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Chapitre 5

Lorsqu'Erek émergea, la lune avait remplacé le soleil dans le ciel. Il mit quelques secondes à se souvenir du lieu où il se trouvait, quelques secondes à réagir au plancher sec et dur sous son dos. Il grimaça, relâcha un soupir et se redressa. Une couverture rêche glissa sur ses genoux. Il l'examina avec un demi-sourire, et leva la tête, comme si la personne qui avait eu cette tendre attention allait se trouver tout près de lui. Comme si Jek était toujours là.

Sa salive se bloqua dans sa gorge. Ce n'était pas Jek qui l'avait enveloppé de cette couverture, ce devait être un membre de l'équipage ou une personne qui n'avait pas saisi qu'il était le prince. La réputation de son père le précédait, et certains Rubis les craignaient tous les deux, malgré les tentatives d'Erek pour se montrer amical. Ou peut-être que c'était effectivement un Rubis qui connaissait son identité qui avait déposé ce drap. Certains l'appréciaient tout de même...

Erek se prit le visage dans ses mains. Pourquoi ses réflexions s'étiraient-elles autour d'une simple couverture ? N'avait-il pas assez récupéré ? Était-il encore trop chamboulé par ce qu'il avait vécu ? Il secoua la tête, poussa un long soupir, et s'appuya sur ses jambes lourdes pour se mettre debout. Le navire tremblait peu sous ses pieds. Il avait ralenti. Il avançait lentement. Sans magie. Secoué tranquillement par la houle.

Les corps endormis s'entassaient sur le pont. Des femmes, des hommes, des enfants. De tout âge, de toute condition. Erek les considéra un instant. Le poids dans sa poitrine se faisait plus étouffant ; tous ces pauvres gens... Ils n'avaient plus de Royaume à présent.

Il devina la présence de certains dans les cales du navire, et tenta de distinguer les autres embarcations au loin. Les étoiles brillaient d'une lumière diffuse et brumeuse, camouflaient les ombres en les rendant presque imperceptibles. Il ne savait pas si le reste de la flotte le suivait ou si les capitaines avaient pris la décision d'accoster sur une terre proche. Il ne savait plus rien.

Il ne savait pas ce qu'il était censé faire.

De l'autre côté du vaisseau, une silhouette était accoudée au bastingage, tournée vers le large. Erek traversa le pont pour la rejoindre. Il avait perçu l'étincelle dans ses cheveux blonds. Il avait compris qu'Arya ne dormait pas.

Erek posa ses avant-bras sur la rambarde. Arya ne laissa entrevoir aucune réaction. Il plongea son regard dans les vagues qui roulaient au-dessous d'eux. L'océan vivait, s'exprimait, s'écrasait avec virulence et délicatesse sur la coque et emmenait le navire vers un horizon inconnu. Vers un horizon prometteur. Erek l'espérait.

— La nuit est belle, ce soir.

Sa voix cassée sembla briser l'harmonie de l'instant. Les mots avaient franchi la barrière de ses lèvres sans qu'il puisse les retenir, dans sa volonté intrépide de vouloir renouer avec cette jeune femme qui se tenait toujours à distance. Cette femme qui avait tant perdu. Cette femme qui lui avait enlevé Jek.

Erek crispa la mâchoire. Sa bouche était pâteuse. Il ne savait que penser. Comme à son habitude, il se sentait contraint de se montrer chaleureux, sympathique, de mettre cette compagne de voyage en confiance. Alors, oui, elle avait utilisé sa magie pour les sauver... Mais elle n'avait pas laissé Jek les rejoindre à bord.

Erek soupira. Il ne lui en tenait pas rigueur, elle avait agi comme il le fallait... Il n'éprouvait pas de rancune, il pardonnait, il ne faisait pas de reproches. Il était comme cela. Le corps de Jek, emporté par le vent, s'était imprimé sur ses rétines. Il n'arrivait pas à oublier. Et ce nœud dans son estomac... N'éprouvait-il vraiment aucun ressentiment pour Arya ?

— C'est magnifique, en effet.

La jeune femme le sortit de ses sombres pensées. Elle ne l'avait pas regardé. Peut-être répondait-elle seulement pour se montrer polie ? Peut-être était-elle insensible à la gentillesse d'Erek ? Peut-être voulait-elle simplement rester seule ?

Le prince se pencha un peu plus. Il contempla les vagues. Releva la tête et se perdit dans la noirceur du ciel. Tout était si calme. Si différent du tourbillon qui l'engloutissait à l'intérieur.

— Est-ce que je suis celui sur qui tout repose à présent ? lâcha Erek dans un souffle.

Les larmes se nichèrent au coin de ses yeux. Il assimilait doucement ce que cette fuite signifiait. Il était le prince, et il était la personne la plus haut placée sur ce navire. Il allait devoir prendre des décisions, guider son peuple, trouver un moyen de survivre. Il allait devoir porter ce poids étouffant sur ses épaules. Aucune idée ne lui traversait l'esprit. Il ne savait pas où aller, il ne savait que faire.

Cette constatation l'aurait accablé si elle s'était immiscée dans son esprit plus tôt, quelques semaines auparavant, par exemple, mais à ce moment précis, là, face à l'horizon, épuisé, le cœur noyé dans la peine, elle n'était rien de plus qu'une préoccupation presque futile qui glissait au-dessus de tout. Il n'avait pas envie de s'effondrer. Il était vide.

— Vous êtes le prince. Vous devez prendre la situation en main.

Sa phrase claqua. Erek avala sa salive et frissonna. Il devait prendre la situation en main... Comment pouvait-il faire cela ? Où pouvait-il emmener son peuple ? Aucun Royaume ne les accepterait... Et il y avait la Pierre des Ténèbres. Cet artéfact destructeur qu'il fallait combattre. Qui possédait autant de pouvoir ? Qui possédait cette Pierre ? Qui était leur véritable ennemi ? Devaient-ils se mettre à la recherche de la Pierre de Lumière ? Les récits lus à la bibliothèque étaient-ils tous fondés sur la réalité ?

L'esquisse d'un plan se dessina. Il peignit les étapes, lista les multiples possibilités. Son esprit servait de toile, pleine de ratures, de gribouillis, de tentatives pour trouver l'itinéraire parfait.

Les minutes s'écoulèrent, s'envolèrent avec la brise marine, et Arya ne prononça pas un mot. Erek oublia presque sa présence, avant de cligner des paupières et de se redresser, gonflé par un regain de confiance.

— Nous allons d'abord nous rendre jusqu'au Royaume de Jaspe, parce qu'il se situe à quelques kilomètres des Terres Arides, là où a été dissimulée la Pierre de Lumière. Nous allons essayer d'obtenir de l'aide, essayer de trouver un refuge. Par la suite, nous nous rendrons dans les Terres Arides. Vous et moi, et quelques marins.

Il se tourna vers Arya, plein d'espoir.

— Si notre monde est en danger, c'est à nous de le protéger. Nous avons la possibilité de le sauver et d'empêcher sa destruction. Nous avons la Pierre de Lumière.

Il lui tendit sa main. Elle tremblait légèrement, en raison du flot d'émotions qui le traversaient. Il n'était jamais sûr de lui, il n'avait pas confiance en ses choix et en ses actions, mais il était coincé. Il fallait agir.

— Je ne dis pas que ce sera facile. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui nous attend, je suis terrifié parce que nous allons devoir renouer avec les Royaumes, alors que nous n'avons plus aucun contact depuis des années... Mais je suis le prince, vous l'avez dit. Alors je fais ce qui est nécessaire. J'accepte de diriger cette mission et de faire tout mon possible pour mettre notre monde en sûreté. Pour tous ceux que l'on a perdu. Et pour tous ceux qui sont encore là.

Arya plongea enfin son regard dans le sien. Ses traits étaient impassibles, mais il surprit une lueur dans ses prunelles. Elle y croyait aussi. Elle voulait y croire.

— Vous ne serez pas seul, assura-t-elle.

Elle plaça sa paume dans celle du prince, et leur poignée scella une alliance atypique et unique.

Un Rubis et un Saphir se liaient, oubliaient les conflits, et promettaient de se venir en aide, pour servir un intérêt commun.

Erek et Arya embarquaient dans une aventure inoubliable, pleine de mystères et de surprises.

Un rai de lumière orangée pointa à l'horizon, premier signe de l'arrivée rassurante de l'astre solaire. L'univers de la nuit se dissolvait dans le vent et le clapotis des vagues. Erek prit une profonde inspiration.

Et face à ce paysage paisible, il se détendit, se laissa emporter par un étrange sentiment de sérénité, et il lui sembla même qu'un sourire discret naquit sur son visage.

C'était le début d'une nouvelle histoire.

FIN.

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