•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟑𝟎•
« Salut, papa… Ça fait longtemps. Cinq mois, bientôt. Tu sais ? Dans la vie d’une adolescente, c’est long. Terriblement long. Mais le temps passe plus vite quand on grandit, n’est-ce pas ? … J’ai… une nouvelle famille, maintenant. Deux tuteurs qui sont en fait des frères très… originaux, l’un très pince-sans-rire et l’autre abominable. Mais je les aime. Je les aime comme j’ai envie qu’ils m’aiment. On se sent vite seule, dans cette grande ville, tu sais… Tu connais Sans et Papyrus ? Probablement pas. Sans, que j’appelle affectueusement Red, a vingt-six ans. Il devait en avoir treize, si mon calcule est exact, quand j’ai… perdu mes parents biologiques... Je n’ai jamais été douée en math, aussi. Et je me rends compte qu’ils auraient pu être mes frères ! Je n’ai que six ans d’écart avec Papyrus. Il est grand et violent. Pas plus que toi, ceci dit. Il est cool quand on apprend à le connaître. Donc, oui, j’ai six ans d’écart avec mon tuteur, parce que j’ai bientôt quinze ans. Mon anniversaire est le mois prochain. Ça me fait bizarre de me dire que ça fait bientôt cinq mois que je suis avec eux. Que c’est la première fois depuis le début de mon histoire que je le fêterai sans toi. Bientôt cinq mois que je ne porte plus ton nom…
Merde, il fait froid dans ce cimetière. J’ai une petite doudoune mais mon collant n’est pas très épais. On fait avec. Et je me suis coupé les cheveux, aussi. Tu te souviens ? Je les laissais longs parce que tu ne voulais pas les entretenir et j’osais pas couper moi-même, mais aussi parce que je pensais qu’ils cacheraient mes bleus. Aujourd’hui je n’ai plus rien sur ma peau. J’ai repris un peu de poids et de couleurs. J’apprends à me coiffer et j’ai enfin une paire de bottines à ma taille. J’ai hâte d’être l’été pour porter des sandalettes et me vernir les ongles des pieds comme ces stars à la télé. Le seul détail que je regrette, c’est ma taille. J’ai l’impression que je ne grandis pas. J’ai hâte de ma puberté, j’espère que je n’ai pas arrêté ma croissance !
Tu sais ce qui est drôle ? C’est Papyrus qui m’a trouvée dans une boîte en carton. Comme un chaton abandonné. Et j’ai été pour la première fois en maison de détention. Et j’ai souvent dormi sur le balcon. Yay. Oh, et j’ai intégré l’EPM. L’école pour monstres. Papyrus voulait que j’y aille pour "mieux m’intégrer". Je n’étais pas très emballée au début, et aujourd’hui encore j’ai de la peine… Mais ça va. J’ai Susie. Enfin, on n’est pas vraiment amies, elle me frappe quelque fois et je l’insulte en retour, mais… Enfin j’sais pas, je crois que même si on ne se l’avouera jamais, on tient à l’autre. Ça me tuerait de l’admettre. Et il y a Lancer aussi, un gamin surexcité qui a voulu devenir mon ami avant que je ne le repousse. Il est gentil. Un peu trop gentil pour que cela soit sain. Mais une fois il m'a fait mal, j'ai bien aimé ce côté-ci de Lancer qui n'est pas aussi blanc qu'il fait croire ! Et tu vois, y’a Noelle qui essaye de me parler comme si on était les meilleures amies du monde. Elle, c’est une tchoin. Et Dey. C’est une tchoin aussi. Sale, en plus. Mais elle a une amie avec qui j’ai "plus ou moins convenablement" discuté. Elle s’appelle Mel. C’est une guouine. Te connaissant, tu l’aurais détestée. Ça fait quoi d’être un homophobe mort ? Hein, on parle moins, le trépas, maintenant qu’on bouffe les pissenlits par la racine, pas vrai ? Tu me diras si c’est bon quand je te rejoindrai aux enfers.
