Mercredi 15 et jeudi 16 avril 2009
Alice bondit de la voiture dès qu'elle put en sortir. Elle sautillait légèrement en attendant que sa grand-mère et sa mère la rejoignent, et elle se mit enfin en marche vers la maison des pêcheurs. Elle voyait déjà les toits en chaume et l'odeur du goémon arrivait à ses narines. Elle aimait tellement cette odeur, même si elle était désagréable ! Le vent faisait voler ses cheveux, pour une fois détachés, et elle les ramena derrière ses oreilles. Sa mère et sa grand-mère la suivirent jusqu'au bord des falaises qui donnaient vue sur l'eau. Elle savait qu'elle ne devait pas trop s'approcher, pour ne pas risquer de tomber, et resta à quelques pas du vide. De là, elle entendait pleinement le bruit des vagues qui se fracassaient contre les rochers, dans des gerbes d'écume. Le vent soufflait entre les roches, dans des sifflements presque inquiétants, que le ciel nuageux n'aidait pas à rendre rassurants. Alice pouvait voir quelques courageux qui se baignaient dans l'eau, en combinaison, et avait froid rien qu'en les regardant. Elle se détourna enfin de la mer, pour admirer les immenses rochers qui lui dissimulaient les maisons des pêcheurs.
Entre deux rochers, la maison d'un gardien se fondait dans la pierre et le lierre, à moitié détruite par endroit. Suzanne n'avait jamais autorisé sa fille à s'en approcher, de peur que quelque chose ne s'écroule et vienne la blesser, aussi Alice s'était toujours demandé comment était l'intérieur. Elles finirent par aller voir les maisons des pêcheurs. Certaines étaient vides et en état, une autre avait un film qui parlait du goémon et d'autres choses liées aux pêcheurs, et le reste étaient des boutiques. Suzanne y acheta un bracelet pour Alice et elles purent rentrer. Le temps était passé vite et elle vit que déjà deux heures étaient passées. Une fois à la maison, il serait temps de passer à table pour le goûter.
Un programme chargé attendait également Alice le lendemain, pour la pêche aux coques. Il fallait faire attention sur la plage aux coques. L'eau montait d'une manière qui faisait que l'on pouvait rester bloqué si on n'y faisait pas attention. Son grand-père avait un grand râteau, et elle en avait un petit en plastique, utilisé d'ordinaire pour faire des châteaux de sable. Ils avaient également un grand sceau. Pour trouver des coques, il fallait gratter le sable mouillé et prendre garde à ne pas prendre de trop petites, au risque de devoir tout remettre à la mer s'ils étaient contrôlés quand ils partaient. Alice avait l'habitude et adorait gratter à la recherche des coques. Le sceau se remplissait petit à petit et ils s'arrêtèrent un peu avant qu'il ne soit plein. Suzanne détestait les coques, aussi auraient-ils assez avec tout cela. Une fois rentrés, Alice s'occupa de les nettoyer avec sa grand-mère pendant que son grand-père rangeait tout. Elle s'amusait de voir sa mère les regarder. Suzanne ne voyait en les coques qu'une petite chose visqueuse et au goût peu appréciable, au contraire de sa fille.
Le repas du soir se déroula dans la bonne humeur. Alice aimait d'autant plus aller chez ses grands-parents pour cette raison. Elle s'y sentait bien, même si elle le ressentait également chez ses parents. La sérénité qu'affichait sa mère, elle, n'était pas la même. Ses parents s'aimaient et étaient heureux ensemble, ce n'était pas le problème. Suzanne était tout bonnement une femme facilement anxieuse qui laissait ses angoisses s'en aller seulement sous le toit de ses parents, comme si elle redevenait une enfant qui n'avait plus rien à gérer quand elle y était. Alice avala sa dernière coque et surprit un regard entre ses grands-parents et sa mère. Elle fronça les sourcils avant d'ouvrir la bouche en grand quand sa grand-mère lui tendit une boîte emballée dans du papier cadeau.
— Mais ce n'est pas mon anniversaire !
Sa grand-mère sourit, amusée.
— On n'a pas le droit de te faire plaisir sauf pour ton anniversaire ?
Alice secoua la tête et attrapa la boîte et déchira le papier. A l'intérieur, il y avait un appareil photo jetable, ce qui la mit aux anges. Elle adorait les photos, ces images qui figeaient des moments qui devenaient alors, d'une certaine manière, un fragment éternel. Avec un grand sourire, elle remercia aussi bien ses grands-parents. Sa grand-mère lui caressa ses cheveux, qui pour une fois n'étaient pas coiffés, et lui expliqua ensuite comment le faire fonctionner.
Une fois dans sa chambre, Alice rangea l'appareil près de sa valise. Elle l'avait essayé, pour prendre une photo de ses grands-parents et de sa mère, et avait hâte de pouvoir rentrer et montrer l'appareil à Elijah.
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