Chapitre 8
Le sommeil de Morgane fut de courte durée. Elle entendit les filles entrer dans le chalet, mais fit semblant de dormir.
- Est-ce qu'on devrait lui dire à propos de Jasper et Christine ? chuchota Jenny.
- Non. Christine essaie de le reconquérir, mais on sait tous que ça n'intéresse pas Jasper, répondit Corinne.
- Tu as raison. On ne devrait pas non plus le dire à Gen. Elle ne l'aime pas et va tout faire pour décourager Morgane de le fréquenter.
Le fréquenter ? Elles étaient cinglées !
- Moi, je trouve qu'il est à croquer, ce gars, dit Corinne. Je me demande ce qu'elle lui reproche.
- Tu n'as jamais entendu Geneviève parler de son amie Maggie ?
- Non, quel est le rapport ?
- Jasper lui a brisé le cœur et elle a finit par se suicider. Elle s'est pendue et c'est Gen qui l'a trouvée. Ça l'a traumatisée.
- Sans doute. Je n'aurais pas aimé être à sa place.
- Gen dit que c'est la faute à Jasper et que s'il n'était pas l'ami de son petit copain, elle lui ferait regretter.
- C'est compréhensible, mais si elle ne l'intéressait pas, il fallait bien qu'il lui dise.
- Oui, mais elle dit justement qu'il lui faisait croire qu'il l'intéressait.
- Ça, c'est très discutable. Prends Christine comme exemple. Elle croit l'intéresser encore.
Les deux filles pouffèrent.
- En tout cas, ajouta Jenny, j'espère qu'il sera honnête avec Morgane. C'est quelqu'un de bien.
- Ouaip, mais j'ai l'impression qu'elle nous cache quelque chose.
- Sans doute la raison de sa blessure à la cheville. D'après toi, qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Aucune idée, je vais essayer de le découvrir.
- Et pour Jasper ?
- Il l'a vraiment dans l'œil. Ça se voit juste à sa façon de la fixer.
Geneviève arriva à ce moment et elles arrêtèrent de parler.
Morgane réfléchit de ce dont Corinne et Jenny avaient discuté. Cette fille s'était suicidée à cause de Jasper. Était-ce la vérité ou bien quelqu'un avait exagéré l'histoire ? Elle ne savait plus qui croire.
L'adolescente s'endormit enfin et rêva qu'elle était en train de se noyer et que tout le monde la regardait en ne faisant rien pour l'aider. Jasper lui tournait le dos et embrassait une fille. Elle criait son nom, mais jamais il ne se détourna.
Elle ignore ce qui la réveilla mais se redressa dans son lit en criant. Jasper était au pied de son lit et l'observait.
- Qu'est-ce que tu fais là ? S'écria-t-elle. La vie privée des gens, tu connais ?
- Tu ne t'es pas présenté sur le quai alors je suis venu voir ce que tu faisais.
Elle regarda autour d'elle et vit que toutes les filles étaient parties.
- Je dormais, figure-toi.
- J'ai bien vu ça. Tu criais mon nom dans ton sommeil.
Morgane aurait voulu rentrer sous les couvertures et ne jamais en ressortir.
- Un cauchemar, précisa-t-elle.
- Alors rêver de moi, c'est un cauchemar ? se moqua-t-il.
- Laisse tomber.
- Je sais que tu rêvais que tu te noyais.
Elle le regarda avec une expression de surprise.
- Tu te débattais dans tes couvertures, et je me doute que ce qui s'est passé hier a dû te traumatiser.
Elle l'observa.
- C'est moins traumatisant que de trouver quelqu'un pendu à un arbre, tu ne crois pas ?
Il la regarda, sérieusement cette fois.
- Ou veux-tu en venir ? Demanda-t-il sèchement.
- Maggie, répondit-elle. Est-ce que c'est vrai ce qu'on raconte à son sujet ?
Elle vit aussitôt son malaise.
- Qu'est-ce qu'on raconte à son sujet exactement ? Ou plutôt qu'est-ce que Geneviève t'as encore raconté ?
- Rien du tout. Je l'ai entendu par d'autres filles.
- Eh bien, va lui demander, elle se fera un plaisir de te raconter l'histoire.
- Je veux la connaître par toi et non par les autres.
- Il n'y a rien à dire. Maggie était dépressive et je ne le savais pas.
- Est-ce que tu lui as fait croire que tu l'aimais ?
Jasper la fixa quelques secondes. Elle regretta aussitôt cette question. Après tout, ce n'était pas de ses affaires, mais elle avait toujours été curieuse et voulait en apprendre plus sur lui.