Où j’en étais… Ah, et tu sais quoi ? J’ai rencontré Toriel Dreemerr, tu dois t’en souvenir, de qui c’est. Elle travaille toujours à l’orphelina où j’ai pourri pendant quelques petites années. Elle m’a transmis le dossier dont tu n’as jamais voulu. Tu avais peur que je sache qui j’étais ? Je t’avoue que moi aussi, j’ai un peu peur de le savoir… Je sais où j’habitais, et Red m’a dit, pas plus tard qu’hier soir, que je portais le nom de famille de Tog. Lhea Tog… Bon, c’est bizarre parce que Lhea n’est pas mon prénom de naissance, donc ça ne colle pas vraiment ensemble. Tu savais comment je m’appelais, n’est-ce pas ? C’est toi et maman qui avez choisi mon nom actuel. Et je me suis un peu renseignée… Ça vient de Léa qui signifie « lionne » ou quelque chose comme ça, avec un H au milieu qui n’a rien demandé. Au début, je ne l’aimais pas, et puis j’ai fait avec et maintenant, il me plait. Lhea. Ça sonne bien. Donc voilà, je m’appelle Lhea. Lhea le Squelette. C’est le nom de famille que je porte actuellement. Je n’sais pas trop si c’est le vrai nom de mes tuteurs, ils ont fugué de leur foyer et puis... Mais je suis pratiquement certaine qu’ils avaient un autre nom de famille ! Comme quoi, nous trois partageons un autre point commun, en plus d’être orphelins et pourris jusqu'à l'os.
Merde, Sans m'a contaminée avec ses blagues.
Bref. Tu veux savoir pourquoi Red m’a sortie mon nom de famille de naissance ? Il pense que j’ai besoin de retrouver le cimetière où roupillent mes parents. Mes vrais, tu sais, ceux de qui j’ai hérité la chaire, le sang et mon âme merdique. J’ai digéré l’information mais comme tu peux le voir, je suis ici, et non autre part. C’est con, hein ? Je suis con. Je pourrais leur parler et regretter le temps où on était "heureux ?" tous les trois, mais quand j’y repense, je ne les connais pas du tout. Je me sens un peu comme Garry Sauteur ou Brouce Veine.
Mais eux, ces deux personnages de films, sont devenus hyper cools ; un sorcier et un super héros de la nuit.
Bref.
Mes parents biologiques. Ils m’ont donné la vie et on très certainement voulu se débarrasser de moi dès la première occasion, ce ne serait pas étonnant dans notre monde. Tu es une grosse pourriture, la pire de toute, mais tu étais celui qui me connaissais le mieux, sur cette Terre. Tu savais que j’aime lire, que j’adore la confiture de fraise et tu m’en achetais, bien que tu m’hurlais que je ne méritais rien.
Tu savais me faire plaisir.
Merde, j’en tremble rien qu’en y pensant…
Pourquoi as-tu été si horrible envers moi ? Et ne me sors pas l’excuse de « maman est morte, j’ai commencé à boire bouh comme c’est cliché ». Elle, elle m’aimait pour de vrai. Elle était gentille. C’est la seule personne qui n’a pas cherché un autre gamin dans cet orphelina parce que j’avais une particularité génétique. Elle a adoré mes yeux violets. Et lorsque nos regards se sont croisés, dans cette salle de jeux, j’ai vu… Oh, je me rappelle encore de son sourire. Maman était vraiment douce avec moi, ses yeux rubis m’électrisaient et son chocolat chaud était divin. Toi aussi tu l’aimais, sa boisson. Tu te souviens quand on en buvait tous les trois devant la télé ? C’est si lointain…
Je suis effrayée. J’ai l’impression d’avancer à reculons. Merde, j’ai frôlé la mort en découvrant que j’étais en partie un monstre, j’ai frôlé la mort quand Red m’a téléportée au milieu d’un champs à plus de deux cents mètres du sol, j’ai frôlé la mort quand Edge – Papyrus – m’a entraînée contre mon gré dans une mission de recherche de drogue chez sa collègue et m’a envoyée si fort dans les airs que j’ai failli m’écraser après une chute de plusieurs mètres, j’ai failli mourir de froid, d’une intoxication alimentaire, je me fais battre à l’école, j’ai failli me faire violer par un client au bar où je travaille, j’ai cru laisser ma peau contre un type littéralement en feu, j’ai blessé et effrayé ceux que j’aimais, j’essaye de me racheter en étant un peu gentille avec les autres, je les aide et fais en sorte que tout le monde va bien, je foire mais je trouve d’autres solutions, je suis maladroite et je déteste quand mon côté fellien s’empare de moi, je suis une grosse rageuse et je déteste les faiblesses !!
Je déteste... tant de choses…
Et toi tu… Tu… Tu as été la pire des merdes qui me sont arrivés et pourtant, tu étais la personne qui me connaissais le mieux…. Et je te connaissais mieux que personne. Mais… Tu es la seule personne, aussi, que je n’ai jamais pu aider, et je ne pourrais plus jamais essayer. C’est pour ça que je suis là, aujourd’hui, papa.
…
J’espère que je n’aurais pas envie de revenir, mais dans le doute… La prochaine fois, je t’apporterai un bouquet pour décorer ta tombe. Juste pour te faire chier, je sais que tu y étais allergique. Un bouquet de fleurs de fraisier, ça te plairait ? Tant mieux. Au fait, on m’appelle Strawberry, maintenant. Mais ne t’inquiète pas. Lhea est un bien trop joli nom pour le changer. Je ne le changerai pour rien au monde parce qu’il fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Même pas contre mon prénom de naissance, si un jour je l’apprends. »
Je fixai encore un certains temps l’épitaphe, ne sachant si je devais me reculer ou non.
« Bon, bah… Bonne soirée. »
Un signe de Victoire plus tard, je tournai les talons et m’approchai de Red. Celui-ci me dévisageait calmement, les mains dans les poches, clope entre les dents. Je crois que l’odeur de la cigarette ne me dérangeait plus. Après un temps de silence, il le brisa.
« Tu te sens mieux ?
- Un peu, lui répondis-je franchement. Tu me promets que tu ne juges pas ?
- Promis. Viens, rentrons. »
Comme je ne réagissais pas, il haussa d’une arcade.
« Je… enchaînai-je, un peu plus hésitante. Est-ce que je pourrai… avoir un… avoir un câlin ? »
L’absence de réponse me déstabilisa. Un certain temps passa.
« Approche. »
Un sursaut. Je clignai plusieurs fois des yeux, perplexe. Il n’avait pas sorti les mains dans les poches, mais l’embarra se lisait sur son visage.
« Viens là j’te dis ! »
Nouveau sursaut de ma part. Une seconde. Puis deux. Puis trois. Un pas en avant. Un souffle. Mes pieds avancèrent d’eux-mêmes et je plongeai mon corps près le sien, les bras derrière sa nuque. Mon visage s’était niché contre son pull jaune moutarde, et je me surpris de le serrer si fort que je me demandais comment ai-je tenu sans manque d’affection aussi longtemps. Une main après l’autre, le squelette les posa dans mon dos et me serra contre lui, sa tête reposant sur la mienne. Je fermai les yeux pour profiter des battements relaxants de son âme. Il murmura à mon attention, après un certain temps de mutisme.
« Tu es quelqu’un de bien, Straw. »
« Tu n’as pas ta place ici, Red. Même si tu ne l’avoues pas, tu t’attaches vite, tu peux aimer, tu as fait des erreurs mais tu es quelqu’un de bien… »
Je reniflai. Je ne pense pas qu’il ait raison mais mon absence de réponse envisagea de lui accorder ce doute. Sa main osseuse me caressa doucement les cheveux. Cela lui sembla si naturel.
Peut-être que lui aussi avait besoin d’un câlin.
Et moi… Et moi, j’avais besoin de me sentir aimée, rien qu'un peu plus. Alors je priais pour que notre étreinte soit intermimable. Et mes pensées eurent un écho avec les siens, car visiblement, lui non plus ne voulait le rompre.
☆♡☆♡☆
BOOM ce chapitre est plus court que les autres mais j'avais pas envie de l'éterniser. C'était une partie... Un peu plus profonde qui résume "en partie" ce que ressent notre petite Straw. Et j'y tiens vraiment personnellement. Donc voilà. Ça fait un petit chapitre gratuit.
(o´▽'o)
C'et dingue comme je suis douée pour faire des NDA inutiles.
Aller, des bisous les loustics !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro