Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟐𝟒•

- Bordel mais qu'est-ce qu'il fiche ? ...

Je posai le verre que j'astiquais sur le comptoir et jetai, malgré la distance, un coup d'œil à travers l'entrebâillement de la porte à l'arrière du bar.

- Hé l'humaine, t'laisse pas déconcentrer et sers-moi un shot.

Je soupirai imperceptiblement, les yeux au ciel, et refis face à John Kevinson qui s'était lourdement accoudé devant moi. Il venait souvent le samedi soir pour boire un coup après sa longue semaine. John tenait un Buckstars au bout de la rue, très apprécié par les citadins, malgré sa dyslexie évidente. Je suis déjà allée y boire un chocolat chaud, mais pas plus d'une fois. J'avais neuf ans. Thierry, mon seul petit copain à ce jour, en avait onze. L'un de mes rares souvenirs avec lui se déroulait là-bas, lors d'une promenade après les cours.

[...]

- Hé, Lhelou, tu as déjà bu ?

- Bah ouais ?

- Sérieux ?

- Bah ouais. Je tiens à ma survie, moi. Tu voulais parler de bière ?

- Nan mais boire au Buckstars en fait.

- Non, jamais.

Thierry était une vraie tête à claque. Il était aussi le seul qui m'appelait Lhelou. Je ne me rappelle plus trop à quoi il ressemblait, mise à part ses cheveux bruns un peu trop longs et ses joues tout le temps rouges. Je ne me souviens plus comment on s'était mis ensemble non plus, peut-être même que cela n'était jamais arrivé. Peut-être que c'était juste un bon ami à qui je tenais la main pour ne plus penser à mon père adoptif qui me frappait à la maison, à ce cauchemar éveillé qui me poursuivait quand j'étais toute seule. L'aimais-je vraiment ? Ou me servais-je juste de lui pour penser à autre chose de plus con pour oublier ma vie domestique ?

- Viens alors, je vais utiliser l'argent de poche que me donne mon papa. Tu veux boire quoi ?

- Je n'ai pas soif.

- Mais je paye.

- D'accord.

Il tendit son petit bras pour pousser la porte transparente. Là, un monstre sombre aux yeux rubis posa son attention sur nous. Les cornes d'ivoire touchaient presque la caisse. Au-dessus de sa tête, il y avait tout ce qu'on pouvait acheter ici. Du café, du thé, du chocolat chaud, et même quelques confiseries alléchantes. Je détestais déjà les monstres à cette époque. Mon premier réflexe fut de grimacer en tirant Thierry en arrière. Mais Thierry était con. Il aimait bien les monstres, et puis, il se disait n'avoir peur de rien pour moi. Je pris soin d'ignorer le fait qu'il se faisait potentiellement uriner dessus de peur, et décidai d'en finir au plus vite avec ce monstre. Mais lorsque je levai les yeux pour faire mon choix, je ne pus que soupirer de désespoir.

- Il y a beaucoup de choses, fis-je remarquer en décalant discrètement ma frange pour y voir un minimum.

- Je veux goûter du café ! me coupa-t-il en me secouant frénétiquement l'épaule, pointant la cafetière derrière le détenteur des lieux.

- Quel genre de café ? cracha ce dernier sans la moindre politesse, visiblement sceptique de devoir servir deux enfants humains.

- Euh... Beh du café quoi, ce truc noir qui sent pas bon ?

- Pourquoi tu choisis du café si tu n'aimes pas l'odeur ? lui chuchotai-je sans comprendre.

- Bah peut-être que le goût est meilleur que l'odeur ?

- Je vais te préparer quelque chose alors. Et pour la petite dame ?

Je passai en revue tous les noms de boissons qui s'affichaient devant mes yeux. Après avoir trituré ma petite robe rouge, je pointai un titre avec assurance.

- Un chocolat chaud s'il vous plait.

- Ça se dit polie... Ça m'plait, ricana grossièrement le monstre en frappant la table devant lui. Je vous fais ça tout de suite.

Devant les yeux émerveillés de mon petit ami, il nous prépara nos commandes. Au bout d'un moment, il déboucha un marqueur. Je crus un instant qu'il voulait nous l'enfoncer dans les yeux et noircir notre cervelle avec l'encre.

