La petite fille au cœur à droite
Bonjour chers amis o/ Je vous présente un petit one-shot dans un style conte pour enfants, que j'ai écris sur un coup de tête. Je n'ai pas grand-chose à en dire, je préfère que vous vous forgiez votre propre avis. Je vous ai mis une musique d'ambiance ci-dessus, juste si vous le souhaitez :3
Bonne lecture ! o/
- Sohuna
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Loin, très loin, dans des contrées inexplorées, se trouverait le Fleuve de Cristal. Les Anciens racontaient que quiconque s'abreuvait dans le flot cristallin verrait tous ses rêves devenir réalité. Selon les enfants, c'était parce que les grandes personnes n'y étaient jamais allées qu'elles n'avaient pu vivre la vie qu'elles voulaient. Mais seulement, cet endroit n'était qu'une légende...
La petite fille au cœur à droite le savait. Elle savait que ce n'était qu'un joli et doux mensonge, inventé par les grandes personnes pour faire rêver les enfants. Elle le savait, et pourtant, elle continuait d'y croire. « Les mensonges ont toujours une part de vérité ! » répétait-elle à ses amis imaginaires.
Cette petite fille au cœur à droite était une enfant radieuse. Ses courts cheveux roses s'agitaient sous le vent, ses grands yeux de biche reflétaient l'éclat du soleil, tandis que son sourire était un soleil à lui seul. Elle portait toujours une robe blanche de lin s'arrêtant à ses genoux, surmontée d'un long gilet de laine verte. Elle alternait entre différentes paires de bottes en caoutchouc, souvent noires. Elle était unique ; et c'est ce qui faisait d'elle une personne merveilleuse.
Mais ce rayon de soleil n'était en fait qu'un amas de tristesse. Son cœur était noyé de chagrin et de désespoir, et elle tombait à chacun de ses pas, quand personne ne la voyait. Son masque de joie cachait une mélancolie profonde, et des larmes arc-en-ciel. Les grandes personnes avaient réduit son for intérieur à une tâche noire, brouillée de désespoir. Ces adultes, tristes de n'avoir pu réaliser leurs rêves, avaient refusé toute illusion à la pauvre enfant. « Ce n'est rien, se disait-elle. Ils sont juste jaloux. »
Un matin de printemps, alors que les fleurs s'ouvraient lentement et que les oiseaux chantaient, elle décida. Elle prit son baluchon rempli d'affaires et sortit par sa fenêtre, sans un bruit. Elle jeta un dernier regard vers sa petite maisonnette, puis partit. « De toute façon, ces grandes personnes ne m'aiment pas. Comment pourrais-je bien leur manquer ? »
Seulement, la petite fille au cœur à droite n'avait aucune idée d'où aller ! Le monde était si vaste, et elle si minuscule, aussi insignifiante qu'un pétale volant au gré du vent. Une première larme arc-en-ciel roula sur sa joue.
« Qu'est-ce qui m'accorde le privilège de chercher le Fleuve de Cristal ? Dit-elle tout haut. Je ne vaux pas mieux qu'une autre !
- Détrompe-toi, ma petite, lui dit un élégant perce-neige. Tu es pure, et c'est ce qui te différencie des autres. J'ai entendu parler d'une ville au Nord d'ici où tous les rêves sont réalisables, peut-être le Fleuve de Cristal s'y trouve-t-il : tu devrais t'y rendre. »
Alors, la petite fille au cœur à droite se mit en route, après avoir cueilli la jolie fleur.
La jeune enfant marcha longuement. Le perce-neige qu'elle avait emporté lui indiquait souvent le chemin, car la petite fille avait tendance à s'égarer facilement. C'est alors qu'ils arrivèrent dans une grande ville ensoleillée. Ici, tout le monde semblait si heureux ! Les adultes marchaient dans les rues, sourire aux lèvres, tenant par la main les fruits de leurs entrailles, écoutant attentivement leurs aventures imaginaires. La petite fille au cœur à droite se mit alors à interroger les passants ; tous lui répondirent « Oui, j'ai réalisé mon rêve ! »
« C'est formidable, n'est-ce pas, Perce-Neige ? Nous y sommes !
La fleur n'eut pas le temps de répondre qu'un élégant chaton noir vint à leur rencontre.
- Oui, sauf que tout ceci n'est qu'un mirage. Voyez-vous, ici, la société impose des rêves aux enfants dès leur plus jeune âge ; elle choisit le rêve en fonction des besoins de la ville.
- Mais c'est atroce ! , fit la jeune insouciante, choquée.
- Malheureusement, cela fonctionne ainsi, ici. Mais suivez-moi, j'ai entendu parler d'une cité où il est question de rêves, je peux vous y amener ! »
Alors, Perce-Neige dans sa main droite et Chat sur son épaule gauche, la petite fille au cœur à droite se mit en route.
Après plusieurs jours de marche, nos trois compagnons arrivèrent dans une nouvelle ville. Mais ici, les habitants ne semblaient pas du tout heureux ! Ils sillonnaient les allées d'un pas pressé, l'air préoccupé, regardant fréquemment par-dessus leur épaule. Ils fuyaient les autres, n'osant pas croiser leurs yeux, ni même les frôler. À chaque fois que la jeune fille tentait d'aborder un passant, celui-ci s'excusait précipitamment, bafouillant quelques mots avant de repartir aussitôt. La demoiselle sentit alors quelque chose se briser en elle. Cette ville était si angoissante, et elle se sentait si triste... Une étrange sensation sur son bras la ramena à elle : une chenille était montée sur elle. L'insecte lui dit alors :
« Que faites-vous ici, jeune enfant ?
- L'on m'a dit qu'il existait un fleuve capable de réaliser les rêves...
- Ma pauvre chose, vous n'êtes pas au bon endroit : ici, il est interdit de rêver. Si l'on vous y surprend, vous risquez de rejoindre les étoiles. Mais laissez-moi venir avec vous, j'ai entendu parler d'un endroit qui pourrait correspondre à vos attentes ! »
Alors, Perce-Neige dans sa main droite, Chat sur son épaule gauche et Chenille dans la poche de son gilet, la petite fille au cœur à droite se mit en route.
Après plusieurs semaines de marche, nos quatre compagnons arrivèrent dans une nouvelle ville. La jeune fille sentit tout de suite que quelque chose n'allait pas : une lourde atmosphère pesait dans les ruelles, une fine pluie se déversaient continuellement et un nuage de fumée flottait dans l'air. Les adultes avançaient lentement, le visage creux, les yeux cernés, les paupières lourdes de sommeil, les bras ballants, les pas traînants. C'était un joyeux défilé de morts-vivants. Notre héroïne voulut alors interroger les passants, mais ils ne lui décrochèrent pas même un regard. La demoiselle sentit alors quelque chose d'autre se briser en elle. Cette ville était si maussade, et elle se sentait si triste... Un petit point rouge et noir rampant sur son nez la fit loucher. Cette coccinelle lui demanda alors :
« Ma pauvre enfant, que viens-tu faire ici ? Ce n'est pas un endroit pour toi.
- Je cherche le Fleuve de Cristal...
- Hé bien, ce n'est pas ici que tu le trouveras. Vois-tu, cette ville est dépourvue de rêves et d'espoirs. Les personnes se contentent d'une vie terne et morose, sans jamais connaître la signification de ''rêver''.
- Mais c'est tellement triste... Comment peut-on ne pas rêver ?
- Je n'en sais rien, douce fille. Mais si tu me fais confiance, je peux t'amener à un endroit qui pourrait te plaire. »
Alors, Perce-Neige dans sa main droite, Chat sur son épaule gauche, Chenille dans la poche de son gilet et Coccinelle sur le nez, la petite fille au cœur à droite se mit en route.
Après plusieurs mois de marche, nos cinq compagnons arrivèrent dans une nouvelle ville. Enfin, si l'on avait pu appeler cela une ville. Cela avait dû l'être un jour. La jeune fille, sans voix, avançait silencieusement dans les rues désertes. Le vent balayait les cendres du sol, cendres qui se faufilaient entre les épaves des immeubles écroulés, détruits, brisés. Des barrières étaient parsemées çà et là sur le chemin, parfois un trou béant apparaissait aux pieds de l'enfant, manquant de la faire chuter. Elle voulut parler à ses amis, mais n'y parvint pas. Les sons mourraient sur le seuil de ses lèvres, tant elle ne pouvait poser de mots sur ses sentiments. Elle était perdue. La demoiselle se sentit alors entièrement brisée. Cette ville était si cauchemardesque, et elle se sentait si détruite... La petite fille s'affaissa sur ses genoux, les larmes au bord des yeux. Elle regarda autour d'elle. Perce-Neige, Chat, Chenille, Coccinelle. Tous étaient sans vie. Ses lèvres tremblotaient, ses épaules se soulevaient à un rythme irrégulier. C'est alors qu'elle vit un oisillon mourant devant elle. Elle le prit doucement dans ses mains et lui demanda :
« Oisillon, que s'est-il passé ici ?
Le volatile toussota.
- Il y a longtemps, un groupe d'amis décida de créer une ville où tous les rêves seraient réalisables. Ils dirent alors aux habitants que l'eau courante provenait du Fleuve de Cristal. Cela était faux, évidemment, mais les citoyens en étaient si persuadés qu'ils purent accomplir le moindre de leur rêve. Mais un jour, la société eut vent de cette ville. Et voilà ce qu'ils sont devenus... des cendres. »
La jeune enfant resta sans voix. L'oisillon prit alors son envol, mais il retomba doucement dans les cheveux de l'égarée. Toute âme l'avait quitté. Alors, la souffrante pleura. Elle laissa les larmes multicolores quitter ses paupières enflées, elle hurlait, elle sanglotait. Un flot arc-en-ciel se déversait de son cœur, coulant le long de sa robe de lin, la tachant, la mouillant, répandant une flaque polychrome autour d'elle. À bout de souffle, elle s'écroula dans le liquide, laissant son esprit larmoyant s'égarer à quelques rêveries, jusqu'à tomber dans un profond sommeil.
Lorsque la petite fille au cœur à droite s'éveilla, elle fut aveuglée par les puissants rayons du soleil. Elle laissa ses yeux s'habituer à la lumière, puis se redressa et analysa les alentours. Elle se trouvait dans une grande prairie verdoyante entourée d'une forêt luxuriante. À ses côtés, Chat courrait après Chenille devenu Papillon, Oisillon voletait çà et là dans le ciel avec Coccinelle, et Perce-Neige se régalait de l'éclat de l'astre chaud. Un doux bruit d'eau la fit se retourner. Derrière elle se trouvait une très large rivière, où au fond brillaient toutes les pierreries du monde. Elle en toucha la surface, provoquant une ondée de paillettes d'or. Elle comprit alors qu'il s'agissait du Fleuve de Cristal. L'enfant souffla. Elle était endormie, elle le savait. Elle nageait en plein rêve.
« C'est donc ça... Les rêves ne sont réalisables que dans les rêves. C'est pour cela qu'ils portent le même nom. »
La petite fille au cœur à droite sourit alors, heureuse, faisant le choix de ne plus jamais se réveiller.
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