Chapitre XVI - Celui où je découvre le masque, ...
On apparut dans au moins un pied de neige. Je ne sais pas si je l'ai dit, mais il faisait chaud à Barcelia, qui est plutôt au sud de l'Europe. Alors, avec Nicolas, on avait des tenues d'été, Kaïa aussi mais c'était toute l'année qu'elle en portait. Donc mon meilleur ami et moi nous nous retrouvâmes dans la neige, vêtus de manches courtes et des pantalons s'arrêtant sous les genoux en tissu très léger. Inutile donc de préciser qu'on devint rapidement gelés. Le froid pénétra en nous comme des milliers d'aiguilles qui nous transpercèrent et chaque mouvement accentuait cette épreuve. Pendant qu'on claquait des dents, notre amie vampire soupira :
- C'était des chaussures neuves !
- Tu n'as pas froid ? parvins-je à souffler en créant une épaisse fumée devant ma bouche.
Elle me toisa d'un air dédaigneux :
- Je suis une vampire !
Je ne sus que rétorquer et mon meilleur ami vint à mon secours en demandant :
- On va où maintenant ?
On regarda autour de nous. Il n'y avait qu'un vide immaculé. Mes amis me fixaient. C'était un comble, puisque c'était leur idée et pas la mienne. Tout cela parce que j'avais des grands pouvoirs et une pierre magique sans doute.
- Tu sens un lieu magique dans le coin ? questionnais-je la pierre.
Elle était faible. Elle eut donc plus de mal que d'habitude à me parler. Sa voix n'était plus qu'un murmure et parfois certains pans entiers de phrase m'étaient inaudibles.
- Oui. Peux pas emmener vous, trop faible.....trop protégé.
- D'accord. Tu peux m'indiquer le lieu ?
Elle m'envoya une brève image, très floue, dans mon esprit. Et cela ressemblait plus ou moins à l'endroit où l'on était.
Je n'avais que cela pour nous déplacer mais maintenant j'étais là et le froid était une motivation supplémentaire pour aller chez les sans-visages le plus rapidement possible. Je pris Nicolas d'une main et Kaïa de l'autre. Je me concentrai alors sur l'image, sur chaque détail dont je pouvais me souvenir, et je relâchai ma magie.
On apparut dans un lieu, pas très éloigné apparemment, mais exactement similaire. Il était tout aussi désert que l'autre.
- Tu es sûr qu'on y est ? interrogea Kaïa.
- Je sens la magie ! affirma Nicolas qui s'était remis à scintiller.
- On est bien arrivés ? interrogeais-je la pierre
- Devant toi....
Elle ne put finir sa phrase, elle s'était comme dissipée. Je ne sentais même plus sa présence. En sortant le petit minéral de ma poche, je remarquais qu'il restait invisible.
J'avançai donc la main devant moi. J'aurais paru ridicule à quiconque passait par là, vêtu en comme en été et pourtant dans la neige, à passer la main devant moi comme si je fouillais l'air. Mais c'était plus ou moins ce que je faisais, avec raison, puisque j'eus l'impression de la passer dans un courant d'eau glacé. Des grilles se dévoilèrent peu à peu, comme révélées par une cascade coulant le long de la cité. Elles paraissaient assez lugubres,de couleur rouge sang, immenses, grinçantes et pointues. Je sentais également, sans la voir, la magie qui émanait de ce portail. Derrière, je voyais une immense tour blanche qui s'élevait et quelques bâtiments moins imposants. Camille y était. Ma mère aussi.
- C'est très bien ça ! Mais on entre comment ?
Mon amie avait soulevé une bonne question. Je ne pouvais plus compter sur la pierre. Je me tournai alors vers mes amis. Nicolas claquait des dents. Je me souvins subitement de ses derniers mots. Il avait senti la magie que ni Kaïa, ni moi n'avions remarquée. Il faut dire qu'il était le plus studieux d'entre nous. C'était cela ou les origines fées. Habituellement, j'aurais été jaloux qu'il puisse parvenir à exécuter quelque chose en magie qui m'était impossible. Mais si cela nous sauvait la vie, pour une fois je ne me plaindrais pas.
- Il y a des sorts de protections ? Tu les sens ?
Il se concentra un moment sur les grilles, avant d'être parcouru d'un frisson.
- Il y a un sort anti-intrusion très puissant, je ne connais pas ses effets secondaires par contre.