- Vos noms ?

- Thierry.

- ... Lhea.

- Voilà pour vous, les mômes.

Je n'étais pas très douée en orthographe du haut de mes neuf ans, mais il me semblait que Thierry ne s'écrivait pas Tiairi, et Lhea ne s'écrivait pas Marie-Madeleine ! Ah non, c'est parce que j'ai pris la tasse de quelqu'un d'autre. Tiens, il a écrit Léa. Il n'était pas loin.

Tiai- euh, Thierry lui tendit un billet et après avoir reçu une pincée de monnaies, il me prit la main et sortit du Buckstars. Nous marchâmes quelques mètres et nous nous arrêtâmes près d'un petit muret de pierres défoncées. Je me laissai guider jusqu'à lui et il m'aida à m'assoir dessus. Dans un silence religieux, chacun prit une gorgée de sa boisson respective. Mon chocolat chaud avait le goût amer d'un chocolat chaud trop amer. Il me rappelait, malgré son amertume tout juste supportable, le mielleux breuvage crépitant de douceur que faisait ma maman adoptive avant de partir vers les anges. De ce que je me rappelais d'elle, elle a toujours été très gentille envers moi. Elle a été la mère que j'aurai rêvé aujourd'hui, et pourtant, malgré ses divins chocolats chauds du soir, je ne pouvais m'empêcher de la détester. Si aujourd'hui je regrette de ne pas avoir profiter de son amour, quand je n'avais que six ans, je n'étais simplement pas capable de comprendre la gravité de ma situation et quelque chose au fond de moi m'empêchait de l'aimer entièrement.

En tournant légèrement la tête vers Thierry, je ne pus pas me le cacher, je le trouvais particulièrement gentil et me disais que ce n'était pas si mal que je sois avec-...

Il recracha sa gorgée sur ma robe.

- J'aime bien le café mais je n'aime pas son goût ! Beurk !

Non décidément, c'était une vraie tête à claque.

[...]

John Kevinson s'envoya le shot que je lui servis et il disparut sur la piste de dance, en direction des prostitués déchainées. Je profitai qu'il n'y ait plus de client pour le moment afin de chercher Red. La pièce, un genre d'arrière-boutique, était plongée dans le noir complet. Mais il ne m'était pas bien compliqué de trouver mon tuteur/collègue du premier coup d'œil, accroupi derrière des cartons remplis de paques de bières, le visage éclairé par l'écran de son téléphone. Il dégageait un air grave, et lorsqu'il remarqua ma présence, seul un râle lui échappa et il éteignit son cellulaire.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Il se passe que cet idiot ne me répond pas.

- ... Il s'est passé quelque chose ? Peut-être qu'il n'a plus de batterie ou bien...

- On s'est disputé. Je l'ai ignoré pendant une semaine, et là ça fait quatre jours qu'il me fait le coup inverse. Impossible de le joindre ! Il a... Il a dû en avoir marre d'attendre...

Red se recroquevilla sur lui-même et maintient le silence. Un client un peu ivre nous appela, mais des deux, seule moi m'en inquiétai.

- Oublie ton PurpleFire deux petites minutes, on doit travailler. Allez, Red, ne laisse pas une mineure sans surveillance gérer un bar à péripatéticiennes...

Il rit tristement. Je sus immédiatement qu'il n'était pas sincère, et qu'il pourrait éclater en sanglot d'un moment à l'autre.

- Red, je comprends que tu t'inquiètes, mais là c'est moi qui ai besoin de toi. Demain tu pourras déprimer autant que tu veux, mais là, on a du travail.

- Hé les barmans, ça vient les commandes ? Je m'assèche plus que la Terre, là ! gueula un monstre visiblement insatisfait.

- NIQUE TA MÈRE LA BLOUSE REPASSÉE ET ATTENDS DEUX SECONDES !

Si le squelette avait sursauté à ma prise de parole, il se contenta de grommeler quelques noms d'oiseaux pour lui-même sans prendre gare à l'ivrogne qui grogna une réponse que je ne compris pas avec la musique.

