Chapitre II - ... une suite
Voilà la suite du chapitre 2 comme promis. Dans la première partie Théophile et Kaïa ont malencontreusement fait exploser la suite du Générale Nibray et se sont sauvés puis Théophile a emmené chez lui la jeune fille.
Nicolas finit par arriver. Comme moi chez lui, il entra sans frapper.
- J'espère ne jamais être notaire ! annonça-t-il en s'affalant sur la chaise à côté de moi.
Quand je vis son air désespéré, ainsi que ses vêtements, ses doigts et son visage couvert d'encre je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Kaïa, elle, l'examinait comme si elle se demandait si les taches d'encre pourraient faire tendance sur elle.
- Je sais bien que ta vie amoureuse a de quoi te désespérer, mais au point d'embrasser une pieuvre quand même ! C'est un peu limite, plaisantais-je.
Il me fusilla du regard.
- Un des enfants de Véronique a fait exploser l'encrier. Il contrôle encore moins sa magie que toi ! Mais lui, il a l'excuse d'avoir six ans, me lança-t-il pour se venger.
- Les diables étaient encore là ? m'étonnais-je.
Véronique avait une nourrice pourtant. Il valait mieux parce que le peu que j'apprenais de ces nombreux enfants par mon ami leur donnait le titre de créatures les plus maléfiques de l'univers.
- Seulement l'un des garçons. Véronique a abusé aujourd'hui ! J'étais sensé le surveiller en recopiant au propre certains actes. Je crois que je ne supporterais pas non plus d'être nourrice. Et oublie-moi pour garder tes enfants plus tard !
Il disait peut-être cela à l'époque, mais ses enfants sont pires que les miens et il ne se plaint jamais de devoir s'en occuper. Mais là c'est une autre histoire. Revenons-en à la nôtre. Notre nouvelle compagne sauta sur l'occasion, en nous demandant ce qu'on voudrait devenir plus tard.
- Je voudrais être gardien de la barrière, annonçais-je. Je devrais pouvoir le faire. On est utile et on utilise assez peu la magie.
Les gardiens s'occupaient de garder les protections magiques entre la cité et le reste du monde. En plus, ils allaient dans le monde extérieur assez régulièrement pour l'étudier et en rapporter des objets comme des films ou des plats typiques.
Kaïa approuva d'un hochement de tête. Elle se tourna vers mon ami attendant sa réponse :
- J'aimerais bien un truc où je pourrais voyager beaucoup mais en pouvant me fixer si j'ai envie et absolument pas de politique !
Ses deux parents étant dans la politique, il en entendait parler tout le temps à la maison. Ce qui l'en avait dégoûté à jamais. Mais son père nous racontait ses voyages d'une telle manière qu'on ne pouvait qu'avoir envie d'y aller aussi, bien que Nicolas eût donné tout ce qu'il avait pour le voir rester à la maison.
- Et toi ? lui demandais-je.
Je savais qu'elle attendait qu'on lui pose la question, alors autant être celui qui lui ferait plaisir.
- Moi je voudrais être styliste, coiffeuse ou décoratrice à Haldar. Tous est tellement triste, sombre, monochrome là-bas. C'est dommage, parce que c'est une cité super, qui attirerait bien plus de monde si elle était plus accueillante. Je veux changer tout cela.
- Et grâce à toi, le monde sera sauvé, ironisa Nicolas.
- Au moins, elle ne veut pas faire actrice comme Camille, la défendis-je.
Cela m'attira un sourire de Kaïa et une grimace de Nicolas, qui défendait toujours Camille, même dans ses caprices les plus fous, comme celui-ci.
Que ma sœur veuille être actrice désespérait tous ceux qui la connaissait, surtout mon oncle. Car ma sœur n'avait certes pas un pouvoir aussi impressionnant que le mien, mais elle restait tout de même très puissante et elle avait réussi à le contrôler, ou presque. Pour tout le monde, moi y compris, devenir actrice c'était gâcher son talent. Si on est un génie de l'arithmétique, on ne va pas devenir jongleur. Et quand on est une magicienne très puissante, on ne devient pas actrice.
La pluie ne s'étant pas décidée à tomber, Nicolas nous proposa de faire visiter Firento à ma nouvelle camarade, qui accepta avec ravissement. Elle insista pour inviter Camille, qui refusa poliment. Ma sœur n'aimait pas être dérangée quand elle lisait, même si c'est l'un des tomes de Sabrina Caldera, notre équivalent d'Harry Potter, qu'elle avait déjà lu au moins vingt fois.
- Ta sœur a des amis ? demanda Kaïa quand on fut sorti.
- En général, elle traîne avec des garçons un peu bizarres à l'école. Mais elle n'a jamais invité personne à la maison.
- Je pense que le problème c'est sa beauté, affirma Nicolas. Elle est tellement ...
Il chercha ses mots et lâcha un soupir qui semblait pour lui être suffisamment représentatif puisqu'il ajouta :
- Tu vois ? Du coup les filles sont jalouses et les garçons impressionnés.
- Ah oui ? Fit Kaïa en le regardant d'un petit air supérieur.
- Tout le monde sait que les filles sont super jalouses, expliqua-t-il.
Notre amie leva les yeux au ciel en marmonnant.
Nous lui fîmes visiter les alentours du palais. Nous ne pûmes aller plus loin, puisque à chaque boutique, la vampire voyait un accessoire ou un vêtement « trop mignon » et finissait par l'acheter, du moins envoyer la facture à son adresse.
Nicolas et moi on se regardait, incrédule devant la tonne d'argent qu'elle avait dépensé. Même nous qui étions nées dans des familles aisées, nous n'oserions dépenser autant. Et nous n'achèterions jamais rien dans une boutique du quartier central, où c'était hors de prix et où seuls les serviteurs des nobles se rendaient pour leurs maîtres.
Notre nouvelle compagne se voyant dans l'obligation de rentrer accueillir son père qui ne tarderait plus, nous la raccompagnâmes, par galanterie, à sa « petite » suite, qui était en réalité assez grande, pour l'aider à porter tous ses achats.
Sa suite se trouvait dans l'aile des invités, l'aile où étaient logés les prestigieux invités comme son nom ne l'indique absolument pas, les envoyées et messagers des autres cours. Sa mère, Solveig Blanktest selon son passe de presse, nous accueillit. Elle avait de courts cheveux noirs et un regard de la même couleur. Elle n'était pas très grande et avait un joli visage rond à la peau brune.
Après s'être extasié comme tout le monde sur le visage d'ange de Nicolas et s'être intéressé à nos résultats scolaires, elle déclara être ravie de voir que sa fille s'était fait des amis aussi rapidement. Puis, nous regardant sévèrement, elle nous demanda si nous étions sages. Avec Nicolas, nous fîmes nos plus beaux visages angéliques pour affirmer que oui. Comme si on allait prétendre le contraire. Elle sembla rassurée, demanda à sa fille s'il y avait des demoiselles dans sa classe et nous invita à revenir dès qu'on le désirait.
Nous rentrâmes chez moi en parlant de Kaïa. Nous trouvions étrange qu'elle ait une si grande suite, ait acheté autant, et de plus Nicolas avait vu la bande bleue sur le passe de Solveig, qui n'était délivrée presque qu'uniquement aux personnalités très importantes, autorisant plus ou moins son porteur à rencontrer qui il voulait sans audience, dans les plus courts délais.
Une fois chez moi, je fis quand même un éloge de ma nouvelle camarade, m'extasiant sur sa beauté. Nicolas m'écoutait patiemment, avec un petit sourire moqueur. Puis, quand je lui demandai s'il la trouvait jolie, il m'affirma d'un ton guère convaincant :
- Ça va.
Je le regardais comme s'il m'avait annoncé que la Terre était carrée et avait des ailes pour voler dans le ciel. Il l'avait un peu trop regardée pour dire « ça va ». Je me penchai alors, observant un peu derrière nous près de la cheminée, et y trouvais effectivement Camille dévorant un livre. Je me retournai vers mon ami, moitié amusé, moitié incrédule.
- Tu sais, Camille ne nous écoute pas.
- Ça n'a rien à voir ! protesta-t-il en rougissant. Kaïa te paraît belle parce que tous les vampires sont comme cela.
- Alors pourquoi elle ne te paraît pas belle ?
- Parce que j'ai des neurones qu'elle n'a pas pu détruire, plaisanta-t-il. Ou parce que j'ai des origines fées. Puis elle n'est pas mon genre.
Pas son genre ! Nicolas avait des goûts féminins bien étranges. Je fusillai ma sœur du regard, la soupçonnant d'être la grande responsable de tout cela. Je maudis sa prétendue beauté, qui faisait que les garçons ne voyaient qu'elle quand elle était là.
Je l'interrogeais quand même à voix basse sur ce qu'avait fait Camille à la pause et qui elle avait fréquenté, comme n'importe quel grand frère consciencieux.
- Si tu évitais de faire des bêtises tu le saurais me rétorqua-t-il ! Et puis elle sera sans doute avec les mêmes demain.
- Je serais puni demain. Avec Olivier.
Il leva les yeux au ciel exaspéré.
- Avec qui je vais traîner ? se plaignit-il.
- Tu pourrais me plaindre au lieu de t'apitoyer sur toi-même !
- Tu l'as bien cherché ! Et à cause de ça je suis puni aussi. Je vais devoir passer du temps avec je ne sais pas qui.
- Christine ! m'amusais-je. Vous feriez un couple charmant tous les deux tu ne trouves pas ?
- Non !
- La semaine dernière tu m'as dit qu'elle était jolie pour une blonde ! rappelais-je moqueur.
Nicolas vénérant les rousses, c'était presque une déclaration d'amour. Heureusement que Christine était aussi collante d'ailleurs, ça réduisait toute ses chances à néant.
- Oui sans doute parce que tu avais dit une ânerie. Et elle n'est pas la seule à être jolie ! protesta-t-il. Tu m'as bien dit que Kaïa était pas mal. Et elle, comme sa mère, m'ont trouvé mignon. En plus, on sera tous les deux à la pause demain. C'est idéal pour un rapprochement, me charria mon ami.
- Quel ami indigne tu es ! Tu me déroberais le cœur de l'amour de ma vie ! dramatisais-je exagérément. Heureusement Christine ne la laissera même pas t'approcher ! Tu es son âme-sœur voyons ! Et tu vas trop bien avec elle pour te mettre avec une autre.
Il me fusilla du regard. Je me penchai alors vers lui avec un sourire :
- Tu veux qu'on demande à Camille son avis ?
J'apostrophais alors ma sœur :
- Hé Camille !
Elle leva la tête de son livre et me regarda, agacée.
- Non ! me souffla Nicolas d'un air suppliant en me tirant par la manche.
Cela me fit rire.
- Rien en fait ! dis-je à ma sœur qui me lança un regard peu amène. Laisse-moi Kaïa alors ! ajoutais-je à voix basse à mon ami.
- Je ne te l'aurais pas volée de toute façon, bouda-t-il, elle est trop bizarre. Et évite de te faire punir une nouvelle fois !
- D'ailleurs ils ont été cléments cette fois, que ce soit Korrigan ou la dragonne. Tu crois qu'ils ne savent plus quelles punitions me donner ?
- Ou alors ils en préparent une énorme ! suggéra mon ami.
Ce qui parvint à me donner des frissons rien que d'y penser. Et s'ils préparaient mon renvoi ? Xavier allait me tuer si c'était cela. Et ce pouvait-il qu'ils apprennent pour ce que j'avais fait à la suite de la générale ? Parce que c'était le genre de chose à me valoir une grosse punition.
Quand mon oncle rentra, ce qui en soit était déjà un exploit, nous jouions au tric-trac avec Camille. Décidément le monde semblait s'être lié contre moi ce jour-là. S'il n'avait pas été là, j'aurais évité pas mal d'ennuis. Mais le destin devait croire comme moi, que celle de ce matin avait été trop clémente.
Mais d'abord, nous le dévisageâmes, surpris, tous les trois.
Maintenant que nous étions plus grands, que j'étais un homme, il rentrait peu le soir. Il passait généralement la soirée chez sa petite amie du moment et il oubliait de rentrer, ou alors, il y pensait à trois heures du matin.
Je me souviendrais jusqu'à la fin de ma vie d'un jour de vacances, où en rentrant, il me trouva devant un film. Le film était assez sanglant, sauf la scène que je regardais pendant qu'il arrivait, qui était limite érotique. J'aurais préféré qu'ils me voient devant les scènes les plus gore du film, plutôt que celle-ci. Toujours est-il, qu'il me cria dessus, pendant un bon moment, jusqu'à ce qu'il découvre que le film était déconseillé aux personnes de mon âge. Là, il se mit tellement en colère, que rien qu'en y repensant, j'en ai des frissons. Il m'envoya dans ma chambre, que je n'eus pas le droit de quitter de la semaine, après m'avoir donné un coup sur les reins avec la grosse cuillère en bois de la cuisine, ce qui me valut un bleu énorme.
Tout cela pour dire que généralement, on ne le voyait pas rentrer, puisque quand on se couchait, il était encore chez sa petite amie.
Nous ne l'avions jamais vue elle, mais je l'adorais. Grâce à elle, j'avais pu échapper à des tas de disputes quand l'école appelait ou envoyait un courrier pour se plaindre de moi, de discutions gênantes auquel je n'aurais pas échappé en ramenant une fille sous son nez, de punitions après un cas comme l'autre et j'avais bénéficié de soirées tranquilles. Néanmoins, si mon oncle ne l'amenait jamais ici quand nous étions présent, pour éviter de devoir faire des présentations, ou parce qu'il avait honte de nous, ce qui serait vexant quand même, il l'amenait quand nous étions absent. Je ne pouvais en douter, puisque parfois, en rentrant de l'école, la maison embaumait le parfum féminin, et qu'après un voyage scolaire, nous retrouvions du rouge à lèvre dans la salle de bain, des cheveux trop longs pour être ceux de mon oncle sur ses affaires et parfois des robes que ma sœur ne mettrait jamais.
J'arrête là la digression et revient à mon oncle qui s'assit sur un fauteuil, à côté de nous, l'air fatigué.
Il passa sa main dans ses courts cheveux roux qui commençaient à se faire rare au niveau des tempes et de la tonsure, malgré toutes les potions qu'il utilisait pour tenter de freiner leur chute inexorable. Il frotta ensuite son visage au teint étonnement pâle et comme toujours mal rasé. Peut-être qu'il avait travaillé ce jour-là. Depuis que nous étions enfant, mon oncle faisait un mystérieux travail, pour lequel il se rendait régulièrement au palais et recevait des tas de personnes étranges.
En tout cas, il était tellement fatigué qu'il ne remarqua pas tout de suite Nicolas. Au bout d'un moment, il posa son regard sur mon ami avec un air qui devait vouloir dire : « il n'est pas à moi celui-là ».
- Euh.... Commença-t-il.
Il fit un geste vers mon ami, montrant qu'il cherchait son prénom. Je détestais mon oncle quand il faisait cela. Il n'avait absolument aucune mémoire pour les prénoms, mais c'était Nicolas tout de même.
- Nicolas, lui-dis sèchement Camille.
- Oui Nicolas, répéta-t-t-il à voix basse. Tu ne devrais pas être chez toi à cette heure-ci ?
Je tiens à préciser, qu'il devait être cinq heures, au plus tard et qu'il habitait à deux pas. Mais mon ami avait compris l'ordre implicite et se leva, colla deux bises à Camille qui les fit rougir tous les deux, me serra la main, salua poliment mon oncle et sortit.
Du coup, je jouai seul avec ma sœur et comme d'habitude quand nous faisions quelque chose à deux, nos voix commencèrent à monter. Mon oncle nous envoya alors dans nos chambres, en nous proférant de nombreuses menaces de punition si nous continuions à se parler ainsi. Cela nous fit rire tous les deux, mais hors de sa vue, de peur de représailles.
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