Ce qui était embêtant, un sort anti-intrusion vous empêcher d'entrer dans un lieu, mais ça pouvait être en vous repoussant, vous faisant perdre la mémoire ou des effets moins joyeux comme vous transformer en statue, ou vous désintégrer. Je ne me voyais pas tenter alors cette solution.
- Et je sens quelque chose d'autre, ajouta-t-il. Quelque chose que je n'avais jamais senti avant. Mais c'est inquiétant. Très inquiétant.
Il semblait ailleurs, mais vraiment terrifié. Je regrettais que la pierre ne soit pas là pour nous renseigner.
- Il suffit juste de ne pas passer par le portail, déclara Kaïa comme si c'était la plus naturelle des choses.
- Tu veux dire entrer magiquement ? Ça m'étonnerait que ce soit possible, doutais-je.
Je me tournai vers mon meilleur ami.
- Je ne sais pas. Je ne peux pas le sentir. Mais se serait assez illogique.
- Sauf si on a les pouvoirs de Théophile ! Aucune protection n'est assez forte face à cela, intervint la fille de mes rêves. Tu peux le faire j'en suis sûre. Ce n'est pas le premier sort que tu contres en plus.
Sa foi en moi me toucha au plus haut point. Je lui souris, reconnaissant. Mais je ne partageais pas sa confiance. Sans la pierre, ma magie redevenait imprévisible.
- Je ne suis pas sûr de pouvoir.
- Nicolas et moi on t'aidera s'il le faut ! Mais souviens-toi, quand on était dans la suite de la Générale le jour où l'on s'est connus, et que tu nous as sauvés d'une mort atroce. À cette époque tu n'avais pas la pierre. Et tu l'as fait pourtant.
Mon meilleur ami hocha la tête avec un sourire timide. Leurs encouragements me donnèrent bien plus confiance en mes capacités. Je devais bien pouvoir être capable de le faire. J'agrippais la main de Kaïa et toucha l'épaule de Nicolas. Il y avait bel et bien un sort empêchant d'entrer et sortir par une voie magique. Je commençai à le repousser, alors il m'attira avec une puissance incroyable. Je n'eus pas le temps de lutter contre sa dangereuse attraction, qu'on était dans un hall.
Impossible de vous faire une description plus précise, parce qu'on était arrivés en tombant au sol, sur un tapis très précieux soit dit en passant, et qu'il nous était impossible de bouger.
Une paire de bottes apparut dans mon champ de vision. Elles étaient rouges, comme celles de Kaïa. Puis ce fut le noir total.
Quand j'ouvris les yeux, je vis le visage de Kaïa se pencher vers moi avec inquiétude.
- Il est réveillé ! annonça-t-elle.
Je me redressai et découvris que j'étais allongé dans un grand lit à baldaquin aux draps soyeux, dans une chambre luxueuse décorés de tentures rouges, en compagnie de mes deux amis. Ils avaient tous deux le teint pâle.
- Vous vous êtes aussi évanouis ? interrogeais-je.
Ils hochèrent la tête positivement.
J'observais les doubles portes.
- On est enfermés ?
De nouveau hochement de tête.
- Vous avez perdu votre langue ?
Ils eurent un petit rire nerveux. Ils avaient peur sans doute. Moi aussi. Et il y avait de quoi. Mon regard rivé sur les portes, je ne cessais de penser à ce qui allait m'arriver ici. Qu'allaient-ils me faire ? Et qu'allait-il se passer pour mes amis ? Ils m'avaient accompagné et soutenu jusque-là, j'espérais qu'ils n'auraient pas à payer pour cela.
Je me levai du lit.
- On est là maintenait ! criais-je vers le plafond.
Il n'y eut aucune réponse et personne ne vint.
Je m'assis à côté de mon meilleur ami, au sol, le dos contre le lit. Kaïa, après avoir fait les cents pas un moment, nous rejoignit
On resta ainsi, silencieusement, fixant les portes.
Ce long moment passé ensemble, à nous inquiéter, à ressentir les mêmes craintes et le même soulagement d'avoir deux amis avec soi est ce qui nous lia définitivement les uns aux autres. Cela nous souda bien plus que les moments d'actions ou de longues discutions. À ces moments-là, on ne réfléchit pas vraiment, surtout pas à nous. Alors que ce jour-ci, on ne pensait qu'à notre triste sort commun. Pour s'encourager et positiver, notre seul moyen était de penser à cette merveilleuse relation qu'on avait créée ensemble.
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