- Allez Red, viens ! Bouge ton coccyx un peu, là !

Je le soulevai par l'aisselle et le forçai à se lever. Agacé, il finit néanmoins par le faire et sortit le premier de la pièce. Je le rejoignis au bar.

- Ah bah enfin le chiot se décide à sortir la tête de sa niche.

Red le foudroya du regard sans relever le compliment qui n'en était pas un.

- Allez, sers-moi un Bourbon et ne tarde pas davantage.

Mon tuteur activa machinalement sa magie et fit léviter la bouteille demandée. Pendant ce temps, je déviai mon regard en direction de la piste de dance. Les adultes semblaient bien s'amuser, avec toute cette alcool dans le sang, contrairement à nous...

- N'y pense même pas, gronda Sans en éloignant le verre abandonné que je fixai sans faire attention.

- Tirer une latte c'est ok pour toi, mais goûter une médiocre gorgée d'alcool c'est non ? m'outrai-je, faussement indignée.

- C'est Paps le problème.

- Il n'est pas là. Il n'en saura rien.

- Il le saura quand il te verra dégueuler dans le salon. C'est non.

Je croisai des bras, mine scandalisée, et lui boudai.

- Non Straw.

Un rictus agrippa alors mes lèvres.

- Gamine. Lhea, non sérieusement.

Je lui lançai le torchon en pleine face que j'avais dans la main et me hissai par-dessus le comptoir.

- Merde !

Ignorant le juron de Sans, au bord de l'éclat de rire, je me laissai tomber de l'autre côté du comptoir humide d'alcool et m'effaçai dans la foule.

Tout le monde, ou presque, était plus grand que moi. Je serpentais assez aisément entre les gens, avec une facilité si étonnante que j'en étais moi-même stupéfaite. Un monstre ou deux peut-être me remarqua, mais ne s'attardaient pas plus que cela sur la présence d'une humaine de quatorze ans qui déambulait à travers l'assemblée à la recherche d'une petite occupation qui pourrait gentiment énerver Red, mais j'ignorais encore quoi. C'est alors qu'une grosse main à la fourrure rêche emprisonna mon bras maigre, et fermement, on me tira contre soit. C'était John Kevinston. Il avait eu tellement de clients dans sa vie qu'il ne se rappelait sûrement pas de moi. Il me voyait simplement comme l'humaine qui servait dans ce bar. Mais malgré toutes ces années, impossible d'oublier ce regard perçant.

- Bah alors, on ne retrouve plus son chemin ?

Son sourire aux dents pointues me fit détourner les yeux de peur. C'est alors qu'un autre monstre apparut dans notre champs de vision. Deux pupilles jaunes qui brillaient dans la presque noirceur du club, une fourrure orange grisâtre à m'en faire gerber, ce sourire narquois qui m'avait déjà menacé de me bouffer à la sortie du bar...

- Oh, Karl, quelle surprise, ironisa John sans réelle salutation.

- Salut Johny, t'as une magnifique prise à ce que je vois. La pêche était bonne ? susurra le gros matou bipède en passant un doigt félin démesurément gros sous mon menton, me faisant dégouliner de sueur tant les deux adultes me mettaient inconfortable.

- C'est la petite qui tient le bar.

- Je sais... ~

- Elle appartient à Sans le Squelette.

- Ça aussi je sais... ~

- Alors qu'est-ce que tu veux ?

- Oh ? J'ai le droit de choisir ? Je me sens pourri gâté comme à Noël ! Voyons voir...

Karl encadra brusquement mon visage dans la paume de sa patte et approcha son museau suffisamment près de mon visage, si bien qu'il put mordiller mon nez. Je couinai de stupeur – et peut-être de douleur – en essayant de me dégager. John – d'ailleurs pourquoi tout le monde avait un nom de merde dans cette ville – m'éloigna brusquement de l'affamé.

- Johny, c'est pas sympa de retirer son jouet à un chat... dit-il faussement attristé, une main sur la poitrine.

Et bien vite, son air pauvre se changea en malice et il porta un coup griffu dans notre direction. Par simple réflexe, John me souleva violement. Il se rendit alors compte qu'il m'avait carrément jetée dans les airs, mais lorsqu'ils me cherchèrent au plafond, je ne me trouvai déjà plus au-dessus d'eux.

En effet. Enroulée dans une toile blanche comme le plâtre, me voilà emprisonnée tout contre le corps... D'une araignée géante. Je m'apprêtais à hurler, mais me rendis bien vite compte que malgré ma frayeur pour ces horribles bestioles, Muffet, stratégiquement hissée en haut d'une barre de pôle dance, me tenait dans une paire de bras valides et ne me voulait pas de mal. Elle venait de me sauver.

- Fufufufu, salutation ma petite Lhea. ~

- B-bonjour Muffet...

La stripteaseuse glissa jusqu'au sol, quitta sa plateforme et, sous la garde de millier de petites araignées autour d'elle, elle quitta simplement la salle, moi sous son bras.

L'atmosphère se fit instantanément aphasique. Le local n'était pas très grand, mais contenait bien trois coiffeuses alignées le long d'un même mur. Muffet se dépêcha de m'assoir devant l'un des miroirs, enfila un peignoir à six manches, et défit méthodiquement chaque fils de sa toile. Tandis qu'elle me les démêlait de mes cheveux, elle prit enfin la parole.

- Comment t'es-tu retrouvée là ?

- Je faisais un pique-nique avec les pervers.

Ma réponse sarcastique sonna exactement comme Dr. Mouse (le monstre-souris bipède qui se déplace avec une canne et ingurgite H24 de la Vicodin, dans une vieille série qui date d'il y a deux cents ans et que plus personne ne regarde hormis ceux qui ont du temps à perdre) mais heureusement, Muffet n'en releva rien.

- Tu n'es pas avec ton ami ?

- Je l'ai fui.

- Oh ? Et pourquoi donc ?

- Il me tapait sur le système.

- Tu devrais faire plus attention, déjà que ce n'est pas un endroit pour toi...

- Je pourrais dire la même chose pour vous.

Elle violit légèrement et détourna le regard.

- J'aimerai sincèrement finir au plus vite avec ce travail...

- Pourquoi ne pas en prendre un autre dans ce cas, le temps d'économiser suffisamment ? Ça ne serait pas plus logique de travailler dans un milieu plus approprié à votre choix de carrière ?

Elle soupira doucement et prit place en face de moi, abandonnant mes cheveux à présent libérés de l'emprise de sa toile.

- J'ai essayé, mais les humains ne souhaitent aucunement embaucher un monstre... Et les quelques monstres qui travaillent dans le commerce sont si... sont si... têtus !

Compatissante, je l'observais en silence. Muffet était vraiment mignonne. Lorsqu'elle n'était pas en service, elle arborait des petites couettes et une robe délicate à froufrou discret. Lorsqu'elle était piégée entre ces quatre murs, sous la direction d'un champignon cyan cancérigène fluoresçant la radioactivité, elle les avait détachés et ne s'enveloppait que de sous-vêtements au rabais.

Puis me vint une révélation qui pourra peut-être changer sa vie.

- Muffet, j'ai une idée qui pourrait vous plaire...

Elle m'écouta en silence, puis son teint devint plus pâle.

- J-je ne sais pas... Si j'oserais...

- Je dois juste lui en parler, et je vous ferai signe dès que j'aurai obtenu une réponse.

- ... Ça serait formidable...

Je lui rendis son sourire.

Mais il disparut bien vite.

- Sans doit me chercher. Je dois y aller, oh et merci de m'avoir aidé avec... ces deux-là.

- Pas de problème, tu peux toujours compter sur moi, fufufufu. ~

Laissant la femme araignée dans le local à prostituées – à moins qu'il ne s'agisse uniquement de stripteaseuses, je ne sais pas, je ne connais pas les services qu'elles offraient (dommage qu'il n'y ait que des femmes, je verrais bien Red danser à la barre) – je me dirigeai vers l'entrée du club, et m'arrêtai net. Je ne voyais même plus le comptoir tant la masse d'ivrognes était imposante. Et si je voulais rejoindre Red, je devais risquer de me retrouver nez à nez avec un fellien un peu trop hostile.

Merde.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro