sa main devant sa bouche.

-Seulement depuis 4 ans, en vérité.

Ses yeux s'écarquillent, et moi de même, on avait totalement oublié notre classe, mais j'imagine que notre groupe pourra se passer de nous, mais par contre : Si elle a le même âge que moi, comme elle me l'a dit lors de notre rencontre, et que ça fait 4 ans qu'elle est là

-Tu as été sauvée quand tu étais encore une petite fille ?

Mona lâche un nouveau rire de vive voix, mais elle réalise que c'est moqueur, donc elle s'arrête, s'excusant, même si je ne pouvais rien prendre mal venant d'elle.

-Désolé, mais j'ai tellement l'habitude de vivre ici que j'oublie le mode de pensée des humains des autres mondes.

Se raclant la gorge, elle m'explique.

-Vous, les humains, avez l'âge physique, mais vous qualifiez aussi l'âge mental... Chez les Célestes, l'âge mental est notre véritable âge, pour la raison suivante : Quand on maîtrise totalement notre pouvoir et qu'on devient officiellement un Ailé, notre corps et nos organes en nous ne vieillissent plus, mais notre âme continue de se développer. Pour répondre à ta question, j'ai été recueilli par un Sauveur à mes 12 ans, et je suis constamment rester dans cette école, et quand j'ai découvert mes ailes je voulais rester là-bas. J'ai été nommée représentante.

Ce monde est... Vraiment spécial, j'ai vraiment eu de la chance parmi tous les autres humains de mon monde à avoir été choisi pour venir ici, et de savoir que bien des personnes avant moi ont été choisis. Je vois Mona se lever pour s'asseoir à côté de moi, posant sa main droite sur ma joue, arrivant à sentir sa douceur.

-Et grâce à toi, les prochains Ailés ainsi que ceux actuels qui voulaient devenir autre chose que Sauveur... Pourront profiter de leur vie...

Je lève ma main pour la poser sur celle de Mona, on se regarde tous les deux en souriant, nous restons hypnotisés par cette vue. Cela ne dure pas cependant, car on réalise et nous libérons la main avec hâte, on tourne tous les deux la tête, gêné.

Un léger silence passe, un des gardes passe devant notre cellule mais nous regarde vite fait, avant de continuer sa route, un peu plus et on était fichu.

Le silence de plusieurs secondes se pose, on osait plus se regarder, mais Mona vient lâcher un rire nerveux, je la regarde.

-Désolé, j'ai seulement trouvé cette situation agréable.

Je lâche un léger rire en plus de sourire, on se regarde de nouveau, essayant d'oublier la scène légèrement désagréable. Je me gratte l'arrière de la tête.

-Je suis désolé aussi, je n'aurais pas dû coller ma main à la tienne {n'empêche elle est d'une douceur...}

Elle lâche un nouveau rire, passant sa main dans ses cheveux.

-Même si tu ne l'avais pas fait, on se serait arrêté... réplique-t-elle légèrement gênée.

-En plus, tu sors d'un coma émotionnel à cause de tes sentiments pour Ténéris... Juste avant d'être jugé par un tribunal...

Mona rigole et glisse vers moi pour me frapper au niveau de l'épaule, me provoquant une douleur me faisant serrer les dents. En plus d'avoir l'air inoffensive, elle est plus forte qu'un garçon.

-Tu vas arrêter de penser des choses entre Ténéris et moi, non mais ?

Dit-elle d'un ton amical, comme si elle prenait ça pour une blague.

-Vous n'étiez pas... En couple ?

Elle me remet un coup à l'épaule, mais plus pour me pousser délicatement que de me refaire mal.

-Idiot, lui et moi étions juste des amis mais il était clairement pas mon type de mec. Les gens qui s'habillent de la tête au pied de la même couleur que leurs cheveux j'ai l'impression d'avoir affaire à des gosses.

J'aurais été plus jeune j'aurais pris ça méchamment, mais vu que je la côtoie depuis assez longtemps, sa remarque me fait rire. Je la vois se lever pour se diriger vers le banc à côté... J'ai envie de lui demander son style de mec, mais en faisant ça j'allais m'en prendre une directement au visage, ou au pire elle utilise sa magie sur moi...

-Donc... Tous ceux qui ne portent qu'une seule couleur, tu les détestes ?"

Disais-je légèrement intrigué en plus d'être gêné, elle se tourne vers moi d'un regard légèrement sérieux, Mona lève sa main mais aucune lumière ne sort, elle se retient ou c'est une feinte ? Elle vient rire en plus de baisser sa main.

-Tu peux tout me demander, tu sais, nous sommes amis. N'aie pas peur de me poser des questions personnelles, les cellules sont conçues pour bloquer la magie en nous.

D'un côté ça me rassure qu'elle l'ait bien pris, et qu'elle me considère aussi comme son ami, car je la considère aussi comme ça.

-Ne t'en fais pas, je ne suis pas le genre de type à profiter de la situation.

Mon âme se divise en deux, elle me considère comme son ami mais on a eu deux moments gênants... Soit elle veut qu'on reste seulement amis, soit elle doute de ses sentiments pour moi, je ne sais pas trop quel côté je préfère.

-Ton style de mec c'est quoi ?

Mona regarde à travers les barreaux, le bruit des rongeurs reprenant le dessus sur la zone, les autres prisonniers étaient relativement silencieux.

-Je ne reviens pas sur l'aspect vestimentaire, je te l'ai déjà dit... Le caractère est ce qui m'empêchait de tomber amoureuse de Ténéris, il prenait tous les Ailés plus jeunes que lui de haut, mais avec moi il restait amical... Les personnes qui ont deux visages comme ça ne m'attirent pas. Mais d'un point de vue global, je dois discuter et rester suffisamment longtemps avec un garçon ou une fille pour être certain de mes sentiments envers lui ou elle..."

J'avais du mal à cerner sa... "sexualité", ou plutôt elle en mélangeait plusieurs...

-Donc tu es entré aromantique et demi romantique ?

-Ces mots définissant la sexualité, je les trouve idiot et donne simplement envie de se moquer... Mais peut être que tu as raison

Le timbre de sa voix était devenu beaucoup plus "fermé", j'ai dû toucher un point de son esprit que je n'aurais pas dû atteindre. Lorian arrive devant notre cellule, avec des plateaux contenant à manger qu'il fait glisser sous les barreaux. Il s'en va tout de suite après.

-On peut dire qu'il est jovial, celui-là.

Mona rigole suite à ma remarque, puis nous commençons à manger.

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