- J'ai été gentil avec elle, elle a cru qu'elle m'intéressait, répondit le garçon.
- Et depuis, tu te tiens loin des filles, c'est ça ?
- Je me tiens loin d'elles car je ne veux pas qu'elles aient de faux espoirs comme cette pauvre fille. C'est tout. Arrête d'en venir aussi vite aux conclusions.
Et voilà ! C'était reparti !
- Et toi, arrête d'essayer de me convaincre d'apprendre à nager.
- Ce n'est pas la même chose. Tu vas voir, tu vas aimer ça. Nager, c'est comme danser; une fois que tu as appris, tu ne peux plus t'en passer.
- Et qu'est-ce que tu connais en danse ? demanda Morgane, de plus en plus intéressée par la tournure de la conversation.
Il dut s'en rendre compte car il eut un petit sourire mystérieux.
- Lève-toi et je te montrerai, dit-il.
Elle soupira.
- Tu n'arriveras pas à me tirer du lit, alors oublie ça.
Sa cheville n'arriverait pas à porter son poids, elle le savait.
Les yeux de Jasper se dirigèrent vers le pied du lit, et d'un geste, il enleva la couverture.
- Non, mais ça va pas la tête ! s'offusqua-t-elle en essayant de cacher ses jambes que ses shorts courts dévoilaient.
Habituellement, elle n'était pas pudique, mais Jasper était fort intimidant.
Il ne répondit rien, mais lorsqu'il frôla pris son pied et commença à la masser, elle retira sa jambe.
- Ta cheville est enflée, dit-il. Il te faut de la glace.
- Pas la peine, elle va désenfler toute seule.
- Ce sera plus long. Attends-moi ! Je reviens.
Sur ce, il sortit du chalet, laissant une Morgane hébétée. Elle en profita pour se changer et se rendormit tellement elle était fatiguée.
Elle sursauta lorsqu'elle sentit la glace sur son pied.
- Tiens-toi tranquille un moment, dit Jasper. Ça ne te tuera pas.
Elle n'aima pas l'allusion et il l remarqua. Après tout, elle avait failli mourir la veille.
- Désolé, se reprit-il.
- Si tu veux partir, ne te gênes pas.
- Je préfère rester.
Elle soupira et se laissa retomber sur ses oreillers. Jasper s'assit sur le rebord de son lit.
- Dis-moi, Morgane, pourquoi as-tu toujours l'air d'être sur tes gardes en ma présence ?
- Je ne te connais pas...
- Ce n'est pas une bonne raison. Est-ce qu'un garçon t'a déjà fait du mal ?
- Non ! S'exclama-t-elle un peu trop fort.
Il la regardait comme s'il ne la croyait pas.
- C'est personnel, dit-elle en soupirant.
Il n'insista pas, ce qui l'étonna. Il l'observait comme s'il essayait de lire en elle.
- Pourquoi cela fait sept ans que tu viens ici ? Demanda alors Morgane.
- Parce que la pêche, c'est une passion pour moi et ça me permet de changer d'air.
- D'air ? Tu habites à côté.
- Comment tu le sais ?
Oups !
- Tout se sait, ici, précisa Morgane.
- Je suppose que c'est Geneviève qui te l'a dit, devina Jasper. C'est pour cette raison que je ne m'approche pas des filles ; ce sont de vraies commères.
- Et moi, je ne m'approche pas des gars comme toi pour ne pas me faire briser le cœur.
Il fronça les sourcils
- Comme moi ?
- Les gars beaux comme des Dieux. Ce sont des briseurs de cœur.
- Tu parles par expérience ?
- Peut-être bien. L'amour sert juste à faire mal.
- Tu ne pourras pas t'en protéger longtemps. On ne sait jamais quand ça frappe.
- Et toi, tu parles par expérience ?
- Peut-être bien...
- Au fait, oublies les leçons pour aujourd'hui. Je n'ai pas dormi de la nuit.
Jasper eut un petit sourire en coin.
- J'avoue qu'une coéquipière qui ne coopère pas, c'est nouveau pour moi, ironisa-t-il.
- Que veux-tu ? Elles ne peuvent pas toutes te tomber dans les bras.
Il éclata de rire.
- Toujours aussi directe, lâcha-t-il.
Elle haussa les épaules.
- Bonne journée, dit-elle pour conclure leur conversation. Et merci pour la glace.
- Si tu changes d'avis, je serai près du quai, dit-il en se levant.
Sur ce, il se retourna et sortit du chalet sans un regard derrière lui. Si elle changeait d'avis sur quoi ? Sur lui ou sur la natation ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro